La Chronique Matières du Jeudi (21 juillet 2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (21  juillet 2016)
Partager vers

Une semaine toujours chahutée par les fluctuations monétaires, avec un dollar qui a atteint mercredi son plus haut en 4 mois face à un panier de 6 devises. Le dollar profite de résultats macro-économiques américains meilleurs qu'attendus, de l'annonce par le Japon que des liquidités ne seraient pas injectés dans l'économie nippone pour la soutenir et par la décision de la Banque centrale européenne de maintenir ses taux à des plus bas.

CACAO

Pour la première fois en deux semaines, la fève est tombée en dessous de la barre des $ 3000 la tonne à New York, l'affaiblissement de la livre sterling, monnaie de cotation des contrats cacao à Londres, pesant sur les cours. D'ailleurs, le prix du cacao a glissé tout au long de la semaine, impacté par une faible demande.

Sur septembre, la tonne cotait à la mi-journée £ 2 393 à Londres et $ 2 949 à New York. La fève n'avait pas été aussi basse depuis des semaines.

Un marché qui est dans l'attente des chiffres de broyages en Asie qui pourraient, le cas échéant, faire revenir les cours vers les $ 3100 de la semaine dernière. La Malaisie, pour sa part, a publié les siens vendredi 15 juillet : ses broyages sont en hausse de 0,6% au deuxième trimestre, à 45 873t, par rapport au deuxième trimestre 2015, selon le Malaysian Cocoa Board. Mais, par rapport au 1er trimestre 2016, les broyages sont en baisse, de 2,4%.

En Côte d'Ivoire, les conditions météorologiques sont mitigées, avec un manque de pluies dans certaines régions de production tandis que les chenilles impactent les récoltes dans d'autres régions. Par rapport à la même période la campagne dernière, les exportations ivoiriennes de fèves du port de San Pedro sont en légère hausse, de l'ordre de 3%, depuis le début de la campagne le 1er octobre, au 30 juin, à 549 017 tonne s(t), selon les données portuaires. Quant aux produits semi-transformés, les exportations de San Pedro sont en baisse de 8%, à 130 419 t.

Coté entreprise, Barry Callebaut a annoncé une hausse de 7,8% de ses recettes de ventes sur les 9 premiers mois de son exercice, à fin mars 2016, à 5,01 milliards de francs suisses (€ 4,6 milliards). Antoine de Saint-Affrique,  directeur général du géant des produits chocolatiers, estime que son groupe a bien tiré son épingle du jeu alors que la demande mondiale en confiseries chocolatées est plutôt terne. Le groupe poursuit son retrait des activités les moins lucratives dans ses opérations cacao.

CAFÉ

L'Arabica s'inscrit en hausse aujourd'hui sur le marché à terme de New York, soutenue par la perspective d'une offre mondiale étroite en grains et d'une météo plus fraîche dans certaines régions de production au Brésil.  Il y a même eu de légères gelées, inattendues visiblement, en début de semaine puis un radoucissement des températures par la suite. L'Arabica, à la mi-journée, cotait $ 1,4470 la livre à New York contre $ 1,4755 vendredi dernier, et le Robusta $ 1882 la tonne à Londres contre $ 1 819 la tonne vendredi 15 juillet, tous deux sur l'échéance octobre.

Côté Robusta, au Brésil une récolte médiocre se confirme tandis que la récolte en Indonésie démarre mais lentement. Par ailleurs, on mesure encore mal l'impact des conditions météo peu favorables sur la récolte au Vietnam.

Fait peu habituel, le prix des fèves de la nouvelle récolte en Indonésie est quasiment au niveau des prix du Vietnam car les grains commencent à arriver. Ainsi, la prime pour le café indonésien est actuellement de $ 10 à 20 la tonne de Robusta Grade 4, 80 défauts par rapport à la cotation sur le marché à terme de Londres, soit son niveau le plus faible depuis le 24 septembre 2015. Rappelons que la prime était de $ 80 à 120 fin juin. Le Vietnam Robusta Grade 1, screen 16, semblable aux qualités de Sumatra, se vendent à prime de $ 20 à 40 sur Londres.

