La Chronique Matières Premières Agricoles au 19 avril 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 19 avril 2018
Partager vers

Les cours du pétrole ont grimpé, stimulés hier par la baisse des stocks aux Etats-Unis et des informations selon lesquelles l’Arabie saoudite souhaite voir le prix du baril atteindre $ 80, voire $ 100. Les prix des métaux de base, quant à eux, sont repartis à la baisse en fin de séance après l’envolée des derniers jours, déclenchée par les sanctions américaines contre de grands producteurs russes.

Cette flambée des prix des matières premières, de nature à alimenter l’inflation, nourrit logiquement la remontée des rendements obligataires, à une semaine de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) et à moins de deux semaines de celle de la Réserve fédérale américaine. Tout ceci a soutneu le dollar hier face à un panier de monnaies de référence.

 

CACAO CAFE CAOUTCHOUC COTON HUILE DE PALME RIZ  SUCRE

CACAO

Le cacao est resté dans sa stratosphère cette semaine, ayant gagné 8,7% sur les trois premiers jours et maintenant le cap hier jeudi, dopé par les bons chiffres de broyages, même américains si on regarde ce premier trimestre par rapport au dernier de 2017. Le prix de la fève est à son plus haut depuis 2016 (lire nos informations). Les achats des fonds spéculatifs continuent de soutenir la tendance sur le marché à terme à New York, portant sa prime sur Londres à $ 222, un niveau record. Si la tendance se confirme aujourd’hui, le cacao aura enregistré cette semaine sa plus forte performance depuis 2012. Ainsi, la tonne de fèves à Londres a clôturé hier soir à £ 1 878, partie de  £ 1764  vendredi dernier, tandis qu’à New York elle a terminé à $ 2 799 contre $ 2 576  en fin de semaine dernière.

Un marché soutenu par plusieurs facteurs. Tout d’abord, de très fortes pluies s’abattent actuellement sur la Côte d’Ivoire, ce qui pourrait impacter la récolte intermédiaire (avril à septembre).

D’autre part, la semaine a été riche en statistiques de broyages, toujours très attendues. Au premier trimestre, ceux en Europe ont bondi de 5,5% par rapport au premier trimestre 2017 à 358 432 tonnes (t) , alors qu’on s’attendait à une hausse entre 2 et 4% ; en Allemagne, le bond est de 8,99% à 99 642 t. En Côte d’Ivoire, ils ont  grimé de 2%, à 130 000 t, en Asie de 7,2% à 190 244 t alors qu’aux Etats-Unis, ils glissaient de 1,4% à 118 778 tonnes, mais sont tout de même en hausse de 2,3% par rapport au dernier trimestre 2017 (lire nos informations).

Enfin, selon les statistiques publiées en fin de semaine dernière par le Brésil, les importations de fèves ont quasiment doublé ! Du 1er mai dernier au 8 avril, Brasilia a importé 1 145 598 sacs de 60 kg contre seulement 655 990 sacs sur la même période en 2016/17. Cette dernière semaine, les importations ont atteint 118 236 sacs contre 21 655 sacs sur cette même semaine l’année dernière.

Côté entreprise, notons que le 13 avril, le singapourien Delfi (ex-Petra Foods) a acheté à Hershey pour $ 13 millions la licence sur la marque de chocolat Van Houten pour certains marchés en Asie et Océanie (dont l’Australie et la Nouvelle Zélande). Rappelons que Hershey l’avait acheté de Barry Callebaut en 2009. Les principaux marchés asiatiques de la marque Van Houten sont l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie et Singapour, avec une présence moindre aux Philippines et au Vietnam.

CAFÉ

L’Arabica a clôturé hier soir en baisse sur le marché de New York à $ 1,1625 la livre (lb) parti de $ 1,195 vendredi dernier. La météorologique favorable au Brésil et donc la perspective d’une belle récolte continuent de peser sur les prix.

Quant au Robusta, sa belle hausse mercredi sur le marché à terme de Londres, à $ 1 774 la tonne, son plus haut en deux semaines, a conduit le Vietnam à vendre, ce qui, mécaniquement, à fait baisser les prix jeudi. Ainsi, le Robusta a clôturé en baisse hier, à $ 1 767 la tonne mais en hausse par rapport aux $ 1 736 cotés en fin de séance vendredi dernier.

Sur les marchés asiatiques, donc, la hausse sur le marché de Londres mercredi a poussé les prix sur le marché national vietnamien à 37 000-37300 dongs le kilo ($ 1,62-$1,64) contre 36 500-36 700 la semaine dernière. A l’export, le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu avec une décote de 60 à $ 90 la tonne par rapport à Londres contre $ 50 à $ 100 la semaine dernière. Selon le négoce, le n°1 mondial du Robusta détiendrait encore 35 à 40% de la campagne dernière en stock.

