Cacao : le coût très élevé des transactions en espèces au Ghana

 Cacao : le coût très élevé des transactions en espèces au Ghana
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Le Ghana est un des pays leaders dans les paiements mobiles mais les transactions dans l’une des principales ressources du pays, le cacao, sont très largement faites en espèces avec un coût très élevé.

Plus de 90% des transactions au niveau des cacaoculteurs au Ghana se font en espèces, ce qui représente plus de 7 milliards de cédis ghanéens, soit $ 1,26 milliard, de paiements chaque année. Dans le même temps, 91% des adultes ghanéens possèdent un téléphone mobile et à la fin 2019 ont dénombre 32,5 millions de comptes mobile money, nous révèle l’étude  “The Hidden Costs of Cash to Ghana’s Cocoa Sector” réalisée par la World Cocoa Foundation et Better Than Cash Alliance.

Or, le coût de ces paiements en cash est très élevé pour la filière. Rappelons que la filière cacao au Ghana est composée de trois principaux acteurs : le Ghana Cocoa Board (Cocobod) qui achète l’ensemble du cacao aux agriculteurs via les Licensed buying companies (LBC) qui elles-mêmes peuvent avoir recours à des acheteurs locaux. Le coût des transactions en cash pour l’ensemble de cette chaîne est estimé approximativement à $21,5 millions, soit environ 19% des revenus des LBC par an. Les LBC, une cinquantaine dont une trentaine active dans l’achat de cacao, perdent environ $4 millions, principalement en intérêts. Du côté des acheteurs locaux -entre 17 000 et 26 000 selon une estimation informelle –  les vols, principalement, engendrent des pertes de près de $16 millions par an. Aux coûts financiers s’ajoutent un manque de transparence  et de sécurité de toute la chaîne de valeur ainsi que des coûts humains en particulier pour les acheteurs locaux qui subissent vols et violence.

L’adoption des paiements numériques dans le secteur du cacao permettra de réduire ses coûts et apportera aux différents acteurs de nombreux bénéfices pour un coût peu élevé. Ainsi, les cacaoculteurs pourront avoir accès aux services financiers, y compris les crédits pour les intrants, l’épargne et les assurances et ainsi mieux gérer les risques et investir dans leurs exploitations montre une autre étude réalisée par la WFC et Better than Cash Alliance, Digitizing Payments in Ghana’s Cocoa Supply Cahin. L’étude affirme que seulement un producteur de cacao sur huit a acheté des intrants avec un prêt officiel. Ainsi, l’évolution vers les paiements numériques peut permettre aux banques locales et aux institutions de microfinance de prêter plus facilement aux agriculteurs en créant des enregistrements numériques analysables.

Pour les LBC, elles obtiendront un rendement plus élevé de leur capital, des frais d’intérêt réduits, une sécurité plus grande de son personnel et de meilleures relations avec les acheteurs locaux. La possibilité de suivre leur argent jusqu’à l’agriculteur réduit les risques de vol ou de détournement de fonds.

Le Cocobod encourage les LBC à payer leurs agriculteurs numériquement. Plusieurs LBC ont commencé à le faire et, ont constaté des économies d’intérêt et moins de vols. Au moins six LBC ont mis en œuvre ou expérimentent des méthodes de paiement numérique aux agents locaux, et plusieurs d’entre elles pilotent des paiements directs aux agriculteurs. C’est le cas des entreprises comme Cargill, Olam, Federated Commodities, Nyonkopa, Ecom et Royal Commodities. Les mesures vont de petits projets pilotes à la numérisation complète de tous les paiements, comme dans le cas de Cargill.

La WFC rappelle que le secteur du cacao au Ghana emploie environ 800 000 personnes, contribue à hauteur de 19% aux exportations totales du pays – $2,4 milliards en 2018- et à 2% du Produit intérieur brut.

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