Les plantations de caoutchouc menacent les forêts tropicales en Afrique de l’Ouest et du Centre

 Les plantations de caoutchouc menacent les forêts tropicales en Afrique de l’Ouest et du Centre
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En publiant le rapport Rubber Out – How European rubber imports and financing have driven the destruction of climate-critacal forests in West an Central Africa,  l’ONG Global Witness veut faire pression sur les législateurs européens pour qu’ils intègrent dans leur future loi pour lutter contre la déforestation importée le caoutchouc, pour l’instant exclu. En effet, dans  projet de réglementation pour lutter contre la déforestation sont  aujourd’hui concernés le bois, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja et la viande de bœuf ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat et les meubles (Lire : Huile de palme, bois, cacao, café, soja, viande de bœuf : l’UE renforce son contrôle sur la déforestation).

Quel est le constat ? Global Witness a cartographié 40 plantations industrielles de caoutchouc dans six producteurs de caoutchouc – le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Libéria et le Nigéria – en utilisant les données satellitaires de Landsat et Sentinel pour mesurer la superficie de forêt convertie en plantations de caoutchouc sur une période de  20 ans de 2000 à 2020. Depuis 2020, les plantations industrielles d’hévéa auraient contribué à près 52 000 hectares de déforestation. Les écosystèmes perdus vont des réserves forestières d’Afrique de l’Ouest aux forêts anciennes forêts équatoriales du bassin du Congo. Un résultat, surement sous-estimé, car ne prenant en compte que les plantations industrielles et faisant donc abstraction des petits exploitants, souligne l’ONG.

Global Witness tient l’Europe en partie responsable de cette déforestation en Afrique de l’Ouest et du Centre pour deux raisons principales. Premièrement via le commerce, l’UE important plus de 30% des exportations de caoutchouc des principaux producteurs africains.  Les importations de caoutchouc de l’UE représentent en valeur plus de 12 fois les importations d’huile de palme de la région souligne l’ONG. Ainsi, en 2020, selon les données de l’Observatory of Economic Complexty , l’UE aurait importé d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour $503 millions de caoutchouc naturel contre seulement $39 millions pour l’huile de palme.  Or, l’huile de palme d’Afrique, qui est très peu exportée si ce n’est dans la sous région, figure dans le projet de loi européen sur la déforestation importée.

Deuxièmement via le financement, les banques concédant des crédits bancaires aux  trois principaux groupes internationaux présents dans cette région à savoir les singapouriens Olam et Halcyon Agri et la société bego-française côtée au Luxembourg, Socfin. Ainsi,  indique Global Witness, entre 2016 et 2020, Olam  a conclu des accords de crédit d’une valeur de plus d’un milliard de dollars avec Rabobank des Pays-Bas et $768 millions le français BNP Paribas. En 2020, Deutsche Bank a accordé un prêt « durable » d’une valeur allant jusqu’à $75 millions de dollars à Halcyon Agri ajoute l’ONG.

Alors que l’industrie du caoutchouc est de plus en plus consciente de la nécessité de prendre en compte la durabilité, de supprimer la déforestation et d’assurer une transparence de la chaîne de valeur, une première brèche en janvier dernier peut laisser à penser que le caoutchouc pourrait être intégré dans le projet de loi européen. En effet, lors des réunions informelles des ministres européens de l’Environnement dans le cadre de la présidence française du conseil de l’Union européenne (UE), les ministres ont décidé que sera débattue dans les prochaines semaines « la question de l’extension du champ du règlement à d’autres produits de base, tels que l’hévéa » (Lire : Le caoutchouc bientôt sur la liste de surveillance de l’Union européenne).

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