Côté Indonésie, où la campagne intermédiaire continue de se dérouler, la demande locale est soutenue, ce qui compense la lourdeur du marché international étant donné la surabondance de Robusta au niveau mondial. Le Robusta Grade 4, 80 défauts, a maintenu cette semaine sa prime par rapport à l’échéance juillet à Londres, de $ 120 à $ 150 la tonne.

La production indonésienne est estimée chuter à 500 000 t environ cette année contre 615 000 t l’année dernière, avec des volumes exportés attendus en baisse étant donné la vivacité de la demande locale, a souligné le président de l’Association des exportateurs et industriels du café en Indonésie (AICE). Notons que dans la province de Lampung, au sud de Sumatra, les exportations ont chuter de 72,6% au premier trimestre, à 11 665 t, par rapport à début 2017. Un marché national dont le dynamisme actuel est tiré par une forte demande en café instantané, les Indonésiens commençant à se préparer pour le Ramadan qui démarrera cette année à la mi-mai pour se terminer à la mi-juin.  

Côté entreprise, Keurig Green Mountain, spécialisé dans les cafés de spécialité, a investi dans LifeFuels, une entreprise de technologies sur la santé. En début d’année, LifeFuels avait présenté un shaker connecté permettant aux plus sportifs d’entre-nous de disposer de boissons énergisantes adaptées aux besoins de chacun ! Le café en sera-t-il ?

CAOUTCHOUC

Evolution en dents de scie cette semaine sur le marché du caoutchouc avec toujours en toile de fonds la hausse des stocks à Tokyo et Shanghai qui fait pression. Les marchés du caoutchouc thaïlandais étaient fermés pour le Songkran entre le 12 et le 17 avril.

La semaine dernière le caoutchouc a gagné 3% pour clôturer vendredi à 184,7 yens le kilo supporté par un yen plus faible vis-à-vis du dollar et  une légère reprise du marché de Shanghai depuis la fin mars. De son côté, le marché de Shanghai a terminé  à  11 505 yuans la tonne. Un regain vite effacé lundi, les cours dégringolant de 3%. Toutefois, ils ont rebondi les jours suivants  pour  atteindre jeudi leur plus haut niveau en près d’un mois à 187,1 yens ($1,74) le kilo à Tokyo et 11 780 yuans ($1 878) la tonnes à Shanghai. Un rebond qui s’explique par la hausse des prix du pétrole, au plus haut depuis 3 ans,  et une hausse des contrats à termes de Shanghai.

Les stocks de caoutchouc dans les entrepôts surveillés par le Shanghai Futures Exchange ont augmenté de 0,3% par rapport à la dernière publication le 4 avril. Tandis que les stocks dans les entrepôts agréés par  le TOCOM ont atteint  13 018 tonnes au 31 mars, en hausse de 464 tonnes par rapport au 20 mars, et près de neuf fois par rapport à l’année précédente, selon les données de TOCOM.

En Chine,  le ministère du Commerce a annoncé  jeudi qu’il imposerait des mesures anti-dumping provisoires sur le caoutchouc chlorobutyle importé des Etats-Unis, de l’Union européenne et de Singapour. Une enquête préliminaire du ministère du Commerce a établi que des sociétés de ces pays avaient inondé le marché de caoutchouc chlorobutyle et que de telles importations avaient causé des dommages substantiels à la filière nationale. Depuis aujourd’hui, les importateurs de ce produit doivent déposer une caution auprès des douanes chinoises sur la base d’un taux allant de 26% à 66,5%, selon le ministère. Exxom Mobil est l’une des sociétés affectées par ces mesures.

COTON

Le marché se négocie toujours dans la fourchette entre 82 cents et 84 cents la livre. De 83,35 cents la livre à la clôture vendredi dernier, les cours ont terminé jeudi à 82,82 cents la livre. Un négociant craint que le marché ne s’écroule en mai/ juin car les stocks s’accumulent dans les ports de transbordement. Un chiffre de 100 000 tonnes circule. Des stocks qui devraient exercer une pression à la baisse mais sur le marché de New York c’est le niveau des stocks américains qui influencent les prix or ils sont bas.

