La Chronique Matières Premières Agricoles au 21 juin 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 21 juin  2018
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Les marchés financiers ont été très chahutés cette semaine par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, par le Royaume uni qui peine avec le Brexit ce qui impacte la livre sterling, par le regain d’inquiétude suscité par l’Italie s’agissant des marchés européens, par la baisse des cours du pétrole et par un indicateur économique aux Etats-Unis inférieur aux attentes.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUC COTONHUILE DE PALME – RIZSUCRE

CACAO

Le cacao reste sur sa tendance haussière. Ce ne sont pas les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays cette semaine qui ont soutenu les prix car il semblerait qu’elles n’aient eu aucun impact sur la filière (lire nos informations), mais plutôt le manque de ventes de Côte d’Ivoire et du Ghana qui, d’ailleurs, ont déjà couvert la plupart de leurs récoltes à venir.

Et si le cacao a clôturé hier soir à Londres en baisse sur la veille, à £ 1 8915 la tonne sur l’échéance septembre, il a été en hausse sur la période sous revue, partie de £ 1 796 vendredi dernier. Une tendance qui a été renforcée par la faiblesse de la livre sterling qui est tombée à son plus faible niveau face au dollar en sept mois. L’échéance septembre à New York a glissé, quant à elle, à $ 2 513 la tonne en fin de période sous revue hier soir, contre $ 2 519 le 15 juin. L’échéance juillet est toujours plus élevée que septembre, ce qui a conduit un certain nombre d’acteurs sur le marché qui détenaient des positions courtes, à acheter.

Au 17 juin, et depuis le 1er octobre, démarrage de l’actuelle campagne, les arrivages aux deux ports ivoiriens ont totalisé 1,712 Mt, selon les estimations des exportateurs. Ceci représenterait une baisse de 4%% par rapport à la campagne dernière sur une période identique.

CAFÉ

Le Robusta a franchi la barre des $ 1 700, terminant hier soir à $ 1 701 la tonne sur le marché à terme de Londres contre $ 1 690 vendredi dernier, soutenu par la politique de rétention opérée par les producteurs qui estiment que les prix ne sont pas assez élevés. Pour sa part, l’Arabica a clôturé en baisse, à $ 1,1625 la livre (lb) contre $ 1,1755 il y a une semaine.

Les cafés cette semaine ont été fortement impactées par les évolutions de devises, tout d’abord la fermeté du dollar puis celle du réal brésilien.

Des niveaux de prix, notamment pour l’Arabica, qui sont qualifiés comme “gênants” par le patron de la Fédération du café de Colombie, tant ils sont faibles. Et le responsable de souligner qu’il n’a jamais vu le prix de la tasse de café, quant à elle, baisser.

Sur les marchés du physique en Asie, les prix ont été à la traine. Les opérateurs en Indonésie ont eu du mal à se dynamiser hier lors de la reprise d’activité après les jours fériés pour fêter l’Eid Al-Fitr. Toutefois, la prime pour le Grade 4, 80 défauts, s’est élargie à $ 70 la tonne contre $ 50 par rapport à il y a deux semaines. Quant au Vietnam, les prix aux planteurs n’ont guère bougé par rapport à la semaine dernière, à 35 500 dongs ou encore $ 1,55 le kilo. Les planteurs détiendraient toujours 10% de la récolte 2017/18.

Côté production, au Brésil, Cooxupé, la plus importante coopérative au monde, a indiqué que ses producteurs associés avaient déjà récolté 15,7% de leur superficie caféière au 15 juin contre17,5% sur la même période la campagne dernière mais 14% en moyenne annuelle sur 5 ans.

CAOUTCHOUC

Comme tous les autres marchés des matières premières, celui du caoutchouc a été affecté par l’intensification du différend commercial entre la Chine et les Etats-Unis, qui est susceptible d’influencer négativement les perspectives de la croissance mondiale et en particulier de la Chine, premier importateur mondial de caoutchouc. Si les nouvelles menaces de Donald Trump ont poussé un peu plus bas le marché, c’est la faiblesse des fondamentaux – une offre croissante et une demande toujours faible – qui pèse sur le marché. Après une quatrième semaine consécutive de baisse (-3,3%) avec une clôture vendredi dernier à 180 yens le kilo à Tokyo et 10 790 yuans la tonne à Shanghai, les cours, plombés par la baisse du prix du pétrole ont clôturé jeudi à 174,2 yens ( $1,885) le kilo à Tokyo et à 10 340 yuans ( $1592,46) la tonne à Shanghai.

COTON

Le marché du coton est très chahuté en ce moment. Le différend sino-américain avec l’imposition par Pékin de droits de douanes sur les importations américaines de coton pourrait bien rabattre les cartes. Mais comme le soulignait un négociant à CommodAfrica « D’ici le 6 juillet (ndrl : la date d’application des droits de douane), bien des choses peuvent changer… » (cf. nos informations …”). En attendant, l’impact est bien réel sur les cours du coton qui ont glissé dès vendredi dernier perdant plus de 3% à 89,85 cents pour clôturer jeudi à 84,29 cents la livre, les investisseurs quittant massivement le marché. Le marché a perdu près de 10% en trois sessions pour se stabiliser mercredi et jeudi.

