La Chronique Matières du Jeudi (15 septembre 2016)

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Les marchés financiers retienennt leur souffle en attendant la réunion de la Banque du Japon et de la Réserve fédérale américaine, toutes deux la semaine prochaine. Ceci dit, le marché, globalement, ne croit guère à une hausse des taux. Mais la moindre référence par la Fed d'un relèvement des taux d'ici la fin de l'année pourrait booster le billet vert face aux autres devises, avec l'impact classqiue, mécanique, sur les prix des matières premières.

CACAO

Les prix du cacao se sont ressaisis ces derniers jours après la forte chute la semaine dernière. Et selon Alexandre Andrey de BMI Research Commodities, les prix du cacao ne devraient guère évoluer d'ici la fin de l'année.

Sur l'échéance décembre, Londres a clôturé ce soir à £ 2 250 la tonne contre £ 2 183 vendredi dernier, et New York à $ 2 832 la tonne contre $ 2 762. Le marché a été impacté par l'échéance septembre qui est arrivé à terme aujourd'hui, mais aussi par les différentes déclarations faites par la Côte d'Ivoire depuis une semaine, alors que les ventes anticipées pour la campagne 2016/17 devraient démarrer sous peu, a annoncé jeudi le directeur des ventes du Conseil du café-cacao (CCC).

Rappelons que la chute des prix la semaine dernière était essentiellement due à ce que le CCC avait donné 6 jours aux exportateurs pour lui fournir la documentation liée aux contrats d'exportation, dont la preuve d'une contrepartie, sous peine de voir leurs contrats annulés et revendus. Objectif : faire cesser la spéculation sur le système de ventes par anticipation. Ainsi, 200 000 à 250 000 tonnes seraient ainsi en jeu, selon les rumeurs de marché. En effet, des rumeurs circulaient la semaine dernière selon lesquelles de petits planteurs auraient achetés des contrats sur 2016/17 sans sécuriser leurs prix, au préalable, avec les vendeurs. Or, comme les prix ont baissé depuis, les exportateurs auraient des difficultés à honorer leurs engagements.

Mais Djibril Fadiga, directeur général adjoint du CCC, s'est voulu rassurant jeudi en soulignant à la presse qu'"il n'y aura aucune annulation ou revente de contrats". "Il n'y a pas de risque dans le système", a-t-il précisé. La revente éventuelle d'une partie de la campagne à venir n'impactera pas le système du prix garanti. D'autre part, les autorités ivoiriennes ont annoncé aujourd'hui revoir leur grille de prix afin de compenser les intermédiaires qui vont chercher plus loin leur cacao.

Quant à la campagne 2015/16 encore en cours, les broyeurs auraient transformé 414 000 t de fèves depuis le début de la campagne le 1er août 2015, contre 450 000 t sur la même période la campagne précédente. En août, 37 000 de fèves ont été broyées sur place, en Côte d'Ivoire, contre 38 000 t à  pareille époque l'année dernière.

Quant au Ghana, le président John Mahama entend introduire des partenariats public-privé (PPP) dans le secteur cacao afin de dépasser le million de tonnes contre 750 0000 t actuellement (lire nos informations).

Au Cameroun, la campagne, qui vient de démarrer le 1er août, pourrait être impactée par la sécheresse qui a sévi pendant 5 mois, de novembre à mars, retardant de 2 à 3 mois la récolte. Selon l'association des agriculteurs Conacfac, la production pourrait baisser de 10% cette campagne. Rappelons que le 4ème producteur mondial de fèves a récolté 269 495 tonnes (t) de cacao en 2015/16, à fin juillet, en hausse de 16% par rapport à la campagne antérieure. Ceci dit, en août, les exportations ont chuté de près de 41%, baisse que certains voient se poursuivre tout au long de 2016/17. Ainsi, 4 895 t auraient été vendues contre 12 056 t en août 2015. Les principaux vendeurs ont été Telcar Cocoa (2 257 t), suivi par Olam-Cam (1 442 t) et Cameroon Marketing Commodities (Camaco)avec 777 t.

L'objectif -peu réaliste, selon certains- est d'atteindre 600 000 t d'ici 2020. Rappelons que le cacao représente environ 25% des recettes d'exportation du pays et 3% de son PIB, employant quelque 450 000 petits fermiers.