La banque néerlandaise Rabobank maintient ses perspectives favorables  à court terme à 81 cents en moyenne au 2ème trimestre grâce aux solides ventes américaines mais aussi aux achats non fixées, près de 50 000  lots en juillet 2018. En revanche, au second semestre, les cours devraient baisser et glisser jusqu’à 72 cents la livre au dernier trimestre 2018 avec l’amélioration de la disponibilité des nouvelles récoltes. Rabobank observe également que les ventes aux enchères en Chine sont moins dynamiques, avec un taux de liquidation de 58%, les cotons offerts étant vieux et de piètre qualité.

Alors que démarrent la saison des semis  dans les principaux producteurs, l’Inde devrait connaître une mousson normale en 2018,  soit 98% de la moyenne à long terme, selon le bureau de météorologique.

Au Burkina Faso, le gouvernement vient en aide à la filière coton en injectant FCFA 14,614 milliards suite à la baisse des rendements (cf. nos informations).

Le Kenya compte sur le coton Bt pour relancer la production mais aussi l’industrie textile et de l’habillement (cf. nos informations).

Au Mexique, l’engouement des agriculteurs pour le coton ne se dément pas. Le différentiel de prix avec les cultures comme le maïs ou le sorgho en faveur du coton incite les agriculteurs à planter plus de coton. Résultat, la production a presque doublé entre 2016/17 et 2017/18 à 1,556 million de balles. Pour 2018/19, l’USDA anticipe une production de 1,571 million de balles.  Quant aux importations, elles sont estimées à 825 000 balles contre 1,044 million de balles en 2017/18.

HUILE DE PALME

La perspective d’un ralentissement de la demande continue de peser sur le marché de l’huile de palme tandis que le marché des huiles concurrentes n’apporte pas de soutien. Après avoir accusé une baisse hebdomadaire de 4,2% pour clôturer vendredi à 2 399 ringgits la tonne, les cours ont terminé jeudi sensiblement au même niveau à 2 403 ringgits ($617,9) la tonne. Sur les quinze premiers jours d’avril, les exportations d’huile de palme  de Malaisie ont progressé de 6,4%  à 633 530 tonnes, selon AmSpec Agri Malaysia, soit à un rythme bien moins élevé que le mois dernier. 

Après avoir suspendu sa taxe sur les exportations depuis le mois de janvier, la Malaisie a indiqué qu’elle appliquera à partir du mois de mai une taxe de 5% sur les exportations d’huile de palme.

En Malaisie, la production d’huile de palme devrait légèrement augmenter à 20,5 millions de tonnes (Mt) en 2017/18, contre 18,8 Mt en 2016/17, et atteindre 21 Mt en 2018/19, estime l’USDA. Bien que les conditions météorologiques favorables aient augmenté la production de grappes de fruits frais (FFB), les pénuries aiguës de main-d’œuvre pour la cueillette des fruits ont réduit les fruits récoltés. L’augmentation de la production d’huile de palme est attribuée au taux élevé d’extraction et à l’utilisation de semences à haut rendement.

Le Nigeria, premier producteur africain d’huile de palme, le Nigeria, avec 970 000 tonnes produites par an, vient de lancer la première étape vers une huile de palme durable avec l’interprétation nationale des principes et critères qui définissent les pratiques pour produire une huile certifiée RSPO (cf. nos informations ).

En Afrique de l’Ouest,  la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) a accordé un prêt de FCFA 4 milliards à la société de droit ivoirien Nada Oil West Africa (NOWA) pour le développement d’usines de production d’huile de palme en Côte d’Ivoire et au Togo, selon une déclaration de son PDG, Ernest Dally Zabo.

Côté entreprises, l’américain African Palm Corp (APC) lancera en mai des opérations dans la filière du palmier à huile en Guinée-Bissau. APC détient déjà 1,5 million d’hectares (Mha) en palmiers et projette de porter cette superficie à 7 Mha à travers l’Afrique occidentale au cours des cinq prochaines années (cf. nos informations).

RIZ

Evolution contrastée sur le marché du riz en Asie où les prix ont plongé en Inde avec la baisse de la roupie tandis qu’en Thaïlande, ils sont au plus haut depuis juin 2017

En Inde,  les prix à l’exportation ont chuté pour une deuxième semaine consécutive sur une demande atone et une roupie plus faible. Le riz étuvé 5% a baissé de $2 à $417-$421 la tonne. La baisse de la roupie a permis aux exportateurs de signer des offres à des prix plus bas sans réduire leurs revenus nets, selon un exportateur basé à Kakinada dans  l’État du sud de l’Andhra Pradesh.

Les exportations indiennes ont également pâti de la faiblesse de la demande du Bangladesh. L’Inde comptait pour plus des deux tiers des importations du Bangladesh en raison des frais de transport plus bas. Le Bangladesh devrait récolter 19 millions de tonnes lors de sa récolte estivale, soit près de 6% de plus qu’il y a un an, a déclaré Mohammad Mohsin, directeur général du Département de l’agriculture.

