La Chronique Matières du Jeudi (19 mai 2016)

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Le dollar continue d'être au centre des analyses des marchés de matières premières, surtout après que la Réserve fédérale américaine ait indiqué hier qu'une hausse des taux d'intérêt  était fortement envisageable en juin.

CACAO

Le cacao s'est quelque peu ressaisi cette semaine après avoir glissé 4 jours consécutifs jusqu'à lundi. Mais, sur la période sous revue, de vendredi 13 mai à aujourd'hui, la fève a globalement perdu, terminant sur le marché à terme de Londres à £ 2 139  la tonne alors qu'elle cotait £ 2 192 vendredi dernier. New York termine à $ 2 935 la tonne contre $ 2 967. Des prix qui, cependant, se maintiennent car le manque de pluie en Côte d'Ivoire et au Ghana confirme la perspective d'une faible récolte intermédiaire.

Les arrivages de fèves aux ports ivoiriens d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 290 000 tonnes (t) au 15 mai et depuis le début de la campagne, le 1er octobre, contre 1 399 000 t, selon les estimations des exportateurs. Sur la semaine du 9 au 15 mai, 21 000 t auraient été livrées aux ports contre 26 000 t sur la même semaine l'année dernière, confirmant le fort ralentissement de la campagne.

Une filière qui, structurellement, se porte plutôt bien en Côte d'Ivoire. Ainsi, le fonds de réserve cacao a augmenté de 58% entre juin 2015 et janvier 2016, pour atteindre FCFA 120 milliards (€ 182,9 millions), rapporte Reuters  au vu d'un document du Conseil du café-cacao (CCC). Ceci est le plus élevé que le Fonds n'ait jamais enregistré depuis sa création en 2012.

CAFÉ

Les risques météo sur 2016/17 s'amenuisent, ce qui a tiré vers le bas les prix du café cette semaine. Parti de $ 1,301 la livre vendredi dernier, l'Arabica termine aujourd'hui à $ 1,2850 la livre sur le marché à terme de New York alors qu'il avait touché $ 1,3530 mercredi . En réalité, le marché est pris dans l'éternelle tenaille, entre le déclenchement de ventes à l'origine lorsque le prix grimpe et l'industrie qui achète lorsque le prix baisse.

Au fur et à mesure qu'approche 2016/17, le marché apparaît bien approvisionné, souligne le trader Marex Spectron. Et la perspective d'un léger surplus en 2016/17 indique que les prix ne devraient guère augmenter. Dans son rapport publié aujourd'hui, il ne révise que très légèrement à la baisse ses prévisions d 'excédent à 1 million de sacs de 60 kg (Ms) contre 1,03 Ms  dans ses précédentes prévisions. La baisse de récolte au Mexique est largement compensée par les belles perspectives en Colombie.

Au Brésil, la maison de négoce américaine Wolthers Douque estime la récolte 2016/17 à 55,73 Ms (45,6 Ms en 2014/15), dont 41,75 Ms (34,4 Ms en 2015/16) d'Arabica et 13,98 Ms (11,2 Ms) de Robusta.

S'agissant du Robusta, il a perdu $ 12 ce jeudi, à $ 1 657, en baisse également par rapport aux $ 1 680 à la clôture vendredi dernier : les pluies au Vietnam améliorent les perspectives de récolte chez le n°1 mondial de cette qualité de café. Ceci dit, mardi, le Robusta avait fait cavalier seul face à son cousin l'Arabica en s'inscrivant fermement à la hausse, touchant un plus haut en 9 mois, à cause du temps très sec dans les zones de production au Brésil, au Vietnam et en Indonésie. Selon le département américain de l'Agriculture (USDA), la sécheresse liée à El Niño devrait faire chuter de 15% la production caféière en Indonésie. En revanche, l'Arabica qui est situé au Nord de Sumatra ne serait pas impacté par le phénomène météorologique.

"Le marché du café est actuellement mené par le Robusta", rappelle la Commerzbank dans un rapport, soulignant le gain de 30% enregistré depuis la fin février suite à cette météo défavorable.

En Côte d'Ivoire, les exportations de café, du Robusta, ont progressé de 20% au premier trimestre, à 23 054 tonnes (t) contre 19 187 t sur la même période la campagne précédente, selon un document du Conseil du café-cacao datant du 11 mai. Pourtant, les arrivages aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro auraient chuté de 12% sur ce même trimestre, à 95 898 t par rapport à l'année dernière. Rappelons que la campagne café en Côte d'Ivoire court de janvier à juin.

En Ouganda, le département américain de l'Agriculture (USDA) estime que la production 2016/17 baissera à 3,7 Ms contre le record de 4,5 Ms en 2015/16. Une baisse qui serait essentiellement liée au cycle biennal du caféier.

Sur les marchés asiatiques cette semaine, les ventes de café du Vietnam se sont ralenties avec la baisse des cours mondiaux. Mais l'intérêt des acheteurs est bien là car la récolte en Indonésie ne bat pas encore son plein. Entre octobre 2015 et le mois d'avril, le Vietnam a exporté près d'un million de tonnes, en hausse de 30,6% par rapport à il y a un an, selon les chiffres de la douane. Cela représente près de 60% de sa récolte qui serait de 1,68 Mt. Ceci laisse à penser que les acheteurs étrangers remplissent leurs stocks. La prime du café vietnamien par rapport au cours de Londres a oscillé dans une fourchette de $ 40 à 60 la tonne cette semaine contre $ 20 à 30 la semaine dernière.

CAOUTCHOUC

Les cours à terme sur le Tokyo Commodity Exchange (TOCOM)  ont reculé de  4% jeudi en ligne avec la faiblesse des contrats à terme de Shanghai et les prix bas du pétrole. Les cours sur le TOCOM ont chuté de 6% au cours de deux dernières séances et seraient susceptibles de subir encore des pressions à la vente ont indiqué des sources du marché. La plupart des contrats à terme des  matières premières chinoises ont chuté jeudi avec en toile de fonds une surabondance d'approvisionnement pour certains métaux industriels et une éventuelle hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

Le contrat de caoutchouc  sur le TOCOM pour la livraison octobre  a clôturé jeudi à  161,8 yens  ($1,47) le kilo. Celui  sur le marché à terme de Shanghai pour la livraison septembre a reculé de  420 yuans à 10 845 yuans ($1 658) la tonne.

Les exportations de caoutchouc naturel du  Sumatra du Nord poursuivent leur baisse avec quelque 137 826 tonnes sur les 4 premiers mois de 2015,  en recul de 8,23% (150 194 tonnes  sur la même période en 2014). « La diminution des exportations est consécutive à  la faible demande mais aussi  à l’accord des  plus grands producteurs mondiaux (International Tripartite Rubber Council -ITRC) de réduire leurs exportations »  a déclaré  directeur exécutif de la branche du Sumatra du Nord  de l’Indonesian Association of Rubber Companies (Gapkindo), Edy Irwansyah . L’IRC estime que la réduction des exportations devrait permettre au marché du caoutchouc de récupérer après la profonde récession qui dure depuis 6 ans.  Toutefois, le prix du caoutchouc naturel demeure faible dans le prolongement de la chute des prix du pétrole.

La Chine a importé  4,72 millions de tonnes de caoutchouc naturel et synthétique en 2015, en hausse de  15,3 % par rapport à 2014. En revanche, en valeur, les importations ont reculé de 11,3% à 48,56 milliards de yuans.

COTON

Les cours du coton se sont repliés jeudi dans le sillage des autres matières premières er de l’appréciation du dollar. Le contrat de juillet a clôturé à 61,07 cents la livre.

Les importations de coton de la Chine ont chuté de 56,4 % en avril  par rapport à avril  2015. De janvier à avril, les importations de coton se sont élevées à 279 700 tonnes, en baisse de 54,05 % par rapport à la même période en 2015, selon le site de cncotton.com.

