La flambée des prix des intrants menace la sécurité alimentaire

 La flambée des prix des intrants menace la sécurité alimentaire
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Les prix alimentaires sont au plus haut depuis dix ans. Une hausse en partie soutenue par la récente flambée des prix des intrants, qui rehausse les coûts de production tant pour les productions agricoles que pour les industries agro-alimentaires.

Pour mieux appréhender et analyser l’impact de la hausse des prix des intrants  sur les prix alimentaires et ses éventuelles conséquences sur la sécurité alimentaire, la FAO a mis au point le Global Input Price Index (GIPI), La dernière édition du Food Outlook, Biannual Report of Global Food Markets  y consacre un chapitre.

Evolution synchronisée

L’indice des prix mondiaux des intrants, qui comprend les prix de l’énergie, des engrais, des pesticides, des aliments pour animaux et des semences, et l’Indice FAO des prix des produits alimentaires – qui suit l’évolution des prix des principaux produits alimentaires issus de l’agriculture échangés sur les marchés internationaux– ont évolué de manière synchronisée depuis 2005, ce qui indique qu’une hausse des prix des intrants se traduit immédiatement par une hausse des prix des produits alimentaires.
Pour l’année en cours, entre le début de l’année 2021 et le mois d’août, l’Indice FAO des prix des produits alimentaires a grimpé de 34% et l’indice des prix mondiaux des intrants a enregistré une hausse globale de 25%, par rapport à la même période en 2020 (voir graphique ci-dessous). La hausse des prix alimentaires s’accompagnent donc d’une hausse des coûts de production. La FAO souligne également que « toutes choses égales par ailleurs, le producteur qui bénéficie de la hausse des prix agricoles et alimentaires est rapidement compensée par une hausse rapide coûts/prix des intrants ».

Toutefois, ce résultat global peut masquer de fortes disparités entre les régions et entre les secteurs. Ainsi,  souligne la FAO, les producteurs de soja, par exemple, ont moins besoin d’engrais azotés, qui sont chers en ce moment, et devraient donc bénéficier de la hausse des prix de leur produit. En revanche, les producteurs de porcins, sont confrontés à une hausse des prix des aliments pour animaux et ceux de la viande sont faibles, ce qui compresse leurs marges.

Tous les intrants agricoles progressent

Sur les douze derniers mois, tous les prix des intrants à l’exception des semences, ont grimpé : +66% pour l’énergie, plus 22% pour l’alimentation, plus 56% pour les engrais. Pour cette dernière catégorie, l’Afrique sub-saharienne est particulièrement touchée avec des taux de dépendance aux importations tant de phosphore que d’azote d’environ 70%. Ainsi, note la FAO, le prix de l’azote est principalement déterminé par les combustibles fossiles, sous forme de gaz, et la région étant fortement dépendante de l’énergie importée, ces facteurs pourraient tous conduire à des coûts de production alimentaire plus élevés et à de l’inflation.

Johan Baffes et Wee Chian Koh de la Banque mondiale, relevant que les prix des engrais  atteignaient des niveaux sans précédent depuis la crise financière mondiale de 2008-09, affirmaient que « Les prix élevés des engrais pourraient exercer des pressions inflationnistes sur les prix des denrées alimentaires, aggravant les problèmes de sécurité alimentaire à un moment où la pandémie de la Covid-19 et le changement climatique rendent l’accès à la nourriture plus difficile ». Une hausse des engrais imputable à la flambée des coûts de l’énergie, aux réductions d’approvisionnement et aux politiques commerciales, en particulier la suspension par la Chine de ses exportations d’engrais jusqu’en juin 2022 et les restrictions annoncées par la Russie de ses engrais azotés et phosphatés pendant six mois, à compter du 1er décembre 2021.

La FAO estime que les dépenses mondiales d’importations alimentaires devraient atteindre en 2021 leur plus haut niveau jamais enregistré, à savoir plus de $1 750 milliards, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2020. Une hausse qui s’explique par la hausse des prix des denrées alimentaires échangées dans le monde et par le triplement des coûts du fret.

 

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