La Chronique Matières du Jeudi (22/06/2017)

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La semaine a été marquée par des doutes sur l'inflation au niveau mondial, chute du pétrole oblige, et la remise en cause par certains observateurs du scénario de remontée des taux et de réduction du bilan de la Réserve fédérale. En Europe, les premiers résultats des enquêtes mensuelles IHS Markit auprès des directeurs d'achats de la zone euro montrent une décélération inattendue de la croissance dans la région ces dernières semaines. Quant aux matières premières, "la communauté spéculative continue d'être sur un mode vendeur", estime Tom Kujawa de Sucden Financial.

CACAO

Et la fève repart à la baisse. Moins $ 30 sur la seule séance d'hier, jeudi, à New York, la tonne cotant à son plus bas en sept semaines, à $ 1 823. Depuis le 14 juin, les prix du cacao ont chuté de 12,1%, la plus forte chute en six jours depuis octobre 2008. A Londres, la tonne a perdu £ 23, à £ 1 485 après être tombée à £ 1 465 en cours de séance, son plus bas en quatre semaines. Vendredi dernier, à la clôture, le cacao cotait $ 2 028 la tonne et £ 1 612 à Londres.

Les raisons ? Toujours les mêmes : une offre mondiale surabondante et des ventes spéculatives. Le déclic, ces derniers jours, a été l'annonce par le Ghana d'une récolte principale la plus volumineuse depuis 6 ans (lire nos informations), ce qui alimente la surabondance générale, incitant les fonds spéculatifs à vendre.

"A part dire que nous avons beaucoup perdu, il n'y a guère d'arguments haussiers", déclarait à Reuters un trader.

Même les très fortes pluies en Côte d'Ivoire -qui ont fait 15 morts ce mois-ci- et ont obligé les autorités, la semaine dernière, à fermer les routes allant vers le port de San Pedro (lire nos informations) d'où, tout de même, part la moitié des exportations de cacao du numéro un mondial, n'a pas fait regrimper les prix. Et les routes ont été rouvertes mercredi, après que le pont de Baba ait été réparé. La semaine dernière, seulement 7 000 t de cacao sont arrivées à San Pedro, le plus faible volume depuis le début de la campagne en cours, et ce parce que la ville a été quasiment coupée du monde, du moins intérieur.

Pour le deuxième mois consécutif, l'Indonésie maintient à zéro sa taxe à l'exportation de fèves sur le mois de juillet, a annoncé hier le ministre du Commerce. Cette taxe est à zéro lorsque le prix gouvernemental de référence du cacao est de $ 2000 ou en dessous.

De janvier à fin mai, la Chine a importé un total de 17 335 tonnes (t) de fèves de cacao, avec pour premiers fournisseurs le Nigeria (7 617 t), l'Equateur (4 128 t), le Ghana (2 200 t), la Côte d'Ivoire (1 773 t) et le Togo ( 1517 t), les importations de fèves de Malaisie ne représentant que 99 t.

A noter, toutefois, que la Chine a importé pour 546 t de produits chocolatés de Malaisie sur ces 5 premiers mois de l'année, les importations totales de ces produits par la Chine s'élevant à 14 230 t avec pour premier fournisseur de chocolat la Belgique (2775 t), l'Italie (1 830 t), les Etats-Unis (1 423 t) et la Russie (1 036 t). Aucun pays africain ne fournit la Chine en produits chocolatés.

Mais, la Chine a vendu 19 835 t de produits chocolatés au monde entier sur ces 5 premiers mois, notamment au Ghana (305 t), au Nigeria (249 t), au Bénin (110 t), en Guinée (186 t), en Afrique du Sud (99 t), au Liberia (35 t), au Soudan (39 t), au Gabon (4 t), au Maroc (11 t), à la Tanzanie (78 t), à l'Angola (70 t), à l'Algérie (55 t), au Kenya (3 t), à Maurice (3 t), à la Libye (16 t), à l'Ouganda (15 t) et au Togo (22 t).

CAFÉ

L'écart entre les prix de l'Arabica et du Robusta est le plus faible depuis au moins 2008 ! A la clôture du marché à terme de New York, hier soir, jeudi, la livre d'Arabica a chuté de 5% sur l'échéance septembre, à $ 1,165 après avoir touché en cours de séance un plus bas depuis mars 2016, à $ 1,155. Vendredi dernier, l'Arabica terminait à $ 1,2535 la livre. Le Robusta, côté à Londres, a aussi terminé en baisse de $ 42 la tonne, à $ 2 030 car la crainte d'offre étroite s'estompe (lire nos informations). Il y a une semaine, le Robusta cotait $ 2 125 la tonne.

Il devrait faire sec au Brésil la semaine prochaine ce qui facilitera la récolte des grains de café et permettra de rattraper le retard de ces dernières semaines, tant sur la récolte du café que d'autres cultures au Brésil. Une prévision météorologique qui, sans aucun doute, pèse sur les cours du café, entre autres facteurs, les risques de gelées étant, par ailleurs, quasiment écartés par les prévisionnistes.

En Ouganda, les exportations de café ont bondi de 42% en mai par rapport à mai 2016, à 408 454 sacs de 60 kg. Une hausse liée à des rendements plus élevés de caféiers nouvellement plantés et qui arrivent à maturité.

En Tanzanie, la production de café pour la campagne à venir 2017/18 devrait atteindre 1,15 Ms contre 1,05 Ms en 2016/17, estime le Département américain de l'Agriculture (USDA).

De janvier à fin mai, la Chine a importé un total de 40 142 tonnes (t) de café, avec pour premiers fournisseurs le Vietnam (Robusta, 17 150 t), l'Indonésie (Robusta 6 080 t), la Chine (sans doute transitant par Taïwan, 5 623 t), le Laos ( 2004 t), la Malaisie (1 511 t) et le Brésil (2 044 t). D'Afrique, l'Ouganda suit le Brésil, au 7ème rang, mais loin derrière (515 t), puis l'Ethiopie (497 t), la Tanzanie (193 t), le Rwanda (25t) et le Kenya (22 t).

A noter que la Chine a exporté 54 475 t de café sur ces 5 premiers mois de l'année. Donc Pékin exporte plus de café qu'il n'en importe. Ses deux premiers clients sont Hong Kong (17 569 t) et l'Allemagne (14 088 t). Vers l'Afrique, on ne recense que l'Egypte avec 20 t.

Côté industrie et marché de détail, notons qu'à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés,  Starbucks a annoncé embaucher 2 500 réfugiés en Europe.

CAOUTCHOUC

Après une courte éclaircie, les cours du caoutchouc sont repartis à la baisse.

Les  cours du caoutchouc ont  enregistré vendredi dernier leur premier gain hebdomadaire  depuis 4 semaines s’appréciant de 7,5% et dépassant la barre symbolique des 200 yens le kilo pour le contrat de novembre sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom). Si le ton général du marché était toutefois plutôt baissier avec une offre excédentaire en Chine – les stocks dans les entrepôts de Shanghai progressant de 1,8% – les cours ont été soutenus par la réunion d l’International Rubber Consortium (IRCo) le week-end dernier en Indonésie ainsi que la dépréciation du yen.

Une réunion où aucun détail des discussions n’a été donné. Toutefois, le président de l’Association indonésienne de caoutchouc (Gapkinko), Moenarji Soedargo n’a pas marqué son inquiétude sur la baisse des cours estimant que les fondamentaux du marché étaient solides et  bien meilleurs qu’un 2015. « Les conditions d'approvisionnement et de demande sont maintenant très saines, même mieux qu'il y a deux ans. Les fondements sont bons, Gapkindo ne s'inquiète pas des prix. Ce qui se passe actuellement relève des facteurs techniques …  qui affectent l'état du marché et font pression sur les prix», a déclaré Moenarji Soedargo. Il a ajouté que les stocks mondiaux de caoutchouc s'élevaient aujourd’hui  à environ 2,4 millions de tonnes (Mt), contre plus de 3 Mt en 2015.

Depuis le début de la semaine, les cours du caoutchouc chutent  avec l’appréciation du yen, la hausse des stocks dans les ports au Japon, et la chute des cours du pétrole. Sur le Tocom, le contrat de novembre a clôturé  mercredi  à 186,3 yens ($1,68) le kilo tandis qu’à Shanghai le contrat de septembre s’affichait  à  12 565 yuans ($1 841) la tonne.

COTON

Les bonnes perspectives des prochaines récoltes de coton pèsent lourdement sur les cours du coton qui ont affiché mercredi leur neuvième séance consécutive de baisse et clôturé pour le contrat de décembre à 68,17 cents la livre, un plus bas de huit mois.

Si les conditions de culture des prochaines récoltes dans les principales régions productrices sont bonnes, les cours sont aussi été affectés par la liquidation des investisseurs, l’appréciation du dollar et la forte chute des cours du pétrole.

Kai Hughes sera à partir du 1er septembre le nouveau directeur général du Comité consultatif internationale du coton  (CCIC).  Kai Hughe a été durant neuf ans le directeur général de l’International Cotton Association (ICA) basée à Liverpool au Royaume-Uni.  

En Inde, le gouvernement augmentera à partir du 1er juillet le prix du coton payé aux agriculteurs de 3,8% à 4 320 roupies (€60) pour 100 kilos.

HUILE DE PALME

Sentiment baissier sur le marché de l’huile de palme avec la hausse prochaine de la production et d’une demande ralentie. « La production de ce mois-ci pourrait reprendre et les exportations ne sont pas si bonnes » a déclaré un négociant basé à  Kuala Lumpur, qui s'attend à ce que les chiffres des exportations diminuent encore après la fin des festivités d'Eid-al-Fitr la semaine prochaine.

Les exportations du 1er au 20 juin ont chuté de 14,8%  selon  Intertek Testing Services  et de  16,7%  selon SGS par rapport à la même période en mai. En outre, la tendance est aussi baissière sur les autres marchés des huiles végétales sur le Dalian Commodity Exchange et le Chicago Board of Trade.

Les cours de l’huile de palme sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange ont clôturé mercredi à 2 442 ringgits ($569,26) la tonne accusant une deuxième séance de baisse. L’huile de palme a perdu près de 6% de sa valeur au second trimestre par rapport au 1er trimestre.

RIZ

La forte demande du Bangladesh a poussé les prix du riz tant en Inde qu’au Vietnam à la hausse. En Thaïlande, les prix se sont maintenus à un niveau élevé.

Le Bangladesh est devenu  un importateur majeur de riz cette année.  La production locale a été affectée par les inondations et les  réserves de l’Etat sont au plus bas depuis 10 ans. Conséquence, les prix locaux du riz ont flambé.   Le pays pourrait importer jusqu'à 1 million de tonnes cette année pour reconstituer ses stocks, a déclaré Badrul Hasan à la tête de l’agence publique des grains.  Hier, l’agence a lancé son quatrième appel d’offres international depuis mai portant sur 50 000 tonnes de riz.

De son côté, le ministre du Commerce, Tofail Ahmed, a annoncé que les taxes sur les importations de riz seront réduites à 10% contre 28% actuellement ce qui devrait faire diminuer le prix du riz de 6 takas le kilo. En parallèle, la  Banque centrale du Bangladesh a ordonné aux banques de permettre aux commerçants d'importer du riz sans aucun dépôt contre les lettres de crédit.

Au Vietnam, le Viet 5% s’est élevé à $400-$420 la tonne, contre $410 la semaine dernière, soit son niveau le plus élevé depuis début mai.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% de brisures ont gagné encore $2 cette semaine à $424-$427 la tonne. « Les négociants  spéculent sur la hausse des  importations  du Bangladesh suite aux dommages causés aux cultures. Cela aidera les exportateurs indiens en raison des coûts de transport comparativement plus bas », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l'État sud de l'Andhra Pradesh.

Le gouvernement augmentera à partir du 1er juillet le prix du riz payé aux agriculteurs de 5,4% à 1 150 roupies (€16) pour 100 kilos.

En Thaïlande, le Thaï 5% s’échangeait à $450-$460 la tonne en légère hausse consécutive à l’appréciation du bath par rapport à la semaine dernière ($450-$457). Toutefois les négociants estiment que la demande en provenance de l’étranger commence à diminuer, les acheteurs se tournant vers d’autres origines moins chères.

SUCRE

Le sucre roux est tombé hier soir, à la clôture du marché à terme de New-York, à son niveau de prix le plus bas depuis février 2016, à 13,06 cents la livre sur l'échéance octobre, contre 13,44 à la clôture il y a une semaine. Le sucre blanc, coté à Londres, a également perdu, terminant à $ 329,50 la tonne contre $ 399,50 vendredi dernier.

De janvier à fin mai, la Chine a importé un total de 1,27 million de tonnes (Mt), en hausse de 32% par rapport à la même période l'année dernière. Ses premiers fournisseurs ont été le Brésil (690 903 t), Cuba (273 130 t), la Thaïlande (147 329 t) et l'Australie (80 524 t), selon les chiffres des douanes chinoises. D'Afrique, seule Maurice a exporté 550 t de janvier à mai inclus.

La Chine dont les importations de sucre au mois de mai ont fait un bond de 38% par rapport à mai 2016, à 186 765 t, l'industrie achetant à tour de bars avant que le gouvernement n'augmente, fin mai, ses tarifs à l'importation de sucre et ne réduise de près de moitiés les permis à l'importation.

Le gouvernement indonésien a émis hier des permis d'importation de 1,754 million de tonnes de sucre roux pour le deuxième semestre de l'année, a annoncé un responsable du ministre du Commerce. Sa production nationale de sucre blanc est estimée augmenter et atteindre 2,5 Mt contre 2,2 Mt l'année dernière.

Côté entreprises, le groupe français Tereos affiche une amélioration de tous ses indicateurs d'activité et de rentabilité, après deux années de dégradation forte des prix du sucre au niveau européen et mondial.

Le chiffre d'affaires est ainsi en hausse de près de 15% à € 4 819 millions contre € 4 201 millions en 2015/16.

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