Première réaction officielle de Monsanto suite à la décision du Burkina Faso d’arrêter l’utilisation  du coton OGM. Monsanto a déclaré qu’il allait évaluer ses opérations au Burkina Faso. La société basée à Saint-Louis est en pourparlers avec les «parties prenantes» dans le pays et jusqu'à présent n'a pas pris de décision concernant ses activités là-bas, indique  un communiqué. Le gouvernement « néglige les petits agriculteurs du Burkina Faso en prenant cette dramatique et grave décision », a déclaré à Bothaville le directeur général de Monsanto  en Afrique du Sud, Kobus Steenkamp. Il a ajouté que Monsanto croit encore  que sa technologie apportera un avantage pour les agriculteurs. L'introduction en 2009  du coton Bollgard II au Burkina Faso a augmenté les rendements et les volumes d'exportation tout en réduisant l'utilisation de pesticides selon la compagnie.

HUILE DE PALME

L'huile de palme se négociera entre  2 600  et 2 800 ringgits  la tonne à partir de maintenant jusqu'en Juillet, a déclaré l'analyste Dorab. A partir de Juillet, les prix pourraient glisser à 2 500 ringgits ($613,50), mais ne devraient pas  s’affaiblir davantage a-t-il ajouté. Une révision donc à la baisse de ses prévisions qui tablaient sur 3 000 ringgits la tonne cette année. Mais l’impact du phénomène d’El Nino a été moins important qu’anticipé avec une reprise de la production et la demande a été aussi plus faible.   Les cours  à terme sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange  ont perdu environ 8 % depuis qu’ils ont touché des  valeurs proches de 2 800 ringgits la  tonne en mars et avril, leur plus haut niveau observé en deux ans. Jeudi, les cours ont chuté de 1,6% cent pour clôturer à  2 519 ringgits la tonne. « A partir de juillet, avec une forte reprise de la production et  une accumulation des stocks, nous pourrons voir les cours des l’huile de palme glisser à 2 500 ringgits, mais ne vous attendez pas à davantage de baisse », a déclaré Dorah Mistry à  la Palm Oil Trade Fair and Seminar en Inde.

Dorab Mistry estime que la production mondiale  va baisser de 2,5 millions de tonnes (Mt) – 1,5 Mt  en Malaisie et 1 Mt en Indonésie – en 2015/16 (septembre) contre 3 Mt anticipé précédemment.

Autre perception du marché du troisième opérateur mondial, le malaisien Felda Global Ventures. Son nouveau directeur général, Zakaria Arshad, estime que les prix  de l’huile de palme devraient grimper à 2 600 – 2800 ringgits la tonne d’ici le mois août. Zakaria Arshad a  par ailleurs indiqué que l’ensemble des usines de son groupe sera certifié RSPO pour un coût de 34,5 millions de ringgits sur trois ans. Le directeur général estime que le prix de la prime, aujourd’hui autour de $20, pour l’huile durable (RSPO) est trop faible compte tenu des coûts croissants de la certification. La prime idéale serait de $50 la tonne.

Le président indonésien Joko Widod à l’occasion d'une réunion bilatérale avec son homologue russe Vladimir Poutine, a exhorté la Russie à augmenter ses importations d'huile de palme en provenance d'Indonésie. « Dans le domaine du  commerce, nous avons besoin  de stimuler les exportations d'huile de palme en provenance d'Indonésie vers la Russie dans un proche avenir », a indiqué le président Jokowi . Il a ajouté  « Monsieur le Président, vous êtes au courant des plans pour augmenter la taxe d'importation sur l'huile de palme, qui est le plus important produit d'exportation de l'Indonésie en  Russie, avec une valeur atteignant $480 millions. Les exportations ont fortement diminué, ce qui n’est favorable à  l'économie de notre pays ».  

RIZ

Les prix du riz thaïlandais ont bondi  cette semaine à un plus haut de deux ans ce, qui a également stimulé les prix au Vietnam.  «Cette situation est due à la sécheresse,  qui a abaissé la production et empêché  la croissance  de nombreuses cultures », a déclaré Kiattisak Kallayasirivat, directeur Ascend Commodities-SA à Bangkok. « Nous sommes presque au milieu de l’année avec une demande stimulée face à une offre moindre,  les meuniers et les exportateurs se précipitent pour acheter du riz » a-t-il déclaré à Reuters. Cette semaine, le Thaï 5%  est passé de $ 398- $ 400 la tonne à  $418- $420 la tonne. Kiattisak Kallayasirivat  estime que les  prix peuvent grimper jusqu’à $500 la tonne dans les deux prochains mois.

Malgré la hausse des prix, des  petites commandes arrivaient alors que les exportateurs ont maintenu des stocks prêts pour l’embarquement.

"Les prix au Vietnam ont augmenté un peu en ligne avec des prix plus élevés dans la région, alors qu'il n'y a pas de demande d'achat frais", a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. L’offre demeure mince alors que la récolte d'été-automne dans le delta du Mékong au Vietnam va commencer en Juillet et que  les stocks de riz de la récolte hiver-printemps de meilleure qualité ont diminué.  Le Viet 5%, a augmenté à $ 380- $ 385 la tonne pour une expédition immédiate  contre  $ 370- $ 375 la tonne pour un embarquement en juillet/août. 

La Thaïlande a vendu 1,17 million de tonnes (Mt) de riz provenant de ses stocks gouvernementaux jeudi lors de sa troisième vente aux enchères cette année, selon une déclaration du  ministère du Commerce. « Le prix d'achat a été  cette fois satisfaisant, avec le prix proche du prix du marché »,  a déclaré Duangporn Rodphaya, à la tête du commerce extérieur au ministère du Commerce. La Thaïlande ambitionne d’exporter 9,5 millions de tonnes de riz cette année et à  jusqu'à présent expédié 3,91 Mt.

Le gouvernement des Philippines  ne permettra plus aux négociants privés d’importer du riz et va s’atteler à lutter contre la contrebande rampante de riz, a déclaré mercredi le  secrétaire à l’ Agriculture, Emmanuel Pinol. L’importation du riz sera exclusivement entre les mains de la National Food Authority (NFA).

En Égypte,  la General Authority for Supply Commodities (GASC) a signé mercredi un contrat pour l’importation de 80 000 tonnes de riz en dehors de la procédure d’appel d’offres pour une livraison dans 4 à 6 semaines. Tant le fournisseur que le prix n’ont pas été communiqués. Une décision qui intervient après trois appels d’offres infructueux, l’Egypte estimant les prix trop élevés.

SUCRE

Depuis qu'il a atteint, la semaine dernière, son prix le plus élevé depuis un an et demi, le sucre roux a ralenti son ardeur mais demeure à des niveaux très fermes. Selon certains analystes, il devient de plus en plus probable qu'un mouvement à la vente s'amorce, mené par les fonds d'investissements. Le sucre roux termine aujourd'hui à 16,73 cents la livre sur le marché à terme de New York, quasiment inchangé par rapport à la clôture vendredi dernier (16,74 cents) ; il avait touché les 17 cents le 12 mai, son niveau de prix le plus haut depuis octobre 2014.

Le sucre blanc, quant à lui, sur le marché de Londres, a également terminé en baisse, à $ 472,90 la tonne ; il a clôturé vendredi dernier à $ 478,10. Une semaine durant laquelle les marchés ont été quelque peu au ralenti, car nombre d'acteurs étaient à la conférence annuelle de l'Organisation internationale du sucre à New York. 

Des mouvements de prix dont on ne sait, au juste, dans quelle direction ils vont aller, estime Tom Kujawa de chez Sucden, car il y quasiment autant d'arguments à la hausse qu'à la baisse. Pour sa part, l'australien Green Pool a relevé cette semaine son estimation de déficit mondial du sucre, soulignant l'impact qu'El Niño sur les récoltes en Asie.

 

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