L’Arabica et le Brésil domineront la campagne café 2016/17, selon l’USDA

Une campagne caféière plantureuse s'annonce pour 2016/17 (octobre/septembre), souligne le Département américain de l'Agriculture (USDA) qui a livré ses premières prévisions pour la campagne à venir dans son rapport semestriel Coffee : World Markets and Trade publié vendredi. Du moins pour l'Arabica.

La production mondiale de café s'annonce en hausse de 2,4 millions de sacs de 60 kg (Ms) par rapport à 2015/16, pour atteindre 155,7 Ms. Face à cela, l'USDA entrevoit une consommation record, de l'ordre de 150,8 Ms. La campagne à venir s'annonce donc excédentaire même si on devrait beaucoup puiser dans les stocks mondiaux, selon l'USDA, stocks qui devraient chuter, en fin de campagne, à leurs plus faibles niveaux en 4 ans. Les exportations mondiales seraient en baisse par rapport à leurs niveaux records de 2015/16, à cause du Robusta.

Le Brésil, à lui seul, qui produit de l'Arabica et du Robusta, devrait enregistrer une production caféière totale de 56 Ms, en hausse de 6,6 Ms. Ceci dit, étant donné la faiblesse de ses stocks de début de campagne 2016/17, ses exportations totales (production+stocks) de café (Arabica+Robusta) devraient baisser de 700 000 sacs par rapport à 2015/16, à 32 Ms.

Le Brésil, performer sur l'Arabica

Cette performance du café attendue par l'USDA en 2016/17 est due à l'Arabica dont la part de marché face au Robusta reviendrait aux  60% après 5 années en dessous de ce seuil. Et au sein des Arabica, c'est le Brésil qui serait le véritable performer avec une production d'Arabica qui ferait un bond de 7,8 Ms, à un record de 43,9 Ms. En effet, souligne l'USDA, une bonne floraison de septembre à novembre 2015 a été suivie d'une météorologie très propice dans les deux Etats principaux de production (80%) d'Arabica, Minas Gerais et Sao Paulo.

En revanche, on s'attend à de très fortes pluies en Colombie fin 2016, ce qui conduit l'USDA a estimé la production colombienne en baisse de 300 000 sacs par rapport à la campagne précédente, à 13,3 Ms. Ceci dit, les exportations, notamment vers les Etats-Unis et l'Europe, devraient augmenter de 100 000 t, à 11,5 Ms.

L'Amérique centrale et le Mexique (15% de la production mondiale d'Arabica) continuent de se redresser des méfaits de la maladie de la rouille, avec une hausse anticipée de 400 000 sacs à 15,9 Ms,  même si la production n'a pas retrouvé ses anciens seuils. Les exportations seraient en hausse de 300 000 sacs, à 13,3 Ms. En réalité, la bonne performance centro-américaine est quasi-exclusivement due au Honduras qui a entièrement renouvelé son verger avec des caféiers résistants à la maladie, ce qui lui permettrait d'atteindre un record de 6,1 Ms en 2016/17. Le Nicaragua serait aussi en hausse de 100 000 sacs à 2,1 Ms, mais le Costa Rica, le Salvador, Guatemala et Mexique stagneraient à 1,4 Ms, 525 000 sacs, 3,4 Ms et 2,3 Ms respectivement.

L'Ethiopie demeure stable à ses niveaux enregistrés ces 5 dernières années, à 6,5 Ms, les exportations étant estimées à 3,5 Ms, le reste étant consommé localement. Le Kenya serait en hausse de 50 000 sacs, à 700 000 sacs.

Le Robusta en berne

Les trois premiers producteurs de Robusta au monde ­ -Brésil, Vietnam, Indonésie- enregistreraient des baisses sur la campagne 2016/17, estiment l'USDA.

La production au Vietnam baisserait de 3 Ms à 27,3 Ms, des températures élevées et la sécheresse entre janvier et avril ayant impacté les rendements. Les exportations baisseraient de 850 000 sacs, à 25,2 Ms, avec des stocks de fin de campagne en réduction de 2,2 Ms à 3,5 Ms.

Au Brésil, la production de Robusta chuterait de 1,2 Ms, touchant son plus faible niveau en 7 ans, à 12,1 Ms. Les températures au-dessus de la moyenne et des périodes prolongées de sécheresse, limitant le recours à l'irrigation, dans le principal Etat producteur de Robusta, Espirito Santo, en sont les raisons principales.

En Ouganda, l'USDA entrevoit une production en baisse de 600 000 sacs, à 3 Ms, retrouvant son niveau de 2013/14, tandis que la Côte d'Ivoire grimperait de 100 000 sacs à 1,7 Ms. Le Cameroun demeurerait stable à 575 000 sacs.

Des performances anticipées en berne aussi pour les mixtes

La culture du Robusta dans le Sud de Sumatra et à Java, en Indonésie, a été affectée par la sécheresse liée à El Niño, contrairement à la production, moindre, d'Arabica située au Nord de Sumatra. La production globale serait en baisse de 1,8 Ms à 10 Ms. L'USDA anticipe également une baisse des exportations de l'ordre de 1,9 Ms, à 6,1 Ms étant donné les disponibilités restreintes.

De culture caféière mixte également, l'Inde enregistrerait, cette campagne encore, un glissement de 100 000 sacs de sa production de café, à 5,2 Ms, les exportations devant baisser davantage, de 200 000 sacs, à 3,6 Ms.

En Tanzanie, la production baisserait à 1,05 Ms selon l'USDA contre 1,25 Ms en 2015/16. En revanche, si Madagascar ne devrait pas retrouver ses niveaux de 2014/15 et d'avant (environ 500 000 sacs), sa production se redresserait à 425 000 sacs,  après être tombée à 255 000 sacs en 2014/15.

Des consommations européenne et nord-américaine en hausse

Les importations de l'Union européenne (40% de la consommation mondiale) sont estimées baisser de 500 000 sacs en 2016/17, à 44,5 Ms alors que sa consommation augmenterait de 800 000 sacs à 43,0 Ms. Aussi, ses stocks de fin de campagne glisseraient légèrement à 11,8 Ms.

Côté Etats-Unis, les importations demeureraient stables, à 24,6 Ms, mais leur consommation augmenterait de 400 000 sacs à 25,2 Ms. Là aussi, les stocks de fin de campagne seraient en baisse à 5,8 Ms, estime l'USDA.