Le Nigeria peut-il se passer des importations de produits alimentaires et engrais ?

 Le Nigeria peut-il se passer des importations de produits alimentaires et engrais ?
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Le président nigérian Muhammadu Buhari a ordonné jeudi dernier à la Banque centrale du Nigeria d’arrêter d’octroyer des devises pour les importations de produits alimentaires et d’engrais. « Personne qui importe de la nourriture ou des engrais ne devrait recevoir de devises de la Banque centrale. Nous ne paierons pas un kobo de nos réserves de change pour importer de la nourriture ou des engrais. Nous autonomiserons plutôt les agriculteurs et les producteurs locaux » affirme le président dans un tweet à l’issue de la réunion du National Food Security Council (NFSC) le 10 septembre. Si les importateurs peuvent toutefois se procurer des devises sur le marché parallèle, elles le sont à un coût supérieur et peu accessibles compte tenu de la situation économique du pays et de la chute des cours du pétrole, principale source de devises du pays.

Cette décision n’est qu’un pallier supplémentaire dans une politique mise en Å“uvre depuis plusieurs années qui vise à stimuler la production locale et économiser des devises. Quelque 41 produits ont un accès restreint aux devises. Dernier en date ajouté sur la liste le maïs (Lire : Dès début août, le Nigeria faisait des entorses à son interdiction d’importer du maïs).

Une forte inflation

Toutefois, le contexte n’est guère favorable tandis que les investissements dans l’agriculture relèvent du temps long. En effet, le Nigeria est confronté à une forte hausse des prix alimentaires, l’inflation ayant atteint après onze mois de hausse 12,82% en juillet dernier, soit son niveau le plus élevé depuis 27 mois, selon le Bureau des statistiques. Plus précisément, l’indice composite des aliments a augmenté de 15,48% en juillet avec la flambée des denrées de base comme le pain, les céréales, les huiles alimentaires, le poison, l’igname, les pommes de terre, la vainde, etc. Une inflation consécutive à la pandémie de la Covid-19 et aux restrictions de circulation. Mais aussi à la fermeture des frontières avec les pays voisins décidée en août 2019 pour lutter contre la contrebande ainsi qu’à la chute du naira qui rend de facto les importations plus onéreuses.

L’inflation pourrait atteindre 14,15% à la fin du mois de décembre selon la Banque centrale. Dans son rapport, elle  indique que la faible capacité de fabrication par rapport à la demande croissante de produits importés a affecté l’économie avec un choc de l’offre alimentaire. Une flambée des prix alimentaires qui pourrait entraîner une crise alimentaire. Le Réseau de prévention de crise alimentaires (RPCA) estimait que quelque 7 millions de personnes seront situation de crise, ou plus (urgence, famine), principalement dans le nord-est du pays en juillet-août 2020, contre 5 millions en mars-mai.

En outre, le pays a du aussi faire face à des inondations, qui ont mis sous l’eau des milliers d’hectares de riz dans l’Etat de Kebbi. Quelques 450 000 hectares auraient été détruits ce qui représente environ 20% de la totalité du riz produit sur l’année au Nigeria.

Des importations agricoles qui grimpent !

Tandis que les importations totales du Nigeria ont chuté de 10,69% en valeur au deuxième trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre, les importations de produits agricoles ont grimpé de 59,01% sur le même période et de 66,28% par rapport au second trimestre 2019, selon le Bureau des statistiques. Le blé dur est le deuxième produit d’importation au Nigeria, derrière les véhicules, représentant 4% des importations totales. Pour l’ensemble des produits agricoles cette part monte à 10,33%, soit 415,620 milliards de nairas au second trimestre 2020 (€918 millions).

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