Dominique Ouattara plaide à Washington le dossier des enfants du cacao, tandis qu’Abidjan estime à € 116 millions la lutte contre ce travail

 Dominique Ouattara plaide à Washington le dossier des enfants du cacao, tandis qu’Abidjan estime à € 116 millions la lutte contre ce travail
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Comme nous le soulignions mercredi dernier (cf. Pauvreté, travail des enfants, certification : des dossiers cacao épineux à la 100è session de l’ICCO), le travail des enfants (2,1 millions en Afrique de l’Ouest, selon le Cocoa Barometer 2018) est un des dossiers brulants et menaçants en Côte d’Ivoire non seulement sur le plan social et humain, mais aussi économique avec la levée de boucliers des sénateurs américains Ron Wyden de l’Oregon et Sherrod Brown de l’Ohio : ils ont demandé en juillet au département de Sécurité intérieurs américaine (DHS) de « faire appliquer les lois interdisant les importations de cacao issus du travail des enfants ».

La Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, présidente du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), est actuellement aux Etats-Unis pour plaider le dossier. Elle s’est entretenue mardi avec les deux sénateurs ainsi qu’avec Brenda Smith, responsable des Affaires internationales des Douanes américaines.

Un manque de communication

Evoquant la rencontre avec les sénateurs, le secrétaire général de la présidence de Côte d’Ivoire, Patrick Achi, membre de la délégation ivoirienne, a indiquéOn s’est rendu compte que beaucoup parmi eux n’avaient pas suffisamment d’informations. Les informations qui ont été données ont permis de les éclairer.” Quant aux Services des douanes,  il a été “convenu de nous revoir. Ils doivent venir en Côte d’Ivoire en décembre pour faire des inspections au niveau des bateaux de cacao, a annoncé Dominique Ouattara.

La présidente du Conseil ivoirien de surveillance a fait état auprès de ses interlocuteurs américains des différentes mesures prises par la Côte d’Ivoire depuis 2012, soit depuis l’entrée en fonction de son époux Alassane Ouattara dont, rappelons-le,  le deuxième  mandat présidentiel s’achève l’année prochaine. Elle a évoqué la création du CNS qu’elle préside donc, ainsi que du Comité interministériel de lutte, mais aussi la politique de construction d’écoles, la loi sur l’école obligatoire, la création d’un centre d’accueil pour les enfants en détresse à Soubré, la création d’unités de police spécialisées dans la traque des trafiquants d’enfants et la répression. Dans ce derneir cadre, Dominique Ouattara a précisé que 220 personnes avaient déjà été  condamnées à des peines d’emprisonnement allant de 15 à 20 ans.

Le 3ème Plan d’action sur les rails

D’autre part, a-t-elle poursuivi, trois Plans d’actions nationaux (PAN) ont été élaborés depuis 2012, a-t-il été rappelé et, précisément, en Conseil des Ministres hier à Abidjan, il a été adopté une communication relative à la présentation du prochain PAN qui porte sur la période 2019-2021 et dont le coût pour sa mise en œuvre  “est globalement estimé à 76 milliards de francs CFA” (€ 115,8 millions), selon le communiqué du Conseil des ministres qui ne précise pas qui financera ce Plan.

 “Le PAN 2019-2021 capitalise les résultats des plans précédents, à savoir les PAN 2012-2014 et 2015-2017, afin de réorienter la lutte contre le travail des enfants et d’accroître son impact à l’échelle nationale“, souligne hier le communiqué du Conseil. “Ainsi, le PAN 2019-2021 prend en compte, dans le cadre d’une approche globale, les interventions sectorielles spécifiques au travail des enfants, ainsi que les programmes sociaux du gouvernement, notamment ceux visant l’amélioration des conditions de vie des populations et la protection des droits de l’enfant, en vue d’éradiquer durablement le travail des enfants dans notre pays.”

A cet effet”, poursuit le texte, “le PAN 2019-2021 s’articule autour de trois axes stratégiques d’intervention qui intègrent l’amélioration de l’accès des enfants aux services sociaux de base, la réduction de la vulnérabilité socio-économique des familles et des communautés, ainsi que l’amélioration du cadre institutionnel, juridique et programmatique de lutte contre le travail des enfants. Le coût de la mise en œuvre du PAN 2019-2021 est globalement estimé à 76 milliards de francs CFA.

Un ton optimiste

Dominique Ouattara et sa délégation doivent quitter Washington demain. Le ton se veut résolument optimiste. «Tous nos efforts ont été reconnus par le gouvernement américain, qui, à travers le Département d’État , nous a félicités à plusieurs reprises pour toutes ces actions et a classé la Côte d’Ivoire parmi les Pays qui font des efforts significatifs pour éliminer le travail des enfants. Cela, de façon consécutive depuis 2012 (…) Votre correspondance adressée au Ministère de la sécurité, suggérant l’embargo du cacao ivoirien nous préoccupe au plus haut point. Cette mesure, si elle venait à être appliquée, serait une catastrophe pour les milliers de petits producteurs de cacao et leurs familles qui vivent dans des conditions déjà difficiles et qui représentent au moins 6 millions de personnes qui vivent directement de la cacaoculture.(…) La Côte d’Ivoire qui est un havre de paix et un oasis économique pour les populations des pays voisins fuyant le terrorisme et la pauvreté dans leurs Pays risque d’être à son tour en proie à ces dangers. Un embargo, loin de freiner le travail des enfants, ruinerait tous les efforts déjà consentis“, a-t-elle expliqué.

Outre le voyage en décembre des Dopuanes américaines, les sénateurs auraient déclaré vouloir soutenir la Côte d’Ivoire à combattre ce travail des enfants notamment par de la formation et de l’aide financière.

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