Succès des technologies nucléaires pour éliminer la mouche tsé-tsé au Sénégal

 Succès des technologies nucléaires pour éliminer la mouche tsé-tsé au Sénégal
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Au terme d’un projet intégrant des technologies nucléaires et visant à éliminer les insectes nuisibles, le Sénégal serait quasiment exempt de mouches tsé-tsé, connues pour décimer le bétail, souligne Baba Sall de la direction des Services vétérinaires du Sénégal à la revue scientifique Scidev. Une victoire de taille lorsqu’on sait que cet insecte tue chaque année plus de  3 millions de têtes de bétail en Afrique sub-saharienne, représentant  plus de $ 4 milliards de pertes.

Avec l’appui de la FAO et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le Sénégal a, en effet, opté pour la technique des insectes stériles (TIS). Elaborée dans les années 50 par deux entomologistes américains, Raymond Bushland et Edward Knipling, cette technique est encore appelée « lutte autocide » : la TIS consiste à élever en masse les insectes mâles, qui sont ensuite stérilisés par rayonnements ionisants.

 

“Puisqu’ils sont stériles, ils vont s’accoupler avec les femelles, mais il n’y aura pas de descendance, étant donné qu’ils ne peuvent pas se reproduire“, explique à notre confrère Baba Sall. “C’est une méthode de lutte biologique différente des méthodes conventionnelles qui peuvent tuer d’autres insectes non ciblés.”

Bien que le projet ait été lancé en 2005 dans le cadre de la lutte contre les mouches tsé-tsé et de la trypanosomiase, ce n’est qu’en 2012 que la phase opérationnelle a débuté. Aujourd’hui, la TIS est utilisée dans trois régions, notamment la Casamance, la région frontalière avec le Mali et la région de Niayes. Les mouches à lâcher qui sont utilisées au Sénégal sont essentiellement produites et importées du Burkina Faso.

Selon Baba Sall, l’autocide des insectes présente beaucoup d’avantages et aurait permis 99,99 % de réduction de la population des espèces sauvages et bientôt « nous irons à l’extinction. »

Ceci dit, poursuit Scidev, le responsable du laboratoire de lutte contre les insectes ravageurs et conseiller des programmes de technique d’insectes stériles à l’AIEA, Marc Vreysen, estime qu’on ne peut pas dire qu’une technique est meilleure qu’une autre. « Il faut intégrer plusieurs techniques pour obtenir le meilleur résultat. Mais il faut reconnaître que la TIS est efficace sur une petite échelle », précise-t-il.

Même bémol chez le scientifique Heather Ferguson de l’Institut de biodiversité, santé animale et médecine comparative à l’université de Glasgow, en Ecosse : il manque encore de données en matière de biologie du comportement sexuel des insectes, à l’instar des moustiques, ajoutant que seules de meilleures connaissances dans ce domaine permettraient de rendre efficaces les techniques de modification génétique. Un autre handicap est que la technologie coûte cher.

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