Le marché du cacao, en effervescence, attend les chiffres européens de broyage

 Le marché du cacao, en effervescence, attend les chiffres européens de broyage
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Le cacao a le vent en poupe ! Une bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire et le Ghana, toute hausse des cours de la fève sur les marchés internationaux se traduisant par des points de croissance économique.

Car, comme l’a souligné en substance le Fonds monétaire international (FMI) lors de sa dernière mission  à Abidjan qui s’est achevée le 5 avril, si la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance de 7,8% en 2017, c’est bien mais c’est moins que les six années précédentes lorsque le taux caracolait au-delà des 8%. Surtout, il ne faudrait pas que la croissance baisse en-deçà des 7% ces prochaines années si le pays a l’ambition de devenir un pays émergent. Aussi la Côte d’Ivoire revoit-elle tout son système fiscal : depuis janvier, les PME ivoiriennes peuvent déclarer et payer leurs impôts en ligne, les particuliers devraient bientôt pouvoir payer les leurs avec leur téléphone portable et le FMI a appelé le gouvernement à mettre un terme aux allègements fiscaux accordés ces dernières années aux investisseurs pour les attirer après une décennie de crise. Ces mesures, entre autres, devraient contribuer à la poursuite du dynamisme économique de la Côte d’Ivoire, comme du Ghana.

Le cacao continuerait de caracoler

A priori, le cacao devrait aussi, de nouveau, jouer son rôle majeur de soutien à l’économie car ses prix semblent reprendre le chemin de la hausse. Plusieurs éléments ces jours-ci en témoignent.

Tout d’abord, la semaine dernière, les spéculateurs ont relevé leur positionnement haussier sur la place de New York à son niveau le plus élevé en près de deux ans, selon les données du gouvernement américain publiées vendredi. Ainsi, ils ont augmenté de 2 473 lots leurs positions longues -c’est-à-dire qu’ils misent sur la hausse à venir du cours du cacao, contrairement à une position courte lorsqu’on mise sur sa baisse-  à 40 329 lots, le niveau le plus élevé depuis mai 2016.

L’effet a été immédiat. Hier, sur le marché à terme de New York, les cours du cacao ont gagné 4,97% par rapport à la clôture vendredi. Durant la séance, ils ont touché un plus haut de $ 2 714, un niveau de prix que la fève n’avait plus enregistré depuis… octobre 2016 ! Certes, la baisse du dollar face à la livre sterling a incité les acteurs sur le marché à acheter sur le marché à terme de New York plutôt que celui de Londres, mais ce dernier a également enregistré hier une hausse de 3,51%, à £ 1 826 la tonne.

Le deuxième facteur haussier reste à confirmer. Ainsi, demain devraient être publiées les volumes de fèves broyées en Europe que  les opérateurs sur le marché attendent en hausse dans une fourchette allant de 2 à 4%. Rappelons que ces broyages ont été en hausse chaque trimestre en 2017, témoin du dynamisme du marché. Les chiffres de broyages américains devraient, quant à eux, être publiés jeudi, attendus entre une baisse de 1,5% et une hausse de 2%. Les volumes de broyages asiatiques suivront. Toute bonne surprise, concernant les broyages, sera un facteur haussier pour les cours.

La recherche frénétique de fèves de qualité

Dans l’immédiat, les industriels ont des difficultés à trouver des fèves de qualité provenant de leurs destinations préférées, l’Afrique de l’Ouest, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana. D’où la poussée de fièvre des prix du physique et l’écart croissant entre ceux-ci et le prix sur le marché à terme à Londres.

Actuellement, les industriels achètent du cacao du Ghana à un prix supérieur de £ 200 la tonne par rapport au prix spot à Londres, rapporte Reuters, et de £ 85 s’agissant du cacao de qualité d’origine ivoirienne.

Ce “squeeze” sur le rapproché est du à la baisse des volumes notamment de cacao de qualité ce mois dernier en Afrique de l’Ouest. Il est dû aussi à ce que, apparemment, le Conseil du café-cacao (CCC) aurait vendu par anticipation 170 000 t en trop de cacao de la récolte principale par rapport à la récolte effective. Il serait dû, enfin, à ce que des volumes importants d’Afrique de l’Ouest sont partis vers les Etats-Unis pour combler l’arrêt des livraisons d’Équateur verss on voisin du nord (lire nos informations).

Tout ceci fait grimper les prix du marché à terme. Car ne pouvant trouver du cacao sur le marché physique, les industriels se tournent vers les marchés à terme pour acheter les fèves stockées dans les entrepôts certifiés auprès d’ICE, du cacao dit “filiérisé”. Des stocks européens qui sont déjà bas : en mars, seulement 224 560 t de cacao étaient dans les stocks certifiés auprès d’ICE en Europe contre 265 390 t il y a trois mois ; en revanche, aux Etats-Unis, les stocks certifiés ont grimpé à 293 454 t contre 234 422 t.

Cette ruée vers ce cacao filiérisé fait grimper le cours du contrat spot à Londres qui récemment était supérieur de £ 33 la tonne par rapport à la deuxième échéance, en déport, un niveau d’écart qui n’avait plus été enregsitré depuis novembre 2016.

Résultat, en Afrique de l’Ouest,  “les transporteurs courent partout pour trouver du cacao pour honorer leurs contrats“, souligne un négociant. Et, à cette époque de l’année, les flux de fèves du Nigeria ou du Cameroun ne sont pas très importants car les campagnes tirent à leur fin. Rappelons qu’au Cameroun, la campagne prend fin en août alors qu’en Afrique de l’Ouest c’est en septembre. En outre, ce n’est pas la même qualité, souligne-t-on. Mais, apparemment, ce ne serait plus guère le problème… “Dans ces conditions, il semblerait que les fèves du Cameroun qui sont en stock ne seraient plus si ‘toxiques” que ça”, explique un négociant.

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