La Chronique Matières premières agricoles au 22 juillet 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 22 juillet 2021
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Hier, la Bourse de New York a fini en légère hausse alors que les investisseurs se sont à nouveau tournés vers les valeurs à forte croissance après la publication de données économiques ternes et de résultats trimestriels mitigés : les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté contrairement aux attentes la semaine dernière pour atteindre un pic de deux mois, ce qui montre que la reprise de l’emploi reste contrariée par la pandémie.

En Europe, hormis à Londres, les places financières ont terminé hier en hausse, proches de leur sommet historique, soutenues par l’engagement de la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir des taux bas pour une période prolongée et à soutenir l’économie de la zone euro jusqu’à ce que l’inflation se stabilise durablement à 2%, un objectif qui paraît pour l’heure inaccessible dans un contexte toujours marqué par la crise due au coronavirus. Toutefois, la présidente de l’institution, Christine Lagarde, a souligné que le rebond de l’épidémie faisait courir un risque à la reprise économique qui s’est amorcée dans la zone euro, évoquant une “source croissante d’incertitude”

L’euro a reculé hier dans la foulée du communiqué de la BCE, s’inscrivant autour de $ 1,1764 à la clôture des Bourses en Europe.

Le marché du pétrole est orienté à la hausse dans l’anticipation d’une demande de brut supérieure à l’offre au second semestre. Le baril de Brent a clôturé hier soir à $ 73 et le brut léger américain WTI à $ 71.

 

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE 

CACAO

La fève a glissé en fin de semaine, clôturant hier soir à Londres à £ 1 579 la tonne (t) contre £ 1592 vendredi dernier et à New York, à $ 2 317 la tonne contre $ 2320.

Si le marché se réjouit des bons chiffres de broyages trimestriels publiés la semaine dernière, avec +13,6% en Europe à 356 854 t, + 9% en Asie à 220 865 tonnes (t) et + 11,68% en Amérique du Nord à 123 719 t, il subit la pression des récoltes records qui s’annoncent pour cette campagne 2020/21 en Côte d’Ivoire mais surtout au Ghana.

« Une production record au Ghana et des broyages qui demeurent timides (sur le 4ème trimestre 2020 et le 1er trimestre 2021) laissent un marché mondial 2020/21 du cacao excédentaire de quelque 260 000 t. Nous maintenons nos estimations de prix sur 2021 inchangés à $ 2 505 », a annoncé lundi la Citi. Toutefois, les analystes de la banque ont ajouté que si la prochaine campagne s’avérait être plus faible et si la demande devait être plus forte en 2022, ceci pourrait conduire à un marché en léger déficit l’année prochaine, ce qui pourrait faire grimper les cours à $ 2 550.

Mais la prochaine campagne en Afrique de l’Ouest se présente plutôt bien. La semaine dernière, des pluies abondantes sont tombées sur la Côte d’Ivoire, des pluies qui ont été les bienvenues car il faisait très sec. Les cacaoyers sont en fleurs et les petites cabosses commencent à se développer, ce qui laisse à penser que la prochaine récolte pourrait être précoce. Quant aux volumes, il est encore trop tôt pour faire des prévisions sur la récolte principale car la météo jusqu’à mi-août sera cruciale.

Toujours en Côte d’Ivoire, les ventes de cacao ont été ralenties par les coupures de courant qui ont perturbé l’activité industrielle de transformation. Des coopératives et certains exportateurs et broyeurs ont promis reprendre graduellement leurs achats en août.

« La récolte en septembre et octobre se profile. A partir de la mi-août, nous aurons une bonne idée de la récolte principale prochaine », a indiqué à Reuters Paul Topka qui cultive dans la région de Soubré, à l’ouest.  

Les arrivages dans les deux ports de Côte d’Ivoire ont totalisé 2,087 Mt entre le 1er octobre et le 18 juillet, estiment les exportateurs, en hausse de plus de 4% par rapport à la même période la campagne dernière.

CAFE

Les prix du café caracolent suite aux gelées mardi au Brésil ! En cours de séance hier, l’Arabica a touché son niveau de prix le plus élevé depuis novembre 2014, clôturant à 17,65 la livre (lb) contre $ 1,6135 en fin de semaine dernière. Le Robusta n’a pas été en reste, terminant hier soir à Londres à $ 1 889 la tonne contre $ 1 777 en fin de semaine dernière, ce qui était déjà son plus haut en deux ans.

En effet, c’est la ceinture caféière du n°1 mondial du café, les Etats de Minas Gerais et de Saõ Paulo au Brésil qui ont été fortement touchés par les gelées mardi, certains producteurs indiquant qu’ils devront probablement devoir arracher certains plants et replanter. Certains du négoce estiment que la perte pourrait être de 1 à 2 Ms. En outre, le négoce craint que certains ne puissent aps honorer leurs contrats.

A l’impact des gelées se greffent les problèmes de transport, tant au niveau du prix du fret que du manque de conteneurs, l’ensemble impactant les marchés à la hausse.

En Asie, l’offre vietnamienne est excessivement faible puisque la campagne est quasiment achevée et on attend la prochaine qui démarrera début octobre. Ceci dit, certains producteurs dans les Central Highlands ont encore un peu de grains qu’ils ont vendu cette semaine entre 36 500 et 37 200 dongs le kilo ($ 1,59-1,62), soit en baisse par rapport aux 37 000 à 37 2000 dongs de la semaine dernière. Le Vietnam où les transactions ne sont pas aisées car des mesures de distanciation à cause du coronavirus sont en place. « Nous ne pouvons pas signer de nouveaux contrats pour livraison avant la fin de la campagne actuelle 2020/21 », a indiqué un trader. A l’export, ils ont offert cette semaine le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 80 à $ 90 la tonne sur le contrat septembre à Londres, soit la même décote que la semaine dernière. Rappelons que la semaine dernière, le gouvernement avait annoncé que le n°1 mondial du Robusta avait exporté 843 319 t de café au premier semestre 2021, soit une baisse de 10,3% par rapport au premier semestre 2020.

En Indonésie, dans la province de Lampung, le Robusta de Sumatra a été offert à la vente avec une décote de $ 100 sur les contrats septembre et novembre alors que la décote n’était que de $ 50 la semaine dernière. « Les grains sont abondants mais la demande est faible à cause de la nouvelle éruption de l’épidémie », a expliqué à Reuters un trader à Lampung. Un autre opérateur a offert cette semaine son café avec une décote de $ 50 à $ 60 sur le contrat septembre contre -$30 la semaine dernière.

La hausse de ces décotes s’explique par le fait que les cours mondiaux du café tant à Londres qu’à New York ont beaucoup augmenté cette semaine.

Aux Etats-Unis, les stocks de café vert ont baissé en fin de semaine dernière de 35 678 sacs de 60 kg, pour totaliser 5,78 millions de sacs (Ms), soit leurs niveaux les plus faibles depuis 2015

CAOUTCHOUC

Volatil a été le marché du caoutchouc qui fini la semaine écourtée en retrait avec une clôture mercredi à 209,9 yens le kilos contre 214,9 yens vendredi dernier. Les cours ont chuté après que les chiffres du gouvernement ont montré que l’inflation au Japon a augmenté au plus vite en plus d’un an, soulignant l’impact de la hausse des prix des matières premières. Des prix plus élevés, qui  réduisent la demande de matières premières industrielles, y compris le caoutchouc, ce qui entraîne une pression vendeuse. Mais la pression  s’est inversée avec le fort rebond des exportations en juin, de près de  50 %, (voir ci-dessous).

Au Japon, les exportations ont bondi en juin, tirées par la demande américaine de voitures et les expéditions d’équipements de fabrication de puces à destination de la Chine, soutenant les espoirs d’une reprise tirée par les exportations dans la troisième économie mondiale. Les exportations ont augmenté de 48,6% en juin par rapport à l’année précédente, le quatrième mois consécutif de gains à deux chiffres, bien que la croissance ait été largement exagérée par une chute provoquée par la Covid-19 l’année dernière. La croissance des exportations est restée forte même si une pénurie mondiale de puces pèse sur la production et les expéditions de voitures du Japon.

Avec l’affaiblissement des dépenses de consommation en raison des nouvelles restrictions consécutives au coronavirus à Tokyo, les décideurs comptent sur la demande extérieure pour prendre le relais. Signe encourageant pour une économie dépendante du commerce, les exportations ont augmenté de 23,2 % au premier semestre de cette année, pour la première fois en cinq périodes et dépassant les niveaux d’avant la pandémie observés au premier semestre 2019. Il s’agit de la croissance la plus rapide depuis le premier semestre 2010.

En Chine, l’économie chinoise a connu une croissance légèrement plus lente que prévu au deuxième trimestre, plombée par la hausse des coûts des matières premières et de nouvelles épidémies de la Covid-19 alors que l’on s’attend à ce que les décideurs politiques doivent faire plus pour soutenir la reprise. Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 7,9% au cours du trimestre d’avril à juin par rapport à l’année précédente, ont montré des données officielles publiées jeudi dernier par le National Bureau of Statistics (NSB). “Notre plus grande préoccupation est la reprise inégale que nous avons connue jusqu’à présent et pour la Chine, la reprise de la consommation intérieure est très importante … les ventes au détail ce mois-ci ont été assez fortes et cela peut apaiser certaines inquiétudes » indique à Reuters l’économiste de l’UOB Woei Chen Ho à Singapour.

La croissance a considérablement ralenti par rapport à une expansion record de 18,3% au cours de la période janvier-mars. Les ventes au détail et la production industrielle ont augmenté plus lentement en juin, cette dernière étant entraînée par une forte baisse de la production de véhicules automobiles, tandis que les données du NBS ont également montré un refroidissement du marché du logement chinois, un moteur clé de la croissance.

Les fortes exportations de la Chine ont été un soutien clé à la reprise post-COVID du pays, mais un responsable des douanes a déclaré cette semaine que la croissance globale du commerce pourrait ralentir au second semestre 2021, reflétant en partie les incertitudes liées à la pandémie de  la Covid-19. “Les vents contraires à la croissance devraient s’intensifier au cours du second semestre de l’année”, a déclaré Julian Evans-Pritchard, économiste chinois senior chez Capital Economics dans une note.

COTON

Le marché du coton s’est maintenu à un niveau élevé cette semaine avec une clôture hier à 89,96 cents la livre, soit sensiblement le même niveau que vendredi dernier (89,93 cents)  mais a été volatile avec une chute à 86,71 cents lundi provoquée par la hausse des cas de coronavirus et la baisse des marchés boursiers. Un marché soutenu par une demande toujours dynamique mais aussi par des prix indiens et chinois plus fermes qui accroissent la compétitivité du coton américain.

Au Pakistan, le gouvernement fédéral envisage d’offrir un prix de soutien compétitif au niveau international aux producteurs de coton du pays afin d’encourager la culture et d’injecter de l’argent dans l’économie rurale. Le gouvernement fédéral a constitué un comité pour déterminer le prix de soutien du coton pour les agriculteurs locaux selon une formule innovante, qui peut aller jusqu’à distribuer 90 % du prix international en vigueur plus les frais de transport. Bien que le processus d’approbation du mécanisme de prix final du coton avance à pas de tortue, il est finalement passé par le Comité de coordination économique (ECC) du Cabinet, qui  lors d’une réunion le 16 juillet a approuvé la formation du Comité d’examen des prix du coton (CPRC) avec pour mandat de revoir le prix du marché et proposer une intervention sous quinze jours. Selon un haut responsable du ministère de la Sécurité alimentaire, les agriculteurs obtenaient auparavant 20 à 30 % de moins que les prix pratiqués sur le marché international.

La Côte d’Ivoire avec une production record de 550 000 tonnes réalisée en 2020/21 est devenue le deuxième producteur africain de coton juste après le Bénin qui conserve sa première place (728 000 tonnes). Les chiffres ont été communiqués la semaine dernière par lors de l’Assemblée générale de l’Organisation interprofessionnelle agricole de la filière coton (InterCoton). Un résultat obtenu grâce à des conditions météorologiques favorables et au maintien d’un prix au producteur élevé (FCFA 300 le kilo), selon Silué Siontiamma Jean-Baptiste, directeur de l’Intercoton. 

HUILE DE PALME

Après avoir grimpé de 6,1% la semaine dernière à 4 131 ringgits vendredi dernier, les cours de l’huile de palme brute se sont légèrement affaissés pour clôturer hier  sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 113 ringgits ($974,3) la tonne. Les prix de l’huile de palme demeurent soutenus par les inquiétudes sur la production en raison d’une pénurie de main d’œuvre  en Malaisie suite à la hausse des cas de coronavirus et des prix plus élevés des principales huiles végétales concurrentes.

Toutefois, la demande marque le pas. Les exportations d’huile de palme brute de Malaisie du 1er au 20 juillet ont chuté de  9,6% par rapport à la même période en juin. Les embarquements vers les deux principaux acheteurs, l’Inde et la Chine, déclinent selon la SGS. La faiblesse des cours du soja a aussi pénalisé l’huile de palme.

Les prix de l’huile de palme brute pourraient rester élevés grâce au soutien des prix historiquement élevés de l’huile de soja, mais ils pourraient subir des pressions vers le quatrième trimestre avec la reprise de la production.

Les investisseurs attendent maintenant que les principaux producteurs, l’Indonésie et la Malaisie, annoncent leurs droits et prélèvements respectifs sur les exportations d’huile de palme pour le mois d’août, ce qui donnera une indication de la tendance des prix.

RIZ

Nouvelle dégringolade des prix à l’exportation du riz qui se situent à des creux de plusieurs mois dans les principaux centres asiatiques cette semaine avec la baisse de la demande conjuguée à une augmentation de l’offre.

Au Vietnam, les prix du Viet 5 % ont atteint leur plus bas niveau depuis plus de 16 mois, chutant à $395 $400 la tonne contre $465- $470 la semaine dernière. La demande est faible, tandis que les prix offerts par d’autres pays producteurs de riz sont très bas. En parallèle, les approvisionnements intérieurs s’accumulent alors que la récolte été-automne bat son plein.  Les commerçants ont déclaré avoir réduit leurs achats auprès des agriculteurs en raison des restrictions de mouvement consécutives à la Covid-19.

En Inde, les prix ont atteint leur plus bas niveau également en 16 mois, les stocks libérés des entrepôts gouvernementaux ayant stimulé les approvisionnements. Les prix du riz étuvé 5%  est tombé à $361-$366  la tonne cette semaine, contre $364-$368  la semaine dernière.

Le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que la production de riz en 2021/22 devrait demeurer à 121 millions de tonnes (Mt) mais en revanche les exportations devraient baisser à 15,5 Mt contre 19 Mt en 2020/21.

En Thaïlande,  les prix du Thaï 5% ont chuté à $395- $410 la tonne, un plus bas de près de 20 mois, contre $405-$412 la tonne il y a une semaine. Les prix baissent avec la dépréciation du bath tandis que peu d’acheteurs sont présents. En outre, les pluies abondantes entravent les approvisionnements. 

Au Bangladesh,  la production de la variété de riz d’été du Bangladesh, connue sous le nom de Boro, a atteint un record de 20,9 millions de tonnes cette année, grâce à des conditions météorologiques favorables, selon le ministère de l’Agriculture. Les prix intérieurs du riz ont augmenté de près de 10 % par rapport au mois dernier malgré des importations conséquente et une récolte record de Boro, qui contribue à plus de la moitié de la production annuelle de riz du pays d’environ 35 millions de tonnes.

SUCRE

Le sucre roux a perdu de sa superbe cette semaine, clôturant hier soir à New York à 17,62 cents la livre (lb) contre 17,71 cents en fin de semaine dernière. En revanche, le sucre blanc, côté à Londres, a grimpé, clôturant à $ 447 contre $ 443,70 vendredi dernier.

A noter qu’en début de semaine, la baisse des cours mondiaux du pétrole ont conduit les raffineries de canne au Brésil à produire moins d’éthanol et davantage de sucre, ce qui impacte toujours le marché.

Les gelées au Brésil ont également touché certaines régions de canne à sucre mardi mais sans grand impact apparemment, selon les observateurs interrogés par Reuters. Ceci dit, la production brésilienne devrait, de toute façon, être à la baisse cette année, ce qui soutient les prix. Evidemment, si la situation sanitaire mondiale devait se dégrader considérablement et impacter la demande, là les prix baisseraient sans doute. Mais pour l’heure, la situation est neutre.  

En Chine, les importations de sucre en juin ont augmenté de 1,7% par rapport à juin 2020, à 420 000 t. De janvier à juin, les volumes importés totalisent 2,03 Mt, soit une progression de 63,3%.

Au Nigeria, l’importation de sucre a été limité par le gouvernement aux trois principaux producteurs nationaux de sucre à savoir Dangote Sugar Refinery Plc, Golden Sugar Compagny, détenue par Flour Mills of Nigeria Plc, et BUA Sugar Refinery Ltd (lire nos informations : Le Nigeria choisit trois sociétés – Dangote, BUA et FMN -pour importer officiellement du sucre).

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