En Thaïlande, le Thaï 5% a grimpé à $445-$454 la tonne  contre $437-$438 la semaine dernière. « Cette année, les récoltes de contre-saison ont été  ont été endommagées par les ravageurs, donc l’offre a diminué. Dans certaines régions, la production  a été réduite de moitié par rapport à ce qui était prévu en avril. Les choses devraient s’améliorer d’ici la fin du mois prochain lorsque de nouvelles récoltes de contre-saison seront récoltées », a déclaré un négociant basé à Bangkok. Les exportateurs thaïlandais se sont aussi approvisionnés en spéculant sur de nouveaux accords avec l’Indonésie.

Au Vietnam,  le Viet 5%  a augmenté pour la quatrième semaine consécutive, passant de $435 à $440  la tonne à  $438 -$440. “Les prix restent élevés car le Vietnam a récemment conclu de nouveaux accords avec l’Indonésie et les Philippines, tandis que  la récolte hiverno-printanière est presque terminée “, a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville. L’autorité alimentaire nationale des Philippines a envoyé une demande au ministère vietnamien de l’Industrie et du commerce pour l’achat de 250 000 tonnes, dont 200 000 tonnes  à 25% de brisures  et 50 000 tonnes à 15% de brisures. L’achat fait partie du plan d’achat de gouvernement à gouvernement des Philippines pour 2018.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir en-dessous des 12 cents la livre (lb) mais en léger rebond par rapport à la veille où il est tombé à son plus bas en deux ans et demi, à 11,77 cents ; vendredi dernier, il avait clôturé à 12,08 cents/lb.  Le sucre blanc, quant à lui, s’est inscrit en hausse hier soir, à $ 343,20 la tonne contre $ 339 en fin de semaine dernière.

Les estimations de production indienne demeurent élevées, à 30 Mt. Toutefois, au Brésil, dans le Centre-Sud où la période de broyage des cannes bat son plein, la récolte serait plus faible que prévue. Selon le consultant spécialisé JOB Economia e Planejamento, les exportations brésiliennes de sucre pourraient baisser de 6,5 Mt en 2018/19 par rapport à la campagne précédente et se situer à 21,3 Mt contre 27,8 Mt. C’est la principale région productrice de canne, le Centre-Sud, où 90% de la canne brésilienne est broyée, qui en serait responsable avec  20,1 Mt exportées contre 26,3 Mt en 2017/18, selon les estimations du consultant. Il voit la production totale brésilienne de sucre à 32,8 Mt contre 39,1 Mt la campagne dernière. La production d’éthanol grimperait à 29,87 milliards de litres contre 27,89 milliards. Enfin, il prévoit une réduction de 3,5% des superficies en canne dans le Centre-sud, la première baisse en neuf ans.

Au Kenya, avec le retour de conditions climatiques favorables après la très grave sécheresse l’année dernière, la production de sucre ptogtresserait de 19% cette année, pour se situer dans une fourchette allant de 420 000 à 450 000 t, a souligné hier Solomon Odera qui dirige le Sugar Directorate. La production avait chuté de 41% l’année dernière, à 377 126 t contre 638 340 t la campagne précédente.

 A noter que cette forte réduction l’année dernière s’explique aussi par des rendements en baisse dans la transformation car d’importants volumes de cannes avaient été cueillis prématurément. En outre, ce serait le fait de la baisse de performance chez un des plus importants raffineurs du pays, Mumias Sugar Company.  Ce dernier a connu des problèmes de gestion ces dernières années et sa production a chuté à 15 891 t sur son exercice fiscal dernier, clos en juin 2017, contre 75 073 t l’exercice précédent ; à son zénith, elle avait atteint 250 000.

Mais cette déficience de Mumias pourrait être compensée par une montée en puissance d’autres raffineurs, dont Kwale International (filiale de Pabari Investment et du mauricien Omnicane) qui a annoncé augmenter à 50 000 t sa production cette année contre 35 000 t précédemment. Il entend booster sa capacité de raffinage à 5 000 t de canne broyée par jour ces 2 à 3 prochaines années, contre 3 500 t actuellement.

D’autre part, des investisseurs nouveaux ont manifesté leur volonté d’établir une raffinerie d’une capacité de 2 500 t/jour de canne et d’un autre qui évoque 7 000 t/jour, a souligné Solomon Odera, mais, a-t-il précisé, on en est encore aux prémices.

 La consommation de sucre au Kenya est de 870 000 t.

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *