Lorsque Pékin énonce sa nouvelle politique agricole, le monde écoute

 Lorsque Pékin énonce sa nouvelle politique agricole, le monde écoute
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La nouvelle politique agricole d’un géant est toujours bon à souligner. Mardi, en publiant son premier “document central” de l’année, le gouvernement chinois a annoncé vouloir renforcer ses réformes du secteur agricole afin d’accroître la production -mais ne pas hésiter à importer si besoin auprès de partenaires diversifiés- et de développer l’économie rurale.

S’il est plutôt habituel pour Pékin de dédier son premier document de l’année à l’agriculture, les analystes décèlent dans le texte actuel une urgence particulière à adresser ce défi rural et agricole, dans un contexte de  guerre commerciale avec les Etats-Unis dont on ne voit pas le bout, et d’une croissance économique chinoise qui est au plus bas en 28 ans. Il en va de la croissance économique mais aussi de la paix sociale, notamment dans les campagnes.

“Face à la situation compliquée d’une pression croissante sur la croissance économique et des changements profonds du contexte extérieur, il est d’une importance toute spéciale de faire du bon travail dans les secteurs agricoles et ruraux”, souligne le gouvernement dans ce document émis par le Conseil d’Etat et publié par l’agence Xinhua.

Cette volonté politique affirmée n’est pas la première. Déjà, en 2017, il avait été annoncé une stratégie de rajeunissement rural afin d’améliorer les niveaux et conditions de vie dans les campagnes.

Concrètement, le document stratégique met l’accent sur le développement du lait et des cultures céréalières notamment le soja et le colza, une orientation en phase avec la politique menée ces dernières années de réduire le soutien au maïs dont les stocks nationaux sont très élevés, pour accroître la culture d’oléagineux. Rappelons que la Chine est le premier importateur mondial de soja et entend renverser cette situation : il en produit environ 16 millions de tonnes (Mt) alors que sa demande atteint 110 Mt et donc importe 90% de ses besoins. Pékin veut stabiliser les superficies dédiées aux céréales. Il entend aussi optimisée la structure agricole afin d’accroître la production de produits bio dont il n’y a pas assez actuellement.

Des filières agro-industrielles recevront un appui particulier, notamment le secteur laitier, les graines oléagineuses, le sucre et le coton.

Le document met l’accent sur la volonté de développer les technologies agricoles et l’innovation, ainsi que l’agriculture intelligente et les intrants non chimiques, l’utilisation d’engrais et de pesticides devant être réduite, déclare le gouvernement.

Le gouvernement déclare aussi vouloir accélérer la mise en place d’un nouveau système de subvention agricole, de renforcer les contrôles sur le commerce frauduleux des produits agricoles, mais aussi de s’attaquer au dossier de la pollution rurale et de promouvoir le recyclage des déchets agricoles comme le fumier.

Un document très pragmatique, souligne Jian Shawei, rédacteur en chef du site cngrain.com basé dans la province de Henan. Il témoigne de la détermination du gouvernement central de stimuler les productions locales sans se fermer à l’international, tant pour le commerce que pour les investissements dans l’agriculture en Chine. Notons que déjà, le 1er février, avait été publié un projet de document à l’attention des investisseurs étrangers encourageant ces derniers à agir dans plusieurs secteurs, dont l’agriculture moderne, une politique particulièrement appuyée depuis deux ans maintenant à Pékin. Le moyen pour accélérer la modernisation agricole en Chine, dans un cadre durable et qualitatif, souligne notre confrère.

 

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