Charles Michel, UE : ” Cette guerre, une grenade à sous-munitions dégoupillée contre la sécurité alimentaire mondiale”

 Charles Michel, UE : ” Cette guerre, une grenade à sous-munitions dégoupillée contre la sécurité alimentaire mondiale”
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Après avoir évoqué la multiplication des initiatives de la Banque africaine de développement (BAD) à l’égard des crises alimentaire et agricole de l’Afrique (lire notamment nos informations d’hier et avant-hier : La sécurité alimentaire et l’agriculture, priorités de la BAD et L’Agro Pocket du Nigeria reçoit $ 134 millions de la BAD, l’urgence alimentaire progressant), la récente actualité au sein de l’Union africaine (UA) remonte encore d’un cran l’impérieuse nécessité d’agir.

Dimanche, Macky Sall, président de l’UA, s’indignait du paradixe africain bien connu : le continent détient 60% des terres arables, d’importantes ressources hydriques et une abondante main d’œuvre productive. Pourtant il est le plus vulnérable en matière de sécurité alimentaire, a-t-il rappelé, avant de résumer les efforts en cours : « En plus des efforts nationaux, il y a aujourd’hui trois initiatives sur l’agriculture pour la sécurité alimentaire en Afrique : celle de la BAD avec le Plan africain d’urgence pour la production alimentaire dotée de 1,5 milliard de dollars ; l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission) pilotée par la France, et la Global Alliance for Food Security lancée par l’Allemagne. »

S’agissant de l’Europe, le président du Conseil européen Charles Michel, a longuement évoqué lundi, lors de la réunion semestrielle de coordinationde l’UA,  l’impact de la guerre et de la crise économique sur les marchés agricoles et alimentaires africains, lançant des projets d’envergure. Nous reprenons ci-dessous des extraits de son discours.

« Les peuples africains, et c’est injuste, sont aussi des victimes directes de ce conflit (russo-ukrainien, Ndlr]. En vérité, par cette guerre, une grenade à sous-munitions a été dégoupillée contre la sécurité alimentaire mondiale. Les faits sont têtus, ce sont des navires de guerre qui bloquent l’accès à la mer Noire pour le transport des produits agricoles venant par exemple d’Ukraine ou pour les fertilisants. Ce sont des champs de blé transformés en champs de bataille par des chars et par des mines. Ce sont des vols de produits agricoles et de destruction d’infrastructures qui sont la cause directe de cette crise alimentaire qui s’aggrave sous nos yeux. Et je veux le dire avec solennité: l’Union européenne n’a imposé aucune sanction contre les produits agricoles ou contre les engrais russes. Je le dis aussi avec la même solennité: l’Union européenne travaille d’arrache-pied pour calibrer nos décisions afin d’éviter les effets négatifs que nous ne voulons absolument pas.

« D’abord, nous sommes engagés pour mobiliser de l’aide urgente, humanitaire en direction des populations vulnérables. Laissez-moi être concret avec vous. Plus d’un milliard d’euros dans les régions du Sahel et du lac Tchad; 600 millions d’euros pour la Corne de l’Afrique; 225 millions pour aider nos partenaires en Afrique du Nord, et nous venons d’annoncer 600 millions d’euros supplémentaires pour l’ensemble des pays de la région Afrique, Caraïbes et du Pacifique. C’est un premier point.

 « Deuxième élément: […] Peut-être devons-nous nous laisser inspirer par la réussite des projets que nous avons portés ensemble en termes de production de vaccins sur le sol africain, afin d’agir et de redoubler d’efforts pour soutenir la production agricole en Afrique et pour faire en sorte que l’accès aux intrants, y compris de fertilisants, soit une réalité. C’est sur ce sujet que je pense que nous devrions pouvoir nous mettre à table immédiatement, faire preuve de leadership partagé pour transformer cette idée, si vous le voulez, en projet opérationnel concret qui pourrait être exemplaire, qui pourrait participer à répondre à ce défi auquel nous sommes confrontés. La souveraineté agricole de l’Afrique et l’intérêt de l’Afrique, c’est aussi l’intérêt de l’Union européenne. Je voudrais dire à Macky Sall, il le sait, que lorsqu’il mentionnait il y a quelques jours ces chiffres frappants selon lesquels l’Afrique utilise près de huit fois moins de fertilisants à l’hectare que l’Union européenne, ce sont des chiffres qui doivent nous amener à méditer, particulièrement sur le plan européen.

« Troisième élément bien sûr, nous sommes engagés pour soutenir les initiatives internationales dans le cadre du G7. Nous devons aussi soutenir ce projet porté par la présidence française de l’Union européenne, le projet FARM, qui mobilise des capacités concrètes, vous le savez, d’agir ensemble.

« Enfin et surtout, je veux le dire ici également, nous sommes totalement derrière les efforts portés par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, afin, le plus vite possible, d’ouvrir des corridors maritimes au travers de la mer Noire pour permettre enfin le plus vite possible d’exporter ces millions de tonnes de blé, de céréales, de grains qui sont bloqués en Ukraine et en Russie, pour permettre de libérer aussi la capacité de restaurer les chaînes d’approvisionnement qui sont nécessaires, notamment pour les fertilisants.»

 

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