La Chronique Matières Premières Agricoles au 15 février 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 15 février 2018
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Sur le marché des changes, le dollar, en baisse pour la quatrième séance consécutive, cède 0,41% face à un panier de devises de référence. L’euro a brièvement repassé en début de séance le seuil de 1,25 dollar pour la première fois en près de deux semaines et le yen a touché un pic de 15 mois face au billet vert.

Le sentiment négatif envers la devise américaine, lié entre autres à la perspective d’un creusement du déficit budgétaire et de la dette aux Etats-Unis, l’emporte ainsi sur l’effet porteur de la tendance de fond à la hausse des rendements des bons du Trésor.

La Chine célèbre depuis aujourd’hui le Nouvel an lunaire ce qui est synonyme de ralentissement sur les marchés de plusieurs matières premières. Quant aux marchés chinois , ils étaient fermés à partir de jeudi pour une semaine.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUC COTON  – HUILE DE PALMERIZ SUCRE

CACAO

Parti de £ 1 468 la tonne sur le marché à terme de Londres vendredi dernier, le cacao a clôturé hier soir à £ 1 501 la tonne , tandis qu’à New York il passait de $ 2 060 à $ 2 134 la tonne. Le cacao a étendu ses gains jeudi, soutenu par un dollar plus faible et des achats spéculatifs.

Ecobank estime que les prix du cacao seront en baisse sur l’ensemble de l’année 2018, s’inscrivant en moyenne à $ 1 950, selon un rapport publié vendredi dernier. La récolte en Côte d’Ivoire est anticipée à 1,9 million de tonnes (Mt) par les analystes de la banque. La campagne mondiale 2017/18 serait la deuxième excédentaire d’affilé.

Selon un rapport de la US Commodity Futures Trading Commission publié vendredi dernier, les spéculateurs ont pris une position très haussière sur le marché du cacao durant la première semaine de février, détenant au 6 février leur plus forte position longue nette en 15 mois. Ce qui explique les évolutions des prix ces dernières semaines.

CAFÉ

Le Robusta a clôturé hier soir à Londres à $ 1 783 la tonne, parti de $ 1 769 vendredi dernier, tandis que l’Arabica a terminé à $ 1,245 la livre (lb) contre $ 1,238 en fin de semaine dernière.

Les analystes de Capital Economics voient les prix du café en hausse en 2018, à $ 1,4 en moyenne pour l’Arabica et $ 1 900 la tonne pour le Robusta. “Nous pensons qu’une plus faible production au Brésil, qui est dans son année basse de son cycle biennal, et une forte demande devraient soutenir le prix de l’Arabica et du Robusta cette année“, ont-ils souligné.

Les exportations du Brésil sont bel et bien en baisse par rapport à l’année dernière, avec 5,1% en moins en janvier, à 2,327 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon l’association des exportateurs Cecafé. Ce faible rythme devrait se poursuivre jusqu’à la prochaine récolte qui, quant à elle, s’annonce bonne, a déclaré le président de Cecafé, Nelson Carvalhaes. En attendant, les stocks mondiaux sont bas alors que la demande est soutenue. Quant à la production, le Brésil récoltera 59,15 millions de sacs de 60 kg de café au cours de la saison 2018/19, contre 48,17 millions de sacs l’année précédente, a déclaré mercredi Terra Forte.

Quant au Costa Rica, le ministre de l’Agriculture a annoncé lever l’interdiction de planter du Robusta, une mesure vielle de 30 ans. Il rejoint ainsi de nombreux autres pays producteurs de café d’Amérique centrale et latine (lire nos informations) .

Au Kenya, le prix le plus élevé atteint aux ventes aux enchères mardi a fait un bond par rapport à la semaine dernière. Le Grade AA s’est vendu à un maximum de $ 679 les 50 kg contre $ 589 la semaine précédente, le AB touchant $ 485 à son maximum contre $ 430.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc sont encore sur une pente descendante cette semaine. Après avoir baissé de 3,9% la semaine dernière pour clôturer vendredi dernier à 189,2 yens ($1,73) le kilo sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom), ils ont clôturé jeudi à 186 yens ($1,75) le kilo. Le marché de Shanghai est fermé à partir de jeudi pour une semaine tandis que le marché de Tokyo a été fermé lundi. Mercredi, les cours du caoutchouc sur le Tocom ont atteint leur plus bas niveau depuis 8 mois (184,1 yens) avec l’appréciation du yen par rapport au dollar. Ils ont rebondi jeudi grâce à la hausse du pétrole et des métaux. Mais le sentiment général est baissier.

Aux facteurs externes – les variations de l’indice du Nikkei à la bourse de Tokyo, des monnaies et des cours du pétrole – s’ajoutent des inquiétudes persistantes sur la hausse du niveau des stocks de caoutchouc tant au Japon qu’en Chine. En effet, les stocks de caoutchouc brut dans les ports japonais se chiffraient à 14 736 tonnes au 31 janvier, en hausse de 10,7% par rapport à la dernière date d’inventaire, selon les données de l’Association du caoutchouc du Japon. Tandis que ceux dans les entrepôts surveillés par le Shanghai Futures Exchange ont augmenté de 1,3% par rapport à vendredi dernier.

Côté entreprise, le groupe Michelin a dégagé un bénéfice net part du groupe de €1,7 milliard en 2017, nouveau plus haut historique, en hausse de 1,4%. Les augmentations de prix de ses pneumatiques ayant compensé l’impact très négatif des hausses de cours des matières premières l’an dernier. Les ventes nettes sont en hausse de 5% à €21,960 milliard et le bénéfice opérationnel sur activités courantes à €2,742 milliards progresse de 1,9%.

De sont côté, le numéro un américain du pneumatique, Goodyear Tire&Rubber a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 6% à €2,18 milliards au quatrième trimestre 2017. En revanche, il a dégagé une perte nette $ 96 millions contre un bénéfice de $561 millions un an auparavant, en raison d’une charge de $299 millions liée à la réforme fiscale aux Etats-Unis. De plus, le groupe a révisé à la baisse ses prévisions de bénéfices pour 2020 pour ses trois filiales en raison de la hausse des prix des matières premières.

COTON

Les cours du coton ont globalement peu changé cette semaine. A la clôture de vendredi dernier à 76, 68 cents, au plus bas niveau depuis sept semaines, ils se sont établis à 76,77 cents jeudi.  Selon les données de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), les spéculateurs ont diminué leur position longue sur le coton pour la deuxième semaine consécutive dans la semaine au 6 février tandis que les usines ont pu fixé leurs ventes sur le contrat de mars, qui sera liquidé la semaine prochaine, mais demeurent des achats nombreux à fixer pour les mois de mai et juillet. « Nous pensons que le marché est proche du plancher et nous nous attendons à un rebond une fois le mois de mars liquidé » indique Plexus Group.

Aux Etats-Unis, le Conseil national du coton (NCC) a indiqué que les superficies en coton s’établiront à 13,08 millions d’acres en 2018, soit 3,6% par rapport à 2017, à l’issue de leur enquête annuel sur les intentions de semis. Avec un rendement moyen américain de 842 livres par hectare récolté, la récolte de coton serait de 19,4 millions de balles. « L’histoire a montré que les agriculteurs américains réagissent aux prix relatifs lorsqu’ils prennent des décisions de plantation. Au cours de la période d’enquête, les prix à terme du coton ont été plus élevés que ceux des cultures concurrentes. Les ratios de prix entre le coton et le maïs et le soja sont plus favorables qu’en 2017. Cependant, le soja devrait entraîner une concurrence pour les acres disponibles en 2018, en partie à cause des coûts de production plus faibles par rapport au coton. Alors que les prix du coton se sont améliorés par rapport aux autres cultures, les prix des graines de coton sont à leur plus bas niveau depuis la campagne de commercialisation de 2006, ce qui augmente les coûts nets de l’égrenage» a commenté Jody Campiche, vice-président Economics & Policy Analysis de la CCN. Ajoutant que « De nombreux producteurs continueront à faire face à des conditions économiques difficiles en 2018. Les coûts de production restent élevés et, à moins que les producteurs aient de bons rendements, les prix actuels pourraient ne pas être suffisants pour couvrir toutes les dépenses de production ».

L’Ouzbékistan a fait d’importants progrès sur le recours au travail des enfants et au travail forcé dans les champs de coton a indiqué l’Organisation internationale du travail (OIT) dans sont dernier rapport «Surveillance par une tierce partie des mesures de lutte contre le travail des enfants et le travail forcé pendant la récolte de coton de 2017 en Ouzbékistan» basé sur plus de 3 000 entretiens séparés et sans préavis conduits auprès d’un échantillon représentatif des 2,6 de ramasseurs de coton que compte le pays. L’OIT indique « L’équipe de surveillance constate une ferme volonté politique de la part du gouvernement central de mettre fin aux violations des droits de l’homme pendant la récolte 2017 du coton: le travail des enfants ne pose plus de problème tandis que le travail forcé est systématiquement combattu ».

HUILE DE PALME

Courte semaine pour les cours de l’huile de palme, les marchés en Malaisie étant fermés jeudi et vendredi pour les vacances du Nouvel an lunaire, les cotations ne reprendront que le 19 février. Les cours de l’huile de palme sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange ont atteint leur plus haut niveau en un mois lundi soir à 2 453 ringgits ($645,92) la tonne, enregistrant un quatrième jour de gains après la publication par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) de données solides sur les exportations d’huile de palme. En janvier, les exportations malaisiennes ont soudainement dépassé les niveaux de production, en hausse de 6% par rapport au mois précédent pour atteindre 1,5 million de tonnes (Mt), selon le MPOB. Conséquence, les stocks ont été réduits de près de 7% à 2,5 Mt. Quant à la production, elle baisse de 13,5% à 1,6 Mt. Sur les dix premiers jours de février, la tendance se poursuit avec une hausse de près de 15% des exportations malaisiennes selon ITS et de 10,6% de SGS par rapport à la même période en janvier. Toutefois, le marché a subit mardi une correction, les investisseurs prenant leurs bénéfices avant la fermeture.

Au Cameroun, l’Union des exploitants de palmier à huile du Cameroun (Unexplam) a bénéficié d’un appui financier de FCFA 3,6 milliards du gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’appui à la fertilisation de la palmeraie villageoise (PAFPV). Unexplam produit environ 80 000 tonnes d’huile de palme par an, soit environ 22% de la production nationale estimée à 360 000 tonnes.

Du côté entreprise, le groupe de plantation Sipef, actif en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 21% à $322 millions en 2017 et un bénéfice net après impôt qui a presque doublé à $65 897 millions. Des bons résultats qui s’expliquent par des prix de vente plus élevés en huile de palme, des coûts unitaires plus bas mais aussi et surtout par l’incorporation intégrale de PT Agro Muko dans la consolidation de Sipef à partir de mars 2017. Si le groupe est présent également dans le caoutchouc, le thé et les bananes, l’huile de palme représente près de 92% des son bénéfices brut consolidé.

L’Alliance européenne de l’huile de palme (EPOA) apportera son soutien aux producteurs indonésiens d’huile de palme pour contrer les campagnes négatives contre l’huile de palme en Europe auprès des consommateurs, des clients mais aussi des législateurs via des campagnes publicitaires et des actions de lobbying. L’industrie alimentaire devrait être partenaire de cette initiative comme Ferrero ou Unilever.

Dans une interview à Euroactiv, le ministre malaisien des Plantations et des produits de base, Datuk Seri Mah Siew Keong, a indiqué que son pays envisageait de renvoyer l’affaire devant l’OMC tout en ajoutant que la Malaisie s’efforcerait d’abord de résoudre la question par le dialogue. Le ministre a également souligné que si la mesure de l’UE d’interdire l’huile de palme dans les carburants d’ici 2021 était entérinée « l’impact sera énorme, car sur les deux millions de tonnes d’huile de palme que nous exportons vers l’Europe, plus de 30 % sont utilisées pour le biodiesel. Nous sommes très déçus de ce vote ».

RIZ

Face à une demande atone, c’est encore la chute libre cette semaine sur le marché du riz en Asie.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont diminué de $12 à $420-$424 la tonne. « La demande est faible, les acheteurs reportent leurs achats, s’attendant à une nouvelle baisse des prix », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l’Etat d’Andhra Pradesh, dans le sud du pays.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $400-$419 la tonne contre $420-$430 la semaine dernière. « Beaucoup d’exportateurs ont les yeux tournées vers les grands marchés comme l’Indonésie, les Philippines, l’Iran et la Chine, mais jusqu’ici il n’y a pas de nouvelles offres », a déclaré un négociant de riz basé à Bangkok. « Les prix n’ont pas beaucoup fluctué cette semaine car de nombreuses rizeries sont fermées en raison du Nouvel An chinois », a-t-il ajouté. Si le Nouvel An lunaire n’est pas un jour férié officiel en Thaïlande, de nombreuses entreprises ferment pour l’occasion. La fermeté du bath a aussi jouer sur la demande.

En outre, le Bangladesh a abandonné le plan d’importation de 150 000 tonnes de riz en provenance de Thaïlande, convenu à $465 la tonne en octobre. « Nous avons dû l’annuler car ils prenaient trop de temps pour finaliser l’accord, nous recevons des approvisionnements de l’Inde voisine … En même temps,  l’approvisionnement local est croissant», a déclaré Badrul Hasan, chef de l’acheteur étatique de céréales à Reuters.

Au Vietnam, troisième exportateur de riz au monde, les marchés financiers sont fermés pour les vacances du Nouvel An lunaire du 14 au 20 février.

La Chine a réduit de 13% les prix minimums d’achat du riz en 2018, a annoncé vendredi dernier la Commission nationale de développement et de réforme (NDRC). Une mesure qui vise à limiter les importants stocks de céréales. En riz, ils s’élèvent à environ 94 millions de tonnes (Mt), soit les deux-tiers des stocks mondiaux et suffisamment pour nourrir l’Inde durant une année. Les prix du riz Indica en début de saison sont fixés à 2 400 yuans ($381) la tonne, en baisse de 200 yuans par rapport à l’année dernière. Rappelons que Pékin fixe un prix d’achat annuel minimum et achète le grain lorsque le prix du marché est inférieur à ce niveau. En parallèle, la Chine a augmenté ses exportations de riz, principalement vers les pays africains (cf. nos informations).

SUCRE

Parti de 13,67 cents la livre (lb) à la clôture vendredi dernier, le sucre roux a terminé hier soir à 13,51 cents la livre sur le marché à terme de New York. Le blanc, quant à lui, parti de $ 358,50 la tonne, a clôturé hier soir à $ 361, 10 la tonne.

Rappelons que la semaine dernière, le sucre enregistrait sa troisième semaine consécutive de hausse, une performance qui risquait de ne pas se poursuivre, selon les observateurs, car les chiffres publiés mardi ont montré que les spéculateurs avaient réduit leurs positions courtes nettes du niveau record auquel elles étaient en fin de semaine dernière.

Côté production, la France aurait produit un record de 45,8 millions de tonnes (Mt) de betterave sucrière en 2017, selon le ministère de l’Agriculture. Ses estimations précédentes étaient de 45 Mt et, surtout, 2017 s’inscrirait en hausse de 32% par rapport à 2016. Le rendement moyen aurait été de 94,2 t/ha contre 93 t/ha précédemment et 85,5 t/ha en 2016.

Les exportations d’Ukraine de sucre blanc de betterave ont baissé de 39% entre septembre et janvier, à 250 000 t, selon le syndicat des producteurs.

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