La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 novembre 2019

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 novembre 2019
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Plutôt tristounet… Alors qu’on pensait voir le bout du tunnel des négociations commerciales sino-américaines, le Wall Street Journal a rapporté qu’elles achoppaient sur la question des achats de produits agricoles. D’autre part, la conjoncture mondiale n’est guère réjouissante. La Chine a enregistré en octobre un ralentissement de sa production industrielle plus important qu’attendu. Selon BNP Paribas, la croissance de la Chine devrait continuer de ralentir au quatrième trimestre, pour des raisons qui dépasseraient le seul conflit commercial avec les Etats-Unis. De son côté, l’économie japonaise a progressé au troisième trimestre à son rythme le plus faible en un an. La “bonne” surprise est venue de l’Allemagne qui a enregistré au troisième trimestre une croissance inattendue de 0,1% de son PIB, échappant ainsi à une récession technique.

Côté monnaie, l’euro est à 1,10 face au dollar. Quant au pétrole, il est impacté par l’annonce plus forte que prévu des stocks américains et par les commentaires du secrétaire général de l’Opep sur la probable révision à la baisse de la croissance de la production de pétrole de schiste américain en 2020. Le baril de Brent a terminé hier soir à New York à $ 62,47 et le WTI américain à $ 57,03.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

C’est l’euphorie ! A Londres, la tonne de cacao a gagné plus de £ 100 sur la semaine, partie de £ 1 859 à la clôture vendredi dernier sur l’échéance mars, pour terminer hier soir à £ 1 946. Elle a même atteint £ 1 970 en cours de séance, son niveau le plus élevé depuis mai 2018. A New York, elle est passée de $ 2 502 à $ 2 669.

La raison de la hausse se trouverait dans le manque de disponibilité immédiate de cacao. Car à moyen et long terme, on est loin d’en manquer ! Les fèves affluent aux ports ouest-africains et il pleut moins, ce qui facilite les conditions de travail au sein de la filière. Depuis le 1er octobre, démarrage de la campagne 2019/20, au 10 novembre, les arrivages  de Côte d’Ivoire ont totalisé 446 000 t, estiment les exportateurs, en hausse de 5,7% par rapport à la même période l’année dernière.

Quant au Ghana, ses arrivages “gradés et scellés” ont totalisé 81 000 t entre le 1er et le 24 octobre, en hausse de 5,2% par rapport à la même période l’année dernière. Le Cocobod estime que la récolte atteindra 850 000 t cette campagne.

Le Ghana a annoncé avoir vendu 200 000 t sur la campagne 2020/21 avec la prime de $ 400 (Lire : Le Ghana a déjà vendu 200 000 t de cacao avec la prime de $ 400). En outre, le Cocobod a signé l’accord de prêt syndiqué de $ 600 millions accordé par la Banque africaine de développement (BAD), Crédit Suisse et Industrial and Commercial Bank of China. La transaction avait été lancée il y a un an, lors du précédent Africa Investment Forum, et vient de se concrétiser lors du Forum de cette année. La somme sera destinée à accroitre les rendements et donc la production, en améliorant la fertilité des plants, les systèmes d’irrigation et en réhabilitant des fermes et vergers vieillissants (Lire :  Comment va être utilisé le prêt de $600 millions en faveur du cacao au Ghana ?).

Côté entreprise, la société d’investissement Jacobs Holding a vendu 10% de sa participation dans le géant suisse Barry Callebaut au fonds de pension Ontario Teachers’ Pension Plan au prix de 1915 francs suisses par action. Après cette transaction, Jacobs Holding détient 40,08% de Barry Callebaut et reste au conseil d’administration. Jacobs Holding s’est engagé à conserver ses titres pendant 2 ans et Ontario Teachers’ pendant un an.

CAFÉ

L’Arabica a grimpé à $ 1,115 la livre (lb) hier soir à New York contre $ 1,0930 vendredi dernier, tandis que le Robusta gagnait aussi du terrain, à $ 1 421 la tonne par rapport aux $ 1 383 de la fin de la semaine dernière à Londres.

Les volumes de transactions augmentent un peu au Vietnam face à la perspective de l’arrivée sur le marché ces prochains jours de la récolte principale. Dans les Central Highlands, les fermiers se sont vus offrir 34 000 dongs ($ 1,47) pour leur kilo de café contre 33 000 dongs la semaine dernière. Les traders ont proposé le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, avec une prime de $ 120 à 130 la tonne par rapport au contrat de janvier à Londres, contre $ 110-120 la semaine dernière. En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts, a vu sa prime baisser à $ 190-200 contre $ 250-260 la semaine dernière.

En octobre, le Vietnam a exporté 87 497 tonnes (t) de café Robusta, ou encore 1,46 million de sacs de 60 kilos (Ms), en baisse de 5,3% par rapport au mois de septembre, selon les données douanières. Des données qui sont inférieures aux estimations gouvernementales qui étaient de 100 000 t. Sur les dix premiers mois de l’année, le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, a exporté 1,35 Mt, en chute de 14,6% par rapport à la même période l’année dernière, selon les douanes. Les recettes d’exportation ont dégringolé de 22,3%, à $ 2,33 milliards.

Le Brésil, quant à lui, a exporté 3,1 Ms de café vert en octobre, en baisse de 14% par rapport à il y a un an ; la faiblesse de la récolte commence à impacter les expéditions chaque mois.

Côté entreprises, McDonald USA a annoncé mercredi que 100% de son café moulu et en grain était sourcé durablement. Il précise que cet objectif avait été fié pour 2020 et qu’il l’atteint, donc, avec un an d’avance.

CAOUTCHOUC

Après avoir progressé de 3% la semaine dernière, les cours du caoutchouc poursuivent sur leur lancée avec une clôture hier à 182,3 yens ($1,67) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) contre 177,3 yens vendredi dernier et à 12 190 yuans ($1 742,90) la tonne sur le marché de Shanghai contre 11 970 yuans. Une hausse portée par le renforcement du marché de Shanghai soutenu par un optimisme, certes relatif, dans les négociations entre la Chine et les Etats-Unis. La perspective d’une offre réduite de caoutchouc des trois principaux producteurs mondiaux – moins 800 000 tonnes – est aussi un facteur haussier (voir notre Chronique de la semaine dernière).

Selon, l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC) , la production mondiale de caoutchouc naturel s’est élevée à 7,039 millions de tonnes (Mt) sur les sept premiers mois en baisse de 7,3% par rapport à la même période en 2018, précisant que l’Indonésie avait estimé à environ 382 000 hectares des plantations de touchées par le Pestalotiopsis, ce qui pourrait réduire la production d’environ 15% sur 2019. Du côté de la consommation mondiale, elle a enregistré une croissance marginale de 0,8% à 8,082 Mt au cours de la même période de référence.

Le Thaïlande, avec la fin début octobre de la réduction des exportations sur une période de 4 mois, le ministre du Commerce, Jurin Laksanawisit, a tenu à faire état des contrats conclus avec l’objectif d’accroître les exportations et les revenus des producteurs. Ainsi, la Thaïlande a négocié la vente de 260 480 tonnes de caoutchouc à deux acheteurs privés en Chine et à Hong Kong pour une valeur de 13 milliards de bath ($428 millions). S’ajoute une vente de 100 000 tonnes de caoutchouc à l’Inde d’une valeur de 7,5 Mrds de bath. Le ministre a aussi indiqué qu’il se rendrait en Allemagne et en Turquie pour négocier de nouveaux accords.

Côté entreprise, le japonais Toyota a publié des résultats record au 1er semestre 2019 (avril-septembre) avec un bénéfice net en hausse de 2,6% à 1 274,9 milliards de yens (€10,6 Mrds) et un chiffre d’affaires progressant de 4,2% à 15 285 milliards de yens. En outre, le constructeur a confirmé ses perspectives 2019/20.

COTON

Le marché du coton se consolid,  globalement inchangé sous la période sous revue avec une clôture jeudi à 64,27 cents la livre. Le marché bénéficie d’un optimisme prudent sur les négociations en cours entre la Chine et les Etats-Unis tandis que le rapport WASDE de la semaine dernière était plutôt haussier. «Techniquement le marché reste orienté à la hausse dans l’attente d’une nouvelle tendance plus franche. Les filateurs, après avoir espéré des cours à des niveaux historiquement bas, sont revenus à des conditions plus réalistes et préfèrent maintenant acheter à prix fixe des quantités de coton pour les deux premiers trimestres de 2020. Indéniablement une telle attitude provoque un relent d’optimisme en laissant présager que le niveau actuel est un plus bas » souligne Mambo dans sa note hebdomadaire.

Le rapport sur l’offre et la demande mondiales des produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA), publié vendredi dernier, a réduit la production mondiale 2019/20 de 2,83 millions de balles (Mb) à 121,9 Mb (réduction aux Etats-Unis, au Pakistan, en Inde et en Chine et dans une moindre mesure en Turquie et au Turkménistan) et marginalement la consommation mondiale à 121,49 Mb. De nombreux opérateurs estiment toutefois que la consommation mondiale serait plus faible. Les stocks de clôture 2019/20 sont estimés à 80,8 Mb, contre 83,7 Mb le mois dernier.

En Inde, la production de coton baisserait de près de 2% en 2019/20 à 30,0 millions de balles (480 livres) par rapport au mois dernier, mais serait en hausse de 13% par rapport à l’année précédente avec des superficies record enregistrées dans les principales régions cotonnières du Gujarat et du Maharashtra, estime l’USDA. Mais les fortes pluies ont réduit les rendements estimés à 502 kilos par hectare, en baisse de 3% par rapport au mois dernier, mais en hausse de près de 10% par rapport à l’année dernière.

Au Pakistan, l’USDA a aussi révisé à la baisse ses prévisions de production à 7 Mb (480 livres) avec une baisse de 8% du rendement à 610 kg/ha.

Au Bénin, la campagne de commercialisation a été lancée hier à Banikoara, le ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche et l’Association interprofessionnelle du coton annoncent une prévision de production de 750 000 tonnes de coton.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme poursuit sa reprise avec une clôture jeudi à 2 606 ringgits ($627) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 2 679 ringgits vendredi dernier.

Plusieurs indicateurs concourent à cette remontée de cours. Les stocks de Malaisie ont reculé de 4,1% en octobre à 2,3 millions de tonnes (Mt) avec une production en baisse de 2,5% à 1,8 Mt et des exportations en hausse de 16,4% à 1,6 Mt selon les chiffres communiqués par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Ensuite, la reprise des achats d’huile de palme malaisienne par l’Inde, après près d’un mois de boycott des raffineurs indiens (voir nos précédentes chroniques). Quelque 70 000 tonnes d’huile de palme pour une livraison en décembre auraient été achetées par les raffineurs indiens, incités par un rabais de $5 par tonne (par rapport à son rival l’Indonésie) offert par Kuala Lumpur. En outre, la Malaisie a signé un accord pour exporter plus de 1 Mt d’huile de palme en Inde en 2020, selon une déclaration du ministre Teresa Kok. Enfin, la faiblesse du ringgit a également soutenu le marché.

En France, l’Assemblée nationale a adopté hier un amendement au projet de loi de Finances 2020 réintégrant les produits à base d’huile de palme dans la liste des biocarburants repoussant à 2026, au lieu du 1er janvier 2020, l’entrée en vigueur de la mesure supprimant l’exonération fiscale accordée aux biocarburants.

RIZ

Evolution contrastée des prix à l’exportation des principaux producteurs de riz en Asie avec une constance un marché calme.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont chuté à $363-$368 la tonne, contre $365-$370 la semaine dernière. “En dollars, les prix à l’exportation sont en baisse en raison de la faiblesse de la roupie. Les prix du riz paddy local sont fermes“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh. La demande des pays africains en riz non basmati est toujours faible ce qui a contribué à une baisse de 29% des exportations de riz en août par rapport à l’année précédente à 644 249 tonnes.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement augmenté à $395-$409 la tonne par contre $390 – $408 la semaine dernière. La demande de riz thaïlandais est restée relativement stable malgré l’optimisme suscité par le récent accord sur le riz conclu avec l’Irak. Mais, la vigueur du baht continue de freiner la demande de riz thaïlandais, le rendant plus cher que ces concurrents comme le Vietnam et l’Inde.

Le gouvernement thaïlandais a demandé aux agriculteurs de 22 provinces rizicoles de ne pas cultiver du riz de contre saison, le pays se préparant à une période de sécheresse compte tenu des faibles niveaux d’eau dans les principaux réservoirs.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés stables à $345-$350 $ la tonne dans un contexte de marché morose .En octobre, le Vietnam a exporté environ 450 000 tonnes de riz, en baisse de 5,9% par rapport à septembre, selon les données des douanes.

Au Bangladesh, la semaine dernière le cyclone Bulbul a dévasté les zones côtières du Bangladesh et de l’est de l’Inde, endommageant 23 000 hectares de rizières, selon une évaluation préliminaire du ministère de l’Agriculture de Dacca.

SUCRE

Le sucre roux a grimpé à 12,81 cents la livre (lb) hier soir sur le marché à terme de New York, parti de 12,36 cents vendredi dernier. En revanche, le blanc, coté à Londres, a glissé, terminant à $ 331,4 la tonne contre $ 332,80 en fin de semaine dernière.

Les raison derrière la fermeté du roux sont à chercher du côté des Etats-Unis et de l’Inde où les prévisions de production ont été révisées à la baisse. Le déficit mondial est maintenant plutôt estimé dans une fourchette allant de 6 à 7 Mt. Face à cela, encore faut-il voir si les fonds vont vouloir davantage se couvrir.

Aux Etats-Unis, deux betteraviers, Western Sugar Cooperative et United Sugars, ont déclaré la force majeure étant donné les conditions météorologiques glaciales. Une baisse des volumes aux Etats-Unis impliquerait des importations plus importantes du Mexique et d’autres origines.

En Allemagne, l’association industrielle WVZ estime la production de sucre raffiné quasiment inchangé, à 4,2 Mt pour la campagne 2019/20 contre 4,19 Mt la campagne dernière. Toutefois, ceci est inférieur à a première estimation que la fédération avait faite en septembre pour l’actuelle campagne et qui était de 4,26 Mt et par rapport à la seconde qui était de 4,22 Mt.

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