CAFÉ

Le Robusta a grimpé aujourd'hui à son prix le plus élevé en 18 mois sur le marché à terme de Londres, marché de référence, avant que n'interviennent des prises de bénéfices qui l'ont fait reculer, effaçant ainsi les gains lorsque la clôture du marché a sonné. La tonne termine ainsi à $ 1 936 la tonne, après avoir atteint $ 1 947 en cours de séance, mais contre $ 1 909 vendredi dernier.  Cette hausse est relativement classique à cette période de l'année car la récolte en Indonésie est achevée et celle au Vietnam n'a pas encore démarré. Pour sa part, l'Arabica a clôturé à $ 1,489 la livre, en baisse sur la semaine puisque le marché avait clôturé à $ 1,5115 vendredi dernier.

Le Brésil a exporté 2,4 millions de sacs de 60 kg de café vert au mois d'août, contre 2,59 Ms en août 2015, selon l'association des exportateurs Cecafe. En juillet, ses exportations avaient atteint 1,65 Mt.

Sur les marchés en Asie, la fourchette des primes pour le café vietnamien par rapport aux cotations de Londres s'est élargie, avec des exportateurs qui ont préféré vendre des grains de qualité supérieure. La récolte chez le n°1 mondial devrait démarrer fin octobre. En revanche, en Indonésie, la récolte est terminée et les transactions ont ralenti face à de plus faibles volumes mis en vente. Notons que ces deux pays fournissent ensemble 28% du café mondial.

Le Vietnam qui a exporté 152 678 t (2,54 millions de sacs de 60 kg) au mois d'août, en hausse de 9,2% par rapport au mois de juillet, selon les statistiques des douanes. Ceci dépasse les prévisions du gouvernement qui misait sur 140 000 t exportées en août, mais aussi des marchés qui les estimaient à 100 000-120 000 t. Ainsi, les exportations d'octobre à août, soit sur les 11 premiers mois de la campagne 2015/16, ont fait un bond de 33%, à 1,61 Mt

En Côte d'Ivoire, les exportations ont atteint 45 018 t sur les 7 premiers mois de la campagne, à fin juillet, en hausse de 32% sur la même période en 2014/15.

CAOUTCHOUC

Les cours de caoutchouc sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont progressé de 2,5% mercredi avec un yen tombé à un bas d’une semaine face au dollar, la Banque du Japon réfléchissant à un nouvel assouplissement monétaire. Les cours ont également été soutenus par la fermeté du marché à terme de Shanghai toutefois les gains ont été limités par la chute des prix du pétrole la nuit même en dépit d’un certain rebond mercredi. Le contrat pour une livraison février a gagné 3,9 yens pour clôturer à 157,8 yens ($1,53) le kilo. Le contrat de caoutchouc livraison janvier  sur le Shanghai Futures Exchange a augmenté de 105 yuans pour finir à 12 530 yuans ($1 878) la tonne.

«Malgré les gains, le marché est resté dans les fourchettes récentes en l’absence  d'incitations nouvelles", a déclaré un courtier basé à Tokyo.

Les stocks de caoutchouc dans les entrepôts surveillés par le Shanghai Futures Exchange ont augmenté de 0,6% vendredi dernier.

COTON

Les cours du coton ont rebondi après avoir enregistré lundi leur plus forte baisse journalière depuis le 9 août à la suite de la publication du  rapport sur l’offre et la demande du département américain de l’agriculture (USDA) légèrement baissier. Mercredi, le contrat de décembre a gagné 0,94 cents pour clôturer à 67,53 cents la livre sur le ICE. Une hausse impulsée par des préoccupations météorologiques dans les principaux pays producteurs et un dollar en baisse. Le super typhon Meranti, le plus puissant depuis 21 ans, a frappé mercredi Taïwan et se dirigeait jeudi vers le sud-est de la Chine dans les provinces de Guangdong et Fujian. En parallèle, la tempête tropicale Julia a déversé de fortes pluies le long de la côte de la Géorgie et la Caroline du Sud aux Etats-Unis.

Dans son rapport mensuel, l’USDA a relevé ses prévisions de production mondiale de coton de 880 000 balles à 102,5 millions. Les estimations de production progressent en Australie (+700 000 balles), au Burkina Faso (+ 100 000 balles à 1,3 million), aux Etats-Unis (+230 000 balles), au Mali (+ 100 000 balles à 1,1 million), au Pakistan (+250 000 balles) et en Turquie (+200 000 balles). En revanche, la production est revue à la baisse en Inde (-500 000 balles), en Tanzanie (-120 000 balles) et au Zimbabwe (-100 000 balles. La consommation est marginalement modifiée (-35 000 balles à 111,2 millions). Les stocks de clôture sont révisés à la hausse (+192 000 balles à 89,8 millions).