L’Inde, le plus grand concurrent de l’Afrique, pourrait être le grand bénéficiaire de cette bataille. Elle aurait déjà conclu des contrats pour expédier 80 000 tonnes de la nouvelle récolte en Chine à des prix inférieurs au coton américain ou brésilien (cf. nos informations). Elle pourrait multiplier par cinq ses exportations à 850 000 tonnes lors de la prochaine campagne.

Au Brésil, les prix du coton continuent de progresser sur la première quinzaine de juin. Selon l’indice du CEPEA/ESALQ augmenté de 1,1% entre le 30 mai et le 15 juin pour s’établir à 3,7898 real ($1,00494) la livre. Toutefois, la hausse de prix ne devrait pas durer car la production de coton devrait faire un bond de 28% en 2017/18 pour atteindre 1,959 million de tonnes (Mt) selon la Conab. Un hausse consécutive à l’augmentation 25,2% de la superficie ensemencée en coton (1,176 million d’hectares) et de 2,3% de la productivité (1 666 kg par hectare) par rapport à la campagne 2016/17.

Les exportations de coton du Brésil ont diminué pour le septième mois consécutif en mai 2018, selon les données du Secex). Les expéditions de mai ont diminué de 35,4 % à 18 500 tonnes par rapport à avril 2018, et de 5,6 % par rapport aux 19 600 tonnes de coton exportées en mai 2017.

Deux nouveaux venus dans le monde restreint en Afrique des pays producteurs de coton de Bt l’Ethiopie et le Swaziland (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Ce sont les pertes sur le marché du soja aux Etats-Unis qui ont pesé cette semaine sur le marché de l’huile de palme déjà en petite forme. Mardi, les cours du soja se sont abaissés à un plus bas de presque 10 ans suite l’intensification du conflit entre la Chine et les Etats-Unis. Le soja est le plus important produit agricole exporté par les Etats-Unis ($12,4 milliards en 2017) et la Chine représente 60% des exportations américaines. Un sentiment négatif persiste sur le marché de l’huile de palme. La demande est toujours faible. Les exportations malaisiennes d’huile de palme ont chuté de 6,4% entre le 1er et le 20 juin par rapport à la période correspondante du mois dernier, selon la société d’inspection AmSpec Agri Malaysia.

L’annonce la semaine dernière par l’Inde d’une hausse des taxes à l’importation sur les huiles de soja, de tournesol et de colza afin de soutenir les agriculteurs locaux n’est pas parvenue à relancer l’huile de palme, qui pourtant devrait être encouragée car plus compétitive.

Les cours de l’huile de palme se sont établis après quatre séances de baisse à 2 251 ringgits ($560,79) jeudi sur la Bursa Malaysia Derivatives contre 2 336 ringgits jeudi dernier, la bourse étant fermée vendredi.

RIZ

Les prix du riz en Thaïlande ont chuté à leur plus bas niveau cette année en raison de la faiblesse de la demande et de la hausse des approvisionnements, tandis que les prix ont baissé cette semaine en Inde et se sont stabilisés au Vietnam.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $390-$400 la tonne contre $430-$435 la semaine dernière. À une moyenne de $395 la tonne, les prix à l’exportation cette semaine sont presque au même niveau que le prix moyen de $393 à $396 observé la semaine du 4 janvier. Ce recul s’explique par une offre abondante dans les entrepôts, des usines absentes, un baht thaïlandais plus faible par rapport au dollar et une logistique lente en raison de la saison de la mousson. Les prix du riz vont probablement encore fléchir, car la nouvelle récolte devrait commencer à arriver vers la fin de juin ou au début de juillet et jusqu’au mois d’août.

Jeudi, le ministère thaïlandais du commerce a toutefois indiqué que les principaux importateurs de riz achètent suffisamment de riz depuis le début de l’année pour absorber l’offre de riz thaï et stabiliser les prix jusqu’en août.

Le ministère attend également un sixième accord de gouvernement à gouvernement avec la Chine, qui achètera 100 000 tonnes de riz thaïlandais, ainsi que des accords privés avec les principaux importateurs, l’Indonésie, le Bangladesh et certains pays africains.

En Inde, les prix du riz étuvé a également baissé, perdant $4 à $394-$398 la tonne. Une baisse suite à une demande modérée des acheteurs africains et à l’absence du Bangladesh, suite à l’imposition d’une taxe de 28% sur les importations de riz.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% étaient inchangés par rapport à la semaine précédente à $450-$455 la tonne. Le marché est calme.

SUCRE

Le sucre roux a terminé en baisse sur la période sous revue, à 12,21 cents la livre (lb) contre 12,35 vendredi dernier, tandis que le blanc côté à Londres terminait à peine changé, à $ 341,80 la tonne contre $ 342,10 selon les industriels. Mercredi, pour la première fois en cinq séances, le sucre roux a grimpé mais cela a été de courte durée.

Au Brésil, il fait sec mais il semblerait qu’à ce stade, ce n’aurait guère de conséquence sur la production, sauf si les pluies tardent vraiment. On remarque que le marché a fait peu de cas de l’annonce en début de semaine par le brésilien Copersucar, le plus important vendeur de sucre et d’éthanol au monde, que la production dans le centre-sud du pays serait plus faible que prévue. En effet, même si la production brésilienne baisse, les disponibilités au plan mondial demeureraient très abondantes. Rabobank, dans son analyse de marché, a prédit deux campagnes consécutives excédentaires en sucre suite à la hausse de production en Thaïlande et en Inde.

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