La Chonique Matières premières agricoles au 21 février 2019

 La Chonique Matières premières agricoles au 21 février 2019
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Les places financières hésitent car, d’une part les perspectives de l’économie mondiale demeurent préoccupantes avec la publication cette semaine d’indicateurs américains décevant, d’autre part, on espère que els banques centrales seront accommodantes et on espère un prochain accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Les devises hésitent aussi avec une légère progression hier soir du dollar face à un panier de monnaie, tandis que l’euro est resté stable à $ 1,333 . Quant à la livre sterling, elle bouge à peine,  le marché essayant de comprendre les derniers développements sur le Brexit. Les cours du brut baissent légèrement après l’annonce d’une augmentation plus forte qu’attendu des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

 

CACAO

C’était le plongeon à la clôture de Londres hier soir, avec une tonne de cacao à £ 1 733 contre £ 1 760 vendredi dernier. New York n’a fait guère mieux, clôturant à $ 2 275 la tonne contre $ 2 339 en fin de semaine dernière, semaine durant laquelle le cacao avait gagné 4,5%, sa deuxième semaine consécutive de hausse. En effet, malgré le sondage Reuters qui prévoit une augmentation des cours cette année (lire Les prix du cacao progresseraient à nouveau en 2019), le marché a réagi à la perspective d’une récolte attendue record en Côte d’Ivoire cette campagne,  à 2,2 Mt, ce qui risque de peser sur les prix (lire La Côte d’Ivoire, avec un record attendu à 2,2 Mt, ne se lasse pas du cacao).

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports ont atteint 1,442 Mt entre le 1er octobre et le 17 février, estiment les exportateurs, en hausse de 9% sur la même période l’année dernière. Ils avaient initialement estimé ces arrivages à 1,321 Mt entre le 1er octobre et le 10 février mais ont révisé à la hausse leurs chiffres lorsque le Conseil café-cacao (CCC) a publié les siens, officiels. Quant aux broyages, à fin janvier, ils ont atteint 182 000 t contre 168 000 t sur la même période la campagne dernière, a annoncé l’association des exportateurs, Gepex. Ainsi, sur le premier trimestre, ils ont totalisé 135 510 t contre 124 360 t au premier trimestre 2017/18. Ces chiffres du Gepex ne recouvrent que six des 12 industries locales, mais ce sont les grandes dont Barry Callebaut, Olam et Cargill. Rappelons que la capacité totale installée de broyages est de 712 000 t mais seulement 505 000 t l’ont été l’année dernière.

Au Ghana, des exportateurs et compteurs de cabosses, interrogés par Reuters, s’attendent à une récolte principale (octobre/mars) de 650 000 à 700 000 tonnes (t) et une récolte intermédiaire de 170 000 à 180 000 t, ce qui serait en baisse de 26% par rapport aux 250 000 t récoltées la dernière campagne intermédiaire. Les entreprises agréés -Licenced Buying Companies- ont acheté 675 000 t entre le 1er octobre, début de la campagne, et le 31 janvier, en hausse de 10% sur la même période la saison dernière. Ainsi, la campagne totale 2018/19 s’établirait entre 820 000 et 885 000 t contre 900 000 t en 2017/18. Ceci dit, ces prévisions ne sont pas partagés par tous, certains soulignant que la campagne principale, qui est bonne, pourrait compenser une éventuelle faiblesse de l’intermédiaire (lire Hausse de 11% de la récolte de cacao au Ghana).

Côté entreprise, le chocolatier gourmet belge Godiva, propriété de la holding turque Yildiz, vend une partie de son activité Asie-Pacifique au fonds d’investissement MBK Partners. Ceci comprend ses opérations au Japon, en Corée du Sud et en Australie, ainsi que l’unité de production en Belgique qui approvisionne ses marchés, a précisé mercredi à Reuters la directrice générale Annie Young-Scrivner. Elle n’a pas dévoilé le prix de la transaction mais elle est estimée atteindre entre $ 1 et $ 1,5 milliard. Cette vente permettra à Godiva de financer sa diversification, notamment le développement du nombre de ses cafés qui devrait passer des 20 actuels à 2 000 à travers le monde d’ici six ans. Rappelons que Yildiz avait acheté Godiva en 2007 pour $ 850 millions.

CAFE

Le Robusta a terminé hier soir à Londres en baisse par rapport à vendredi dernier, à $ 1 533 la tonne contre $ 1 555. Cette faiblesse a incité les producteurs vietnamiens cette semaine à faire de la rétention, alors que la récolte s’est achevée le mois dernier. L’Arabica n’a pas connu meilleur sort, repassant en dessous de la barre du dollar la livre (lb) hier soir et clôturant à 99,45 cents alors qu’il était à $ 1,0165 en fin de semaine dernière. Finalement, depuis le début de l’année, le prix du café oscille autour du dollar la livre.

L’offre mondiale surabondante continue de peser sur le marché, notamment provenant du Brésil dont, en outre, la monnaie est en baisse, ce qui accentue la compétitivité de son café et l’incite à exporter.

Au Brésil où les récentes pluies améliorent les perspectives de récolte qui démarre généralement en mai. Rappelons qu’en décembre et janvier, il a peu plu ce qui a fait craindre que la récolte -déjà dans l’année basse de son cycle végétal biennale- pourrait encore être réduite. Rappelons que l’année dernière, elle a atteint le record de 61 Ms, les autorités caféières s’attendant à une récolte entre 50,5 et 54,5 Ms cette année.

En Colombie, la Fédération du café en a appelé hier au gouvernement afin qu’il procède rapidement à des changements structurels pour venir en aide aux producteurs très impactés par la faiblesse des cours mondiaux. A $ 1 la livre de café sur le marché mondial, les producteurs ne parviennent pas à vivre, payer leurs dettes et, a fortiori, avoir recours à des intrants ou rénover leur verger, souligne-t-elle. Les prix intérieurs auraient baissé de 4,2% sur les deux premiers mois de l’année et les planteurs s’inquiètent car 45% de la production est déjà récoltée sur la première moitié de la campagne. A noter, cependant, que le gouvernement aurait déjà dépensé $ 13,5 millions pour remplacer les vieux caféiers, un engagement qu’il avait pris en mai dernier. Ces $ 13,5 millions correspondaient au remplacement de 235 millions d’arbres, soit 50 000 ha sur les 90 000 ha qui nécessitent de l’être. Rappelons qu’en 2018, la Colombie a produit 13,6 Ms d’Arabica lavé, en baisse de 4,5% sur l’année précédente à cause de fortes pluies et de prix en berne, peu incitatifs.

Cette semaine, les marchés asiatiques du Robusta étaient en berne. Nombre de producteurs au Vietnam ont préféré faire de la rétention plutôt que vendre leur café aux 32400-33300 dongs ($ 1,40-1,43) qui leur étaient proposés. La semaine dernière, ils ont vendu dans une fourchette allant de 32200-33400 dongs. Quant aux traders, ils ont offert du Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 50 par rapport au marché à terme de Londres, inchangé par rapport à la semaine dernière. D’autre part, la météo est bonne avec des pluies suffisantes dans la ceinture caféière des Central Highlands, certains arbres bourgeonnant déjà. En Indonésie, la récolte n’a pas encore démarré et il n’y a pas d’activité car pas de café. Certaines régions dans le sud de Sumatra démarrerait une mini récolte en avril.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont chuté jeudi après trois séances de hausse, les investisseurs prenant leur bénéfice tandis que le yen se raffermissait, rendant les actifs libellés en yen moins abordables. Sur la semaine, les cours sont toutefois en forte progression gagnant plus de 10 yens par kilo  sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) à 195,1 yens ($ 1,76) le kilo à la clôture jeudi contre 182,5 yens vendredi dernier.  Ils avaient déjà gagné 4,7yens la semaine dernière et ont atteint un plus haut de 9 mois mercredi. Même tendance sur le marché de Shanghai à 12 325 yuans ($ 1835) contre 11 640 yuans.

Plusieurs facteurs à cette remontée des cours : la reprise du marché boursier de Tokyo, la hausse des prix du pétrole suite aux limitations de l’OPEP et aux sanctions américaines sur les exportations du Venezuela et de l’Iran, un certain optimiste quant à l’issue des négociations entre les Etats-Unis et la Chine et puis la perspective d’un accord entre les producteurs pour soutenir les prix. Le Conseil international tripartite du caoutchouc (ITRC), composé des trois premiers producteurs mondiaux – la Thaïlande,  la Malaisie et de l’Indonésie– devait se réunir à Bangkok les 21 et 22 février pour examiner les mesures à prendre à court terme pour lutter contre les prix bas du caoutchouc naturel. L’Indonésie devait proposer de mettre en place un « Agreed Export Tonnage Scheme » (AETS).

L’Association brésilienne des producteurs de caoutchouc naturel et des usines de transformation – Apabor – a adhéré comme  membre associé au  Groupe d’étude international sur le caoutchouc (IRSG). Apabor compte 1 100 producteurs membres et représente 80% de toutes les usines de transformation brésiliennes.

COTON

Peu de changement sur le marché du coton cette semaine écourtée, le marché de New York étant fermé lundi.  La situation d’attentisme domine.  Les investisseurs sont suspendus au rapport hebdomadaire sur les exportations américaines et aux négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Mardi, le président Trump s’est montré optimiste estimant que les négociations se déroulaient bien et a évoqué la possibilité de prolonger la date butoir du 1er mars pour appliquer de nouvelles hausses tarifaires afin de les  mener à bien.

Les cours ont grimpé jeudi pour clôturer jeudi à 74,35 la livre gagnant 1,85 cent, les dernières nouvelles sur les négociations commerciales pourraient changer la donne. La Chine proposerait d’ajouter €30 milliards en importations agricoles américaines. Le coton sera-t-il inclus ? En tout cas cela a suffit à faire monter le marché. Les cours avaient clôturé à  contre 71,86 cents la livre vendredi dernier.

Pour l‘Inde, le département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse son estimation de la production de coton à 27,3 millions de balles en 2018/19. Du côté de la consommation, l’USDA estime qu’elle sera supérieure à celle de 2017/18  à 25,300 millions de balles. 

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est plutôt sur une tendance baissière. Après deux baisses hebdomadaires consécutives, les cours ont clôturé jeudi à 2264 ringgits ($555,43) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 2253 ringgits la tonne vendredi dernier. Le  marché est  fortement influencé par les cours de l’huile de soja. Néanmoins, la demande semble plus faible. Les exportations malaisiennes d’huile de palme du 1er au 20 février ont légèrement augmenté de 0,03 à 0,8% par rapport au mois précédent selon AmSpec Agri Malaysia et Intertek Testing Services  mais de son côté la Société générale de surveillance estime qu’elles ont chuté de 4,6%. En outre, les investisseurs estiment que la baisse de la production d’huile de palme, habituelle à cette saison,  sera plus lente que prévue. « La production pour ces deux mois, janvier et février, est supérieure d’une année sur l’autre », a déclaré un négociant basé à Kuala Lumpur. De plus, les stocks dans les principaux marchés – au Pakistan, en Chine, en Inde et en Europe- demeurent élevés ajoute un négociant basé à Singapour.

La Tanzanie veut relancer la culture des palmiers à l’huile afin d’économiser les devises utilisées pour importer des huiles alimentaire.  Le Premier ministre Kassim Majaliwa a indiqué que $4,3 millions seraient affectés à cette relance. La Tanzanie importe 55,5% de son huile comestible en dépit d’un potentiel de production vaste et prometteur dans les sous-secteurs de l’huile de palme et du tournesol.

RIZ

L’offre augmente avec l’arrivée des récolte dans les principaux pays d’Asie alors que la demande est faible.

En Inde, les prix de la variété du riz étuvé 5% sont demeurés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant entre $380-$385 la tonne. « Ces dernières semaines, la demande d’exportation a été faible. Les acheteurs africains ne sont pas actifs sur le marché », a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont appréciés à  $383-$405 la tonne, contre $382 -$398 la semaine dernière, alors même que la demande était modérée. La légère hausse des prix a été dictée par un baht plus fort, alors que de nouveaux approvisionnements sont entrés sur le marché. La Thaïlande continue de compter sur les Philippines pour un éventuel accord, mais la force de la monnaie nationale par rapport au dollar a entravé les ventes, ont déclaré les traders. Sans compter, que le riz vietnamien est plus compétitif.

