La Chronique Matières Premières Agricoles au 22 mars 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 22 mars 2018
Partager vers

La menace d’un conflit commercial entre les deux premières puissances économiques mondiales, les Etats-Unis et la Chine, pèse sur les marchés. Le président Donald Trump a évoqué hier des mesures punitives contre des importations chinoises d’un montant pouvant atteindre $ 60 milliards. Il accuse le géant asiatique de concurrence déloyale et de vol de propriété intellectuelle. L’euro s’est inscrit hier en net repli par rapport au dollar, affecté notamment par la publication d’un recul de la croissance du secteur privé en mars dans la zone euro, selon l’indice PMI composite du cabinet Markit, après une première baisse en février.

Côté pétrole, le Brent se maintient ainsi au-dessus des $ 69 dollars le baril, porté par les déclarations de l’Arabie saoudite sur sa volonté de poursuivre en 2019 la coordination avec la Russie et d’autres producteurs extérieurs à l’Opep pour désengorger le marché mondial. Goldman Sachs a relevé sa prévision de cours pour le Brent à 82,50 dollars en milieu d’année, en expliquant tabler sur une efficacité accrue des mesures d’encadrement de l’offre prises par l’Opep.

CACAOCAFÉ – CAOUTCHOUC – COTON – HUILE DE PALMERIZSUCRE

 

CACAO

Les achats spéculatifs continuent à bien soutenir les cours du cacao sur les marchés internationaux, même si la tonne de cacao a, en définitive, perdu £ 10 environ sur la période sous revue, clôturant hier soir sur le marché à terme de Londres à £ 1 786, partie de £ 1 796 vendredi dernier.  A New York, la tonne de fèves a gagné $ 13 sur la période, terminant à $  2 535 la tonne contre $ 2 522 vendredi. On est au plus haut depuis 2016 !

Clairement, les fonds spéculatifs sont responsables du maintien du momentum“, souligne un trader, en attendant de voir plus clairement l’impact que le temps sec entre les mois de novembre à mars a eu sur la récolte intermédiaire qui va démarrer début avril et courir jusqu’à fin septembre. Côté industriel, la demande est soutenue car les stocks sont bas. Un soutien non négligeable, là encore, aux cours.

Côté offre, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont tous deux été assez agressifs dernièrement dans leurs ventes de cacao à terme, voulant profiter de la fermeté des cours, et ils seraient aujourd’hui bien couverts.

Ceci dit, la prudence reste de mise car le marché mondial demeure excédentaire : les négociants pointent du doigt la décote sur les prix spot, témoin d’une abondance des stocks.  En est pour preuve le peu de cas fait par les marchés de l’annonce mercredi par le Conseil du café-cacao (CCC) d’une production intermédiaire ivoirienne qui  pourrait chuter de 23% : le comptage de cabosses la semaine dernière a fait état d’une production au maximum de 400 000 t contre 520 000 t la campagne dernière, sur cette récolte intermédiaire.

Quant aux exportations, au 18 mars, les arrivages de cacao aux deux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,331 Mt, et ce depuis le 1er octobre, en baisse de plus de 5% par rapport aux 1,408 Mt sur la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs. 19 000 t ont été livrées entre les 12 et 18 mars contre 27 000 t sur cette même semaine l’année dernière.

Le prix garanti au producteur en Côte d’Ivoire serait abaissé pour cette campagne intermédiaire, sans doute à FCFA 600-650 le kilo contre FCFA 700 la dernière.

Une semaine durant laquelle s’est tenue, mardi, un forum des investisseurs dans les filières cacao d’Afrique de l’Ouest, organisé par la Banque africaine de développement et la Banque mondiale afin de lever  des fonds pour mettre en œuvre des programmes permettant aux deux premiers producteurs mondiaux de développer des stratégies communes pour moins subir le marché mondial (lire nos informations). On a alors appris que le Ghana renoncerait à modifier son mécanisme de prix au planteur (lire nos informations).

En Indonésie, le consortium Swisscontact et le Millenium Challenge Account (MCA-Indonesia) ont formé un partenariat avec des entreprises privées afin d’améliorer la productivité sur les plantations cacaoyères.

CAFÉ

L’Arabica a terminé en hausse, à $ 1,19 la livre (lb) contre $ 1,1805 vendredi dernier sur le marché à terme de New York. Le Robusta, quant à lui, termine en baisse sur la période, à $ 1 742 contre $ 1 745 en fin de semaine dernière.

