La Chronique Matières premières agricoles au 20 décembre 2018

 La Chronique Matières premières agricoles au 20 décembre 2018
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C’est notre dernière chronique de l’année. Nous vous souhaitons de très belles fêtes de fin d’année. 

Nous vous retrouverons le 2 janvier 2019. 

 

Les bourses européennes terminent ce soir au plus bas en deux ans, Wall Street reculant aussi suite à la déclaration de la Réserve fédérale américaine qu’elle maintiendrait une politique de hausse des taux, même si le rythme devrait être moins soutenu que cette année, et ce en dépit des incertitudes sur les croissances américaine et mondiale. Le dollar est ainsi tombé à son plus bas en un mois face à un panier de monnaies de référence. Cette perspective de ralentissement de l’économie mondiale pèse sur les cours du pétrole : le brut léger américain, autour de $ 46 le baril, est à son plus faible prix depuis août 2017, et le Brent, à $ 55, est lui aussi au plus bas en 15 mois.

 

CACAO CAFÉCAOUTCHOUC COTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

 

CACAO

Si la séance d’hier à Londres a été très mauvaise pour le cacao, la tonne chutant de £ 35 pour clôturer à £ 1 674, elle n’est pas parvenue à effacer la très belle performance de la veille, la fève ayant été alors stimulée par la faiblesse de la livre sterling par rapport à un panier de monnaie et des achats de fonds d’investissement qui ont laissé les “charts” guidés leur politique. En définitive, depuis vendredi, le cacao s’est hissé pour clôturer hier soir à £ 1 685 la tonne partie de £ 1 665 vendredi dernier. Quant à New York, elle a terminé à $ 2 271 parti de $ 2237 en fin de semaine dernière.

Côté pays producteurs, on s’inquiète en Afrique de l’Ouest de l’harmattan, le vent asséchant les cacaoyers. En outre, on commence à ressentir un ralentissement des arrivages aux ports qui , certes, demeurent beaucoup plus élevés que l’année dernière à pareille époque; ce ralentissement soutient les prix. Au 16 décembre, et depuis le 1er octobre, démarrage de la campagne 2018/19, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 863 000 t, en hausse de 26% sur la même période en 2017/18, estiment les exportateurs interrogés par Reuters.

CAFÉ

Après 13 sessions consécutives de baisse du cours à Londres, le Robusta s’est ressaisi cette semaine, clôturant hier soir à $ 1 524 la tonne. Vendredi dernier, en chutant à $ 1 468, le contrat était tombé à son plus bas depuis le 4 septembre. Quant à l’Arabica, il a touché mardi son plus faible niveau en 3 mois, à 99,20 cents la livre (lb), ployant sous les disponibilités record au Brésil. Il s’est ressaisi depuis lors, clôturant hier soir à $ 1,025 la livre (lb) contre 1,0225 la livre (lb) en fin de semaine dernière.

Le marché est lourd. Et pour cause. Lundi, le Département américain de l’agriculture (USDA) a estimé que la récolte mondiale 2018/19 atteindrait un record de 174,5 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit en nette hausse par rapport à ses précédentes prévisions de 171,2 Ms. Une offre largement supérieure à la consommation mondiale, même si celle-ci est estimée atteindre aussi un record de 163,6 Ms cette campagne. Toujours selon l’USDA, la production au Brésil toucherait le niveau le plus élevé de son histoire, à 63,4 Ms, comme le Vietnam, n°2 mondial et n°1 du Robusta, à 30,4 Ms. Lors de ses précédentes estimations en juin, l’USDA avait envisagé le Brésil à 63,2 Ms et le Vietnam à 29,9 Ms. L’excédent caféier mondial prévu pour cette campagne est du jamais vu.

Au Brésil, le consultant Safras & Mercados a révisé de 5% ses estimations précédentes de récolte 2018/19au Brésil, à 63,7 Ms.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, le café a connu un léger rebond. Les producteurs ont vendu aux alentours de 32 600 à 33 500 dongs le kilo contre 31 600 à 32 400 dongs la semaine dernière. Cette hausse, selon les analystes, serait due à ce que les prix était tombés vraiment trop bas. Quant au traders, ils ont vendu avec une décote de $ 40 à $ 50 la tonne par rapport au marché de Londres alors qu’elle avait atteint $ 80 à $ 85 la semaine dernière.

En Côte d’Ivoire, la campagne 2018/19 s’ouvre lundi 24 décembre, avec un prix garanti au planteur revu à la baisse de FCFA 50, à FCFA 700 le kilo. Ceci dit, le prix correspond à 79% du prix CAF contre 65,53% lors de la campagne précédente. (Lire nos informations). A noter que le Conseil du café cacao (CCC) aurait, quant à lui, proposé un prix à FCFA 533 le kilo, rapporte la presse. Pour la campagne 2017/18, au 9 décembre, les arrivages de café ont totalisé 123 924 t, en hausse de 305 % par rapport à 2016/17.

Côté industrie, Nestlé va investir $ 154 millions dans une unité de transformation de café au Mexique, dans l’Etat de Veracruz. Une usine qui devrait être équipée des toutes dernières technologies et qui transformera 20 000 t de grains par an

CAOUTCHOUC

Fort rebond sur le marché international du caoutchouc cette semaine. Jeudi, les cours sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont grimpé de près 2% pour clôturer à 174,3 yens ($1,56) le kilo, contre 168,6 yens le kilo vendredi dernier. Le marché de Shanghai achève aussi la semaine en hausse mais de bien moindre ampleur à 11 490 yuans ($1666) la tonne, contre 11 490 yuans. En dépit de la baisse des bourses en Asie, de la faiblesse des prix du pétrole et du renforcement du yen face au dollar, les cours du caoutchouc se sont redressés en raison de la perspective d’un resserrement des approvisionnements à Tokyo et de l’espoir que les plus grands producteurs de caoutchouc parviennent à un accord sur des mesures pour soutenir les prix. En effet, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie, qui composent le Conseil tripartite international du caoutchouc (ITRC), se réuniront avant la fin de l’année pour finaliser les mesures visant à améliorer le marché, qui seront mises en œuvre au début de 2019, a déclaré le Conseil dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion les 12 et 13 décembre en Malaisie.

Au Gabon, les résultats de Siat Gabon sont en baisse sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2017. La production de caoutchouc humaine en fond de tasse a reculé de 5,3% à 18 576,4 tonnes et celle de caoutchouc usiné de 0,7% à 10 312,8 tonnes. Les exportations de caoutchouc usiné reculent de 14% à 9 325,5 tonnes. Au niveau du chiffre d’affaires, il chute de 38,4% à FCFA 7 182,2 millions.

En Inde, le gouvernement a pris une série de mesure pour tenter de soutenir les producteurs de caoutchouc naturel. Afin de réglementer les importations de caoutchouc, le gouvernement a augmenté les droits d’importations de caoutchouc sec, qui sont passés de 20% à 25% par kilo, et a réduit la période d’utilisation du caoutchouc sec importé de 18 à 6 mois dans le cadre d’un système de licences/autorisations préalables. En outre, depuis le 20 janvier 2016, le directeur général du commerce extérieur (DGFT) a imposé des restrictions portuaires à l’importation de caoutchouc naturel en limitant l’entrée du port à Chennai et à Nhava Sheva (port de Jawaharlal Nehru). Enfin, un programme d’incitation à la production est en cours de mise en œuvre dans le principal État producteur, le Kerala, afin de fournir un soutien financier aux producteurs de caoutchouc, en vertu duquel la différence entre le prix de référence de 150 roupies le kilo et le prix quotidien de marché est portée au crédit du compte bancaire de l’agriculteur directement sur la base des factures d’achat.

COTON

Le marché du coton fait grise mine cette semaine accusant quatre séances consécutives de baisse pour clôturer jeudi à 75,06 cents la livre contre 79,60 cents la livre vendredi dernier. L’environnement extérieur – le repli des marchés pétrolier et boursier, des inquiétudes sur le ralentissement de l’économie mondiale – a pesé sur le marché. En outre, la reprise des importations de soja de la Chine en provenance des Etats-Unis après la trêve commerciale avait suscité quelque espoir pour une hausse de la demande chinoise en coton qui ne s’est pas concrétisée pour l’instant.

Dans son dernier rapport le Comité consultatif international du coton (CCIC/ICAC) affirme que pour la première fois depuis 2015/16, la production mondiale de coton devrait diminuer, les hausses en Chine, Brésil, Afrique de l’Ouest, Turquie et Ouzbékistan ne compensant pas les baisses aux Etats-Unis, en Inde, en Australe et au Pakistan. La consommation devrait légèrement baissée mais demeurée supérieure à la production. Ainsi, les stocks devraient à nouveau diminuer, une baisse surtout imputable à la Chine, dont le niveau serait le plus bas depuis 2011/12.

De son côté, Cotlook a réduit en décembre ses prévisions de consommation mondiale de 464 000 tonnes, surtout en Chine et en Inde, et de celles de production mondiale de 77 000 tonnes. Ainsi, les stocks mondiaux ne se réduiraient que de 433 000 tonnes, contre 820 000 tonnes prévues en novembre.

Au Bénin, la Banque africaine du développement (BAD) a accordé un prêt de €163 millions au pays pour financer l’aménagement de la principale route cotonnière Djougou-Pehonco-Kérou-Banikoara (cf. nos informations).

En Inde, le département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse son estimation de la production de coton en 2018/19, compte tenu des pluies irrégulières dans les Etats producteurs du Gujarat et du Maharashtra, à 27,8 millions de balles (480 lb) pour une superficie de 12,35 millions d’hectares avec un rendement de 490 kilos par ha. En revanche, l’USDA anticipe une forte croissance de la consommation à 25,3 millions de balles.

HUILE DE PALME

Semaine plutôt haussière pour l’huile de palme, après un gain de hebdomadaire de 3,5% la semaine dernière. Les cours ont clôturé jeudi sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 2 103 ringgits ($504,109) la tonne contre 2 068 ringgits la tonne vendredi dernier. Une impulsion surtout dictée par la vigueur du soja avec la reprise des exportations américaines vers la Chine. Mais le soja a joué alternativement à la hausse et la baisse. En outre, la faiblesse des prix du pétrole n’est pas favorable au marché de l’huile de palme.

En Malaisie, les exportations sur les 15 premiers jours de décembre ont baissé de 4,7% selon AmSpec Agri Malaysia et ITS mais augmenté de 7,5% selon SGS. “Les exportations en décembre pourraient augmenter en raison de la demande pour le Nouvel An lunaire chinois, mais je ne suis pas sûr que la Chine achète davantage d’huile de palme brute en raison du temps froid”, a indiqué un négociant.

L’AELE, regroupant la Suisse, le Liechtenstein, Islande et la Norvège, on signé avec l’Indonésie un accord de libre échange avec une mention particulière concernant l’huile de palme où les parties prenantes se sont entendues sur des contingents partiels et sur une réduction des droits de douane soutenable. En outre, la production et le commerce de l’huile de palme doivent être durables avec une mise en œuvre des accords environnementaux multilatéraux et des droits fondamentaux des travailleurs. Enfin, l’accord prévoit des dispositions concernant la promotion d’une exploitation durable des ressources forestières.

RIZ

Situation contrastée sur le marché à l’exportation du riz, en hausse en Inde et en baisse au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont atteint leur plus haut niveau depuis le 7 septembre à $375 -$382 la tonne cette semaine, l’Etat central du Chhattisgarh, l’un des principaux producteurs de riz, ayant relevé le prix minimum d’achat du paddy à 2 500 roupies pour 100 kg, contre 1 750 roupies plus tôt cette semaine. “Les importateurs ne sont pas prêts à payer un prix plus élevé. Les exportations vont probablement ralentir dans les mois à venir“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont baissé pour la cinquième semaine consécutive à $385 la tonne, l’activité étant restée en sourdine. “Les prix ont encore baissé parce que nous craignons que la décision de la Chine d’imposer des conditions plus strictes au riz vietnamien ait un impact à long terme“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Ajoutant, “Il n’est pas clair si la Chine achète plus au Cambodge et au Myanmar pour compenser la baisse éventuelle des expéditions en provenance du Vietnam.”

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont établis à $390-$391 la tonne contre $385-$393 la semaine dernière avec un marché toujours calme.

SUCRE

Le sucre roux a clôturé hier soir à New York à 12,43 cents la livre (lb), partir de 12,65 cents vendredi dernier. Quant au blanc, parti de $ 343 la tonne, il a terminé la période sous revue à $ 339,40.

Le sucre a subi cette semaine le marché du pétrole. Car, rappelons-le, un baril plus cher incite -le Brésil notamment- à utiliser davantage de canne pour fabriquer de l’éthanol plutôt que du sucre, ce qui pèse sur les cours mondiaux de ce dernier. Or, mardi, l’annonce de stocks en forte hausse et de prévisions de production américaine et russe également en croissance ont pesé sur les cours du pétrole, et ce d’autant plus qu’on s’attend à un ralentissement de la croissance et donc de la consommation mondiale. Et la baisse des cours du pétrole entraine avec lui, mécaniquement, celui du sucre.

Au Brésil, premier producteur et exportateur mondial de sucre, la production a été record en 2018, l’agence statistique gouvernementale Conab la chiffrant à 61,65 Mt. Ceci est 37% de plus que l’année précédente, une montée en spirale résultant de bonnes conditions météorologiques et de meilleures technologies à la disposition des agriculteurs.

En Inde, au 15 décembre, la production de sucre sur la campagne 2018/19 est de 2,1% plus élevé que sur la même période la campagne dernière, selon Indian Sugar Mills Association (Isma).

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