Au Vietnam, les prix du riz du Viet 5% sont restés stables à $340. Une récolte importante et des restrictions commerciales de la part de a Chine provoquent des stocks croissants de riz parfumé, réduisant les prix intérieurs. Toutefois, la décision du gouvernement d’acheter 200 000 tonnes de riz aux agriculteurs locaux a fourni une base solide contre une nouvelle chute des prix.

Le Bangladesh envisage d’introduire de nouvelles variétés de riz et de nouvelles technologies afin de stimuler la production nationale et d’assurer la sécurité alimentaire, ont déclaré des responsables du ministère de l’Agriculture.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir à 13,20 cents la livre (lb), sa première baisse en quatre jours de cotation, après avoir atteint mercredi son niveau de prix le plus élevé en trois mois et demi, à 13,42 cents. Il avait clôturé à 13,25 cents vendredi dernier, son plus haut depuis le 16 janvier et en hausse de 3,4% sur cette semaine dernière. En revanche, le sucre blanc a gagné sur la semaine, à $ 356,20 hier soir à Londres contre $  $ 354,70 vendredi dernier.

Au Brésil, n°1 mondial du sucre, la hausse des prix de l’essence et la perspective d’un redressement de la situation économique du pays cette année sont de bon augure pour le marché de l’éthanol, laissant entrevoir que davantage de canne ira à la production du carburant plutôt qu’au sucre, ce qui restreint l’offre brésilienne sur le marché mondial du sucre et fait grimper les cours. La récolte de la canne démarre en avril dans la région du centre-sud. Rappelons que l’année dernière, 35% seulement est allée à la production de sucre. S’il en était de même cette année, même dans une proportion moindre, le marché mondial pourrait basculer d’une situation excédentaire à un déficit. C’est, en tous les cas, l’avis de 10 analystes et traders sondés début février par Reuters : ils voient le prix du roux terminer l’année à 14,60 c/lb et le blanc à $ 391,50 la tonnen sur fond de déficit estimé à 1,9 Mt sur 2019/20 contre un excédent de 2,55 Mt en 2018/19.

Ce basculement envisagé par les analystes est lié non seulement au Brésil mais aussi à l’Inde dont la production ne serait en 2019/20 que de 29,5 Mt contre 32 Mt en 2018/19, estiment-ils. Ceci dit, pour l’heure la production en Inde est en hausse, de 8% entre le 1er octobre et le 215 février, à 21,9 Mt. Le plus grand consommateur de sucre au monde devrait produire 30,7 Mt cette campagne, à fin septembre contre 32,5 Mt en 2017/18, en raison de rendements moins élevés et d’une production accrue d’éthanol.

Autre facteur éventuel qui soutiendrait la hausse, la réduction des superficies emblavées en Europe où la filière a du mal à se remettre de la fin des quotas de production et d’exportation en 2017. Les entreprises européens du sucre répondent actuellement à la faiblesse des cours mondiaux en réduisant leur production.

Côté entreprise, le singapourien Wilmar accuse une baisse de 4% de ses actions aujourd’hui après avoir déclaré hier que ses bénéfices au quatrième trimestre avaient baissé de moitié, à $ 200,9 millions contre $ 426,7 millions sur la même période l’année dernière. Ce n’est pas pour autant que, à l’instar d’autres comme Olam (lire Après le sucre, Olam se délestera aussi du caoutchouc, du bois et des engrais), Wilmar -qui comprend Archer Daniels Midland parmi ses actionnaires- va décider de délaisser ses activités sucre. Au contraire, a déclaré son PDG Kuok Khoon Hong : “Nous continuons à développer notre activité sucrière. Pour moi, le meilleur moment pour développer une activité est quand elle va mal.” Il estime que la demande en sucre continuera de croître à long terme, même si c’est à un rythme plus lent, mais cela ne sera pas grave car il y aura moins d’acteurs.  Rappelons que l’année dernière, Wilmar avait acheté le département sucre de Bunge. Sur l’ensemble de 2018, les bénéfices nets de Wilmar ont chuté de 6%, à $ 1,13 milliard.

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