Aux États-Unis, à fin juin, les stocks de café vert étaient au plus hauts en 13 ans, à 6,21 millions de sacs de 60 kg (Ms), en hausse de 126 424 sacs sur le mois de mai, selon les chiffres du Green Coffee Association.

CAOUTCHOUC

En dehors de mardi, les cours du caoutchouc sont cette semaine sur une tendance plutôt haussière après avoir terminé vendredi dernier en progression de 8,2% grâce à l’affaiblissement du yen face au dollar et au soutien du marché à terme de Shanghai. Mercredi 20 juillet, sous les mêmes facteurs, les cours atteignaient  sur le Commodity Exchange Tokyo (TOCOM) un plus haut de deux semaines à 159,4 yens ($1,50) le kilo pour le contrat de décembre. Quant au marché de Shanghai, les cours ont progressé de 225 yuans pour atteindre 11 445 yuans ($1711) la tonne pour le contrat de septembre.

La Chine a importé 410 000 tonnes de caoutchouc naturel et synthétique en juin, en progression de 24,2% par rapport à 330 000 tonnes réalisées en juin 2015, selon les données de l'administration générale des douanes chinoises. En valeur, les importations de caoutchouc naturel et synthétique  se sont élevées à 4,18 milliards de yuans (€ 569 millions) en juin, en hausse de 15,3 % par rapport juin 2015.

Les stocks de caoutchouc dans les entrepôts du Shanghai Futures Exchange ont augmenté vendredi 15 juillet de 1,5 % par rapport à la semaine précédente.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports du Japon  s’établissaient à 10 402 tonnes au 30 juin 2016 en baisse de 10,2% à partir de la dernière date de l'inventaire, selon les données de l'Association du commerce du caoutchouc du Japon.

COTON

Après l’envolée des cours du coton la semaine dernière qui ont enregistré un gain hebdomadaire de près de 13% soutenus par des achats spéculatifs clôturant le 15 juillet à 74,28 cents la livre pour le contrat de décembre, les cours se sont contractés cette semaine dans un contexte du raffermissement du dollar et d’une faiblesse des marchés des céréales.

La Chine poursuit à un rythme soutenu ses ventes aux enchères. Hier, elle a vendu les 30 000 tonnes mises aux enchères à un prix moyen de 15 114 yuans ($2264 ,54) la tonne, selon le site cncotton.com. Un prix élevé  consécutif à une demande élevée. Le montant journalier est de 30 000 tonnes et trouve preneur. Pékin a déjà vendu 1,36 millions de tonne de fibre, y compris 300 000 tonnes de coton importé. 

Du côté des importations de coton de la Chine, elles sont en recul de 55,02% au mois de juin par rapport à juin 2015 à 72 750 tonnes. Sur le premier semestre, elles totalisent 431 254 tonnes, soit 54% de moins par rappport au premier semestre 2015. 

HUILE DE PALME

Bonne nouvelle pour l’huile de palme la demande est plus ferme et elle soutient cette semaine les prix qui  se sont hissés à un plus haut de deux semaines. La faiblesse du ringgit, touchant un plus bas de deux semaines,  a aussi donné un coup de pouce aux cours. Après avoir atteint un plus bas de 10 mois la semaine dernière, les cours sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange ont  rebondi gagnant mercredi 1,9% pour clôturer à 2 347 ringgits ($583) la tonne. « Avec une meilleure demande anticipée en juillet et août, les prix vont continuer à augmenter et pourrait atteindre à court terme la cible de 2500 ringgits la tonne », a estimé un négociant  basé à Kuala Lumpur.

Signe d’une reprise de la demande, les exportations l'huile de palme de Malaisie du 1er au 20 juillet ont progressé 14% selon Intertek Testing Services et de 15,3% selon la SGS.  

L’Indonésie prévoit de publier en août un moratoire de cinq ans sur les nouvelles plantations de palmiers. Le moratoire couvrira environ 3,5 millions d'hectares, sur les 11,4 millions de plantations, selon le ministère de l'Environnement et des forêts,  dont  950 000 ha  qui concernent les demandes.