Avec des superficies semées en hausse de 14%, le Mali pourrait atteindre un record de production de coton en 2016/17 à plus de 650 000 tonnes, selon la Compagnie malienne pour le développement des textiles (cf. nos informations).

Les exportations de coton de Côte-d'Ivoire se sont élevées à 305 835 tonnes sur sept mois à la fin de Juillet, en baisse de 8,6% par rapport à l'année précédente, selon les données portuaires provisoires.

Côté entreprise, le rachat de Monsanto par Bayer (cf. nos informations) pourrait conduire à des cessions d’actifs dans le coton, les deux entreprises détenant environ 58% du marché américain des semences en coton  en 2016.

HUILE DE PALME

Les cours de  l'huile de palme ont atteint mercredi leur plus bas en près de deux semaines,  la faiblesse de la  demande l'emportant  sur le soutien d'un ringgit faible et des stocks fin août à un plus bas de six ans. Les cours ont clôturé sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 2 564 ringgits ($622) la tonne pour le contrat de novembre, en recul de 1,1% après avoir chuté la veille. Les cours sont en recul de 2,9% depuis le début de la semaine pourrait enregistrer leur première perte hebdomadaire après deux semaines de gains. Depuis le mois de juillet les cours avaient progressé d’environ 9%. Toutefois, la demande devrait être plus faible en septembre. Sur les 15 premiers jours de septembre, les exportations ont reculé de 8,7%. La Malaisie, deuxième producteur d’huile de palme après l'Indonésie, va augmenter sa taxe  à l’exportation sur l’huile de palme brute à 6,5% au mois d’octobre contre 5% au mois de septembre. Une décision qui pourrait heurter davantage la demande.

RIZ

Les prix du riz ont été très stables sur les marchés asiatiques cette semaine dans un marché calme.

La Thaïlande a décidé d’arrêter temporairement les ventes aux enchères de riz en provenance des réserves de l’État afin d’éviter toute offre excédentaire sur le marché avant la récolte de la cultures annuelle. Aucune date précise n'a été donnée quant à la reprise de ces ventes. La Thaïlande prévoit récolter 23,55 millions de tonnes de riz entre octobre et décembre cette année selon le comité de riz du pays. Le gouvernement a également annoncé que la banque d’État, Bank for Agriculture and Agricultural Cooperatives (BAAC) et les meuniers achèteront quelque 10 millions de tonnes de riz au prix du marché sur les 23,55 millions de tonnes pour les soustraire au  marché pendant trois à quatre mois. Cette mesure devrait permettre de faire chuter davantage les prix.

En Chine, Yuan Longping, le renommé professeur spécialisé dans le riz-hybride (cf. nos informations.) a indiqué mardi qu’il était confiant pour atteindre cette année, plutôt qu’en 2018 comme prévu, son objectif de rendement de son riz hybride. Il a précisé que plusieurs parcelles de démonstration ont obtenu un potentiel de production de 16 tonnes de riz par hectare.

SUCRE

Les cours du sucre roux ont grimpé aujourd'hui sur le marché à terme de New York face à la prochaine expiration de l'échéance octobre, entrainant toujours des mouvements financiers et spéculatifs. Ils ont également augmenté suite au rapport bimensuel du groupe industriel Unica au Brésil faisant état d'une production plus faible qu'anticipée : dans la ceinture sucrière du centre-sud, la production durant la seconde moitié du mois d'août a été de 2,54 millions de tonnes (Mt), soit en-deçà des 2,97 Mt durant la première quinzaine du mois. Au total sur cette deuxième quinzaine d'août, 38,31 Mt de cane ont été broyées contre 44,8 Mt début août.

Le sucre roux termine la période sous revue, ce jeudi, à 21,16 cents la livre contre 19,99 cents en fin de semaine dernière, tandis que le blanc à clôturé à $ 553,70 la tonne à Londres contre $ 541,20 vendredi 9 septembre.

Ceci dit, on assiste encore à une forte volatilité sur le marché avec un sucre roux qui s'était inscrit à la hausse durant le début de la semaine car le réal brésilien baissait face au dollar. Selon Claudiu Covrig, analyste chez Kingsman Platts S&P Global, "le marché du sucre blanc tire à la hausse les roux".

Selon le département américain de l'Agriculture (USDA), l'approvisionnent du marché mondial en sucre serait plus faible en 2016/17 car les importations mexicaines, notamment, diminueraient à 912 000 t contre 1,4 Mt initialement anticipées. En revanche, les Etats-Unis devraient crouler sous les stocks car leur récolte est attendue à un niveau record, de l'ordre de 9,3 %t, la hausse de la production de cane à sucre compensant la baisse du sucre dérivé de la betterave.

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