Au Nigeria, la biotechnologie en réponse à l’insécurité alimentaire

 Au Nigeria, la biotechnologie en réponse à l’insécurité alimentaire
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Comment le Nigéria peut-il atteindre la sécurité alimentaire face à la Covid-19 ? Telle était la question posée hier lors d’une conférence virtuelle organisée par le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole en Afrique (OFAB), l’Agence nationale de développement des biotechnologies (NABDA) et le Ministère fédéral de l’agriculture et du développement rural (FMARD). L’épidémie a mis une pression importante sur les petits producteurs du Nigéria. Surmonter la crise dépendra de l’approche adoptée et  la biotechnologie a démontré toute la place qu’elle peut avoir pour lutter contre le coronavirus et mettre au point des kits de diagnostics et la réalisation de tests. Le développement technologique permettrait également de répondre aux défis de production agricoles et de distribution des denrées alimentaires, a-t-il été souligné.

La biotechnologie pour allonger les durées de conservation

« Nous nous engageons dans une évaluation des défis auxquels est confrontée la quête d’autosuffisance de notre pays en matière de production alimentaire », a déclaré, en introduction, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Sabo Nanono, soulignant l’importance d’évaluer le système de recherche agricole du pays et d’améliorer sa performance. Il a rappelé que l’utilisation de la biotechnologie permet d’allonger la durée de conservation des produits agricoles ; c’est aussi un moyen pour faire renaitre le secteur agricole, vecteur majeur de diversification de l’économie du pays. Rappelons que l’administration Buhari en a fait un axe central de sa politique (le secteur agricole emploie 37 % de la main d’œuvre du pays) et pour ce faire, les agriculteurs sont prioritaires dans l’obtention des prêts sans intérêt dans le cadre du programme Agriculture for Food and Jobs.

L’occasion également pour le ministre d’annoncer que le gouvernement met en place un plan destiné à tester 5 millions d’agriculteurs nigérians de la Covid-19 au cours du mandat du président Buhari.

La réponse : les OGM ?

Le professeur Dayo Philip a -quant à lui- évoqué les innovations qui contribuent à la sécurité alimentaire et la nutrition face à la pandémie en prenant le cas du niébé qui devient résistant au foreur des gousses (Maruca vitrata). Le niébé est essentiel pour la sécurité alimentaire et la nutrition, et augmenter sa production permet de donner accès à davantage de protéines nutritives tout en restant un aliment bon marché. Le problème est que le niébé peut afficher des pertes de 55 à 100 % de la récolte à cause de l’insecte foreur des gousses. Une situation qui oblige à l’importation de volumes qui correspondent à 20 % de la consommation de niébé.

En fin d’année dernière, le Nigeria a approuvé la commercialisation d’un niébé résistant à l’insecte, la variété Sampea-20-T qui est la première variété de niébé GM au monde et la première culture vivrière génétiquement modifiée (GM) du Nigeria.  une nouvelle variété a été validée e et mise sur le marché, , qui protège le niébé de l’insecte. Les avantages économiques sont importants étant donné que la production annuelle de niébé représente une valeur de $ 1,6 milliard. Ce niébé peut apporter $ 638 millions à l’économie nigériane dans les 6 prochaines années. Ainsi, pour chaque dollar investi dans le niébé, le pays devrait en gagner $ 71.

L’AFCR  de la Banque africaine de développement

Pour sa part, la Banque africaine de développement (BAD) a indiquer sa baser sur les expériences antérieures. Les épidémies qui ont touchées l’Afrique par le passé (VIH, Ebola, SRAS, etc.) ont eu des impacts sur la sécurité alimentaire en Afrique et les populations vulnérables ont été les plus durement touchées. Le cadre actuel s’appuie sur l’expérience de la Réponse à la crise alimentaire en Afrique (AFCR) adoptée en 2008 par le conseil d’administration de la BAD (€ 364 millions).

En 2008, pour réduire la vulnérabilité des plus pauvres face aux prix élevés des denrées alimentaires les objectifs étaient davantage d’augmenter la production agricole et de renforcer les politiques de développement agricole durable. Or, les leçons apprises de cette période ont été de plutôt développer une action centrée sur la demande et disposer de procédures flexibles pour les opérations urgentes et à court terme. Ainsi, sa Réponse à la crise alimentaire en Afrique (AFCR) vise à remédier aux perturbations au sein des chaines d’approvisionnement alimentaire mondiales et locales. Les réponses couvrent les besoins immédiats, à court, moyen et long terme :

-La réponse immédiate (0-3 mois) consiste à utiliser l’instrument d’appui budgétaire créé dans le cadre des dispositifs de réaction rapide (CRF) et permettre aux pays d’importer des denrées alimentaires pour atténuer les pénuries alimentaires. Concrètement, cela conduit la création d’installation de stockages « sûres » destinés à l’importation, la mise en place d’équipement sécurisé pour les agriculteurs et l’utilisation de solutions numériques pour cartographier les agriculteurs et autres acteurs de la chaine de valeur pour faciliter leur coordination.

-La réponse à court terme (4-12 mois) entend restructurer les portefeuilles de Feed Africa et utiliser les soldes et prêts pour attribuer davantage de ressources aux Etats. Il s’agit de fourniture d’engrais, de semences améliorées et de matériel de plantation pour augmenter la production agricole, de prêt à taux réduits et d’aides au gouvernement pour l’achat de machines qui permettront la transformation des céréales en produits stables (farines).

-La réponse à moyen terme (13-24 mois) : Il s’agit entre autres de développer des politiques sur l’expansion rapide des technologies de productions alimentaires, y compris les cultures de base, le bétail et le poisson à haut rendement, à maturation précoce, résistant à la sécheresse, aux maladies et aux parasites, comme celles promues par les technologies de la Banque pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Parallèlement, il s’agit d’accélérer le déploiement de solutions numériques pertinentes pour l’agriculture.

L’occasion de rappeler que le programme Feed Africa de la BAD a réalisé 300 opérations depuis avril 2020. La valeur totale du portefeuille s’élève à $ 5,7 milliards mais € 3,6 milliards n’ont pas été décaissés. Le portefeuille d’opérations de Feed Africa pour 2020 à 2022 compte 51 opérations avec un budget estimé à € 2 milliard (sous réserve de la marge de manœuvre des pays). Parmi les 300 opérations, 104 ont été à destination de l’Afrique de l’Ouest. A noter qu’on compte € 1,9 milliard de montants approuvés, et € 1,3 milliard non décaissés. Les principales chaines de valeurs impliquées sont les maïs, millet, sorgho, riz, horticulture, cacao, manioc, pêche, élevage, soja, volaille, niébé, bananes.

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