La Chronique matières premières agricoles au 19 mai 2022

 La Chronique matières premières agricoles au 19 mai 2022
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L’annonce par la Banque populaire de Chine (BPC) d’une baisse marquée de l’un de ses principaux taux directeurs, une nouvelle mesure de relance de la deuxième économie mondiale, devrait avoir fait du bien aux marchés financiers en cette fin de semaine. La nouvelle a pris ce matin le dessus sur les inquiétudes liées à l’inflation mondiale, au resserrement des politiques monétaires aux Etats-Unis comme en Europe et au risque de récession aux Etats-Unis qui ont dominé le sentiment de marché ces derniers jours. Hier, les places européennes comme Wall Street ont terminé en baisse, l’inflation commençant à peser sur la consommation au risque de faire dérailler la croissance économique et rogner les marges des entreprises.

Goldman Sachs, qui prédit une poursuite de la baisse des marchés boursiers américains, évalue à 35% le risque d’une récession dans les deux ans aux Etats-Unis et Morgan Stanley à 25% une telle probabilité dans les 12 mois, rapporte Reuters. Pour la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, il faut se préparer à combattre de multiples phases de ces tensions inflationnistes car il devient de plus en plus difficile pour les banques centrales de faire baisser l’inflation sans provoquer des récessions.

L’euro a terminé hier soir à $ 1,0588 tandis que, sur les marchés pétroliers, le baril de Brent était à $ 109,94 et le brut léger américain (WTI) à $ 109,7.

 

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

C’est le chamboule-tout sur le cacao ! Partie de £ 1 779 vendredi dernier sur le marché à terme de Londres, la tonne de fèves a clôturé hier soir à £ 1 743 tandis que New York glissait de $ 2 469 à $ 2 457, tous deux sur l’échéance juillet.

« De fortes pluies ont amélioré les perspectives pour la campagne intermédiaire qui est en cours en Côte d’Ivoire. Ceci pourrait signifier que la baisse jusque-là attendue par rapport à la campagne dernière sera neutralisée », estime Commerzbank.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,841 Mt entre le er octobre et le 15 mai, estiment les exportateurs, en baisse de 3,9% par rapport à la même période la campagne dernière.

Cette semaine, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont réaffirmé leur volonté de travailler ensemble pour le renforcement de leurs stratégies face aux mécanismes de fixation des prix des marchés. Un appel a été lancé aux acteurs de l’industrie du cacao pour l’application du différentiel de revenu décent (DRD) (lire nos informations : Les exportateurs locaux de cacao en Côte d’Ivoire devront-ils aussi publier leur prime au producteur ?).

Enfin, le marché mondial serait déficitaire de 181 000 t en 2021/22 essentiellement dû à la baisse de production au Ghana, selon l’Organisation mondiale du cacao (ICCO) qui a publié lundi son rapport mensuel de marché d’avril (lire : Le marché mondial du cacao sera déficitaire de 188 000 t en 2021/22, selon l’ICCO).

CAFE

Un café gaillard servi sur un plateau cette semaine, la livre (lb) d’Arabica passant de $ 2,139 vendredi dernier à $ 2,187 hier soir, tandis que le Robusta à Londres grimpait de $ 2 040 la tonne à $2 080 sur l’échéance juillet. Ceci dit, le marché n’a pas été un long fleuve tranquille car si tout le monde craint les gelées au Brésil, les dernières prévisions indiquent que les plantations d’Arabica, la plus vulnérable des deux variétés de café qui poussent chez le leader mondial du grain, n’ont pas ou très peu impactées par les températures froides attendues tôt mercredi matin. D’où le recul de 4% des cours ce jour-là, face au peu d’impact, les prix se ressaisissant hier.

Car même non impacté à ce jour par le froid, le marché du café demeure haussier en raison du contexte principalement brésilien. Hier, la Conab a révisé à la baisse ses estimations de janvier concernant la production brésilienne en 2022 : la récolte ne serait que de 53,43 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre les 55,74 Ms avancées en janvier. Ceci dit, ce volume demeurerait supérieur de 12% à celui de la campagne dernière mais en baisse de 15,3% par rapport au record atteint en 2020. La Conab estime la production d’Arabica à 35,71 Ms, soit 13,6% de plus qu’en 2021 mais en chute libre de 38,78% par rapport à ses prévisions de janvier. « Malgré le cycle positif, la météo sévère en 2021 a sévèrement affectée les rendements qui sont estimés être 23,6% plus bas que lors de la dernière année ’haute ‘ du cycle végétatif biennal de l’Arabica, a déclaré Conab hier. Le Robusta quant à lui, devrait atteindre un record de 17,71 Ms, en progression de 8,7% sur 2021. En janvier, elle l’avait estimée à 16,9 Ms. A fin avril, 5,9% du café au Brésil avait été récolté. En réalité, le marché s’attendait à ce que la Conab révise beaucoup plus sévèrement à la baisse ses précédentes prévisions de récolte de production d’Arabica.

La situation sur le marché mondial sera, de toute façon étroite mais on le sait déjà, estime pour sa part l’analyste des marchés des softs Judith Ganes. En outre, les volumes de stocks certifiés de l’ICE New York seront bas.

En Asie cette semaine, et plus particulièrement au Vietnam, leader mondial du Robusta, les stocks de café sont très réduits mais la demande est également très faible. Les producteurs dans les Central Highlands ont vendu quasiment au même prix que la semaine dernière, à 40 600-41 700 dongs le kilo ($ 1,75-1,80) contre 40 500-41 400 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est vendu avec une décote de $ 230 à $ 270 la tonne contre $ 200 à $ 250 il y a une semaine.

En Indonésie, la décote s’est établie à $ 170 la tonne par rapport à l’échéance juin et à $ 220 par rapport à juillet. Les volumes en vente sont en nette hausse cette semaine et les acheteurs locaux sont très demandeurs. Sur le mois d’avril, les exportations du pays ont chuté de 52% par rapport à avril 2021, à 6 770,97 t.

En Ouganda, les ventes à l’international se sont contractées de 24% en avril, à 407 762 sacs, suite à la sécheresse dans certaines parties du pays qui ont impacté les rendements, a indiqué lundi Uganda Coffee Development Authority (UCDA). En revanche, les recettes à l’export ont flambé, en hausse de 42% sur avril 2021, à $ 70,9 millions.

Cependant, le Département américain de l’Agriculture (USDA) entrevoit la campagne 2022/23 en nette hausse pour atteindre un nouveau record de 6,65 Ms car la météo semble favorable et les nouveaux caféiers montent en puissance. Les exportations de Robusta atteindraient un nouveau record de 6,52 Ms. La consommation nationale devrait aussi reprendre avec le tourisme, les hôtels et restaurants retrouvant des niveaux d’activités plus normales, avec le recul de la pandémie mondiale de la Covid.

Aux Etats-Unis, les stocks de café ont augmenté de 86 308 sacs en avril pour totaliser 5,9 Ms, selon la Green Coffee Association.

CAOUTCHOUC

Après avoir chuté de 4,3% les cours du caoutchouc se sont redressés cette semaine. Sur l’Osaka Exchange, les cours ont clôturé hier à 244,5 yens ($1,91) le kilo contre 240,9 yens vendredi dernier. Sur le marché de Shanghai, partis vendredi de 12 835 yuans la tonne, les cours ont atteint hier 13 070 yuans ($1 932,77). 

En dépit d’indicateurs économiques moroses en Chine, le marché table sur une reprise des achats de caoutchouc du premier consommateur mondial avec l’amélioration de la situation du Covid à Shanghai même si la plupart des  habitants devront encore supporter un confinement jusqu’au 1er juin. En outre, les autorités ont promis de soutenir l’économie. Dimanche dernier, elles ont autorisé une nouvelle baisse des taux d’intérêt des prêts hypothécaires pour certains acheteurs de maisons pour soutenir son marché immobilier et relancer un moteur en berne de l’économie. Toutefois l’activité des fabricants de pneumatiques en Chine reste basse tandis que la production automobile demeure lente au Japon.

En Thaïlande, les prix du latex thaïlandais ont atteint leur plus haut niveau depuis le 13 avril à 52,80 bahts ($1,53) le kilo mercredi dernier, les fortes pluies dans certaines régions du pays entravant la production de caoutchouc.

La Côte d’Ivoire a mis en place un nouveau mécanisme, encore provisoire,  de prix pour les fonds de tasse aux producteurs. Ainsi, selon le directeur général du Conseil hévéa-palmier à huile, Edmond Coulibaly, le prix d’achat des fonds de tasse aux producteurs passera à 63% du prix international au lieu de 61% auparavant (Lire : Le prix d’achat de la sève d’hévéa en Côte d’Ivoire passe à 63% du prix mondial).

COTON

Le marché du coton était attendu volatil. Il l’a été cette semaine mais finit en légère hausse avec une clôture hier sur l’ICE à 147,7 cents pour le contrat de juillet contre 145,2 cents vendredi dernier. Un contrat de juillet toujours soutenu par les importantes ventes sur appel non fixées. Une fois le mois de juillet passé, la majorité des analystes s’accordent pour que le marché entre dans une zone de turbulence avec une baisse de la consommation mondiale de coton qui va finir par arriver compte tenu de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat.

La demande a diminué, la différence de prix avec la Chine a disparu, et je ne pense pas que le coton puisse dépendre de la demande pour maintenir les prix à près de 150 cents”, a déclaré Rogers Varner, président de Varner Brokerage à Cleveland, Mississippi.

En Inde, face à des prix intérieurs record tant du coton que du fil, l’industrie textile indienne a demandé aux autorités de suspendre les exportations de coton. Pour l’instant, le ministre du Textile Piyush Goyal ne souhaite pas que le gouvernement intervienne mais a bien souligné que l’approvisionnement de l’industrie textile devait être privilégié. (Lire : Après le blé, l’Inde suspendra-t-elle ses exportations de coton ?).

En Afrique de l’Ouest, et plus précisément au Burkina, au Mali et au Sénégal, les superficies et la production de coton sont attendues en hausse pour la campagne 2022/23. Globalement, l’Afrique de l’Ouest bénéficie des prix élevés du coton en ayant déjà vendu entre 30 et 40% de sa future récolte. Mais la disponibilité des engrais dans certains pays pourrait potentiellement diminuer les rendements (Lire : Afrique de l’Ouest, perspectives haussières pour le coton).

HUILE DE PALME

La décision de l’Indonésie de lever à partir de lundi prochaine son interdiction des exportations d’huile de palme (voir ci dessous) a bien sur fait chuter le marché. Partis vendredi de 6 363 ringgits la tonne, les cours de l’huile de palme ont clôturé hier à 6 074 ringgits ($1379,67). Ils devraient continuer à s’affaisser. 

Les prix de l’huile de palme brute font face à une correction “imminente” jusqu’à 20% au cours des six prochains mois, alors que la production devrait se redresser dans un contexte de faible demande, a déclaré jeudi la Banque publique d’investissement. Les stocks en Malaisie ont explosé en avril pour atteindre un sommet de cinq mois et pourraient continuer à gonfler progressivement jusqu’en octobre alors que les arbres entrent en haute saison de production, souligne  l’analyste Chong Hoe Leong. Cela contribuera à apaiser les inquiétudes concernant l’approvisionnement limité, a-t-il ajouté.

L’Indonésie lèvera lundi prochain son interdiction d’exporter de l’huile de palme, en vigueur depuis le 28 avril, en raison de l’amélioration de son approvisionnement national en huile de cuisson, a annoncé le président Joko Widodo. Une décision bien accueillie par le marché – la décision ayant été prise  alors que les marchés mondiaux des huiles végétales étaient aux prises avec la pénurie d’huile de tournesol due à la guerre en Ukraine  – mais aussi par les agriculteurs qui multipliaient les appels à sa suppression.

Le président Joko Widodo a déclaré hier que l’approvisionnement en huile de cuisson en vrac avait maintenant atteint un niveau supérieur à ce qui était nécessaire, bien que les prix du vrac n’aient pas encore reculé à l’objectif de 14 000 roupies par litre.

Les groupes industriels avaient averti que le secteur de l’huile de palme pourrait s’arrêter dans les semaines à venir si l’interdiction d’exportation devait rester en place. En prenant cette décision, le gouvernement a pris en compte le bien-être de 17 millions de travailleurs, a-t-il déclaré. Ajoutant que “Bien que les exportations soient rouvertes, le gouvernement continuera de surveiller et de surveiller de près (le marché) pour s’assurer que la demande est satisfaite à des prix abordables ».  

L’Indonésie dispose d’environ 6 millions de tonnes de capacité de stockage, y compris dans les ports, et les stocks nationaux avaient atteint environ 5,8 millions de tonnes début mai, a déclaré à Reuters Sahat Sinaga, directeur exécutif de l’Association indonésienne de l’industrie de l’huile végétale. Les entreprises de plantation avaient commencé à allonger les intervalles de récolte en raison de l’incertitude des ventes de leurs produits, tandis que les petits agriculteurs faisaient la queue pendant des jours dans les moulins à huile de palme pour essayer de vendre leurs fruits.

RIZ

Le riz fait toujours exception dans un contexte de hausse des prix alimentaires. Tant en Inde qu’en Thaïlande, les prix sont en retrait et demeurent inchangés au Vietnam.

En Inde, le riz étuvé 5% a à nouveau chuté $351- $ 356 la tonne contre $357- $361 la semaine dernière. Une baisse imputable à la pression d’une offre intérieure abondante et à la chute de la roupie, qui a atteint un plus bas historique à 77,79 contre le dollar cette semaine. “Le gouvernement libère de plus en plus de riz pour nourrir les pauvres. La libération a exercé une pression sur les prix locaux”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, Andhra Pradesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés à $415- $420 la tonne dans un contexte d’une activité commerciale faible. Les données d’expédition préliminaires ont montré que 306 870 tonnes de riz devaient être chargées au port de Ho Chi Minh-Ville du 1er mai au 24 mai, la majeure partie étant destinée aux Philippines, à l’Afrique et à Cuba.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont chuté à $430- $445 la tonne contre $450 $ la semaine dernière. Les commerçants basés à Bangkok ont ​​déclaré que les marchés étaient en grande partie silencieux depuis la semaine dernière et que la faiblesse du baht avait rendu les prix à l’exportation attractifs.

Le pays a exporté 1,74 million de tonnes de riz  entre janvier et mars, en hausse de 48,5% par rapport à la même période l’an dernier, selon les données du ministère thaïlandais du Commerce.

Le Bangladesh n’a pas l’intention d’importer du riz cette année, a déclaré un responsable du ministère de l’Alimentation, malgré une nouvelle hausse des prix intérieurs cette semaine. “Nous avons de bons stocks et de bonnes récoltes cette fois-ci et nous espérons que notre objectif d’approvisionnement local sera atteint. Il n’est pas prévu d’importer du riz”, a déclaré le responsable.

SUCRE

Après avoir franchi la barre des 20 cents pour grimper mardi à 20,24 cents, son prix le plus élevé depuis un mois, la livre (lb) de sucre blanc est redescendu pour clôturer hier soir à new York à 19,77 cents sur l’échéance juillet. Il était à 19,17 cents vendredi dernier. En revanche, le blanc a caracolé à Londres pour terminer à $ 551,80 la tonne hier soir sur août, parti de $ 535,70 en fin de semaine dernière.

C’est encore l’Inde qui a fait en grande partie l’actualité cette semaine. En effet, les cours du sucre auraient été influencés à la hausse par ceux des céréales qui sont montés en flèche après que New Delhi ait annoncé interdire l’exportation de blé. En effet, la hausse du blé peut booster le prix de l’éthanol ce qui conduirait à consacrer davantage de canne à la fabrication du carburant plutôt que de l’édulcorant.

En outre, l’Indian Sugar Mills Association a annoncé hier que les raffineries ont déjà signé des contrats pour exporter 8,5 Mt sur la campagne 2021/22 et sans subventions de l’Etat, 7,1 Mt étant déjà expédiées depuis le début de la campagne le 1er octobre dernier. A ce jour, les raffineries auraient déjà produit 34,88 Mt contre 30,48 Mt à pareille époque l’année dernière. L’Inde prévoit d’introduire 20% d’éthanol dans ses mélanges avec l’essence dans certaines parties du pays à partir d’avril 2023, selon des informations recueillies par Reuters.

Quant au Brésil, la qualité de la canne varierait considérablement d’une région à l’autre, les estimations des volumes dans le centre-sud étant en baisse.

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