La Chronique Matières du Jeudi (16 juillet 2015)

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La fermeté du dollar face à l'ensemble des devises, en fin de semaine, a exercé une pression sur l'ensemble des marchés des matières premières.

 

CACAO

Le marché du cacao est resté sur le qui-vive cette semaine, avec la publication mardi des chiffres de broyages en Europe et jeudi en Amérique du Nord.

Pour l'Europe, les opérateurs s'attendaient à une baisse et, en définitive, les broyages sont en hausse, légère, mais tout de même de 0,6%, à 309 677 tonnes (t), a annoncé mardi l'Association européenne pour le cacao.  En Allemagne, les broyages se sont envolés, affichant une hausse de 7,6%, à 88 773 t, a déclaré mardi l'association des confiseurs-producteurs BDSI. Ces bonnes nouvelles d'Europe ont fait grimper le prix du cacao sur le marché à terme de Londres à son plus haut depuis mars 2011 ! En une seule minute, le contrat sur septembre à New York a fait un bond de $ 25 à l'ouverture mardi, à $ 3 370 la tonne. A Londres, la tonne a grimpé de £ 28, à £ 2 234 la tonne.

En revanche, en Amérique du Nord (Etats-Unis, Mexique, Canada), on s'attendait à une baisse de l'ordre de 5% en moyenne. Or, c'est de 8,6% que les broyages ont chuté au second trimestre par rapport à la même période en 2014,  à 120 359  t !  C'est leur niveau le plus bas depuis deux ans et demi, selon les statistiques de la National Confectioners Association rendues publique hier. Ces broyages se situent donc la fourchette basse des prévisions qui allaient de 3 à 10% de baisse, la majorité des attentes se situant autour des 5%. C'est le troisième trimestre consécutif de baisse, période qui a suivi deux ans de hausses trimestrielles. Une déception, donc, pour le marché.

Les 11 groupes qui ont donné leurs chiffres à la National Confectioners Association pour faire ce calcul ont été : ADM, Barry Callebaut, Blommer Chocolate, Cargill Cocoa & Chocolate, Ecom, Ghirardelli Chocolate, Guittard Chocolate, Hershey, Mars North America, Nestlé Chocolate & Confections et World's Finest Chocolate, rapporte Reuters.

Mais l'annonce la plus spectaculaire vient d'Asie, avec une chute vertigineuse de 29,9% des broyages en Malaisie au 2ème trimestre par rapport à un an auparavant, à 45 610 t, selon le Malaysian Cocoa Board. Sur le premier semestre, c'est une baisse cumulée de 28,7% par rapport à début 2014, le Board ne fournissant pas de chiffre.

Cette annonce a pesé sur les cours mondiaux, d'autant plus que les opérateurs ont voulu prendre leurs bénéfices suite à l'envolée de mardi. Sur le marché à terme de Londres, le cacao a terminé jeudi soir à  £ 2 221 la tonne et New York à $ 3 352 la tonne.

Rappelons que l'Afrique de l'Ouest est la première région de broyages au monde avec une part qui aurait encore augmenté de 2% en 2014/15, selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO), à 843 000 t. La région devance les Pays-Bas, longtemps numéro 1 mondial du broyage et au coude à coude avec la Côte d'Ivoire selon qu'on parle de capacité ou de production per se. Parallèlement, la part des Etats-Unis dans les broyages mondiaux devrait baisser de 5,8% à 420 000 t, selon l'ICCO. L'Organisation a révisé ses chiffres car elle prévoyait auparavant une baisse de 2% seulement de la part des Etats-Unis.

Notons que le groupe Mars a annoncé mercredi investir $ 100 millions dans son usine de fabrication de confiseries dans le Kansas, aux Etats-Unis. Mercredi aussi, la Banque africaine de développement annonçait l'octroi d'un prêt de € 100 millions à la filiale ivoirienne de Sucres & Denrées pour lui permettre d'investir dans sa filière cacao.

En Côte d'Ivoire, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 548 523 t au 30 juin et ce, depuis le début de la campagne, le 1er octobre, selon le Conseil Café-Cacao (CCC). Sur la même période la campagne dernière, les arrivages avaient été légèrement plus élevés, à 1 559 466 t. Ces chiffres sont légèrement supérieurs à ceux avancés par les exportateurs qui estiment les arrivages à 1 546 000 t sur cette même période.

 

CAFÉ

Le café, tant Arabica que Robusta, a terminé la période sous revue en baisse, clôturant hier soir à $ 1,2885 la livre pour l'Arabica à New York, et le Robusta à $ 1 705 la tonne à Londres.

Dans les pays producteurs, des feux de brousse liés à la sécheresse ont détruit 62 exploitations caféières dans les collines de St Thomas Parish en Jamaïque, entrainant une perte estimée à $ 2 millions. Ceci devrait avoir des répercussions sur les trois prochaines années avec des pertes qui pourraient atteindre $ 6 millions, selon le ministère de l'Agriculture. La Jamaïque est renommée dans le monde du café pour son fameux Blue Mountain, un Arabica parmi les plus prisés au monde.

Au Brésil, la récolte bat son plein.  La plus importante coopérative Cooxupe a annoncé que 27,3% de la production avait déjà été récoltée, soit un peu plus que les 21,9% à pareille époque l'année dernière.

En Asie, l'offre de Robusta s'est resserrée cette semaine car les exportateurs vietnamiens feraient de la rétention dans l'attente d'une hausse des prix, tandis que l'Indonésie est en vacances du 16 au 21 juillet, rapporte Reuters. La plupart des entrepôts de café sont fermés. Les dernières cotations pour du Sumatra Robusta Grade 4 (4,80 défaut), soit mardi, ont été de $ 1 840 à 1 860 la tonne FOB Lampung. Un prix inchangé par rapport à la semaine dernière. Rappelons que la campagne caféière en Indonésie court d'avril à mars.

Globalement, sur le mois de juin, les exportations vietnamiennes ont baissé de 1,2% par rapport au mois de mai, à 104 200 t de Robusta. Sur le premier semestre, c'est une chute de 36% qu'accusent les exportations du n°1 mondial du Robusta, ses expéditions ne s'élevant qu'à 684 500 t.

Selon le département américain de l'Agriculture (USDA), la production cumulée du Vietnam et de l'Indonésie représenteront un quart de la production caféière mondiale sur la campagne 2014/15.

En Afrique, le géant américain de la distribution Starbucks, qui ne jure que par l'Arabica éthique et durable, a annoncé avoir conclu un accord de licence exclusive avec le sud-africain Taste Holdings afin que ce dernier ouvre à part de l'année prochaine, et pour la première fois, une chaîne de magasins Starbucks en Afrique du Sud. Starbucks et Taste concevront et construiront ensemble les magasins. A ce jour, Starbucks, premier distributeur mondial de cafés de spécialité, détient 22 000 magasins à travers le monde. Le sud-africain Taste Holdings est un des groupes leaders en Afrique australe qui détient et opère des licences de nombreux groupes mondiaux comme Qucik Service, Somino's Pizza, Fish & Chips, etc.

Quant au français Sucre & Denrées, il poursuit le renforcement de son positionnement sur le café depuis un an, et a embauché cette semaine le précédent responsable café de chez Jefferies Bache, Gary Herbert. Rappelons que le groupe vient de racheter le néerlandais Nedcoffee, ce qui lui permet de prendre le contrôle des filiales de Nedcoffee à Singapour, en Indonésie, en Inde et au Vietnam.

