L’enjeu financier derrière le débat, non tranché à la COP22, entre adaptation et atténuation

 L’enjeu financier derrière le débat, non tranché à la COP22, entre adaptation et atténuation
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Si la COP21, la Conférence sur le climat, qui s'est tenu à Paris l'année dernière, a "connu un succès historique", "elle n'a pas permis de mesurer la pertinence d'une contribution du secteur agricole, notamment africain, face au défi du réchauffement de la planète et d'en tirer toutes les conséquences, en particulier celles liées aux nécessaires investissements dans ce secteur", a déclaré le ministre ivoirien de l'Agriculture et du développement rural, Mamadou Sangafowa Coulibaly, la semaine dernière à Marrakech. La COP22, qui s'est tenue du 7 au 18 novembre  au Maroc, "COP de l'action" selon le ministre, devait être le lieu "pour donner à l'agriculture toute la place qui lui revient de droit dans le débat sur le changement climatique", a précisé le ministre, également président de la 29ème Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique, lors du "side-event" sur l'Initiative d'adaptation de l'agriculture africaine.

Pourquoi l'agriculture ? Car elle est à la fois problème et solution : si l'agriculture représente un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les sols stockent le carbone. D'ailleurs la COP22 ne s'y est pas trompée : notre confrère du Monde  a comptabilisé plus de 40 réunions sur l'agriculture à Marrakech, dont l'initiative AAA mais aussi l'initiative française du "4 pour 1000" lancée lors de la COP21 à Paris et tendant à stocker le carbone dans les sols.

Pourquoi l'agriculture africaine, précisément ? Non seulement, sans doute, parce que la COP22 s'est tenue au Maroc mais aussi, rappelle Mamadou Sangafowa Coulibaly, parce que l'Afrique dispose "des deux tiers des ressources naturelles de la planète encore disponibles", qu'elle "n'est responsable que de 4% des émissions de gaz à effet de serre" et qu'elle est "le plus frappé par les impacts du changement climatique et le plus fragile". Citant le président François Hollande, il a rappelé que "36 des 50 pays les plus affectés par le changement climatique au monde sont africains".

L'exploitation forestière et non l'agriculture, principale cause de la déforestation

Pour l'Afrique, la question n'est pas tant de réduire ses émissions, puisqu'elles ne représentent que 4% des émissions mondiales, soit un volume insignifiant, mais plutôt de s'adapter. D'où l'initiative pour l'Adaptation de l'agriculture africaine (AAA), une initiative lancée en avril dernier par le Maroc et qui requiert des "ressources conséquentes et de l'assistance technique" des pays développés, ressources et assistance que l'Afrique "est en droit d'attendre", précise-t-il.

Pourquoi ce "droit" ? D'une part car le continent compte "plus de 10 millions de réfugiés climatiques". Mais aussi, déclare le ministre, parce que "ce n'est pas l'agriculture qui est la principale responsable de la déforestation accélérée sur le continent mais bien l'exploitation forestière qui continue d'alimenter l'industrie des pays développés." On ne saurait penser que c'est le "simple fait d'une agriculture encore familiale" qui a réduit de 16 millions d'hectares à moins de 2 millions les forêts en Côte d'Ivoire. Et de conclure : "Voilà pourquoi nous pensons que l'essentiel des ressources affectées à l'Adaptation doit revenir à l'agriculture africaine". Un enjeu financier est de taille.

Une position -l'adaptation aux changements climatiques et des moyens financiers accrus pour l'Afrique ou du moins pour les pays du Sud- qui se heurte à celle des pays développés qui optent davantage pour l'atténuation, à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l'agriculture. Un clivage profond entre pays du Sud et pays du Nord, qui n'a pas été résolu à Marrakech et qui a été renvoyé pour discussion en 2017 lors de la COP 23 qui se tiendra à Bonn.

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