Le Nigeria, ce géant agricole pourtant hors radar des marchés mondiaux

 Le Nigeria, ce géant agricole pourtant hors radar des marchés mondiaux
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Le Nigeria tient un premier rang mondial en matière de production d’igname (38 millions de tonnes -Mt- en 2016 sur un total mondial de 66 Mt selon la FAO), de manioc (54 Mt sur 277 Mt mondial), de karité (330 000 t sur 680 800 t), de ‘cacaoyam’ (3,4 t), de sorgho (6,9 Mt sur 64 Mt), de kola (138 000 t sur 274 700t), etc.. Pourtant, le Nigeria n’apparait pas sur l’écran radar des marchés mondiaux. Pourquoi ? Car le Nigeria n’est pas reconnu comme un pays exportateur de ces produits, a expliqué Obiora Madu, directeur général de l’académie d’enseignement nigérian Multimix, lors d’un atelier qui s’est tenu à Ibadan début novembre sur la promotion des exportations non-pétrolières dans le sud-ouest du pays.

 

Le pays manque de centres de conditionnement car la chaîne de froid pour l’exportation de denrées périssables est inexistante. Tout  ceci ne rend guère “crédible” les exportations de ce type de denrée à partir du Nigeria, surtout pour des marchés internationaux très sensibles aux bonnes conditions tout au long de la chaîne de valeur, traçabilité à l’appui.

 

C’est pourquoi, poursuit-il, les opérateurs nigérians préfèrent passer par le Ghana pour expédier à l’international. D’ailleurs, a-t-il rappelé, lorsque le Nigeria a édicté une politique de change restrictive, nombre d’opérateurs à l’export ont ouvert des comptes bancaires dans les pays voisins.

 

A cause de notre réputation nationale, les gens ne croiront jamais que nous pouvons faire les choses correctement. C’est pourquoi les gens transportent leurs marchandises vers le Ghana, dont l’igname, les noix et le beurre de karité.”

 

L’African Growth and Opportunity Act, Agoa, a près de 30 ans et 6 500 produits peuvent entrer aux Etats-Unis, sans droits de douane, sans quotas et nous n’avons pas été capables de saisir cette opportunité.” Le professeur suggère une approche holistique de la question. Abolir les Produce Boards -les Caisses- a signé l’arrêt de mort de l’agroindustrie. Peut-être peut-on y remédier.

 

D’autre part, il a expliqué à Vanguard Maritime Report que la plupart des statistiques agricoles d’exportation provenaient de la FAO et non du Bureau nationale des statistiques qui ne parvient pas à connaitre les volumes exportés chaque année du pays.

 

Et l’universitaire de saluer la stratégie “Zero-Oil Plan” pour booster l’exportation de produits non pétroliers comme moteur de la croissance économique, même si le Nigeria a encore quelque 40 années de réserve de brut. Car, a-t-il rappelé, il ne faut pas se leurrer : l’arrivée des énergies renouvelables, des voitures électriques, etc. à l’échelle mondiale va considérablement réduire le poids du pétrole sur les marchés internationaux.

 

Il a également rappelé  le Special Purpose Entity for Transformational Export Project (S.T.E.P) mis en place en 2016 par le Nigerian Export Process Council (NEPC) avec pour objectif de désigner dans chaque Etat du pays des produits agricoles auxquels il faut accorder la priorité en raison de leur avantage comparatif. On peut alors fixer des objectifs nationaux de production afin d’atteindre les objectifs de diversification économique.

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