Les Etats-Unis veulent jouer la carte de l’Afrique contre la Chine

 Les Etats-Unis veulent jouer la carte de l’Afrique contre la Chine
Partager vers

A Washington s’ouvre aujourd’hui le Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique qui durera trois jours. Les chefs d’État de 49 pays africains et de l’Union africaine y ont été invités. A la clef pour l’administration Biden, persuader les chefs d’Etat africains que les États-Unis offrent une meilleure option que la Chine aux partenaires africains.

USA vs. Chine

Si le secrétaire adjoint au Commerce, Don Graves, reconnait le retard pris par les Etats-Unis par rapport à la Chine en termes d’investissements directs étrangers (IDE) américains en Afrique, il considère que les États-Unis restent le “partenaire de choix” de l’Afrique.

Nous avons détourné nos yeux du ballon pour ainsi dire, et les investisseurs et entreprises américains doivent rattraper leur retard“, a-t-il déclaré, affirmant : “Nous apportons les meilleures technologies et innovations, les normes les plus élevées… Les États-Unis aident à renforcer les capacités de nos pays partenaires au lieu d’exploiter ces pays”, rapporte Associated Press (AP).

Pourquoi l’Afrique est-elle si importante aux yeux de Washington ? Certes, pour les mêmes raisons que toujours, c’est-à-dire sa population en croissance rapide, ses ressources naturelles importantes et sa puissance de vote aux Nations Unies. Mais s’ajoute à cela la rivalité Washington-Pékin dans un contexte où les États-Unis recalibrent leur politique étrangère en se concentrant davantage sur la Chine considéré comme étant le plus important adversaire économique et militaire des États-Unis.

Avant même que ne démarre le Sommet, la Maison Blanche a annoncé le soutien du président Joe Biden pour que l’Union africaine devienne membre permanent du G20. D’autre part, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a déclaré hier un soutien de $ 55 milliards en Afrique au cours des trois prochaines années dans “un large éventail de secteurs pour relever les principaux défis de notre époque“.

Si vous comparez ce que les États-Unis s’engagent au cours des trois prochaines années à ce que n’importe quel autre pays s’engage, je pense que nous nous comparons extrêmement favorablement“, a-t-il déclaré, rapporte AP.

Un commerce avec la Chine 6 fois plus important qu’avec les USA

Pour sa part, le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, a alerté du danger que représente l’arrêt des investissements privés dans les pays à revenu intermédiaire et faible, en particulier en Afrique. “Il y a un décalage évident entre la grande quantité de capitaux disponibles du secteur privé et le besoin urgent de financer des projets d’infrastructure critiques en Afrique et ailleurs. La question pour nous est la suivante : comment connecter cette offre massive d’épargne à des projets d’infrastructure de haute qualité en Afrique?”.

Le commerce entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne s’élevait à $ 44,9 milliards l’an dernier, soit une augmentation de 22 % par rapport à 2019 contre $ 254 milliards entre l’Afrique et la Chine avec une progression en 2021 de 35% pour la Chine. Sans surprise, le vice-président Mike Pence a accusé Pékin de “diplomatie de la dette” en Afrique et ailleurs.

Les responsables ont déclaré à l’approche des réunions que même si l’Amérique ne peut pas et ne veut pas dire aux pays africains de se détourner de la Chine, l’administration indique clairement que l’autorisation des bases chinoises sur leur sol et l’utilisation des systèmes de télécommunications chinois pourraient nuire aux États-Unis. Les responsables américains s’inquiètent que la Chine envisage d’établir une base militaire sur la côte ouest-africaine.

Et la guerre américain-chinoise en Afrique touche le coeur de la société et de l’économie- l’agriculture- africaine, notamment via la téléphone mobile. S’exprimant lors d’un forum sur la défense à l’Université George Washington, le secrétaire adjoint à la défense pour les affaires africaines, a déclaré que l’utilisation du réseau de communication chinois Huawei “rend difficile pour nous de pouvoir travailler avec des partenaires africains“. Elle a déclaré que cela avait un impact sur la capacité des États-Unis à communiquer sur un “canal clair et sécurisé”. “Le réseau chinois Huawei, qui est très robuste sur tout le continent, nous empêche de travailler avec des partenaires africains susceptibles d’adopter certains de ces systèmes”, a-t-elle déclaré.

Washington met le paquet sur l’énergie

Qu’en est-il de l’action américaine en Afrique à ce jour ? Selon une fiche publiée par la Maison Blanche aujourd’hui et portant sur le climat, la conservation et les énergies renouvelables, ce qui touche au plus près le monde agricole, , les Etats-Unis se sont engagés lors de la réunion des Nations Unies sur le climat (COP27) en novembre 2022 de fournir plus de $ 150 millions en financements nouveaux pour l’adaptation et la résilience (PREPARE) climatique. Depuis janvier 2021, l’administration Biden-Harris a investi et prévoit de fournir au moins $ 1,1 milliard pour soutenir la conservation, l’adaptation au climat et une transition énergétique juste en Afrique. Ces investissements comprennent des projets d’infrastructure dans le cadre du Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement mondiaux (PGII).

Sinon, les nouvelles initiatives incluent Power Africa ($ 193 millions déjà octroyés et $ 100 millions à venir en 2023) avec une nouvelle initiative axée sur le Nigeria pour faire progresser la participation des femmes à la transition du secteur de l’énergie vers les technologies énergétiques propres.; U.S.-Africa Clean Tech Energy Network (CTEN) relie les entreprises américaines et africaines d’énergie propre aux opportunités de marché ; Climate Action Infrastructure Facility (CAIF) avec $ 10 millions pour des solutions climatiques à grande échelle ; l’International Development Finance Corporation (DFC) qui a engagé depuis janvier 2021 $ 438 millions dans les énergies renouvelables et les chaînes d’approvisionnement connexes, la mobilité électrique, la conservation des écosystèmes, la sécurité alimentaire et l’agriculture, l’efficacité énergétique, l’hydrogène vert et la finance verte.

Dans le cadre des investissements de l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) dans Power Africa, près de $ 4 millions sont investis dans la transition énergétique dont la centrale électrique à biomasse en Côte d’Ivoire ($ 1 million). Au  Sierra Leone, $ 857 000 sont destinés à la centrale hydroélectrique.

Le Département d’État a annoncé une nouvelle Délégation d’opportunités de partenariat (POD) au Ghana pour cultiver et permettre des opportunités de partenariat entre le secteur privé américain et l’écosystème d’innovation climatique en plein essor de l’Afrique de l’Ouest.

Dernier exemple,  la Fondation américaine pour le développement en Afrique (USADF) qui a annoncé trois défis énergétiques hors réseau dont l’agriculture aux côtés de la santé et des femmes.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *