La Chronique Matières Premières Agricoles au 15 décembre 2017

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 15 décembre 2017
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La Banque centrale européenne, hier,  a laissé ses principaux taux directeurs inchangés, soulignant vouloir maintenir la stimulation monétaire aussi longtemps que nécessaire face aux bonnes prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro. De bonnes perspectives qui ont, tout d’abord, fait grimper l’euro en cours de séance hier puis la politique monétaire accommodante et la perspective d’inflation à 1,7% pour 2020 soit inférieure à l’objectif de la BCE de 2% l’an ou moins, l’ont fait baisser.

 L’or termine ce matin en hausse, à $ 1 254,74 l’once, sur les marchés asiatiques, soit sa première semaine positive sur quatre. Le baril de Brent clôture à $ 63,36, quasiment inchangé par rapport aux $ 63,40 enregistrés à la clôture des marchés de New York vendredi dernier.

CACAO

Parti  de £ 1 409 la tonne vendredi dernier, le cacao a terminé hier soir en légère hausse sur la période sous revue, à £ 1 411 , tandis qu’à New York il passait de $ 1 887 à  $ 1 893.

Sur le marché à terme de Londres, l’échéance décembre est arrivée à expiration mardi avec un total de 14 980 t de cacao livrées dont 13 700 t de la seule origine Cameroun, le reste provenant du Togo, de Sierra Leone, du Nigeria et d’Equateur. La faiblesse de l’achat de cacao filiérisé serait liée à la qualité médiocre des fèves du Cameroun.

Au fil des semaines, les indices d’un excédent moins important qu’initialement escompté s’accumulent pour la campagne 2017/18. Commerzbank, dans sa note de marché, souligne la baisse de la récolte en cours par rapport à la campagne dernière face à une demande qui reprend du souffle. 

En Côte d’Ivoire, les arrivages de fèves aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé  584 000 t entre le 1er octobre et le 10 décembre, contre 664 000 t sur la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs.

La Russie a importé 41 700 t de fèves de cacao entre janvier et octobre contre 38 500 t sur la même période l’année dernière. En revanche, avec la chute des cours mondiaux, sa facture ne s’est élevée qu’à $ 107,6 millions contre $ 129 millions.

CAFÉ

Mercredi, l’Arabica est remonté pour la première fois en huit sessions consécutives après être  tombé mardi à son niveau de prix le plus bas en 5 mois et demi, les fonds étant à la vente. La livre (lb) d’Arabica a terminé hier soir sur le marché à terme de New York à $ 1,203 parti vendredi dernier de $ 1,226, tandis que le Robusta a clôturé à $ 1 740 la tonne contre $ 1 750 la tonne il y a une semaine.

Sur les marchés du physique en Asie, les producteurs au Vietnam ont vendu leurs grains légèrement moins chers cette semaine que la précédente, à 36 000-37 000 dongs ($ 1,58-$ 1,63) contre 37 300 à 37 600 dongs la semaine dernière. Toujours au Vietnam, le négoce, quant à lui, a vendu le Robusta Grade 2 5% grains noirs et brisures à une décote de $ 50 à $ 70 sur le marché à terme de Londres alors que cette décote était de $ 65 à $ 75 la semaine dernière. En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts, s’est vendu à prime de $ 130 la tonne sur le contrat janvier à Londres, contre +$ 110 à +$ 120 la semaine dernière.

C’est, sans doute, l’annonce mardi par l’association brésilienne des exportateurs Cecafé d’exportations en chute de 13% en novembre par rapport à novembre 2016, à 2,56 Ms qui a entrainé les cours à la hausse le mercredi. Des exportations, en novembre, essentiellement composées d’Arabica (2,53 Ms), les Robusta ne représentant que 29 000 sacs. Cette chute de volume du café exporté se constate depuis le début de l’année car  les caféiculteurs attendent des prix plus élevés alors que la disponibilité des grains de qualité export est faible ; la récolte a été plus petite et les infections d’insectes omniprésentes. A ceci, rappelons-le, se sont greffés des problèmes aux ports avec une disponibilité réduite de conteneurs. Ainsi, sur la période de janvier à novembre, les exportations brésiliennes ont baissé de 10,4%, à 24,58 Ms.

La récolte au Vietnam va bon train, la météorologie étant bonne dans les zones de production des Central Highlands. Mais les prix en baisse découragent les producteurs et les exportateurs, les incitant à faire de la rétention et ce, d’autant plus que les acheteurs ne semblent guère empressés. Les négociants s’interrogent si c’est ce café qui sera offert sur le marché à terme pour livraison sur janvier car les différentiels actuels pour les grains vietnamiens sont relativement peu attractifs.

Le Département américain de l’Agriculture (USDA) a révisé à la hausse la récolte caféière du Vietnam pour 2017/18, à 29,9 Ms contre 28,6 Ms estimé précédemment, dont 28,6 Ms de Robusta le reste étant de l’Arabica. Ses exportations seraient de 25,5 Ms, en hausse également. En novembre, les exportations ont atteint 1,67 Ms. Rabobank, pour sa part, estime la récolte vietnamienne à 29,4 Ms en 2018/19 contre 28,7 Ms en 2017/18.

Au Kenya cette semaine, les prix les plus élevés pour sa meilleure qualité, le Grade AA, ont baissé à $ 438 les 50 kg contre $ 502, mais les prix les plus bas ont augmenté, à $ 114 contre la semaine dernière. Le Grade AB s’est vendu entre $ 70 et $ 360 contre $ 65 et $ 358.

En Ouganda, les exportations ont fait un bond de 82% en octobre par rapport à il ya un an, à 381 636 sacs de 60 kg contre 209 478 sacs un an auparavant, a annoncé mercredi  Uganda Coffee Development Authority (UCDA). Les recettes sont ainsi passées de $ 24,3 millions à $ 43,7 millions. La raison essentielle de cet essor est l’arrivée à maturité de nouveaux plants de caféiers dans différentes régions du pays. Les exportations totales en 2016/17 (octobre à septembre) avaient déjà bien progressé, de l’ordre de 39% à 4,6 Ms.

Dans son rapport trimestriel sur le café, Rabobank estime l’excédent caféier à 4,1 Ms en 2018/19, lié au rebond attendus des récoltes au Brésil et au Vietnam.

Côté entreprises, le néerlandais Jacobs Douwe Egberts va acheter 100% du producteurs et vendeur malaisien de café  Old Town Berhad pour $ 361 millions.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont atteint un plus haut d’une semaine jeudi sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) dans la suite du rebond du marché de Shanghai, une hausse toutefois limitée par le renforcement du yen face au dollar.  Le contrat de mai a clôturé jeudi  sur le Tocom à 205,3 yens ($1,82) le kilo, en hausse par rapport à vendredi dernier où il était à 204,1 yens ($1,80). Même tendance à Shanghai à 14 280 yuans ($2160) la tonne jeudi contre 14 065 yuans la tonne vendredi dernier. Les cours sont toutefois en perte de vitesse par  rapport au plus haut atteint la semaine dernière à 211,2 yens suite à l’incendie dans un entrepôt en Chine (cf. notre chronique du 7 décembre).

L’offre mondiale de caoutchouc naturel sur les onze premiers mois de l’année s’est établie à 11,676 millions de tonnes (Mt), en hausse de 4,7% par rapport à la même période en 2015, tandis que la demande s’est élevée à 11,804 Mt, en hausse de 1,2% a indiqué l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC). Sur le mois de novembre, les prix sont en baisse. Le typhon Damrey a endommagé environ 40 000 hectares de culture dans le centre et le sud du Vietnam, y compris des plantations de caoutchouc, et  a touche également la principale région production de caoutchouc de la Thaïlande dans le Sud, indique l’ANRPC. 

En Thaïlande, le gouvernement envisage de porter ses achats de caoutchouc entre 50 00 et 80 000 tonnes par an contre 20 000 à 30 000 tonnes aujourd’hui afin de d’accroître les prix, a indiqué le ministère e l’Agriculture. Ce dernier compte faire grimper les prix au dessus du coût de production qu’il a fixé à 51,28 baths ($1,57) le kilo.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports du Japon s’établissaient à 8 492 tonnes au 20 novembre, en hausse de 19,2% par rapport à la dernière date d’inventaire, selon les données de la Rubber Trade Association of Japan.

