Au Ghana, le maïs tiraillé entre l’alimentation humaine et l’aquaculture

 Au Ghana, le maïs tiraillé entre l’alimentation humaine et l’aquaculture
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Les stocks de poisson de mer sont surexploités au Ghana, ce qui tombe mal car la demande est croissante,  liée tant à la démographie qu’à la croissance économique. D’où la volonté du Ghana d’imposer des périodes de fermeture de la pêche en 2019, ce qui sera une première, souligne le Département américain de l’Agriculture (USDA) dans un rapport publié la semaine dernière. Il l’avait envisagé en août 2018, à l’exception du thon, mais avait dû revenir sur sa décision suite aux pressions considérables de l’industrie.

Pour 2019, le gouvernement envisage donc deux périodes de fermeture, du 15 mai au 15 juin -ce qui n’impactera que la pêche traditionnelle (60 à 70% de la production totale de pêche), souligne l’USDA, et du 1er au 31 août. S’agissant de la pêche semi-industrielle et industrielle, elle porte essentiellement sur le thon avec un potentiel de prises dans la zone économique exclusive (ZEE) de l’ordre de 60 000 à 80 000 t par an. A noter que la plupart des navires, jusque là spécialisés dans la crevette, se sont tournés vers le thon, car la ressource en crevette diminuait drastiquement.

Quelques chiffres

Pour faire face à la demande nationale croissante en poissons (26 kg/personne, selon les autorités, mais les chiffres varient, contre une moyenne de 14 kg dans le reste de la Cedeao et 19 à 20 kg dans le reste du monde), le pays développe son aquaculture et importe. Quelques chiffres. La production nationale de poisson a été de l’ordre de 450 000 t en moyenne sur les cinq dernières années, avec une production aquacole qui est passée de 10 000 t en 2010 à 57 000 t en 2017. Face à cela, la consommation nationale est estimée de l’ordre de 775 000 t .

Ainsi, toujours en 2018, le pays a importé 370 000 t, notamment des maquereaux, des sardines et des merlans et merlus, représentant une valeur de $ 311 millions. L’USDA rappelle qu’en 2014, les autorités nationales avaient interdit l’importation de tilapia afin de protéger la filière nationale.

 

Ghana : importations de poissons et produits de la mer (en US $)

  2016 2017 2018
Monde 349 367 617 297 531 341 311 425 294
Mauritanie 72 777 555 56 391 728 69 053 768
Chine 50 041 852 50 561 871 65 623 035
UE 110 056 773 67 422 203 43 198 035
Maroc 32 775 857 39 488 783 28 143 086
Angola 10 516 069 17 785 582 27 954 748
Japon 11 976 952 20 203 499 26 588 168
Sierra Leone 4 198 057 6 846 239 13 691 961
USA 589 980 7 851 277 7 313 950
Guinée-Bissau 9 928 349 4 694 189 3 205 312
Nelle Zélande 185 351 1 127 352 3 086 209
Indonésie 1 549 570 1 320 019 2 614 309
Sénégal 4 549 701 2 580 237 2 468 076
Norvège 10 580 009 5 330 231 2 145 994
Corée du Sud 2 946 345 1 424 475 1 665 306
Autres 26 695 197 14 503 656 14 673 337
Source : https://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Fish%20and%20Seaf…

 

Quant aux exportations de poisson du Ghana, essentiellement du thon, l’UE est le principal client avec 80%,  devant la Chine, puis la Colombie, l’Iran et le Japon.

On court après le maïs

Quant à l’aquaculture -notamment sur le Lac Volta, sa croissance annuelle en volumes est de l’ordre de 15%, avec une production qui a atteint 57 400 t en 2017, l’objectif du gouvernement étant de 100 000 t ; le tilapia représente 80% de cette culture, le reste étant essentiellement du poisson chat.

L’essor de l’aquaculture va de pair avec ses besoins en alimentation, estimée à 50 000 t. Le maïs, les tourteaux de maïs, les sous-produits animaliers et le blé sont produits localement, tandis que les tourteaux de soja, les pré-mix vitaminés, les acides aminés et les minéraux sont importés. De façon classique, le maïs représente 50 à 60% de l’alimentation aquacoles, mais son prix ne cesse d’augmenter depuis au moins 2017 car il y a une concurrence croissante entre la demande pour le maïs pour la consommation humaine et celle pour l’alimentation animale.

D’où l’importation de tourteaux de soja et autres ingrédients, ce qui concurrence les produits fabriqués localement. Ces achats de tourteaux de soja sont passés de 56 000 t en 2017 à 117 000 t en 2018, tandis que sur cette même année, les importations de graines de soja ont atteint 22 000 t contre 1 000 t l’année précédente. Actuellement, c’est l’Argentine qui est le principal fournisseur du Ghana.  L’USDA, dans son rapport, souligne que les exportations américaines de graines et de tourteaux de soja ont atteint $ 4,6 millions en 2018 et les ventes au Ghana de poissons et de produits de la mer $ 7,3 millions.

A noter que la contribution de la pêche à l’économie nationale va en déclinant, ne représentant plus que 1,2% du PIB contre 6,6% pour l’agriculture.

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