Le torchon brûle entre Abidjan-Accra et les multinationales du cacao

 Le torchon brûle entre Abidjan-Accra et les multinationales du cacao
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En marge de la réunion virtuelle (elle était prévue initialement à Bogota en Colombie) des partenaires de la Fondation mondiale du cacao (WCF) qui s’est tenue hier et avant-hier, le patron du Cocobod du Ghana, Joseph Aidoo, a haussé le ton.

La raison de ce « coup de gueule » ? Les grands groupes ont officiellement accepté le différentiel de revenu décent (« LID » en anglais) de $ 400 la tonne de fèves sortant de Côte d‘Ivoire et du Ghana à compter du 1er octobre, mais feraient tout, en fait, pour éviter de le payer et saper le mécanisme (lire nos informations : Nouvelle pression de la Côte d’Ivoire et du Ghana sur le marché du cacao ?). Par conséquent, pas question pour ces groupes de se targuer auprès des consommateurs de défendre la durabilité de la filière et le bien-être des planteurs et de leur faire payer plus cher du chocolat.

« Les marques (cacao/chocolat) ont ouvertement annoncé leur engagement au LID (mais) notre intelligence indique que certains déploient des stratagèmes pour le faire dérailler », déclare Joseph Aidoo. « Toute marque qui ne serait pas sérieuse dans son acceptation du LID à la mi-décembre 2020 doit considérer toutes les fèves provenant du Ghana et de Côte d’Ivoire comme étant conventionnelles. Nous sommes prêts à nommer et à faire honte à ces marques. »

L’industrie affirme sa bonne foi et son adhésion

Sur ce sujet, dans son adresse d’ouverture à la réunion mercredi, Richard Scobey, président de la WCF, a été clair : « L’industrie a toujours été très claire en ce qu’elle soutient la politique du différentiel de revenu décent que la Côte d‘Ivoire et le Ghana ont introduit en juillet 2019 comme faisant partie d’une stratégie pour relever le revenu des producteurs. Nos entreprises membres ont indépendamment et volontairement incorporés le LID dans leurs plans individuels d’approvisionnement pour la campagne 2020/21. »

« Le Conseil du Café Cacao et le Ghana Cocoa Board ont récemment fait part de certaines préoccupations concernant la baisse des achats de cacao et la mise en œuvre du LID au cours des derniers mois de la pandémie COVID », a-t-il poursuivi dans son discours. « Il ne fait aucun doute que nous sommes tous confrontés à un marché du cacao difficile. Plus que jamais, il est essentiel que l’industrie et les gouvernements s’engagent dans un dialogue constructif sur la manière de protéger les revenus des agriculteurs à un moment de réduction de la demande mondiale, d’incertitude continue sur le marché et d’un excédent de marché 2019/20 selon les dernières prévisions d’ICCO.”

Et Richard Scobey de rappeler qu’il n’y a pas le seul volet des producteurs dont il faut tenir compte dans ce dossier cacao. “”Ce sont des problèmes réels et complexes – nous devons nous rassembler et discuter dans les limites de la loi antitrust comment gérer le risque et la volatilité sur ce marché difficile, et comment nous pouvons maximiser le plus efficacement le revenu à long terme des agriculteurs.”

“Alors que nous nous concentrons sur l’augmentation des revenus des agriculteurs, nous devons également nous assurer que le cacao est cultivé de manière responsable. Comme le Conseil et le Cocobod l’ont déclaré il y a un an, lors de notre dernière réunion des partenairesà Berlin, « le LID et les programmes de développement durable coexisteraient et se compléteraient ».

Le LID et la durabilité se complètent

Nous continuons de croire que c’est la bonne approche. Le LID et les programmes de développement durable de l’entreprise sont à la fois essentiels et se renforcent mutuellement – les deux faces d’une même médaille. Nous ne pouvons pas garantir la durabilité à long terme du secteur sans que les agriculteurs ne reçoivent une rémunération équitable pour leur récolte. De même, une augmentation à long terme de la rémunération des agriculteurs doit provenir d’une production responsable de cacao, en accordant une attention particulière au travail des enfants, à la déforestation et à une gestion stable à long terme du côté de l’offre. »

Les programmes de développement durable des entreprises jouent un rôle essentiel pour augmenter les revenus des agriculteurs, garantir une chaîne d’approvisionnement responsable et accélérer la réalisation des objectifs de développement durable. Ces programmes aident directement près de 700 000 agriculteurs et leurs familles, soit environ 45% de tous les producteurs de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana », a encore déclaré Richard Scobey.

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