La Chronique Matières du Jeudi (13 août 2015)

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La dévaluation de la monnaie chinoise, le yuan, a fortement perturbé les marchés de matières premières  en cette fin de semaine, les différents opérateurs s'inquiétant de l'affaiblissement de la demande chez le premier consommateur mondial, quasiment tous produits confondus. L'indice Thomson Reuters CoreCommodity, qui regroupe 19 matières premières, a chuté jeudi pour la troisième journée consécutive.

CACAO

Après être tombé à un plus bas en 3 mois, à $ 3 020 la tonne, le cacao s'est ressaisi et a terminé jeudi à $ 3 061 la tonne à New York et £ 2 017 à Londres.

La cause de cette évolution des cours en dents de scie durant la période sous revue et surtout de cette chute : l'annonce par le ministère ivoirien des Finances de la revente aux enchères à un prix discount de quelque 200 000 tonnes de cacao sur la campagne à venir 2015/16 achetées par des opérateurs locaux. Ces ventes par le Conseil du café-cacao (CCC) ont démarré mercredi.

En effet, durant les ventes par anticipation de la récolte à venir 2015/16, les grands acheteurs internationaux ont refusé d'acheter, voulant ainsi témoigner de leur refus à accepter que les compagnies locales d'exportation aient la main sur l'approvisionnement des contrats internationaux, mettant en avant leur manque de capacités financières et d'expérience (voir http://www.commodafrica.com/30-07-2015-les-multinationales-du-cacao-font… et http://www.commodafrica.com/05-08-2015-derek-chambers-de-sucden-je-naime…). Or, les exportateurs locaux ont acheté des volumes, anticipant qu'à un moment ou un autre, les grands acheteurs internationaux se porteraient à l'achat.

Toujours en Côte d'Ivoire, les arrivages de fèves aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 686 000 tonnes (t) entre le 1er octobre, début de la campagne 2014/15, et le 9 août. Sur la même période la campagne dernière, les volumes avaient totalisé 1 690 000 t.

Au Ghana, la semaine a été marquée par la table ronde organisée à Accra par la Chambre de commerce et d'industrie de Dubaï sur l'industrie cacaoyère ghanéenne et sur les synergies entre l'industrie et le secteur privé à Dubaï. En 2014, les exportations de cacao vers Dubaï ont atteint une valeur de 27 millions de dirham des Émirats (AED), soit environ € 6,6 millions.

CAFE

Les prix de l'Arabica terminent la période sous revue, jeudi, en ayant fait un bond de près de 5%, s'établissant à New York au plus haut en trois mois, à $ 1,406 la livre après avoir touché $ 1,416. A Londres, il a terminé en hausse de £ 10 la tonne, à £ 2 045 après être tombé à £ 2 017. Le rebond est dû à ce que les  fonds se sont portés à l'achat pour couvrir leurs positions rapprochées, les différents acteurs du marché s'inquiétant de la petitesse des grains de café au Brésil.

Intelligent Coffee Insights, une société d'étude récente créée par un ancien de chez Starbucks, a réduit son estimation de récolte brésilienne 2015/16 à 46,1 millions de sacs de 60 kilos (Ms).

Le Robusta a emboîté le pas, en hausse de $ 5 la tonne, à $ 1 704.

Côté pays producteurs, chez le n°1, le Brésil, les stocks de report en café au 1er juillet sont de 4,66 Ms, soit son plus faible niveau depuis 1999, ont souligné mercredi les exportateurs de Terra Forte. Ils estiment la récolte actuelle à 47,28 Ms contre 46,78 Ms la campagne dernière. De ce total, la production d'Arabica serait de 32,05 Ms en hausse par rapport aux 29,34 Ms l'année dernière, et les Robusta à 15,23 Ms contre 17,44 millions à cause de la sécheresse qui a sévit dans le principal Etat producteur du pays, Espirito Santo.

En Colombie, l'économiste et diplomate Roberto Velez a été élu mercredi à la tête de la Fédération du café. Il a pour missions de booster la production, de maintenir les coûts à de faibles niveaux et de chercher de nouveaux marchés. Rappelons que le pays, n°3 mondial derrière le Brésil et le Vietnam, a enregistré une production de 12,1 Ms en 2014.

En Amérique centrale, au Salvador, les exportations ont fait un bond de 39% en juillet par rapport à juillet 2014, à 30 728 sacs de 60 kg. Sur les 10 premiers mois de la campagne, les exportations ont totalisé 570 057 sacs, en hausse de 19% par rapport à la même période en 2013/14. Rappelons que le pays a été un des pays d'Amérique centrale les plus affectés par la maladie de la rouille ces dernières campagnes.

Au Kenya, le prix le plus élevé atteint pour son Grade AA lors des ventes aux enchères mercredi, a été de $ 335 pour un sac de 50 kg contre $ 268 lors des dernières ventes. Le Grade AB s'est vendu dans une fourchette allant de $ 93 à 267 contre $ 136-218.

SUCRE

Après avoir démarré la semaine en chutant à son plus faible prix en 7 ans, le sucre roux s'est quelque peu ressaisi mais a terminé la semaine au prix de 10,49 cents la livre sur le marché de New York, le marché suivant la baisse de valeur du real brésilien. Le real termine la semaine à 3,5 pour un dollar.

"A 4 réals pour un dollar, on pourrait voir un prix du sucre à un seul chiffre sur la bourse de New York", estime ED&F Man dans une note de recherche.

Le sucre blanc a, lui aussi, terminé en baisse de 40 cents à $ 349,70 la tonne.

Au Brésil, les nouvelles estimations en juillet de l'agence de prévision sucrière Conab portent à 655,1 millions de tonnes (Mt) les broyages de canne en 2015/16, soit quasiment inchangé par rapport à ses dernières projections rendues publiques en avril.

En Inde, le gouvernement a lancé un mécanisme de prêt à conditions concessionnelles pour le secteur sucrier, avec un an de moratoire sur les remboursements, afin d'injecter des liquidités et permettre que les raffineurs paient  les producteurs pour leur canne cette campagne. Le schéma ne sera ouvert qu'aux industries qui ont déjà réglé 50% de leur dû pour inciter les raffineries de sucre à régler leur situation au plus tôt.

Aux Etats-Unis, le département de l'Agriculture a estimé à 8,8 Mt la production en 2015/16 grâce à de meilleurs rendements dans les régions de production de la betterave et un plus grand approvisionnement de Floride. Ceci serait en hausse de 2% sur la campagne actuelle 2014/15 qui se termine en septembre.

En Russie, le 5ème test sur les betteraves sucrières depuis le début de l'année ont révélé une teneur en sucre en baisse à 14,4% contre 15,9% il y a un an.

En Afrique, au Kenya, le président Kenyatta a balayé la critique de l'ex-Premier ministre de l'accord sucrier conclu avec l'Ouganda, rapporte le Daily Nation. Il est impropre pour M. Odinga de dire que cet accord va inonder le marché kényan de sucre ougandais, a-t-il déclaré lors du Eastern Africa Region Pan African Congress qui s'est tenu cette semaine. Le chef de l'Etat kényan a, en effet, déclaré qu'il était préférable d'importer du sucre de son voisin ougandais plutôt que du Brésil ou d'autres pays lointains. Mais pour l'ancien responsable, il y aura du dumping et les producteurs kényans de canne souffriront de cette concurrence difficilement soutenable.

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