Côté entreprise, le groupe Singapourien Wilmar International a annoncé une perte probable de $230 millions au second trimestre 2016 (cf. nos informations)  tandis que le négociant Cargill a annoncé qu’il allait suspendre son approvisionnement en huile de palme auprès du malaisien IOI (cf. nos informations).

RIZ

Évolution différenciée des prix à l'exportation du riz en Asie avec une hausse des prix chez le premier exportateur, l’Inde, impulsée par un regain de la demande et une offre inférieure, tandis que les prix vietnamiens sont tombés à proximité d’un plus plus bas de cinq mois avec en toile de fonds un manque d'intérêt d'achat.

L’Inde 5% étuvé a augmenté de $4 la tonne cette semaine à $382- $392  la tonne.  «La demande s’améliore. Les prix pourraient augmenter de $15 la tonne dans les prochaines semaines », a déclaré  Adishankar, directeur exécutif de Sri Lalitha, un des principaux exportateurs de riz basé dans l'Etat indien de l'Andhra Pradesh. Les exportations de riz de l'Inde cette année devraient baisser de 9,7 % par rapport à  2015 à 10 millions de tonnes (Mt) selon le dernier rapport de la FAO publié lundi.

Au Vietnam, le Viet 5% pour la récolte été-automne s’échange à $ 357- $ 365 la tonne contre  $360- $365 la  tonne la semaine dernière. Selon les négociants, la qualité du riz n’est pas bonne et les acheteurs africains se seraient maintenant tournés vers la Thaïlande tandis que la Chine n’est pas retournée aux achats.

En Thaïlande, le Thaï 5%  Ã©tait inchangé à $ 420- $435  la tonne.

Dans l'ensemble, la FAO estime que  commerce  mondial du riz devrait baisser de 1,5% par rapport à 2015 à 43,9 Mt. en raison d’une réduction des importations des acheteurs comme le Bangladesh, la Chine, les Philippines et le Sri Lanka.  La production mondiale de riz paddy est estimée à 746,8 Mt et la consommation à 502,9 Mt, en hausse de 1,5% en 2016 /17, dépassant pour la deuxième année la production.

En Afrique, la FAO estime que la production de riz paddy devrait augmenter de 3% en 2016 et approcher les 30 Mt. Une grande partie de la croissance sera attribuable à des productions plus importantes en Egypte et en Afrique de l’Ouest. Des gains modestes sont anticipés en Afrique de l’Est grâce à des pluies abondantes tandis qu’en l’Afrique australe plusieurs pays ont été affectés par des pluies tardives et faibles. 

SUCRE

Le sucre roux termine la période sous revue en hausse sur le marché à terme de New York, stimulé par des achats techniques mais ne parvenant pas à franchement grimper car les broyages vont bon train actuellement au Brésil où les conditions météorologiques sont très favorables. A la mi-journée aujourd'hui, le sucre roux cotait 19,45 cents la livre sur l'échéance octobre contre 19,31 cents vendredi dernier, tandis que le blanc termine à $ 533,10 parti de $ 531,10 la tonne le 15 juillet.

Le spécialiste Platts Kingsman a réduit mercredi de 380 000 tonnes (t) ses estimations de déficit mondial sucrier pour la campagne à venir 2016/17 (octobre à septembre), déficit qui, selon lui serait de 6,28 millions de tonnes (Mt). Il a également révisé à la baisse ses estimations de déficit pour cette campagne 2015/16 à 4,86 Mt car, en définitive, l'Iran consommerait moins que ce qui était anticipé. Rappelons que le mois dernier, Platts Kingsman avait estimé ce déficit à 5,33 Mt. La demande en Iran ne serait que de 2,637 Mt cette campagne et de 2,68 Mt en 2016/17, soit uen révision à la baisse respectivement de 451 000 t et de 443 000 t.

"La tendance haussière sur le sucre a besoin d'être alimentée en nouvelles fraîches actuellement car nous dérivons à la baisse, sur d'énormes positions nettes spéculatives longues" souligne Tom Kujawa qui co-dirige le département des produits agricoles chez Sucden.

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *