L’Afrique sub-saharienne, rare région où la croissance augmenterait en 2022, selon la Cnuced

 L’Afrique sub-saharienne, rare région où la croissance augmenterait en 2022, selon la Cnuced
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C’est une mise en garde sévère adressée aux pays « avancés » à laquelle s’est livrée la Cnuced dans son Rapport sur le commerce et le développement 2021 paru hier. L’agence des Nations Unies estime que la croissance économique mondiale cette année atteindrait les 5,3% mais le coup de frein l’année prochaine pourrait « s’avérer plus marqué que prévu », à 3,7%, car « les responsables politiques des économies avancées ne se sont pas encore rendu compte de l’ampleur du choc [en 2020 lié à la Covid, ndlr] subi par les pays en développement, ni de sa persistance. »

Ceci dit, l’Afrique sub-saharienne (hors Afrique du Sud et Sud Soudan) pourrait être l’exception, la Cnuced estimant que sa croissance serait de 2,5% cette année contre -1,5% en 2019 et grimperait à +2,9% en 2022. Une tendance qui ne se retrouverait pas au niveau de l’ensemble du continent africain puisque la Cnuced estime la croissance à 3,2% cette année contre -3,4% en 2020, mais elle ralentirait à 2,9% en 2022. En revanche, les auteurs du rapport ne fournissent pas dans le document d’explications précises sur les raisons de cette performance de l’Afrique sub-saharienne.

La Cnuced met en garde contre l’endettement massif, notamment en Afrique sub-saharienne, au fil des années et son impact avec, en 2020, le ralentissement économique et la hausse des dépenses de santé et sociales en général. « En pourcentage des revenus gouvernementaux totaux, la dette totale brute gouvernementale a atteint des niveaux sans précédents en Afrique sub-saharienne » de l’ordre de 364%. « Dans le cas de l’Afrique sub-saharienne, ceci signifie aussi que le succès des initiatives multilatérales d’allègement de la dette des années 90 et du début des années 2000 a été oblitéré », indique l’organisation qui se veut « un peu la voix rebelle » dans la grande famille des nations Unies, soulignait dans nos colonnes la semaine dernière Isabelle Durant, secrétaire générale par intérim de la Cnuced, avant la prise de fonction lundi de Rebeca Grynspan.

Et l’organisation de souligner que de « nombreux pays du Sud ont été frappés beaucoup plus durement que lors de la crise financière mondiale de 2007-2008, tandis que le poids de leur dette, désormais plus lourd, réduit leur marge de manœuvre en matière de politique budgétaire ». Certes, des crises de dette souveraine en cascade ont été évitées en 2020, « mais la viabilité de la dette extérieure des pays en développement s’est encore détériorée ».

Ainsi, ces contraintes budgétaires liées à la dette, le manque d’autonomie monétaire et l’accès restreint aux vaccins freinent de nombreuses économies en développement, creusant le fossé avec les économies avancées et menaçant d’ouvrir la voie à une nouvelle décennie perdue. Dans l’immédiat, les populations vulnérables du Sud pourraient être sérieusement menacées par la hausse des prix des denrées alimentaires. Si l’indice global des matières premières a baissé de 35% entre décembre 2019 et avril 2020, l’énergie chutant de 60%, le groupe des produits alimentaires, boissons et graines oléagineuses n’a enregistré qu’une baisse modérée début 2020.Ceci est lié à la faible élasticité de la demande par rapport aux revenus mais aussi à la prise rapide de mesures d’interdiction d’exporter dans les pays pauvres et d’accroitre les importations afin de s’assurer de stocks. Mais entre décembre 2020 et mai 2021, l‘indice agrégé des produits de base a enregistré une hausse de 25 %.

 Cnuced prix matières premières

 

Au niveau mondial, le commerce international de biens et de services s’est redressé, après qu’il ait chuté de 5,6 % au niveau mondial en 2020. D’ailleurs, son ralentissement en 2020 s’est avéré moins fort que prévu, car les flux de marchandises mensuels ont rebondi presque aussi fortement dans la dernière partie de 2020 qu’ils avaient chuté auparavant. Les projections modélisées du Rapport prévoient une croissance réelle du commerce mondial des biens et services de 9,5 % en 2021mais l’Afrique serait à la traine.

 Commerce mondial de marchandises (indice 2010=100)

En rouge Afrique & Proche orient

 

Quant à l’avenir, souligne encore la Cnuced, il faut ne pas baisser la garde en matière d’aide financière. L’interventionnisme financier public qui a été massif en 2020 ne doit pas être de simples « outils de lutte contre l’incendie » mais doivent être pérennisés afin de devenir des « instruments essentiels du développement à long terme. » Il faut aussi un soutien beaucoup plus fort de la part des économies avancées et l’inclusion des voix des pays en développement si le monde veut s’attaquer à temps aux excès de l’hypermondialisation et à l’aggravation de la crise environnementale. Une « coordination politique beaucoup plus grande » entre les grandes économies mondiales  est indispensable pour véritablement réformer « l’architecture économique internationale » comme cela avait été promis lors de la crise de 2008-2009.

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