L’Indonésie est en pleine récolte intermédiaire, ce qui dynamise les transactions de l’archipel au détriment du Vietnam qui voit les siennes ralentir. Le Grade 4, 80 défauts de la province indonésienne de Lampung est demeuré stable par rapport à la semaine dernière, trouvant acheteur avec une prime de $ 140 la tonne sur l’échéance mai à Londres. Au Vietnam cette semaine, les planteurs ont vendu leur café à 37 500 dongs ($ 1,65) contre $ 37 400 à 37 700 dongs la semaine dernière. Le Grade 2, 5%, 5% brisures et grains noirs, s’est vendu avec une décote de $ 50 à $ 60 la tonne par rapport à l’échéance mai sur l’ICE de Londres, contre $ 40 à $ 50 la semaine dernière.

L’Indonésie dont le café a le vent en poupe cette semaine. Sa récolte est estimée par Moelyono Susilo, trader à PT Taman Delta Indonesia, atteindre 11 à 11,5 millions de sacs de 60 kg (Ms) en 2018 contre 9,5 Ms en 2017. D’autre part, notons que la mission commerciale indonésienne en Nouvelle Zélande cette semaine a été plus que fructueuse, notamment pour la filière café. Selon le ministre du Commerce Enggartiasto Lukita, le total des contrats négociés a atteint $ 9,7 millions dont $ 6 millions uniquement de café.

En Ouganda, N°1 du Robusta africain, les exportations en février ont été relativement stables par rapport à février 2017, à 390 677 sacs de 60 kg contre 397 883 sacs, a annoncé hier Uganda Coffee Development  Authority (UCDA). En mars, l’organisme estime que les exportations baisseront à 380 000 sacs contre 409 916 sacs il y a un an. En valeur, les exportations en février ont rapporté $ 41,6 millions contre 48,5 millions en février 2017.

Côté Arabica, le Kenya a enregistré une baisse de son prix maximum lors de ses ventes aux enchères cette semaine. Le Grade AA s’est négocié entre $ 104 et $ 379 le sac de 50 kg contre $ 31-392 la semaine dernière, alors que le Grade AB s’est vendu entre $ 31 et $ 328 contre $ 21 et $ 388 le sac.

CAOUTCHOUC

Forte glissade sur le marché du caoutchouc cette semaine affecté par l’appréciation de la monnaie japonaise, la faiblesse du marché à terme de Shanghai, l’accumulation des stocks de caoutchouc tant en Chine qu’au Japon et l’affaiblissement du marché des actions japonaises sur le Nikkei. Ils ont accumulé quatre séances de baisse, mercredi les marchés étaient fermés, pour clôturer jeudi à 187,3 yens ($1,77) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) contre 191,8 yens le kilo à la clôture vendredi dernier. Même évolution sur le marché de Shanghai à 12 130 yuans ($ 1916) la tonne jeudi contre 12 580 yuans vendredi dernier. En outre, la restriction aux exportations  des grands exportateurs de caoutchouc, qui semble avoir eu peu d’effet sur les prix, se termine à la fin du mois de mars. « Compte tenu de la faiblesse des fondamentaux et de  la fin des  restrictions à l’exportation par les producteurs à la fin de ce mois, le Tocom pourrait plonger sous la barre des 180 yens” » a déclaré Hiroyuki Kikukawa de Nissan Securities.

Sur les deux premiers mois de l’année, la production mondiale de caoutchouc naturel s’est élevée à 2,207 millions de tonnes (Mt), en hausse de 4,3% par rapport à la même période en 2017, selon l’Association of natural rubber producing countries (ANRPC). La demande mondiale progresse légèrement (+0,75%) à 2,014 Mt.  Une lente production de caoutchouc naturel est attendue dans les mois à venir compte tenu de la période de la chute saisonnière des feuilles des hévéas dans la plupart des pays membres de l’ANRPC.

En Indonésie, le district de Kapuas Hulu va bénéficier du soutien du gouvernement allemand, via la GIZ, pour développer les plantations d’hévéas des agriculteurs locaux. Le projet devrait démarrer l’année prochaine.

Côté entreprise, Michelin va racheter le britannique Fenner, spécialiste du tapis roulant pour l’industrie, notamment minière, valorisé 1,3 milliard de livres (€1,48 milliard), a annoncé le 19 mars le groupe français du pneumatique dans un communiqué. Une opération qualifiée d’OPA amicale. L’offre en numéraire de Michelin, à 6,10 livres par action Fenner, représente une prime de 30,7% sur le cours Fenner du 16 mars et de près de 33% sur le cours des trois derniers mois.

COTON

Le marché du coton n’a guère évolué d’une semaine à l’autre le contrat de mai clôturant jeudi à $ 82,15 cents la livre contre $82,85 cents la livre vendredi dernier. Toutefois, sur la semaine, des mouvements de hausse et de baisse jusqu’à 2% de variation se sont alternés, impulsés surtout par des facteurs extérieurs comme le prix du pétrole ou la menace de guerre commerciale suite aux mesures de protectionnisme annoncées par Donald Trump. 

Aujourd’hui, le sentiment des négociants est plutôt haussier. Une hausse qui pourrait être alimentée par la situation du premier producteur mondial de coton, l’Inde. En effet,  la Cotton Association of India (CAI) estime que les semis de coton en Inde pourraient chuter de 12% à 10,8 millions d’hectares pour la campagne 2018/19 car  l’infestation par le ver rose du  cotonnier  dans les Etats de Maharashtra et du Telangana lors de la campagne actuelle a diminué les revenus des agriculteurs ce qui les inciterait à se tourner vers d’autres cultures comme le soja. En outre, alors que le département météorologique indien fournira le mois prochain des prévisions pour les pluies de mousson de juin-septembre, un prévisionniste privé a déclaré la semaine dernière que la mousson pourrait fournir un peu moins de l’humidité qu’à la normale en 2018.

Au Malawi, l’entreprise chinoise China-Malawi Cotton Company investit $44,2 millions dans une première phase et $36 millions dans une seconde phase  pour construire des usines  – une filature de coton, une unité de tissage et une usine de fabrication de serviettes de bain -dans le district central de Salima au Malawi, à environ 93 km de la capitale Lilongwe. La première phase du projet s’achèvera en juin prochain.

En Colombie , les producteurs de coton devraient bénéficier au second semestre d’une nouvelle variété de semence de coton développée par  la Société colombienne de recherche agricole (Corpoica), une entité liée au ministère de l’Agriculture et du développement rural. Une semence qui devrait améliorer les rendements.  La production de coton en Colombie est  d’environ 6 000 tonnes pour une superficie de 5 366 hectare. Elle est entièrement destinée au marché local.

HUILE DE PALME

Relative stabilité du marché de l’huile de palme cette semaine avec une clôture à 2450 ringgits ($626,28) la tonne jeudi contre 2416 ringgits vendredi dernier. Les cours ont été stimulés par la décision de l’Union européenne de supprimer ses droits sur les importations de biodiesel (cf. ci-dessous) mais aussi par de bons chiffres à l’exportation de la Malaisie.  Du 1er au 20 mars, elles ont progressé de 15,3% à 913 091 tonnes, selon AmSpec Agri Malaysia et de 13,6% selon SGS. Elles devraient s’accélérer dans les prochaines semaines, les acheteurs accroissant leur approvisionnement dans la perspective des festivités du Ramadan, qui démarre mi-mai cette année.

La Malaisie, deuxième producteur mondial d’huile de palme après l’Indonésie,  a fixé à 5% sa taxe à l’exportation de l’huile de palme en avril, après une suspension de trois mois en début d’année. Le pays d’Asie du Sud-Est a calculé un prix de référence de l’huile de palme de 2 474,63 ringgits ($633,38) la tonne pour le mois d’avril (un  prix supérieur à 2 250 ringgits entraîne l’application d’une taxe).

En Indonésie, la production d’huile de palme devrait croître de 2 millions de tonnes (Mt) en 2018/19 pour atteindre 40,5 Mt contre 38,5 Mt, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). La consommation, avec la croissance de la population et de la demande industrielle, devrait croître significativement pour atteindre 9,48 Mt en 2018 /19.  Au niveau du commerce, les exportations devraient progresser de 2Mt pour atteindre 29,5 Mt en 2018/19 avec l’hypothèse d’une hausse de 5% de la demande en Chine, de 3% de l’Union européenne et de 1,5% de l’Inde.

L’Union européenne (UE) a supprimé ses droits sur les importations de biodiesel de 13 producteurs argentins et indonésiens à l’issue d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), selon un document de la Commission. Les droits antidumping étaient en vigueur depuis 2013.

Les entreprises ayant porté plainte auprès de la CJUE ne se verront plus imposer de droits antidumping. Il s’agit notamment des branches argentines des géants du négoce Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, ainsi que Molinos Rio de la Plata, l’indonesien Ciliandra Perkasa et la division indonésienne de Wilmar. Ces sociétés réalisent l’essentiel des exportations de biodiesel. Selon la législation européenne, les importateurs peuvent aussi réclamer le remboursement des droits versés.

Pour les entreprises n’ayant pas déposé de plainte auprès de la CJUE, les droits antidumping – de €166,95 à €178,85 la tonne pour l’Indonésie et de €62,52 à €79,56 la tonne pour l’Argentine – continuent à s’imposer à l’entrée de l’Europe.

L’UE, continue par ailleurs à imposer un droit de douanes de base de 10,9% sur les importations de biodiesel des pays tiers.

L’ONG Greenpeace estime que les grandes sociétés internationales de produits de grande consommation ne semblent pas être en mesure de remplir leur engagement de s’approvisionner en huile durable, sans déforestation, d’ici à 2020. Seule la moitié des seize marques sollicitées par l’ONG  pour indiquer la provenance de leur approvisionnement en huile de palme ont répondu favorablement (cf. nos informations).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Asie se contractées cette semaine sur les trois principaux marchés.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont diminué $3 la tonne pour se situer entre $419 -$423 la tonne avec une demande faible tant du côté des acheteurs africains qu’asiatiques. Les achats du Bangladesh diminuent depuis quelques semaines mais pourraient rebondir car les prix du riz au Bangladesh sont plus élevés que dans les pays voisins en dépit des fortes importations.

Les exportations indiennes de riz basmati devraient afficher une forte croissance en 2018 et en 2019, d’environ 20%,  grâce à l’amélioration de la demande sur le marché international, notamment de la part de l’Iran, et aux prix plus élevés du riz paddy au cours des deux dernières campagnes. Selon une note de l’ICRA, les exportations indiennes de riz basmati ont connu une forte reprise au cours de l’exercice en cours avec une croissance de 22% en valeur sur les  neuf premiers mois l’année fiscale 2018, après avoir été à la baisse sur l’exercice 2015/17.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont aussi en baisse à $405-$416 la tonne contre $410-$415 la tonne la semaine dernière.

En  Thaïlande, le prix du Thaï 5% a légèrement glissé à $430-$432 la tonne contre $432-$435 la semaine dernière. Les prix locaux ont été soutenus par de nouvelles commandes en provenance de Chine et d’Indonésie, toutefois une légère dépréciation du baht thaïlandais a limité la hausse.

Selon les estimations, la principale production de riz de la Thaïlande en 2018/19 devrait augmenter de plus de 7% pour atteindre 25,81 millions de tonnes (Mt), a annoncé mardi le gouvernement La récolte actuelle de contre-saison 2017/18 est également estimée à 8,16 Mt, soit 180 000 tonnes de plus que prévu en décembre en raison des fortes pluies.

Au Togo, la brasserie BB investit dans son approvisionnement en riz avec la construction d’ici à la fin de l’année d’entrepôts de riz dans la région des Plateaux (cf. nos informations).

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir en hausse sur la période sous revue, à  12,77 cents la livre (c/lb) sur le marché à terme de New York , parti de 12,65 c/lb vendredi dernier. Le sucre blanc, à Londres, a gagné  environ $ 8, clôturant à $  356,10 contre $ 348,30 vendredi.

Le marché a quelque peu digéré l’annonce faite par l’Inde la semaine dernière qu’il allait ramener à zéro ses taxes à l’exportation afin d’alléger le marché. En effet, pour l’instant, les exportations de sucre indiennes ne sont guère viables car les prix du sucre sur le marché intérieur demeurent nettement supérieurs aux cours du marché mondial, de l’ordre de $ 150 la tonne. Ainsi, pour l’heure, els opérateurs en Inde ne sont guère enclins à déverser le sucre sur le marché mondial, ce qui donne à ce dernier un répit.

Les importations de sucre par la Chine sont en chute libre, à 20 000 t en février contre 30 000 t le mois précédent, leur niveau le plus bas depuis la mi-mars. Certes, les festivités du Nouvel An, qui otn démarré le 16 février, ont ralenti les transactions, mais les importantes taxes à l’importation, anti-dumping, en sont aussi la raison.

Au Brésil, les statistiques de la compagnie maritime Williams révèlent que 40% des expéditions de sucre en 2017 ont été le fait de deux entreprises : RAW qui est une entreprise conjointe composée de Wilmar International et du groupe Raizen, lui-même joint-venture de Cosan et Royal Dutch Shell ; Alvean, composé du brésilien Copersucar et de l’américain Cargill. Le premier a exporté 5,26 Mt en 2017, soit 21,1% des expéditions brésiliennes, tandis que el second a expédié 4,43 MT soit 17,8% des exportations totales de sucre du Brésil.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *