La problématique du Covid-19 en Afrique est tout autre

 La problématique du Covid-19 en Afrique est tout autre
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Le marché central de Ouagadougou, Rood-Woko, rouvre ses portes aujourd’hui à la demande des commerçants, annonce lefaso.net. Il est fermé, comme 35 autres marchés, depuis le 26 mars (lire nos informations : Au Burkina, les autorités viennent en aide aux filières alimentaires informelles). Notre confrère souligne que le 16 avril, le comité des volontaires contre le coronavirus avait fait une simulation de sensibilisation des commerçants et clients dans les marchés sur le respect des gestes barrières, afin de préparer la réouverture. Aujourd’hui, ils  devraient être sur le marché pour sensibiliser aux gestes barrières.

Pour l’instant la réouverture ne concerne que le marché central mais pourrait s’étendra progressivement aux autres marchés si les mesures sont respectées.

Le Burkina Faso où, comme ailleurs, les populations s’inquiètent. Comme le souligne Etienne Lankoandé dans un autre article de l’édition d’hier du Lefaso.net intitulé “La lutte contre le coronavirus ne doit pas nous faire mourir de faim“. L’économie, lit-on “s’est arrêtée pour permettre de sauver des vies. Mais si cet arrêt se poursuit, il peut être plus assassin que le Covid-19. Il faut que l’économie tourne.”  

Atteindre rapidement les populations vulnérables

En effet, en Afrique, “le secteur informel concentre une partie importante de l’emploi et que, par conséquent, tout travailleur du secteur informel perd instantanément 100 % de son revenu lorsqu’il ou elle reste à domicile“, rappellent Thomas Melonio directeur exécutif de l’innovation, de la recherche et des savoirs à l’Agence française de développement (AFD) avec Yasmine Osman, économiste au département Afrique de l’AFD surle blog ID4D de l’Agence (Covid-19 en Afrique : un double tsunami). Ainsi, au-delà d’un moratoire sur la dette, la mobilisation financière tous azimuts de la communauté internationale sera cruciale.Le moratoire d’un an sur les dettes des 76 pays les plus pauvres, suspension particulièrement défendue par la France et cordonnée par le secrétariat du Club de Paris, apporte un bol d’air bienvenu. Le service de la dette était en effet estimé à 32 milliards de dollars en 2020.”

Mais cela ne suffira pas, soulignent les deux économises. “Compte tenu de l’ampleur du choc, les pays africains auront également besoin de financements additionnels, non seulement au niveau gouvernemental mais par tous les canaux (collectivités territoriales, banques de développement, services publics, microfinance…) susceptibles d’atteindre rapidement les populations vulnérables. Un choc de 5 points de PIB représente une perte de revenus proche de 125 milliards de dollars à l’échelle du continent.” Ils rappellent au passage que “Pour les pays les plus pauvres, bénéficiaires de l’AID, les bailleurs multilatéraux représenteraient 33 % du service de la dette en 2020, selon l’analyse du CGDEV, les bilatéraux 43 % et les créanciers privés le solde, soit 24 %.”

Et les enfants ?

De son côté, l’Unicef tire l’alarme pour les enfants. La réduction des revenus au niveau des ménages et la diminution des dépenses de santé et d’alimentation, en particulier pour les familles pauvres, créent « une situation désastreuse » pour les enfants des ménages qui vivent au jour le jour.

Selon l’agence spécialisée des Nations Unies, la fermeture sans précédent d’écoles touche 1,5 milliard d’enfants. Près de 60% des enfants vivent dans des pays où la fermeture totale ou partielle des écoles est en vigueur. Ainsi, ” 29 pays ont fermé des écoles avant même qu’un seul cas de coronavirus ne se déclare et rappelle que la fermeture des écoles est normalement une dernière étape réticente car elle est très perturbatrice“, déclare Laurence Chandy, directeur du Bureau des perspectives et politiques mondiales à l’Unicef.

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