 

CAOUTCHOUC

La reprise du marché boursier à Shanghai a permis une reprises des cours du caoutchouc sur le Tokyo Commodity Exchange (TOCOM), qui ont progressé de 3,4% jeudi, le contrat de décembre clôturant à 215,9 yens le kilo, soit son plus haut niveau depuis le 3 juillet. Le contrat de janvier à Shanghai a aussi rebondi, gagnant 105 yuans à 13 335 yuans la tonne. La semaine dernière, les inquiétudes sur la situation économique  de la Chine avaient poussé vers à un plus bas de 2 mois et demi les cours du caoutchouc.

Les exportations de caoutchouc du Vietnam sur les six premiers mois de 2015 ont progressé de 22% par rapport à la même période en 2014 pour s’établir à environ 421 300 tonnes, selon les douanes vietnamiennes. En revanche, en valeur les exportations ont chuté de 5,2% à $ 139, 36 millions, selon un rapport du  département du ministère des Finances.

La production de caoutchouc en Inde a chuté de 21% en juin par rapport 2014 pour atteindre 50 000 tonnes.  Selon le Rubber Board, la production a baissé de 14% sur le deuxième trimestre à 143 000 tonnes tandis que la consommation n’a glissé que de 1% sur le trimestre et le moins de juin. Une situation qui inquiète les fabricants indiens de pneus car elle augmente leur dépendance aux importations de caoutchouc.  Ces dernières ont d’ailleurs augmenté de 6% sur le deuxième trimestre à 106 294 tonnes. Tant du côté des producteurs que des traders, on ne s’attend pas à une reprise de la production en juillet les prix ayant chuté de 6% à 125,50 roupies le kilo. Rajiv Budhraja, directeur général de l’Automotive Tyre Manufacturers' Association, estime que la baisse des prix mondiaux du caoutchouc devrait se poursuivre en raison des craintes sur une chute de la consommation de la Chine. « Le segment des voitures de luxe pourrait se ralentir en Chine et  cela pourrait avoir un effet d'entraînement dans le secteur de l'automobile, affectant la demande », indique-t-il. Vendredi dernier, l’association chinoise des constructeurs automobiles avait réduit ses prévisions de croissance des ventes de véhicules à 3% pour 2015.

Le gouvernement du Kerala avait annoncé un programme de subventions  pour aider les petits agriculteurs producteurs de  caoutchouc avec un maximum de 2 hectares de terrain. Mais,  il n'a pas encore pris effet, les formalités d'enregistrement étant  en cours. En vertu du régime, le gouvernement paiera 150 roupies de subvention par kilo de caoutchouc aux petits agriculteurs.

 

COTON

« Le marché du coton est plafonné et n’a pas d’élan pour le moment » constate Plexus Cotton dans sa revue hebdomadaire ajoutant que le marché évolue dans une marge étroite entre 63 et 67 cents depuis septembre 2014 avec un centre de gravité à 65 cents la livre. Pour sortir de ce niveau, il faudrait un changement de perception, note-t-il.

Vendredi, le dernier le rapport USDA sur l’offre et la demande était pour la plupart des analyses baissier. L’USDA a effectivement  révisé à la hausse les stocks de clôture 2015/16 de plus de 2 millions de balles en raison d’une demande chinoise plus faible causée par une concurrence toujours forte des fibres synthétiques et des produits en coton importés. 

Toutefois, les tendances sont différentes si l’on regarde d’un côté la Chine, toujours englué dans le coton, et le reste du monde où  l’on constate une certaine tension. Plexus  Cotton estime que le facteur le plus important pour la détermination des prix depuis quatre campagnes est la relation entre l’excédent de  production du reste du monde (RDM) et les importations chinoises. Depuis 2011/12, l’excèdent de production du RDM  n'a cessé de diminuer, passant de 27,5 millions de balles à seulement 12,1 millions de balles cette campagne. Selon l'USDA, cette tendance devrait se poursuivre en 2015/16, avec l'excédent de production du RDM devrait reculer de 4,5 millions de balles.

Les importations coton en Chine ont chuté de près de 26% en juin à 161 800 tonnes. Sur les six premiers mois de l'année, la baisse est de 33% par rapport au premier semestre 2014, les importations totalisant  933 900 tonnes.

Une étape de plus a été franchie dans la mise en place du nouveau contrat à terme mondial sur le coton du Intercontinental Exchange (ICE) avec l’adoption par le Congrès américain le 9 juillet du projet de loi  sur l’US Cotton Futures Act (voir notre chronique La Chronique Matières du Jeudi (18 juin 2015)). Le président Barack Obama doit encore apposer sa signature.

Au Zimbabwe, l’indien Maharashtra Hybrid Seeds Company Ltd (Mahyco), qui a acquis en novembre 2014 une participation de 60% du capital de l’entreprise zimbabwéenne Quton, misera sur le coton hybride dans un premier temps puis le coton BT. Usha Barwale Zehr, directeur de la technologie à  Mahyco, les essais sont en cours avec des variétés hybrides  et la commercialisation devrait démarrer en novembre. Elle souligne qu’en dépit d'être une grande région cotonnière, l'Afrique ne dispose pas de variétés hybrides. « Ainsi, dans une première phase, nous allons introduire des variétés hybrides. En cas de succès, nous lancerons les semences Bt. Mais cette étape nécessitera des autorisations supplémentaires et cela prendra environ deux à trois ans».

L’Égypte a à nouveau fait volte face mercredi dernier en revenant sur sa décision d’interdire les importations de coton (voir CommodAfrica Changement de cap dans la politique cotonnière en Égypte ..). Le Premier ministre a demandé  une étude sur la politique cotonnière et autorisé les importations de coton pour cette année.

 

HUILE DE PALME

L’huile de palme a clôturé à un plus bas d’une semaine jeudi à 2173 ringgits ($570) la tonne, alors que les marchés étaient fermés vendredi pour la fête de Aïd el-Fitr. La demande est toujours faible, les exportations de la Malaisie du 1er au 15 juillet ont chuté de 15,61% selon SGS et de 14,6% selon Interlek.

L’Indonésie, premier producteur mondial d'huile de palme, devait, à partir de jeudi, imposer des taxes sur les exportations. Une décision qui avait été à plusieurs reprises reportées ( voir notre chronique La Chronique Matières du Jeudi (18 juin 2015)).

 

RIZ

Confirmation de la reprise engagée la semaine dernière des prix à l’exportation en Thaïlande, le Thaï 5% grimpant à $405 la tonne contre $380-$385 la semaine précédente. Un regain porté par les craintes d’une diminution de la production suite à la sécheresse. Au Vietnam, les prix progressent aussi avec la demande d’entreprises privées des Philippines. Le gouvernement philippin a autorisé les négociants privés à importer jusqu'à 805 200 tonnes de riz cette année.

 

SUCRE

Le sucre a été très rock n' roll cette semaine sur la place boursière new-yorkaise ! Mardi, on n'avait pas enregistré un prix aussi élevé pour le sucre roux depuis 8 semaines, ce qui a provoqué des prises de bénéfices par les opérateurs, donc des ventes, provoquant une baisse du prix du sucre roux durant deux sessions consécutives. Il a terminé à 12,25 la livre hier à New York, tandis que le sucre blanc terminait lui aussi en baisse, à $ 369,20 la tonne à Londres.

Certes, le raffermissement du dollar a été un des facteurs baissiers sur les places sucrières, comme sur les autres marchés de matières premières, mais la baisse a été aussi alimentée par la déception du marché face aux décisions de l'Indonésie. Jakarta aurait émis des licences d'importation que de 596 000 t, légèrement en dessous des attentes du marché. Ceci signifie que les exportations de Thaïlande seront limitées et, par conséquent, que ses stocks resteront à des niveaux très élevés, pesant sur l'ensemble du marché mondial.

 

 

 

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