La Chronique Matières premières agricoles au 21 juillet 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 21 juillet 2022
Partager vers

Les Bourses européennes et américaine ont terminé sans direction claire, les investisseurs étant partagés après la hausse surprise de 50 points de base des taux de la Banque centrale européenne (BCE), une hausse plus importante que prévue, et la présentation d’un nouvel instrument anti-fragmentation sur les marchés obligataires, explique Reuters.

La BCE a également accepté d’apporter une nouvelle aide aux pays les plus endettés du bloc en approuvant un nouveau programme d’achat de titres (Instrument de protection de la transmission, TPI), destiné à limiter la hausse de leurs coûts d’emprunt et à réduire la fragmentation financière. Les annonces de la BCE ont dans un premier temps brièvement fait reculer les indices boursiers, notamment le Stoxx 600, mais la plupart d’entre eux sont repassés en territoire positif à la clôture.

L’euro face au dollar a grimpé à $ 1,0278 durant la séance d’hier en réaction aux annonces de la BCE avant de réduire une grande partie de ses gains et de se négocier à $ 1,0188 à la clôture des Bourses en Europe. Le dollar se traite toujours à un sommet de 24 ans contre le yen, la Banque du Japon (BoJ) ayant laissé hier ses taux d’intérêt inchangés.

Le marché pétrolier est affecté par les craintes sur la demande alors que les taux d’intérêt remontent et que les stocks d’essence ont augmenté plus vite que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les données de l’Agence américaine d’information sur l’énergie. Le baril de Brent a clôturé hier soir à $ 104,55 et le brut léger américain (WTI) à $ 96,89.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

La fève glisse… Partie vendredi dernier de $ 2 321 à New York sur l’échéance septembre, la tonne de cacao a terminé hier soir à $ 2 304, tandis qu’à Londres elle régressait de £ 1 720 à £ 1 714.

Le marché hier était dans l’expectative des chiffres de broyages nord-américains qui devaient ou non refléter si la fragilité économique mondiale actuelle impacterait ou non la consommation. La conclusion a été rude. En effet, après l’annonce la semaine dernière de la très légère hausse de 2% des broyages européens (Lire : Les broyages en Europe au 2nd trimestre ont été ternes), l’industrie de la confiserie regroupant les broyages des Etats-Unis, du Canada et du Mexique, a annoncé hier une chute de 6,29% sur le second trimestre 2022 par rapport à la même période en 2021. L’Asie dépasse allègrement l’Amérique du Nord dans ses performances cacaoyères avec une progression de 3,6% sur ce même deuxième trimestre, avec 228,895 t, annonce aujourd’hui la Cocoa Association of Asia. L’année dernière, à pareille époque, la hausse avait été de 8,98% à cause de l’effet Covid sur 2020 (Lire : Chute de 6,29% des broyages de cacao en Amérique du Nord mais + 3,6% en Asie).

Côté production, les cacaoyers se développent bien en Côte d’Ivoire, avec de bonnes pluies ces derniers jours. Ceci est de bon augure pour la prochaine campagne mais on mesure mal l’impact sur les rendements d’un recours moindre aux engrais et intrants divers par les cacaoculteurs.

Quant aux arrivages chez le leader mondial de la fève, ils ont totalisé 1,998 Mt entre le 1er octobre et le 17 juillet, selon les exportateurs.

Côté entreprise, le suisse Barry Callebaut a enregistré une progression de 7,9% du volume de ses ventes, à 1 751 422 tonnes (t), au cours des neuf premiers mois de l’exercice 2021/22, jusqu’au 31 mai 2022. Son chiffre d’affaires est en hausse de +15,1 % en monnaies locales et atteint 6 075,8 millions de francs suisses (Lire: Serein sur l’offre en cacao, Barry Callebaut affiche +15% sur son CA et mise sur l’Equateur). A noter que Barry Callebaut a suspendu son activité dans son usine de Wieze en Belgique -la plus grande usine de fabrication de chocolat au monde- après des cas de salmonelle. Elle devrait rouvrir début août après un grand nettoyage et revenir à son rendement normal les semaines suivantes, a annoncé le groupe.

CAFÉ

Le café se remet de sa mauvaise passe en fin de semaine dernière. En effet, partie vendredi dernier de $ 1,998 après avoir touché un plus bas en neuf mois à $ 1,9495, la livre (lb) d’Arabica à New York a clôturé hier soir au-dessus des $ 2, à 2,1585. A Londres, le café Robusta sur l’échéance septembre également, a terminé la période sous revue à $ 1 987 la tonne contre $ 1 923 vendredi dernier, journée noire qui avait vu le Robusta tomber à son plus bas en un an à $ 1 914.

Un marché qui demeure soutenu par des stocks mondiaux en baisse. Les stocks certifiés de l’ICE sont à 712 817 sacs de 60 kg, soit une contraction de 28% sur le mois.

Au Brésil, la récolte continue à prendre de l’ampleur avec 66% de la superficie caféière déjà récoltée au 19 juillet, estime le consultant spécialisé Safras & Mercado. Ceci dit, fait-il remarquer, on est en dessous de la moyenne des 73% de ces dernières années et, apparemment, les caféiculteurs prennent leur temps pour commercialiser leur marchandise car les cours élevés actuels leur donnent une bonne assise financière et ils préfèrent bien travailler leur café et vendre au moment de leur choix plutôt que se hâter à moindre prix.

Mais les avis divergent quant aux rendements. De ce fait, les pronostics pour la récolte 2022/23 en cours continuent de largement diverger. Safras l’estime à 61,1 Ms alors que le gouvernement brésilien la voit à 53,4 Ms, HedgePoint à 60 Ms, le Département américain de l’Agriculture à 64,3 Ms et Rabobank à 64,5 Ms.

Côté Asie et Robusta, les planteurs au Vietnam ont vendu le peu de café qui leur reste entre 44 000 et 44 500 dongs ($ 1,88-1,90) le kilo cette semaine, mais les transactions ont été très faibles. D’ailleurs, les exportations sur la première moitié de juillet ont totalisé 58 365 t contre 67 580 t durant la deuxième quinzaine de juin.

En Indonésie, dans la province de Lampung, la décote sur Londres s’est située de $ 60 à $ 140 sur l’échéance septembre contre $ 90 à $ 150 la semaine dernière.

En Ouganda, les exportations en juin ont baissé de 14,2% par rapport à juin 2021 à cause de la sécheresse, à 530 365 sacs de 60 kg, a indiqué hier Uganda Coffee Development Authority (UCDA). Le plus important exportateur africain de café, toutes variétés confondues, a dégagé $ 862 millions en recettes sur sa campagne 2021/22 (juillet/juin), en hausse de 54% par rapport à la campagne précédente.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc sont toujours sur la défensive avec une chute sur l’Osaka Exchange, les cours clôturant hier à 237,7 yens ($1,72) le kilo contre 241,5 yens vendredi dernier tandis que sur le marché de Shanghai, ils s’apprécient légèrement à 11 760 yuans ($1739,49) la tonne contre 11 705 yuans.

Au cœur du marché, la situation de la Chine, premier consommateur mondial de caoutchouc, qui suscite des inquiétudes avec de nouvelles flambées de coronavirus. L’économie chinoise s’est contractée au deuxième trimestre, le produit intérieur brut chutant de 2,6%, reflétant  l’impact sur l’activité industrielle et la consommation des blocages consécutifs à la lutte contre la Covid-19.

Toutefois, la Chine a importé 2,732 millions de tonnes de caoutchouc naturel au premier semestre 2022, en hausse de 7,1% par rapport à la même période en 2021. Sur le mois de juin, elles se sont élevées à 434 000 tonnes, en progression de 23,2% par rapport à juin 2021. Les principaux fournisseurs  de caoutchouc de la Chine sont la Thaïlande (47%), le Vietnam (20%), la Malaisie (12%).

Le Cambodge a exporté 135 000 tonnes de caoutchouc naturel entre janvier et juin 2022, en hausse de 3% par rapport à la même période il y a un an. Le prix moyen du caoutchouc exporté a été de  $1 597  la tonne, soit $91 de moins par  tonne  par rapport à la même période en 2021.

Côté entreprise, le constructeur automobile Toyota  a annoncé que sa production mondiale pour le mois d’août serait inférieure d’environ 18 % à son plan précédent. Toyota prévoit de produire environ 700 000 véhicules dans le monde, à comparer avec le plan annoncé à ses fournisseurs en début d’année à environ 850 000 unités. Le plus premier constructeur automobile mondial en termes de ventes a cependant maintenu ses prévisions de production mondiale pour l’exercice jusqu’en mars 2023 avec environ 9,7 millions d’unités.

COTON

Après avoir touché un creux le 14 juillet à 83,71 cents la livre sur l’ICE, les cours du coton se sont repris pour clôturer hier à 91,6 cents la livre contre 88,71 cents vendredi dernier dans un contexte de forte volatilité. Mais en deux mois les cours ont perdu près de 50 cents la livre en partie avec la liquidation massive des fonds dans le coton mais aussi dans les autres matières premières. La perspective d’une récession et d’une demande plus faibles a accompagné la chute. Pourtant, des incertitudes pèsent sur les perspectives de récoltes, notamment aux Etats-Unis.

« Aujourd’hui les fondamentaux n’ont plus voie au chapitre. Les peurs d’une récession généralisée pèsent sur tous les acteurs de la filière et fragilisent toute reprise du marché. Somme toute le chiffre le plus remarquable reste la position de la spéculation qui après avoir porté le marché au pinacle, a décidé qu’il était temps qu’il baisse. La conjonction d’un arbitrage de récolte et d’une spéculation baissière a provoqué un séisme d’une grande magnitude (plus de 40% de baisse du marché). Pour autant, il est difficile de trouver des balles de coton à vendre pour des embarquements rapprochés et les offres de nouvelle récolte sont peu présentes aux origines où le prix de revient d’une balle de coton a explosé » soulignait Mambo dans sa revue de marché.

En Afrique, la fin du partenariat entre les deux labels de certification du coton durable, la Better Cotton et Cotton made in Afrique (CmIA) pose de vraies questions quant à la commercialisation en 2024 du coton africain certifié CmiA (Lire : Avec la fin du partenariat CmiA-BCI, la question de la certification du coton africain se pose).

En Côte d’Ivoire, la production de coton en  2021/22 a chuté de 3,5% par rapport à la saison précédente à 539 623 tonnes en raison d’un manque de pluie et d’une baisse du nombre d’agriculteurs, selon le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani. Il prévoit que la production atteindra 570 425 tonnes en 2022/23. Le gouvernement a relevé le prix bord champ à  FCFA 310 le kilo pour 2022/23 et subventionnera à hauteur subventions d’environ  FCFA 28  milliards les intrants (Lire : En Côte d’Ivoire, coup de pouce aux producteurs de coton).

En Chine, les entreprises publiques chinoises Chinatex et COFCO Resources (CRSA),  suspectées d’avoir violé la réglementation des marchés à termes américains, ont accepté de verser $ 3,3 millions d’amendes (Lire : Coton : la Chine se fait taper sur les doigts par ICE Futures).

HUILE DE PALME

Après avoir chuté de près de 14% la semaine dernière, les cours de l’huile de palme ont légèrement progressé cette semaine mais ont été extrêmement volatils avec un bond de 8,5% lundi. Partis de 3 585 ringgits vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont clôturé hier à 3 722 ringgits ($835,47) la tonne.

L’Indonésie, et ses décisions,  continue de dicter l’évolution du marché, qui a baissé d’environ 50% depuis la fin avril. Aux prises avec des stocks élevés d’huile de palme – à 7,23 millions de tonnes à la fin mai selon  Gapki-  le pays multiplie les interventions pour accroître les exportations. Cette semaine, elle a décidé de supprimer sa taxe à l’exportation pour tous les produits à base d’huile de palme jusqu’au 31 août.  Aujourd’hui, le ministre du Commerce, Zulkifli Hasan, a déclaré qu’il envisageait de supprimer les exigences du DMO (l’obligation pour les entreprises exportatrices d’alimenter le marché local).

Le plus grand producteur mondial devra exporter 6 millions de tonnes d’huile de palme d’ici la fin du mois d’août s’il veut ramener ses niveaux de stocks à la normale, a estimé l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI).

D’un autre côté, les contraintes de l’offre en Malaisie sont toujours présentes.  Le  ministère des matières premières a annoncé cette semaine que le pays perd environ 57 880 tonnes de fruits de palmier à huile chaque jour, soit 1,5 million de tonnes par mois, en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Alors que l’industrie des plantations travaille avec le gouvernement pour faciliter l’embauche de travailleurs migrants, les entreprises ne ressentiront probablement l’impact positif que d’ici la fin du premier trimestre 2023, a déclaré United Plantations.

De plus, la chute brutale des prix incite les principaux pays importateurs en Asie, comme l’Inde, la Chine et le Pakistan,  à reconstituer leurs stocks, qui sont bas, et donc à accroître leurs achats. En outre, la perspective de Diwali en Inde et au Pakistan suscite normalement une demande accrue d’huile de palme.

Néanmoins, l’analyste Dorab Mistry anticipe que l’huile de palme pourrait perdre plus de 20% d’ici à septembre pour s’établir à 3000 ringgits la tonne, principalement en raison de la hausse des exportations de l’Indonésie.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien ont légèrement augmenté cette semaine tandis qu’ils sont demeurés stables en Thaïlande et au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont légèrement progressé à $362-$368 la tonne, contre $361-$366 la semaine dernière. La demande est faible, mais les prix sont fermes car les semis de la nouvelle saison sont en retard dans les principales zones de production par rapport à l’année dernière. Les agriculteurs indiens ont planté 12,85 millions d’hectares de céréales jusqu’à présent cette saison, selon les données du ministère de l’Agriculture vendredi dernier, en baisse de 17 % par rapport à la même période l’an dernier en raison de faibles précipitations.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangés à $415-$420 la tonne. “Nous avons ralenti les achats de paddy auprès des agriculteurs, en attendant que la récolte atteigne son apogée“, a déclaré un commerçant de Ho Chi Minh-Ville. Les prix intérieurs du paddy, cependant, ont légèrement baissé avec l’arrivée de nouveaux approvisionnements de la récolte d’été-automne selon les négociants qui ont ajouté que les pluies fréquentes pendant la récolte ont affecté la qualité du paddy.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi inchangés pour la troisième semaine consécutive à $420 la tonne dans un marché calme.

Au Bangladesh, des crues soudaines ont détruit près de 254 000 tonnes de riz, affectant plus de 400 000 agriculteurs, selon une estimation du ministère de l’Agriculture du pays.  Alors que le gouvernement a réduit les droits d’importation sur le riz et autorisé les commerçants privés à importer environ un million de tonnes de riz afin de contenir la flambée des prix, les prix des céréales de base restent élevés pour les Bangladais.

Le  Cambodge a exporté 168 280 tonnes de riz usiné vers la Chine au premier semestre 2022, en hausse de 17,4% par rapport à la même période l’an dernier, selon un rapport du  ministère de l’Agriculture, des forêts et de la pêche. La Chine est le plus grand acheteur de riz cambodgien au cours de la période de janvier-juin représentant un peu plus de 50% des exportations totales du pays.

SUCRE

Le sucre poursuit son évolution en dents de scie. Le roux a clôturé hier soir en baisse, à 18,35 cents la livre (lb) alors qu’il était à 19,25 cents vendredi dernier sur l’échéance octobre. Le sucre blanc, quant à lui, dégringole franchement, après avoir changé d’échéance, octobre terminant hier soir à $ 532,60 alors que l’échéance août était à $ 598,60 la tonne en fin de semaine dernière.

Selon des négociants, c’est la baisse des cours du pétrole et surtout la baisse du prix du litre à la pompe qui incitent les raffineurs au Brésil de convertir la canne en sucre plutôt qu’en biocarburant, ce qui est plutôt baissier pour les cours du sucre. D’ailleurs, Archer Consulting indique que les raffineries brésiliennes ont augmenté leurs couvertures sur l’ICE en juin, ce qui serait le signe de leur volonté d’accroître leur production sucrière.

A contrario, en Inde, les raffineries devraient se tourner davantage vers la production d’éthanol en 2022/23, ce qui pourrait entrainer une baisse de 1,4% de sa production de sucre, estime l’Indian Sugar Mills Association (ISMA). Au total, 4,5 Mt de canne devraient aller à la fabrication du biocarburant contre 3,4 Mt cette campagne.

A noter que les rumeurs vont bon train sur l’éventualité que le gouvernement indien augmente d’un million de tonnes les volumes autorisés à l’export durant cette campagne.  

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *