La Chronique Matières premières agricoles au 17 mars 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 17 mars 2022
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La semaine a été dominée par le rebond des actions et les décisions de plusieurs grandes banques centrales : la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre ont annoncé des hausses de taux pour tenter d’endiguer l’inflation tandis que la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée en soulignant la “très grande incertitude” sur les conséquences économiques de la crise ukrainienne. Pour sa part, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré que l’institution disposait de “marges supplémentaires” entre la fin de ses achats de titres sur les marchés programmée pour cet été et la première hausse de ses taux d’intérêt depuis plus de dix ans. L’inflation dans la zone euro a été révisée en février à 5,9% en rythme annuel, un niveau historique, sous la pression de la hausse des prix de l’énergie.Rappelons que Joe Biden doit s’entretenir aujourd’hui avec son homologue chinois, Xi Jinping, alors que la semaine n’a enregistré aucun progrès notable dans les négociations entre la Russie et l’Ukraine, ce qui ravive les craintes d’une baisse marquée de l’offre mondiale en matières premières et favorise leur hausse de prix.

Côté monétaire, le dollar, qui avait largement bénéficié des anticipations de hausse de taux, a cédé hier du terrain face aux autres grandes devises. L’euro a progressé face au dollar, à $ 1,1111, dans la perspective d’un apaisement des tensions en Ukraine.

Quant au pétrole, le marché est porté par l’avertissement lancé par l’Agence internationale de l’énergie sur le risque de voir l’offre mondiale de brut et de produits raffinés amputée de trois millions de barils par jour (bpj) à partir d’avril en raison des sanctions contre la Russie. Le baril de Brent a bondi hier de 8,7% à $ 106,53 et celui du brut léger américain (WTI) de 7,92% à $ 102,49.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

Une semaine de baisse pour les cours du cacao. Partie de £ 1 788 la tonne vendredi dernier, l’échéance mai a clôturé hier soir à £ 1 693, tandis que New York plongeait de $ 2 620 à $ 2 504. Les achats industriels sont plutôt modérés et les spéculateurs ne semblent guère enclins à soutenir les prix.

Une faiblesse que certains traders expliquent par l’amélioration des perspectives de campagne en Côte d’Ivoire. En effet, pour la deuxième semaine consécutive, il pleut dans les régions de production avec des niveaux hydrométriques supérieurs à la moyenne, ce qui améliore les perspectives de production pour la campagne intermédiaire qui court d’avril à fin septembre.

La Côte d’Ivoire qui connait actuellement d’importants problèmes de qualité, les exportateurs rejetant plus de la moitié des fèves réceptionnées ces dernières semaines car on compte entre 140 et 150 fèves aux 100 grammes contre 90 à 106 les années précédentes, ont expliqué à Reuters des exportateurs et transformateurs (lire : Cacao : la qualité des fèves ivoiriennes sur la sellette).

Les arrivages aux ports ivoiriens ont atteint 1,618 Mt au 13 mars et ce depuis le 1er octobre, en hausse de 1,4% par rapport à la même période la campagne précédente, estiment les exportateurs. Le Conseil du café cacao (CCC), quant à lui, estime les arrivages aux ports à 1,533 Mt au 28 février, en baisse de 0,5% par rapport à la campagne précédente sur la même période.

CAFÉ

L’Arabica a perdu en valeur cette semaine passant de $ 2,2195 la livre (lb) en fin de semaine dernière à $ 2,1610 à la clôture hier soir à New York sur l’échéance mai. Quant au Robusta côté à Londres, la tonne est passée de $ 2 095 à $ 2 139. Un marché qui est actuellement survendu car la récente baisse des prix a provoqué une vague d’achats mais les négociants estiment que les prix devraient regrimper. Les traders sont actuellement affairés à rediriger des navires initialement destinés pour la Russie et l’Ukraine.

Les plus grandes compagnies maritimes que sont MSC, Maersk et CMA CGM ont temporairement suspendu leurs expéditions vers la Russie. En outre, le rouble a perdu 30% de sa valeur et les torréfacteurs internationaux qui opèrent encore en Russie craignent que la demande ne s’effondre car les prix du café ont triplé sur le marché russe.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, au Vietnam, les planteurs des Central Highlands ont vendu leur kilo de café cette semaine à 40 200-42 000 dongs le kilo ($ 1,76-1,84) contre 39 20-41 300 dongs la semaine dernière. Les exportateurs ont offert le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 220 à $ 240 la tonne soit en nette baisse par rapport aux $ 300 de la semaine précédente. Selon certains, les producteurs auraient déjà vendu 70% de leur récolte. En Indonésie, la décote s’est située cette semaine entre $ 150 à $ 200 la tonne sur avril et mai. Les volumes proposés sont encore limités car pour l’instant, il n’y a que la mini récolte qui a démarré dans l’est de Lampung. A noter qu’en février, la province de Lampung a exporté 9 027,5 t de Robusta, soit 54,18% de moins qu’un an auparavant.

La récolte brésilienne s’annonce en nette hausse sur 2022/23, le consultant spécialisé Safras & Mercado l’estimant à 61,1 millions de sacs de 60 kg, soit dans la fourchette haute des estimations jusqu’à maintenant. Si cela se confirmait, ce serait 8% de plus qu’en 2021/22, une campagne très impactée par les conditions météorologiques, mais 12% en dessous du niveau record en 2020/21. Selon Safras, sur ces 61,1 Ms, 38,8 Ms seraient de l’Arabica, en hausse de 11% sur 2021/22 mais 23% de moins qu’en 2020/21, et la production de Robusta à 22,3 Ms, soit 3% de plus qu’en 2021/22.En février, le Brésil a exporté 3,1 Ms de café vert, soit 14,3% de moins qu’en février 2021, selon Cecafe.

Au Vietnam, les exportations sur le mois de février ont accusé une baisse de 14,7% à 139 371 t par rapport à janvier. Toutefois, sur les deux premiers mois cumulés du début de l’année, les volumes à l’export sont en hausse de 30,8% à 370 874 t.

Côté pays consommateurs, aux Etats-Unis, les stocks certifiés de café ont augmenté de 357 549 sacs à 6,2 Ms à fin février, selon la Green Coffee Association.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont terminé sur l’Osaka Exchange finalement en légère hausse avec le rebond du pétrole et des marchés boursiers à 245,2 yens ($2,06) le kilo contre 244,1 yens vendredi dernier. Toutefois, les cours  à Shanghai sont en retrait passant de 13 825 yuans la tonne à hier 13 290 ($2 093,54).

La conjointure économique au Japon, la baisse des prix du pétrole  ainsi que la reprise des cas de Covid-19  de Shanghai à Shenzhen en Chine ont pesé sur les cours tout au long de la semaine à l’exception d’hier. En Chine, premier consommateur mondial de caoutchouc, plusieurs entreprises, allant du fournisseur d’Apple Foxconn aux constructeurs automobiles Toyota et Volkswagen en passant par les fabricants de pneumatiques ont été contraintes de suspendre certaines opérations. Du côte de la bourse, les actions chinoises ont touché cette semaine un plus bas de 21 mois, la  recrudescence  de l’épidémie menaçant les perspectives de la deuxième économie mondiale.  Les files d’attente des porte-conteneurs à l’extérieur des principaux ports chinois s’allongent de jour en jour alors que les épidémies de Covid-19 dans les centres d’exportation manufacturiers menacent de déclencher une nouvelle vague de chocs sur la chaîne d’approvisionnement mondiale.  

Néanmoins, l’approvisionnement en caoutchouc est serré en cette période d’hivernage en Thaïlande, ce qui maintient les prix physiques fermes.   

En Côte d’Ivoire, Olam Agri Hévéa va doubler la capacité de transformation de son usine d’Aniassue pour la porter à 88 000 tonnes par an d’ici à juillet 2023 (Lire : En Côte d’Ivoire, Olam Agri Hévea va doubler sa capacité de transformation de caoutchouc).

COTON

Statu quo sur le marché du coton  avec une clôture hier sur l’ICE à 121,86 cents la livre contre 121,63 cents vendredi dernier, mais les cours ont tout de même touchés un bas à 118,6 cents cette semaine. Une certaine volatilité consécutive à l’environnement international, aux autres marchés des matières premières et à la reprise du Covid en Chine.

La demande pour le coton américain est toujours forte, ce qui soutient les prix. La Chine est particulièrement aux achats. Elle a d’ailleurs émis vendredi dernier un quota de 400 000 tonnes pour des importations de coton avec un taux variable. Le rebond du pétrole, des marchés boursiers et un dollar un peu plus faible ont été aussi un support.

La Chine vient de dévoiler sa propre norme de production durable de coton. La norme se concentre sur la gestion et l’utilisation des produits chimiques agricoles dans les plantations de coton, la protection écologique et environnementale, la qualité du coton et d’autres questions fondamentales liées au développement durable de l’agriculture. La norme vise à aider les producteurs de coton à adopter des méthodes de production et d’exploitation durables, à répondre aux demandes de produits en coton de haute qualité et à augmenter les revenus des producteurs de coton selon l’Association chinoise du coton (CCA). Elle entrera en vigueur le 1er avril prochain.

En Ouzbékistan, la Cotton Campaign a mis fin au boycott du coton ouzbèk en vigueur depuis 2009, la dernière campagne cotonnière n’ayant trouvé aucun preuve de travail forcé (Lire : Après 12 ans, le boycott mondial du coton d’Ouzbékistan prend fin).

HUILE DE PALME

L’huile de palme est tombée de son piédestal chutant hier à 5940 ringgits ($1 416,48) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 6 710 ringgits vendredi dernier. Une lente décrue après avoir gagné 43% depuis le début de l’année, et environ 20%  au cours des trois dernières semaines, et atteint des sommets sans précédent.  

Que s’est-il passé ? Après les gains importants, les investisseurs ont pris leurs bénéfices. Les autres marchés, en particulier le pétrole mais aussi le soja, se sont affaissés tandis que la Chine, un consommateur important, fait face à une forte augmentation des infections au coronavirus. Et puis le coup de grâce est venu du premier producteur mondial, l’Indonésie, qui a surpris le marché en décidant de supprimer ses restrictions sur les volumes exportés  au profit d’une hausse de la taxe à l’exportation (Lire ci-dessous).

Du côté des fondamentaux,  on assiste à une reprise de la demande. Les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme du 1er au 15 mars ont augmenté de 13,2% à 15,6% par rapport à la même période en février, selon les données des inspecteurs du fret. Mais cette hausse de la demande est contrebalancée par des perspectives de production plus élevées.

En Indonésie, on a assisté à un véritable revirement politique qui a surpris le marché.  Le ministre du Commerce a annoncé la fin des restrictions sur les volumes d’exportation des  produits à base d’huile de palme et la hausse de la taxe à l’exportation. Le plus grand exportateur mondial d’huile comestible a exigé des entreprises qu’elles vendent 30 % de leur volume d’exportation prévu de produits à base d’huile de palme, contre 20 % imposé en janvier, dans le cadre d’une obligation dite de marché intérieur (OMD) visant à assurer l’approvisionnement local au milieu flambée des prix de l’huile de cuisson. Lors d’une audition parlementaire, le ministre du Commerce Muhammad Lutfi a déclaré que la politique avait entraîné une pénurie d’approvisionnement et que la DMO serait retirée. Au lieu de cela, le plafond de la taxe et du prélèvement à l’exportation de l’huile de palme serait relevé, a-t-il dit, d’un maximum combiné de $375 par tonne à entre $575-$675 par tonne. Pour chaque augmentation de $50 du prix de référence de l’huile de palme, la taxe sera augmentée de $20 dollars, a ajouté Muhammad Lutfi. La redevance maximale sur l’huile de palme brute serait appliquée lorsque les prix atteindraient 1 500 $ la tonne. Pour le mois de mars, le prix de référence en Indonésie s’élevait à $1 432 la tonne.

En Inde, les importations d’huile de palme ont chuté de 18% en février par rapport au mois précédent pour s’établir à 454 794 tonnes, selon la Solvent Extractors’ Association of India. Quant aux importations d’huile de tournesol, elles ont dégringolé de 50% à 152 220 tonnes,   les approvisionnements en provenance de la région de la mer Noire ayant été interrompus après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

RIZ

Evolution contrastée des prix des principaux exportateurs en Asie mais dans une fourchette étroite.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à  $415-$420 la tonne, contre $410-$415 il y a une semaine. La demande est stable. Les commerçants hésiteraient à signer de nouveaux contrats en raison des coûts d’expédition élevés.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement chuté à $410-$428 $ la tonne contre $415-$428  il y a une semaine. Un différentiel imputable à l’affaiblissement du bath.  Les  prix intérieurs devraient baisser dans les semaines à venir avec la nouvelle offre. On observe toutefois une forte demande de riz de mauvaise qualité de la part des meuneries nationales, qui cherchent à utiliser plus de riz dans leur mélange d’aliments pour animaux alors que les prix du blé et du maïs augmentent. Mais, la demande étrangère est restée largement modérée, à l’exception des activités d’exportation vers l’Irak.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%  sont inchangés à $371-$378 la tonne. En revanche pour les qualités brisées à des fins fourragères, la demande est forte. “Le riz brisé est en demande. Les fabricants d’aliments pour animaux remplacent le maïs par du riz brisé à 25 % et 100 %”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’État d’Andhra Pradesh.

Si le marché mondial du riz  n’est pour l’instant peu ou pas impacté par l’invasion de l’Ukraine  avec une stabilité des prix (Lire : La guerre en Ukraine n’a aucune incidence majeure sur le marché mondial du riz), l’appétit pour les brisures de riz comme substitut au blé et au maïs, qui ont flambé en raison de la guerre,  pour l’alimentation animale est bien réel (Lire : La guerre en Ukraine n’a aucune incidence majeure sur le marché mondial du riz).

SUCRE

On est repassé en dessous de la barre des 19 cents la livre (lb) pour le sucre roux, New York clôturant hier soir à 18,69 cents sur mai contre 19,24 cents en fin de semaine dernière. Quant au sucre blanc coté à Londres, la tonne a glissé de $ 530,20 à $ 526.

En effet, selon des négociants interrogés par Reuters, les perspectives de culture de la canne s’améliorent nettement chez les deux producteurs mondiaux que sont le Brésil et l’Inde. Selon un négociant brésilien interrogé par Reuters, l’éthanol se vendait à un prix équivalent au sucre de 19,40 cents/lb, soit au-dessus du cours de New York.

Le Brésil où il a fortement plu dans les régions de canne à sucre dans le sud qui avaient été très impactées par la sécheresse.Selon Reuters, au moins cinq navires chargés d’un total de 200 000 t de sucre du Brésil vendues par des traders européens et brésilien – Sucden, Louis Dreyfus et Tereos en Europe, Raizen au Brésil – s’achemineraient actuellement vers la Russie, un volume anormalement élevé car représentant près du double des importations annuelles habituelles du pays. Hier, le Service fédéral anti-monopole russe (FAS) aurait indiqué mener des inspections « anti-cartel » chez les principaux producteurs de sucre en Russie suite à la forte hausse des prix et à des pénuries considérées par les autorités comme « injustifiées » dans certaines régions, notamment en raison d’achats de stockage effectués par les particuliers en ces temps de guerre et malgré les déclarations des autorités selon lesquelles ce ne serait pas nécessaire.

Toujorus selon Reuters, les prix au détail du sucre en Russie auraient augmenté de 12,8% la semaine dernière, selon les services statistique Rosstat. Il faut noter que les sanctions prises à l’égard de la Russie ne touchent pas le sucre mais impactent, bien sûr, les moyens de paiement de livraisons, toutes marchandises confondues.

Rappelons que la Russie a interdit l’exportation de sucre depuis le 31 août dernier et a édicté des quotas sans droits de douane à l’import pour 300 000 t de sucre et de sucre roux afin d’atténuer l’inflation sur le marché intérieur. Le gouvernement a aussi décidé d’augmenter de 1,1 million d’hectares ses superficies emblavées en betterave sucrière.

Quant à la Chine, elle aurait importé 820 000 t de sucre en janvier et février, soit une baisse de 22% par rapport à début 2021.

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