La Niña, la Covid, la politique : difficile de voir clair dans le marché de l’huile de palme

 La Niña, la Covid, la politique : difficile de voir clair dans le marché de l’huile de palme
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La production mondiale d’huile de palme brute est attendue en hausse de 6% l’année prochaine par rapport à cette année qui s’achève mais dont les chiffres sont encore estimatifs, annonce aujourd’hui le Conseil d’huile de palme de Malaisie (MPOC de son sigle anglais).

Ainsi, la production globale atteindrait 78,4 millions de tonnes (Mt) en 2021 contre 74,19 Mt cette année. Selon le MPOC, la hausse serait essentiellement le fait des rendements, a déclaré le représentant du Conseil à l’agence de Shanghai, Huang Huohui, mais il y aurait tout de même des légères augmentations de superficies chez les plus grands producteurs que sont l’Indonésie avec +1% et la Malaisie avec 0,5%. Il a rappelé qu’une importante part des palmiers sont âgées et devront être remplacés, ce qui impactera la production à court et moyen termes.

Ceci est supérieur au chiffre de l’analyste Dorab Mistry qui, en début de mois, avait estimé que les deux géants produiraient 70 Mt, dont 50 Mt en Indonésie, premier producteur mondial, et 20 Mt en Malaisie.

L’Indonésie n’a pas la même analyse

Ces deux prévisions sont également supérieures à celle du leader mondial, l’Indonésie. L’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI, de son sigle anglais) estime la production à 46 Mt en 2020, en baisse de 2% par rapport à 2019.

Selon Mirae Asset Sekuritas , le phénomène météorologique la Niña pourrait impacter la production en 2021 et elle a révisé à la baisse ses prévisions de production nationale pour 2021 à 42 Mt contre les 43 millions avancés précédemment.

En revanche, GAPKI est optimiste quant aux exportations qu’elle prévoit en nette hausse, tablant sur un redressement économique mondial. Ainsi, 36 à 37 Mt d’huile de palme bruie pourraient être exportées en 2021 contre les 24,92 Mt attendues en 2020, une chute de 18% des volumes par rapport à 2019 en raison de la pandémie : sur les 10 premiers de 2020, les exportations d’huiles de palme brute et raffinée d’Indonésie ont chuté de 6% à 27,1 Mt par rapport à la même période en 2019. Ce sont les exportations vers l’Inde et vers les Etats-Unis qui ont enregistré les plus fortes hausses. Ceci dit, la baisse des volumes cette année est compensée par la hausse des cours : le cours de l’huile de palme brute sur la Bursa Malaysia Derivatives est passé d’un plus bas cette année de 2 000 ringgits la tonne le 6 mai à 3 >665 ringgits ($ 905,7) le 18 décembre.

La prudence est donc de mise, fait remarquer le secrétaire général de GAPKI, Togar Sitanggang au journal Jakarta Post: la reprise de la demande mondiale n’aura pas lieu avant la deuxième moitié de l’année prochaine. En outre, c’est la demande nationale qui devrait être le moteur de la filière en Indonésie l’année prochaine pour financer son programme de biodiesel. La consommation nationale grimperait de 1,2% en 2021 à 15,8 Mt, selon GAPKI.

Quant aux prix, Dorab Mistry estime qu’ils devraient baisser de moitié d’ici juillet-août. Entre autres raison, la légère baisse attendue de la demande chinoise en 2021, à 6,35 Mt contre 6,42 Mt cette année car la production chinoise d’huile de soja progresse, bien que celle de colza et tournesol baisse.

Rappelons que ces deux géants de l’huile de palme que sont l’Indonésie et la Malaisie sont loin des réalités ouest africaines, le Nigeria, n°1 africain, produisant environ 600 000 t et la Côte d’Ivoire environ 550 000 t .(lire notre article L’huile de palme de Côte d’Ivoire face au double défi du marché croissant et du ‘bashing’)

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