Alerte sanitaire exceptionnelle en France et en Europe sur le sésame d’Inde mais pas que

 Alerte sanitaire exceptionnelle en France et en Europe sur le sésame d’Inde mais pas que
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Hier, le sénateur français Laurent Duplomb a rendu un rapport sur « Les retraits et les rappels de produits de base de graines de sésame importées d’Inde ne respectant pas les normes minimales requises dans l’Union européenne.»

Ceci fait suite à la sonnette d’alarme qui avait été tirée le 9 septembre dernier par un opérateur européen qui avait détecté que des graines de sésame importées d’Inde comportaient des résidus d’oxyde d’éthylène, une substance active, classée cancérogène, mutagène et reprotoxique, interdite pour les usages alimentaires dans l’Union européenne (UE) depuis 1991 comme pesticide et depuis 2011 comme biocide1, explique le document du Sénat (lire nos informations : L’Europe rappelle des produits contenant du sésame).

Ces contrôles ont fait état de teneurs très largement supérieures à la limite maximale de résidus (LMR) de 0,05 mg/kg autorisée au niveau européen, allant jusqu’à 186 mg/kg, soit 3 700 fois plus que le plafond autorisé. Des cas, contrôlés par les autorités françaises, font état de prélèvements constatant des résidus pour 50 mg/kg, soit près de 1 000 fois la LMR autorisée et 5 000 fois la LMR maximale pour les produits issus de l’agriculture biologique.

L’Inde, pays où l’anomalie a été pour la première fois détectée, est le principal fournisseur de sésame pour le continent européen, puisqu’il couvre près de 60 % des importations françaises devant le Mali, le Burkina Faso et le Guatemala qui se partagent le reste du marché. Mais il n’y a pas que l’Inde qui est concernée : des graines de sésame du Burkina Faso ont également fait l’objet, début décembre, d’une alerte RASFF pour détection d’oxyde d’éthylène à une teneur de 2,7 mg/kg, soit 54 fois la LMR.

Les graines de sésame sont un ingrédient recherché par les consommateurs qui se retrouve dans de nombreuses denrées alimentaires, que ce soit des aliments issus de l’agriculture biologique ou des produits de grande consommation, qu’il soit utilisé comme composant essentiel (houmous, huile de sésame, etc.) ou en petite quantité à des fins gustatives et décoratives (comme sur les burgers), mais aussi dans les produits des boulangeries et pâtisseries, est-il rappelé par l’assemblée. Ainsi, l’alerte a rapidement été étendue à un nombre très important de produits.

Le sésame du Burkina Faso également sous notification

Pour un haut fonctionnaire européen, « la crise actuelle va bien au-delà de la crise du fipronil de 2017 en matière de notifications ». Ceci dit, si l’alerte sanitaire est en tout point exceptionnelle, à la connaissance du rapporteur, il n’y a pas eu de répercussions constatées par les centres anti-poisons. L’enquête est en cours avec des contaminations anciennes, des lots datant de 2018 ayant été concernés par l’alerte. Le phénomène ne provient pas que de l’Inde : des lots de graines de sésame en provenance du Vietnam, de Chine ou de Jordanie ont révélé des teneurs en oxyde d’éthylène supérieures à la LMR. La base d’alerte européenne fait état de notifications sur des graines de sésame d’autres pays, notamment le Burkina Faso, de l’Éthiopie, de Bolivie et du Paraguay.

D’autre part, le problème n’est pas circonscrit aux seules graines de sésame : des résidus d’oxyde d’éthylène ont été retrouvés dans de l’amarante issue de l’agriculture biologique, des mélanges d’épices indiens, des échalotes séchées indiennes, laissant craindre des alertes à venir sur d’autres produits comme les herbes et épices.

Pour le sénateur, cette alerte démontre la nécessité de renforcer considérablement l’ampleur des contrôles sur les denrées alimentaires, de manière générale, importées dans l’UE. Il souligne le risque de voir les risques sanitaires pour les consommateurs augmenter à cause, d’une part, de la dépendance accrue aux denrées importées et par de nouvelles tendances de consommation qui conduisent à l’utilisation croissante de denrées dont la production est inexistante au sein de l’UE, d’autre part, par la multiplication de la signature des accords de libre-échange par l’UE qui entraînera, mécaniquement, un accroissement supplémentaire des flux.

Et le sénateur de proposer* de durcir le contrôle des denrées importées avec une série de propositions allant du renforcement des contrôles aux frontières au fait de privilégier des produits locaux sur lesquels les contrôles sont, apparemment, beaucoup plus strictes et réguliers que sur les produits importés. «Faute de contrôles suffisants, il est impossible aujourd’hui de garantir que les produits importés respectent les normes minimales requises en Europe. Le cas des graines de sésame indiennes vient de le rappeler. Si les exploitations agricoles européennes modifient leurs pratiques culturales pour se conformer à de nouvelles réglementations, elles attendent en échange que des contrôles accrus soient réalisés sur les denrées importées afin de s’assurer que ces mêmes réglementations soient respectées.»

* https://www.senat.fr/rap/r20-368/r20-368_mono.html

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