L’huile de palme, l’étau se resserre ?

 L’huile de palme, l’étau se resserre ?
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L’ huile de palme a encore fait parlé d’elle cette semaine avec son lot de mesures, contradictions, interpellations. Le débat est toujours passionné, électrique sur la première huile consommée au monde.

Hier, la France a adopté sa Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI). En octobre dernier, le WWF publiait une étude montrant que les importations françaises de soja, cacao, bœuf et cuir, huile de palme, caoutchouc naturel, bois et pâte à papier ont potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d’hectares ces cinq dernières années (cf. nos informations). 

Une France zéro-déforestation à l’horizon 2030

Axée dans un premier temps sur le soja, l’huile de palme, le cacao, l’hévéa, le bœuf et le bois et leurs produits dérivés, la SNDI s’articule autour de 17 mesures visant à mettre fin d’ici à 2030 à la déforestation causée par les importations de produits agricoles ou forestiers non durables. Parmi celles-ci une aide financière pour encourager les pays en développement à respecter les critères de non-déforestation – l’AFD y consacrera €60 millions par an sur cinq années -, le lancement d’un label «zéro déforestation» pour les consommateurs d’ici 2020, la promotion des protéines végétales en France, la responsabilisation des entreprises et des investisseurs, la mise en oeuvre d’une politique d’achats publics zéro déforestation d’ici 2022. La France veut être aussi le fer de lance d’une initiative européenne de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, sachant qu’un tiers de la déforestation liée au commerce international des produits agricoles relève de la responsabilité des pays européens.

Une politique certes ambitieuse mais l’ensemble de ces mesures ne sont pas coercitives reposant sur le bon vouloir des différents acteurs, les entreprises, l’Etat, les consommateurs. Or, tant les entreprises que les gouvernements, y compris l’Union européenne, ont à maintes reprises annoncé vouloir mettre fin à la déforestation au cours des dernières années sans que les résultats soient à la hauteur des ambitions affichées. Cette année, la France n’a finalement pas supprimé la niche fiscale en vigueur pour l’huile de palme et elle a donné son feu vert à la bio-raffinerie de La Mède de Total dans les Bouches du Rhône qui importera jusqu’à 300 000 tonnes d’huile de palme par an.

Quant aux entreprises tant de l’agroalimentaire que des cosmétiques, elles ont encore du chemin à parcourir pour assurer une chaîne d’approvisionnement en huile de palme durable sans déforestation affirmait Greenpeace dans une nouvelle enquête publiée en septembre (voir Les multinationales doivent mieux faire en matière d’huile de palme durable). Le premier négociant mondial d’huile de palme, Wilmar International, était particulièrement pointé du doigt. Il a annoncé depuis le lancement d’un nouveau plan qui engage la société à ce que, dans moins de deux ans, l’intégralité de sa chaîne d’approvisionnement et celle de ses fournisseurs soit 100% zéro-déforestation (voir  Wilmar se veut sans reproche dans l’huile de palme).

Les biscuits Oreo de Mondelez sur la sellette

Wilmar a nouveau questionné mardi par Greenpeace International, qui a lancé la campagne « Qu’est-ce que Oreo, Mondelez, Wilmar ont à voir avec les orangs-outans ? ». Greeanpeace affirme qu’en dépit de son engagement à éliminer la destruction des forêts et les atteintes aux droits humains de ses chaînes d’approvisionnement d’ici 2020, l’américain Mondelez International utilise toujours de l’huile de palme qui détruit les forêts. « Notre nouvelle analyse cartographique a révélé qu’entre 2015 et 2017, 22 de ses fournisseurs (ndlr de Mondelez )d’huile de palme avaient défriché plus de 70 000 hectares de forêt tropicale, une superficie plus grande que la ville de Chicago. Près de 25 000 hectares de cette superficie constituaient l’habitat des orangs-outans » affirme l’ONG. Un de ses principaux fournisseurs étant Wilmar, Greenpeace demande à Mondelez de s’en séparer.

La campagne de Greenpeace sur l’un des produits phares de Mondelez, le biscuit Oreo, n’est pas sans rappeler celle menée sur la célèbre barre chocolatée Kitkat de Neslté en 2010, qui a marqué le début de la bataille pour une huile de palme durable.

Et puis, la vidéo publiée sur YouTube de la chaîne britannique de supermarchés Iceland dénonçant les effets de l’huile des palme, en mettant en scène dans un dessin animé une fillette et un orang-outan (« Iceland’s Banned TV Christmas Advert… Say hello to Rang-tan ») a affolé la toile avec près de 4,5 millions vues depuis le 8 novembre …

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