En novembre, les ventes de véhicules en Chine ont augmenté de 0,7% par rapport à l’année précédente pour atteindre 2,96 millions de véhicules, soit un sixième mois consécutif de gains, a annoncé lundi la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM).

COTON

Les cours du coton s’envolent, dépassant le seuil des 75 cents la livre. Jeudi, ils ont progressé jeudi de 1,62% pour atteindre un somment de près de 9 mois à 75,33 cents la livre pour le contrat de mars. Vendredi dernier, ils avaient clôturé en baisse à 73,72 cents la livre. Tant du côté des analystes que des négociants le sentiment est que le marché demeurera dans les prochaines semaines haussier, alimenté surtout par les spéculateurs.

Du côté des fondamentaux, le dernier rapport sur l’offre et la demande (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) a augmenté ses prévisions sur les exportations américaines et abaissé les stocks de clôture par rapport à son estimation de novembre mais ils restent élevés, plus du double de ceux en 2016/17. Au niveau mondial, la production a été réduite – les réductions pour le Pakistan, l’Inde, le Burkina Faso, l’Argentine et l’Australie n’étant que partiellement compensées par des augmentations en Turquie et en Asie centrale – ainsi que les stocks de départ (moins importants en Inde) tandis que la consommation mondiale devrait progresser de 4,2% en 2017/18. Les stocks de clôture ont été aussi abaissés.

En Inde, le Cotton Advisory Board (CAB) estime la production de coton à 37,7 millions de balles, en hausse de 9,3% par rapport à 2016/17. La consommation devrait bondir de 9,2% à 33,4 millions de balles tandis que les  exportations à 6,7 millions de balles progresseraient de 15,1%.

En Australie, la production de coton progresserait de 4% à 968 000 tonnes en 2017/18 grâce à une hausse des rendements dans les plantations irriguées, selon l’ Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES). Quant aux exportations, elles progresseraient de 24% à 944 000 tonnes.

Au Burkina Faso, la Sofitex a obtenu un crédit bancaire de  FCFA 70 milliards auprès d’un pool de banques nationales pour le financement de sa campagne 2017/18 (cf. nos informations).

L‘Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Centre international du commerce (ITC) ont lancé une plate-forme en ligne sur le marché des produits du coton (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

C’est à nouveau la dégringolade sur le marché de l’huile de palme. Les cours de l’huile de palme ont atteint jeudi un plus bas de 16 mois à 2 452 ringgits ($601) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivative Exchange. Ils avaient clôturé à 2 479 ringgits vendredi dernier.  On s’orient vers une septième semaine consécutive de baisse. Les cours ont déjà perdu 7,5% en novembre et 5,8% depuis le début décembre.

Une chute consécutive à la hausse des stocks, à la faiblesse de la demande, saisonnière (moindre demande durant l’hiver, l’huile se solidifiant)  mais aussi suite à la hausse des taxes en Inde, et à la baisse  du soja sur le Chigaco Board of Trade (CBOT). Les exportations d’huile de palme de  Malaisie ont baissé  sur les 10 premiers jours de décembre de 22,9% selon SGS et de 16,6% selon ITS. La hausse des taxes sur l’huile de palme (cf. notre chronique du 24 novembre),  a ralenti la demande en Inde où les importations d’huile de palme ont baissé de 11%  en novembre. Elles devraient demeurer faibles en décembre, selon Sandeep Bajoria, directeur général de Sunvin. Avec la baisse de la demande, les stocks d’huile de palme en Malaisie pourraient atteindre 2,7 millions de tonnes (Mt) à la fin de l’année. En novembre, ils ont déjà progressé de 16%  à 2, 56 Mt, soit leur plus haut niveau depuis 2015. Toutefois, la demande devrait s’accélérer en janvier avec la perspective du Nouvel an chinois en février et peut-être l’inde, dont les stocks sont réduits.

En Inde, en dépit de la baisse des importations d’huile de palme, les importations d’huiles végétales ont progressé de 6,2% par rapport à 2016 à 1,248 millions de tonnes. Les importations de soja ont bondi de 67% à 273 928 tonnes et celles d’huile de tournesol de 23% à 193 810 tonnes.

L’Inde qui pour la première fois de son histoire va importer de l’huile de coton, qui n’est pas frappée de taxes sur les importations. « Les importateurs indiens se sont engouffrés dans la faille et ils ont déjà commandé 10 000 tonnes pour livraison en janvier, a constaté l’Association indienne des triturateurs de graines oléagineuses, très inquiète : 50 000 tonnes d’huile de coton, 4 % de la consommation du géant asiatique, pourraient entrer en Inde dans les mois qui viennent et concurrencer les huileries de coton du Gujarat, la région du coton en Inde » indique notre confrère RFI.

RIZ

Les prix du riz en Inde ont bondi cette semaine soutenus par la demande du Bangladesh, tandis que les marchés thaïlandais et vietnamiens sont restés relativement calmes avec une demande faible avant les fêtes de la  fin de l’année.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont progressé de $10 la tonne à $416-$419 la tonne. Une hausse impulsée par la demande du Bangladesh tandis que les investisseurs tablent sur une nouvelle hausse au 1er trimestre 2018. Le ministère de l’Alimentation a annoncé que le Bangladesh avait conclu un accord avec l’Inde pour 150 000 tonnes de riz au prix de $440 la tonne.

La nouvelle récolte commence à être mise sur le marché mais les achats gouvernementaux maintiennent des prix fermes tandis que l’appréciation de la roupie force également les exportateurs à augmenter les prix pour les acheteurs étrangers ont estimé plusieurs exportateurs.

En Thaïlande, le Thaï 5% a baisé à $390-$400 la tonne contre $401-$405 la tonne la semaine dernière. La demande est restée faible, les fêtes de Noël et du Nouvel An dans certains pays importateurs ayant éloigné les acheteurs du marché. Mais les exportateurs sont optimistes quant à de nouvelles offres. En outre, la reprise des contacts politiques entre l’UE et la Thaïlande, après trois années de suspension, est de bonne augure, estiment les négociants notamment par rapport aux discussions sur un accord de libre-échange UE-Thaïlande.

Au Vietnam,  le Viet 5%  s’échangeait entre $390 et $400 contre $395 la semaine dernière.

SUCRE

Le sucre fond face à la perspective d’abondance… Le roux a clôturé hier soir sur le marché à terme de New York à 13,77 cents la livre (lb) parti de 14,05 cents vendredi dernier, tandis que le blanc  terminait hier soir à Londres à $ 361,50 contre $ 366,80 il y a une semaine.

C’est au tour d’Agribusiness Intelligence d’Informa de donner ses estimations pour la campagne en cours 2017/18. La production mondiale serait de 192 Mt (valeur roux), un niveau record, en hausse de 8% sur la campagne précédente, boostée par une forte production dans l’Union européenne et en Thaïlande. La production dans l’UE progresserait de 3 Mt, à 20 Mt, stimulée par la fin des  quotas, tandis que celle en Thaïlande augmenterait de 1,7 Mt à 12 Mt, avec la fin d’El Niño et le retour à des conditions de culture normales.

Au Brésil, la production serait stable, davantage de canne à sucre allant à la fabrication d’éthanol durant la deuxième partie de l’année, suite à la hausse des cours mondiaux du brut.

Mardi, le Sénat au Brésil a adopté une proposition de loi augmentant fortement l’utilisation des biocarburants tels l’éthanol et les biodiesel ces prochaines années, réduisant ainsi les émissions de carbone. La loi permettra de lancer le programme RenovaBio, demandant aux distributeurs d’accroître graduellement la part des biocarburants qu’ils négocient chaque jour. Une victoire pour le monde agricole brésilien. Le secteur de l’éthanol estime que la demande devrait doubler ces 10 prochaines années. A noter que ce programme RenovaBio permettra de créer le premier marché du carbone au Brésil.

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