Bintou Diallo « L’objectif du Sicot est d’amorcer réellement la transformation de coton au Burkina Faso et subsidiairement en Afrique »

 Bintou Diallo « L’objectif du Sicot est d’amorcer réellement la transformation de coton au Burkina Faso et subsidiairement en Afrique »
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Le premier Salon international du coton et textile (Sicot) se déroulera au Burkina Faso à Koudougou du 27 au 29 septembre. Quels sont les objectifs et attendus de ce salon ? Entretien  de CommodAfrica avec Bintou Diallo, directrice de l’Agence de promotion des investissements du Burkina Faso (API-BF) et commissaire général du Sicot.

Quelles ont été vos motivations pour organiser cette première édition du Salon international du coton et textile fin septembre à Koudougou ?

La motivation principale d’organiser cette première édition du coton et du textile tire son origine de la volonté du chef de l’Etat de mettre en valeur le secteur du coton africain et de faire de notre pays, le carrefour africain où les grandes préoccupations des acteurs de toute la chaîne de valeur du coton seront périodiquement discutées. Moins de 5% du coton produit au Burkina Faso est transformé localement. Ce salon devra permettre de trouver des solutions pour accroître la transformation au niveau local en mobilisant les investisseurs. Koudougou est la ville qui a abrité l’un des fleurons de l’industrie textile burkinabé voire africain : Faso Fani.

La transformation du coton en Afrique de l’Ouest est en quelque sorte un serpent de mer. On en parle depuis plusieurs années. Pensez-vous que les conditions pour créer une industrie textile ont changé ? Si oui, pourquoi ?

Bien qu’il existe toujours des difficultés comme la cherté et la rareté de l’énergie ou le manque d’équipement, il y a des conditions qui sont de plus en plus favorables à la transformation de l’or blanc au niveau local. Au Burkina Faso, les autorités s’investissent de plus en plus à travers des actions concrètes telles que le port de la tenue traditionnelle pendant les cérémonies et d’une manière générale dans la vie de tous les jours, l’usage du pagne tissé pour la fête du 8 mars, le chef de l’Etat étant le premier ambassadeur du textile burkinabè à travers le port du Faso Danfani.

La transformation du coton découle de la volonté politique forte d’accroitre la plus-value dans la filière, la création d’emploi et de richesses. Des actes concrets sont posés. En effet, dans le Programme d’industrialisation accélérée (PIA), initié par le ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, six unités de transformation de coton dans les principaux bassins cotonniers du pays sont prévues. Toujours dans le cadre de l’implantation des unités de transformation de coton, plusieurs projets sont en cours : la reprise de l’usine Faso Fani, l’unité intégrée de transformation de coton Astar et l’unité d’égrenage de coton biologique.

Les créateurs/stylistes africains peuvent-ils donner une impulsion à ce secteur ?

Les créateurs africains tirent de plus en plus leurs inspirations de la culture du terroir et aussi travaillent  la matière locale. Cette approche inspire même quelques créateurs occidentaux, tels que Awa Méité, Heather Madison Chaplet, etc. Nous espérons que d’’autres créateurs mondiaux suivront cette dynamique qui forcement donnera une impulsion au secteur de la transformation en Afrique.

Certains stylistes Burkinabè, François 1er et Bazemse, pour ne citer qu’eux, font la fierté de notre pays au plan international. Au niveau continental, Pathé’O, Alphadi, ne sont plus à présenter. Tous ces acteurs sont aujourd’hui des grands ambassadeurs du textile africain et ont un très grand rôle à jouer dans la transformation du coton.

« Les nuits du Sicot » qui se tiendront chaque nuit pendant le salon seront l’occasion de présenter l’excellent travail des stylistes de la région et une sélection de stylistes du continent présentera aussi leurs créations lors de la soirée gala.

L’Allemagne est le pays invité d’honneur, pourquoi ? Quels seront les autres pays présents ?

La République fédérale d’Allemagne entretient de très bonnes relations diplomatiques et politiques avec le Burkina Faso. C’est un pays qui accompagne déjà le Burkina Faso dans la filière agricole, notamment le coton, à travers plusieurs projets. Mondialement reconnu comme leader de fabrication d’équipements de qualité utilisés dans l’industrie du textile, l’Allemagne a renouvelé son engagement de coopération pour accompagner le pays dans le domaine de la transformation du coton. Cet engagement a été évoqué lors du séjour du ministre de la Coopération allemande au Burkina Faso le 27 février 2017.

Il faut aussi noter que c’est un « donneur d’ordres », un grand prescripteur qui oriente les financements dans la transformation du textile au plan mondial.

Au-delà de l’Allemagne, plus de 25 pays sont attendus : le Mali, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Ghana, l’Egypte, la Suisse, le Gabon, le Pakistan, le Maroc, la Tunisie, la France, l’Afrique du Sud, les Etats Unis, la Chine, l’Autriche et j’en passe.

Quels sont les objectifs visés par ce premier salon ?

L’objectif général du Sicot est d’amorcer réellement la transformation de coton au Burkina Faso et subsidiairement en Afrique.

Spécifiquement au terme du salon, nous comptons sur la création d’un cadre d’échanges et de dialogue entre les professionnels de la filière coton – institutions de recherche, producteurs, fournisseurs d’intrants, société civile, sociétés cotonnières. Mais aussi que le Burkina Faso soit référencé comme le pays leader en matière de production et de transformation de coton en Afrique et que l’implication d’investisseurs pour la transformation du coton soit favorisée. Nous comptons aussi sur un plan institutionnel que des réformes soient identifiées et proposées pour le développement et la modernisation de la production et de la transformation du coton. Enfin, nous comptons sur des innovations en matière de recherche, de la production et de la transformation du coton conventionnel et biologique.

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