La Chronique Matières du Jeudi (18 février 2016)

Partager vers

La hausse quatre jours durant des marchés financiers à travers le monde s'est ralentie aujourd'hui car les cours du brut se sont stabilisés et, surtout, les yeux sont rivés sur Bruxelles où les négociations sont en cours pour que le Royaume Uni reste dans l'Union européenne. Mais le sentiment sur els marchés financiers demeure morose, même Nestlé affichant des résultats en berne.

Quant au dollar, il a glissé face au yen hier soir, après publication de minutes de réunion en janvier de la Réserve fédérale américaine témoignant de la crainte que l'économie américiane soit affectée par la morosité économique mondiale.

CACAO

La fève a caracolé hier à son niveau de prix le plus élevé en un mois sur les marchés à terme, à £ 2 073 la tonne (+£ 21) et $ 2 880 (+$ 46). Elle a été soutenue par une demande dynamique mais aussi par une hausse relativement généralisée des prix des matières premières. En outre, la livre sterling s'est raffermie par rapport au dollar, ce qui affecte toujours le marché du cacao puisque Londres est la principale place de marché.

En Côte d'Ivoire, les arrivages de cacao aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro ont totalisé 219 591 t au mois de janvier contre 229 059 t en janvier 2015, selon le Conseil du cacao-café. Ceci demeure, toutefois, un volume supérieure aux attentes de nombre d'acteurs sur le marché. Depuis le début de la campagne 2015/16, soit depuis le 1er octobre, les arrivages totalisent 1 079 412 t, au coude à coude avec les 1 080 360 t sur la même période la campagne dernière. S'agissant de la campagne intermédiaire, qui court d'avril à septembre, les différents analystes sont dans l'expectative de ce que vont avoir pour conséquences le temps très sec et l'harmattan exceptionnellement fort depusi des semaines maintenant.

Au Brésil, les livraisons dans les entrepôts des principales régions de production et de l'importation ont progressé de 4% entre le 1er mai 2015 et le 7 février par rapport à la période correspondante un an auparavant, selon la Bahia Commercial Association.

CAFE

Le café, tant Arabica que Robusta, a terminé hier soir sans grand changement de prix par rapport à la veille, à New York et à Londres, respectivement à $ 1,166 la livre et $ 1 442 la tonne.

Au Vietnam, premier producteur et exportateur mondial de Robusta, les exportations ont atteint 170 000 t (2,83 millions de sacs de 60 kg, Ms) en janvier, en hausse de 11,5% par rapport à décembre, selon les statistiques douanières. Des chiffres qui ont pris par surprise  le négoce comme le gouvernement, les premiers ayant avancé des estimations allant de 130 000 à 140 000 t, tandis que Hanoï tablait sur 155 000 t.

A noter que cette semaine, la prime du Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisures, du Vietnam a coté en prime de $ 35 à 50 la tonne au-dessus du cours sur le marché à terme de Londres, contre $ 40 à 50 la semaine dernière, les exportateurs ayant abaissé la partie basse de leur fourchette car ils veulent vendre. Le Grade1, de qualité supérieure, a maintenu sa prime de $ 80 à 95.

Chez son rival, l'Indonésie, l'affaiblissement du rupiah a entrainé une forte hausse des prix proposés pour le café. Le Robusta Grade 4, 80 défauts, est offert en prime de $ 300 la tonne sur l'échéance mai à Londres contre une prime de $ 130 à 200 il y a deux semaines. Rappelons que le rupiah a déjà perdu 10% de sa valeur en 2015.

Dans sa première estimation de la campagne 2015/16, l'Organisation internationale du café (OIC) prévoit une production mondiale de 143,4 Ms, en hausse de 1,4% sur 2014/15, tandis qu'elle a révisé à la baisse, à 141,4 Ms la production 2014/15. Cette hausse pour l'actuelle saison traduit la perspective de bonnes récoltes au Vietnam, en Colombie et en Indonésie, qui compenseraient une plus petite au Brésil.

Cette prévision de l'OIC est beaucoup plus basse que certaines autres estimations qui voient la production mondiale à 145,9, voire 150 Ms. Une des raisons serait que l'OIC, organisme inter gouvernemental, utilise des chiffres fournis par les gouvernements de ses Etats membres. Or, Conab, agence du ministère brésilien de l'Agriculture, prévoit une récolte brésilienne à 43,24 Ms en 2015/16 alors que plusieurs négociants la voient à 47-48 Ms.

Au Brésil, la campagne 2015/16 est anticipée atteindre 54 à 55 Ms, en hausse de 20% sur la précédente, selon la maison Wolthers Douque.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont démarré la semaine sur les chapeaux de roue après avoir perdu 5% de leur valeur la semaine dernière atteignant un plus bas de sept ans à 144,5 yens le kilo. La hausse du marché boursier au Japon ainsi que la baisse du yen et un rebond du pétrole ont fait grimpé le caoutchouc qui a gagné 4,4% lundi et encore à 0,3% mardi pour clôturer à 154 yens ($1,35) pour le contrat de juillet. Mais, les mêmes causes de la hausse ont provoqué un glissement des cours mercredi qui ont cédé 0,9% à 152,6 yens le kilo.

À cette période de l’année, qui correspond à l’hivernage en Malaisie et en Thaïlande, moment ou les arbres perdent leurs feuilles et où la production de latex diminue, le marché est plutôt porteur. Mais cette année, il est plus sensible à l’environnement extérieur, le pétrole et le cours des actions. Et la tendance devrait se poursuivre.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports du Japon se situaient à 12 870 tonnes le  31 janvier, en hausse de 11,8 % par rapport à  la dernière date de l'inventaire, selon les données de l'Association du commerce du caoutchouc du Japon.

COTON

Les cours du coton ont brisé mardi une spirale de baisse de huit jours en enregistrant leur meilleur gain quotidien en près de trois, la baisse des prix ayant stimulé les achats. Le coton avait clôturé la semaine à plus bas d’un an -58,64 cents la livre pour le mois de mai-  malmené par l’agitation des marchés financiers en dépit de bonnes performances pour les exportations américaines.

Mardi, les cours ont gagné  1,1 cent pour clôturer à 59,74 cents la livre. Une autre nouvelle qui a soutenu le marché est la réduction de la production chinoise en 2016. En effet, Pékin a annoncé qu’elle anticipait une baisse de 6,5% dans la principale région productrice de coton le Xinjiang, représentant environ 60% de la production chinoise. La superficie ensemencée devrait être réduite de 1,5 million de mu (100 000 hectares) à 23 millions mu en 2016. Ceci constituerait la troisième réduction consécutive soustrayant  plus de 400 000 hectares à la culture du coton depuis 2014.

Toutefois, les négociants estiment qu’il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette réduction des superficies sur l’approvisionnement. « Le rendement de la précédente récolte a été fortement influencée par les conditions météorologiques,  donc il pourrait être normal d’avoir un rebond de 10% cette année, ce qui pourrait facilement compenser la perte de superficie», a déclaré un trader basé en Chine.

Au Mali, la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) s’est fixé comme objectif une production de 750 000 tonnes à 800 000 tonnes pour la campagne 2016/17.

HUILE DE PALME

Mercredi, les cours de l’huile de palme ont récupéré des pertes antérieures en progressant de près de 1%, les négociants estimant que les stocks diminueraient encore au mois de février. En janvier les stocks en Malaisie avaient chuté de 12,4% à 2,31 millions de tonnes, leur plus bas en six mois. Les cours ont clôturé à 2 613 ringgits ($620,30) la tonne.

Toutefois, la demande est animique avec un écart qui se rétrécit entre l’huile de palme et l’huile de soja. « L'augmentation des exportations de soja en provenance du Brésil concurrencent fortement l’huile de palme », a estimé un trader à Kuala Lumpur. Ajoutant « Nous voyons de la pression sur les prix dans les prochains mois ». Les embarquements vers la Chine se sont ralentis ces dernières semaines avec le ralentissement de l’économie tandis que l’hiver dans l’hémisphère nord réduit la demande en huile de palme, cette dernière se solidifiant avec des températures basses.

Les exportations  d’huile de palme de Malaisie ont baissé de 16,1% selon Intertek Testing Services et de 14,2% selon SGS sur la première quinzaine de février.

RIZ

Après les vacances du Nouvel an lunaire, les cours du riz en Asie étaient orientés à la hausse et ce en dépit  d’une offre stimulée par des ventes du gouvernement thaïlandais, la récolte en cours en Thaïlande et celle à venir du Vietnam.

Les prix au Vietnam se sont appréciés sous l’impulsion d’une possible demande en provenance de l’Indonésie. Le Viet 5% se négociait entre $350-$360 la tonne, contre $350-$355 la tonne la semaine du 5 février tandis que le Viet 25% demeurait inchangé à $330-$335 la tonne.

Premier exportateur de riz au Vietnam, Vinafood 2, a commandé auprès de ses sociétés membres du riz avec 15% de brisure, une variété souvent recherchée par l’Indonésie. L’année dernière l’Indonésie a  acheté 1,5 million de tonnes de riz en provenance de Thaïlande et du Vietnam. Toutefois, les négociants ont indiqué que la plupart des exportateurs vietnamiens étaient  réticents à présenter   aujourd’hui des offres car ils sont dans l’attente d’information sur les prix au moment du pic de la nouvelle récolte d’hiver-printemps plus tard dans le mois.

En Thaïlande, le gouvernement a réalisé sa première vente de l’année aux enchères de riz provenant de ses stocks avec la vente de 152 377 tonnes (sur un lot de 204 000 tonnes) pour une valeur de 1,78 milliards de bath (environ € 45 millions) auprès de 15 sociétés. Un second lot de 360 000 tonnes devait être mis en vente mercredi. Les négociants estiment que les ventes de l’État auront peu d’impact sur le marché car la variété du riz vendu n’est pas celui recherché par les principaux acheteurs étrangers. Toutefois une partie pourrait être exportée. La Thaïlande a maintenant commencé la récolte de la culture de contre-saison, et cet approvisionnement supplémentaire ne contribuera pas à stimuler les prix. Le Thai 5% a légèrement augmenté à $370- $375 la tonne contre de$ 365- $ 375  il y a deux semaines

La Thaïlande a exporté près de 400 000 tonnes entre le 1er janvier et le 7 février, en hausse de 36% par rapport à l’année dernière, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Quant au Vietnam, les exportations se sont élevées à 495 000 tonnes en janvier, en hausse de 56,7% selon le ministère vietnamien de l’Agriculture.

SUCRE

Le sucre blanc a terminé hier soir en baisse sur le marché à terme de New York, se maintenant cependant au-delà  du plus bas en quatre mois et demi qu'il avait touché la veille, mardi. En effet, une importante livraison a été effectuée à l'échéance du terme mars, 200 000 t de la raffinerie de sucre de Dubaï, ce qui a lourdement pesé sur la tendance.

Ainsi, le sucre roux a terminé hier soir à 13,15 cents la livre et le sucre blanc à $373,40 la tonne. Sur les 6 dernières séances de marché à New York, le prix du sucre blanc aura terminé en baisse 5 jours durant dont hier.  A noter que la prime du sucre blanc sur le roux a chuté de 20% depuis le début du mois de février.  

Quant aux prévisions, l'influent courtier INTL FCStone a annoncé hier relever ses prévisions initiales de déficit du marché sucrier en 2015/16 (octobre/septembre) à 7 Mt contre 5,6 Mt avancées précédemment. A la clef, une météorologie plus défavorable  qu'on ne l'attendait au départ dans plusieurs régions majeures de production, en Europe, en Chine, en Thaïlande. La production mondiale, estime-t-il, atteindrait 175,6 Mt, en baisse de 3,7% par rapport à la campagne précédente, tandis que la demande est attendue en progression d e1,8% à 182,7 Mt.

Le groupe sucrier français Tereos entend produire 18 Mt de sucre en 2017 et 2018 contre 15 Mt cette campagne, a-t-il annoncé hier. Il entend ainsi se préparer à la fin des quotas sucriers l'année prochaine, cette hausse des volumes devant compenser la baisse des prix attendue. Rappelons que la France a produit 33 Mt de betteraves sucrières en 2015, soit 14% de moins qu'en 2014 car les superficies comme les rendements ont baissé, ces derniers ayant été affectés par le temps très sec et chaud pendant l'été.

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *