La chronique Matières du Jeudi (23 juin 2016)

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Le référendum britannique sur le maintien ou non dans l'Union européenne (UE), référendum qui se tient -enfin…!- aujourd'hui, aura impacté les marchés jusqu'à la dernière minute. Sur les marchés financiers, bien sur – et donc sur les marchés de matières premières, l'impact devises étant toujours considérables sur les transactions des matières premières agricoles. "Un vote en faveur du maintien dans l'UE serait probablement haussier sur les matières premières. Une sortie apporterait une note négative générale", selon Peter Mooses de chez RJO Futures à Chicago.

CACAO

Dans un marché très agité par le référendum aujourd'hui au Royaume Uni sur le maintien ou non dans l'UE -le marché à terme de Londres étant le marché directeur en matière de cacao, la tonne de fèves a terminé hier soir en hausse de £ 11 par rapport à la veille, à £ 2 264, mais quasiment inchangé par rapport aux £ 2 268 la tonne coté à la clôture vendredi dernier. New York a davantage pris en une semaine, terminant à $ 3 156 contre $ 3 066 vendredi dernier. Ceci dit, les investisseurs aurait cessé de parier contre la livre sterling un jour avant le référendum britannique sur le maintien ou non dans l'UE.

Chez le n° 1 mondial, la Côte d'Ivoire, les fortes pluies qui tombent actuellement sur les zones cacaoyères devraient améliorer la récolte intermédiaire qui a démarré en avril et s'achève en septembre. Toutefois, les averses sont si fortes actuellement que certains craignent des inondations et des maladies liées à une humidité excessive.  A noter qu'au 19 juin, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro totalisaient 1 374 000 tonnes (t) depuis le début de la campagne 2015/16, soit au 1er octobre dernier, contre 1 517 000 t sur la même période en 2014/15, estiment les exportateurs.

Au Brésil, le manque de pluies dans les régions cacaoyères ont entrainé une chute de 23% de la production en 2015/16, à 72 267 t, rapporte la Bahia Commercial Association. Aussi les importations brésiliennes de fèves ont-elles triplé, grimpant à 37 tonnes (t) de janvier à mai contre seulement 11 t sur la même période en 2015.  C'est le volume le plus élevé depuis 2013, sur cette même période. Et l'étroitesse des disponibilités se confirment avec les derniers chiffres de l'Association commerciale de Bahia : entre le 1er mai et le 19 juin, les arrivages de cacao dans les entrepôts brésiliens, provenant de la récolte brésilienne et des importations, ont chuté de 44%, à 29 156 t contre 51 738 t sur la même période en 2015/16. Rappelons que le Brésil était un exportateur majeur de cacao il y a quelques décennies, avant que la maladie du balai de la sorcière ne sévisse et dissémine son verger.

CAFÉ

La récolte importante de café en cours actuellement au Brésil pèse sur les prix de l'Arabica coté sur le marché à terme de New York, tandis que la baisse de production du Robusta a fait grimper le prix de cette variété à des plus hauts en 10 mois. Ainsi, l'Arabica a clôturé mercredi soir à New York à $ 1,397 la livre parti de $ 1,4285 vendredi dernier, tandis que le Robusta grimpait à $ 1 708 la tonne parti de $ 1674.

Aux ventes aux enchères du Kenya, mardi, les prix ont été à la hausse. Le Grade AA a trouvé preneur dans une fourchette de prix allant de $ 57 à $ 305 le sac de 50 kg contre $ 51 à $ 300 la semaine dernière. Le Grade AB, quant à lui, s'est vendu entre $ 57 et $ 272 contre $ 50 et $ 262.

En Colombie, où on doit encore faire face aux conséquences d'El Niño, on s'inquiète des 76% de "chance" que La Niña sévisse d'ici la fin de l'année. El Niño aurait impacté la moitié des superficies caféières du pays, affectant aussi la qualité des grains.

En Asie, où la récolte de Robusta bat son plein, la rivalité s'attise entre les deux grands producteurs : le café vietnamien est $ 50 la tonne moins cher que l'indonésien. Le Vietnam Grade 1 screen 16 se vend à prime de $ 75-85 la tonne par rapport au marché à terme de Londres, marché de référence, contre $ 130-140 pour l'Indonésie Grade 4, 80 défauts.  Ceci dit, les primes des deux pays asiatiques sont en baisse par rapport à la semaine dernière, la surcote des Robustas vietnamiens s'établissant à $ 80-90 la semaine dernière et les indonésiens à $ 140-150.

Selon le Département américain de l'Agriculture (USDA) (Cf.  L'Arabica et le Brésil domineront la campagne café 2016/17, selon l'USDA), la production indonésienne pour la campagne 2016/17, qui s'achève en mars, chuterait de 15%, à 10 millions de sacs de 60 kg (Ms), en raison de la sécheresse sévère liée à El Niño. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'USDA estime la production au Vietnam en baisse de 3 Ms à 27,3 Ms. Les exportations chuteraient de 850 000 sacs, à 25,2 Ms, avec des stocks de fin de campagne en réduction de 2,2 Ms à 3,5 Ms.

S'agissant de l'Indonésie (ancienne colonie des Pays-Bas), notons que l'archipel a organisé cette semaine à La Haye, aux Pays-Bas, une semaine de promotion de son café de spécialité au travers du Indonesian Coffee Festival.

Au plan mondial, l'USDA estime que la production sera en hausse de 2,4 Ms par rapport à 2015/16, pour atteindre 155,7 Ms, avec les Arabica qui retrouveraient une part de marché de 60% face aux Robusta. Le Brésil, à lui seul, qui produit de l'Arabica et du Robusta, devrait enregistrer une production caféière totale de 56 Ms, en hausse de 6,6 Ms. La consommation serait record, de l'ordre de 150,8 Ms mais les exportations mondiales seraient en baisse par rapport à leurs niveaux records de 2015/16, à cause du Robusta.

A noter que le premier produit cubain qui devrait retrouver le chemin du marché américain devrait être le café ! Nestlé, via  Nespresso, a annoncé lundi qu'il commencerait à le vendre dès l'automne prochain. Marketing oblige, il sera vendu en édition limitée sous le nom de Cafecito de Cuba. Pour commencer, Nespresso a annoncé qu'il achèterait son café vert à des importateurs européens, qu'il le torréfierait et le conditionnerait en capsules pour vente aux Etats-Unis. Le café cubain est dit avoir des notes de cèdre avec un léger arôme caramélisé…

Autre point à relever sur le marché cette semaine, la société japonaise Wataru a acheté mercredi, lors de la vente en ligne du Cup of Excellence, un quintal (46 kg) de café de très haute qualité du Costa Rica à $ 5900….. Ce café est cultivé sur la ferme de Sumava dans la ville de Cirri de Naranjo dans la province d'Alajueal à l'Ouest du pays.

CAOUTCHOUC

Vendredi dernier, les cours du caoutchouc ont enregistré leur premier gain hebdomadaire  en huit semaines, les investisseurs couvrant leurs positions courtes avec l’affaiblissement du yen et le rebond du marché de Shanghai. Le gain de la semaine a été de 1,7%. Une reprise confirmée lundi, de moindres préoccupations sur l’issue du référendum au Royaume-Uni et un possible resserrement de l’offre ont stimulé l’appétit du risque des investisseurs et propulsé les cours à 155,9 yens ($1,49) le kilo, gagnant 5,4 yens. Après avoir chutés mardi avec l’appréciation du yen et des prix du pétrole plus faibles, ils ont rebondi mercredi et jeudi  mais le marché reste dans l’attente du résultat du référendum et les échanges sont faibles.

La Chine a importé 1,81 million (Mt) de tonnes de caoutchouc naturel et synthétique sur les quatre premiers mois de 2016, en hausse de  35,7 % par rapport à la période correspondante de 2015, selon les données publiées par le Bureau national des statistiques. En valeur, les importations de caoutchouc naturel et synthétique du pays ont atteint 15,97 milliards de yuans (environ $ 2,4 milliards) au cours des quatre premiers mois de 2016, en progression de 10,5%  par rapport à la période correspondante en 2015.

COTON

Les cours à terme du coton ont  augmenté mercredi, les achats spéculatifs sur le marché des céréales  faisant grimper les prix  avec un volume faible. «Les gens sont un peu prudents et nerveux et à juste titre avant le vote britannique», a déclaré Jim Lambert, directeur des ventes chez FCStone Merchant Services. Le contrat de coton  de décembre a clôturé  à 64,53 cents la livre. La veille, ils avaient accusé une perte de plus de 2% suite au rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) montrant une amélioration des conditions de culture mais  de la faiblesse des autres marchés des matières premières. Près de 54% de la récolte américaine était en bon ou en excellent état, selon l’USDA.

En Chine, les importations de coton brut ont reculé  de 51,6% à 78 778 tonnes le mois dernier par rapport à mai 2015 et ont chuté de 54% de janvier à mai 2016 à 357 693 tonnes, selon les données douanières. La dernière estimation de l'USDA sur les importations chinoises pour l'année 2015/16 qui se termine le 31 juillet montre une baisse de 46% par rapport à l'année précédente.

Les ventes cumulées de ses stocks de réserve par  la Chine depuis le démarrage des  ventes aux enchères le 3 mai auraient dépassé 900 000 tonnes. A la vue du rythme des ventes réalisées, la Chine pourrait céder la totalité des 2 millions de tonnes  en août où les enchères seront closes. Toutefois,  cela ne représenterait moins d’un cinquième de l’ensemble de la réserve estimée entre 11 et 11,5 millions de tonnes.

HUILE DE PALME

L’huile de palme continue son déclin accumulant plusieurs sessions consécutives de pertes à l’exception de vendredi dernier. Les cours sont plombés par la perspective d’une hausse de l’offre et la baisse des exportations. Sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours sont tombés  jeudi à un plus bas depuis décembre se situant à 2365 ringgits ($589) la tonne, enfoncé également par l’appréciation du ringgit à son plus haut niveau face au dollar en six semaines. Les exportations d’huile de palme de Malaisie sur les 20 premiers jours de juin ont chuté entre 8 et 10% avec une forte baisse des exportations vers le premier consommateur mondiale, l’Inde.

Revirement de situation à l’Assemblée nationale française mercredi soir, les députés ont renoncé à surtaxer l’huile de palme en nouvelle lecture sur le projet de loi Biodiversité. A la place, les députés ont voté un amendement du gouvernement, s’inspirant d’un rapport de la mission d’information sur la taxation des produits agro-alimentaires et se fixant comme objectif de revoir d’ici six mois «le dispositif actuel de taxation des huiles alimentaires, afin notamment de le simplifier et de favoriser les productions dont la durabilité fait l’objet de critères objectif ».C’est la troisième fois depuis 2012 que les parlementaires débattent de la « taxe Nutella ».

RIZ

Dans un contexte de faible demande, les prix à l’exportation en Inde et en Thaïlande se sont légèrement abaissés tandis que l’amélioration de la qualité des grains au Vietnam a donné un support au prix.

En Inde, le 5% étuvé s’échangeait à $380-$390 la tonne contre $382-$392 la tonne la semaine dernière. La dépréciation de la monnaie indienne, la roupie – au plus bas d’un mois lundi dernier – a permis aux exportateurs de réduire leurs prix. L’Inde a vendu à l’Irak via un appel d’offres 80 000 tonnes de riz basmati à l’Iran. Ce dernier chercherait encore 30 000 tonnes supplémentaires avant le 28 juin.

En Thaïlande, le 5% a glissé à $415-$438 la tonne contre $418-$439 la semaine dernière avec que des faibles volumes achetés. Lors des ventes aux enchères du 15 juin, la Thaïlande a vendu 1,99 million de tonnes de riz issu de ses réserves.

Au Vietnam, les prix ont légèrement grimpé avec l’amélioration de la qualité et les achats nationaux mais les principaux acheteurs, y compris, la Chine étaient absents. Le Viet 5% pour la récolte hiver-printemps s’échangeait à $370-$380 la tonne et $355-$365 pour la récolte été-automne. La Chine a importé près de 750 000 tonnes de riz vietnamien de janvier à mai, en hausse de 36% par rapport à la même période en 2015.

La Thaïlande, deuxième plus grand exportateur mondial de riz, a approuvé une série de mesures d'une valeur d'environ 45,58 milliards de bahts ($1,3 milliard)  pour aider les  producteurs de riz aux abois  avant le début de la  récolte,  a déclaré mardi le ministre des Finances, Apisak Tantivorawong. Rappelons que la sécheresse a réduit la production de riz thaïlandais de 1,82 million de tonnes depuis octobre 2015, selon les données du ministère de l'Agriculture et des coopératives.

Les mesures comprennent le paiement aux riziculteurs  d’une subvention directe de 1 000 bahts ($28,43) par rai (0,17 hectares) pour un maximum de 10 rais par ménage. Quelque 3,7 millions de foyer devraient percevoir la subvention pour une  valeur totale de 37,86 milliards bahts, selon  Apisak Tantivorawong. En outre, les agriculteurs disposant de faibles revenus bénéficieront de formation dans la finance et la production et d’un programme d'assurance pour le riz de 2 milliards de bahts.

Le Royaume-Uni sera le premier pays de l'Union européenne à reprendre ses importations de riz en provenance de Fukushima dans le nord du Japon, qui a connu l'une des pires catastrophes nucléaires de l'histoire. À partir de juillet, le riz récolté à Fukushima, connu sous le nom«Ten no Tsubu» (qui signifie «grain du ciel» en japonais)  sera sur les rayons des magasins de Londres. Selon les données du ministère japonais des Affaires étrangères, 34 pays avaient imposé des interdictions ou limitations sur les produits cultivés dans la préfecture de Fukushima et ses environs, craignant une contamination radioactive. Depuis janvier, l’Union européenne  a permis l'importation de thé, de produits de l'élevage et des fruits (à l'exception du kaki) sans aucune certification. Le Royaume-Uni, après la Malaisie et Singapour, sera le troisième pays dans le monde à importer du riz de Fukushima depuis l'accident nucléaire de mars 2011.

SUCRE

Début de semaine déprimante sur le marché du sucre roux, avec une glissade des cours sur le marché à terme ICE de New York durant trois jours consécutifs. Ceci dit, le sucre demeure à des niveaux très élevés, flirtant avec le seuil psychologique majeur des 20 cents la livre qu'il a d'ailleurs franchit jeudi dernier, à 20,11 cents, avant de se rétracter. Il a clôturé hier soir à 19,17 cents après un emballement des ventes 10 mn seulement avant la clôture du marché. Le sucre blanc, pour sa part, a glissé de 50 cents à la clôture, à $ 530,70 ; il a clôturé à $ 536 vendredi dernier à Londres.

Essentiellement trois facteurs expliquent la baisse du sucre. D'une part, au Brésil, il pleut moins et, par conséquent, les conditions pour broyer la canne s'améliorent. En outre, toujours chez le n°1 mondial, la situation dans les ports s'améliore, fluidifiant les flux. Troisièmement, il semblerait que le cours du sucre roux sur l'échéance octobre soit prisonnier, pour l'instant, d'une fourchette de prix allant de 19 à 19,50 cents la livre.

En Égypte, la production nationale en sucre a dépassé les 2,2 millions de tonnes (Mt), couvrant ainsi 77% de la consommation locale qui est de 3,1 Mt.

En Inde, les stocks d'ouverture de campagne 2016/17 sont de 7 Mt. La production nationale étant attendue à 23-24 Mt, les disponibilités totaliseront 31 Mt environ face à une demande de 26 Mt. Rappelons que pour maintenir des stocks suffisants dans le pays, le gouvernement a imposé une taxe de 20% à l'exportation de sucre et a conférer aux gouvernements locaux des droits pour imposer des limites à la détention de stocks par les traders.

Côté consommation, en novembre prochain, les habitants de San Francisco devront se prononcer pour ou contre l'instauration d'une taxe sur les boissons sucrées afin de lutter contre l'obésité. Ceci fait suite au conflit juridique que la ville a remporté le mois dernier contre l'industrie des sodas pour que celle-ci signale sur els obésités le rajout en sucre. Si le "oui" l'emporte au référendum, San Francisco sera la première ville américaine à introduire ce type de disposition. 

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