Armand Ezerzer : “Fermons immédiatement tous les marchés “

 Armand Ezerzer : “Fermons immédiatement tous les marchés “
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Armand Ezerzer, président de Mambo Commodities, entreprise de négoce de coton et de production d’engrais, donne son point de vue sur la crise actuelle et préconise de fermer les bourses et marchés. 

“Le monde est en train de vivre la « Métamorphose ». Nous nous sommes couchés un soir nous pensant bientôt être les maîtres de l’univers grâce à une intelligence sans limite connue ; le lendemain, nous nous réveillons cloporte et fragile.

Le COVID 19 et le Prince héritier d’Arabie Saoudite nous ont fait entrer dans une nouvelle dimension inconnue jusqu’alors dont nous ne connaissons pas les conséquences.

Pour revenir à la genèse de ce bouleversement mondial, il faut se rappeler que sur le fond d’une crise sanitaire chinoise largement sous-estimée par le reste du monde, Mohamed Ben Salman a décidé -en dehors du cadre de l’Opep- d’ouvrir les robinets du pétrole en grand pour exporter à n’importe quel prix.

Depuis, tous les mécanismes d’offres et de demandes se fracassent à une nouvelle réalité économique : il y a trop de tout dans un monde occidental qui, au lieu de consommer, se calfeutre chez lui.

Alors, pour ne pas que les prochaines générations n’instruisent le « Procès » de nos errements collectifs, il faudrait qu’une coordination internationale se mette en place pour éviter l’effondrement de nos systèmes économiques et peut être même de nos Etats démocratiques. 

Il faut immédiatement fermer toutes les bourses, quelle qu’en soit le support, car aujourd’hui les cours n’ont plus prises avec l’économie réelle. Qui peut dire ce que vaut un baril de pétrole, un boisseau de blé ou une balle de coton ? Qui peut estimer la valeur d’une entreprise à l’arrêt ?

Le danger est que la porte est grande ouverte à une spéculation effrénée : pour le moment, le monde vit sur ses stocks et sur un ralentissement généralisé mais que se passera-t-il quand tout le monde va décréter que nous allons manquer de farine, de soja ou de tout autre matière première ?

La seule arme encore entre les mains des banques centrales est la planche à billets pour tenter de colmater les brèches qui se font jour. Mais son corollaire est l’inflation car, sans commande étatique d’envergure, c’est inéluctable. Peut-on imaginer la conjonction d’une spéculation sur les bourses, couplée à une inflation devenue galopante dans un monde devenu désoeuvré ?

Le dollar US est devenu la valeur refuge au détriment de toutes les autres devises et même de l’or. Sommes nous sûrs que c’est un choix judicieux et réaliste ?

L’Afrique dans son ensemble connaît chaque jour de nouveaux cas de la maladie, mais tant l’économie que le système sanitaire et hospitalier sont incapables d’absorber la crise à venir. Comment va-t-on expliquer, en dehors des grands centres urbains, les consignes à respecter pour éviter la prolifération du virus ? Il faut que l’Occident soigne l’Afrique en même temps qu’elle se soigne, pas seulement par altruisme ou simple bonté d’âme mais pour son propre avenir.

Je sais que nous sommes ici très loin du marché du coton que nous devons commenter mais que dire d’un marché qui n’a plus aucun sens et ne réagit plus aux fondamentaux ? Si l’épidémie se propage, qui va encore se préoccuper de la consommation ou des surfaces emblavées ? Qui va blâmer les filateurs de ne pas respecter leurs engagements pris dans un marché en plein effondrement où la survie de chacun sera le maître mot ?

J’assume de le répéter : fermons les marchés pour que le monde retrouve ses esprits et puisse repartir dans la sérénité qui sied à la situation que le monde traverse”.

 

Armand Ezerzer, président de Mambo Commodities

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