T.M. Soro : L’irremplaçable expérience d’AgroStudies en Israël pour devenir agropreneur en Côte d’Ivoire

 T.M. Soro : L’irremplaçable expérience d’AgroStudies en Israël pour devenir agropreneur en Côte d’Ivoire
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Classé parmi les meilleurs étudiants de Côte d’Ivoire, Tenena Mamadou Soro, fraîchement diplômé de l’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA), a été sélectionné pour effectuer une année de formation en agriculture en Israël au centre d’études agronomique avancées « Agrostudies », rassemblant connaissance et expérience de terrain. Reçu premier, il effectue une seconde année avant de revenir en Côte d’Ivoire où il travaille à Anader en attendant de monter sa propre ferme de maraîchage, des expériences et enseignements plein la tête.

Cette formation est le fruit du partenariat entre l’ambassade d’Israël à Abidjan, Mashav qui est l’Agence israélienne de coopération au développement international du ministère des Affaires étrangères, et AgroStudies. Dans ce cadre, l’ambassade d’Israël, avec le soutien de Mashav, soutient chaque année plusieurs projets d’anciens élèves d’AgroStudies.

 

 

Comment avez-vous eu connaissance et avez-vous été sélectionné pour partir en Israël ?

Je m’appelle Soro Tenena Mamadou. Je suis né le 13 mars 1989 à M’bengué. J’ai fait mon BTS à l’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA) à Bingerville qui a un programme de partenariat avec AgroStudies en Israël. Comme je faisais partie des meilleurs étudiants de Côte d’Ivoire, j’ai été sélectionné pour y faire un stage d’un an en 2017.  Cette année-là, nous étions 13 étudiants ivoiriens à avoir été sélectionnés et à être partis en Israël.

En Israël, nous étions à la ferme de Zarfati Ibudim où j’ai fait mon stage sur les agrumes ; j’étais le leader des étudiants de la Côte d’Ivoire sur cette ferme. J’ai ensuite fait une formation pratique sur le concombre, la tomate et biens d’autres culture sous serre à Ahituv qui est un village moshav en Israël dans la vallée de Hefer. Nous suivions aussi des cours théoriques de spécialités au Campus Academic Center, Kfar Silver Campus et Tel Hai.

Quelles ont été vos premières impressions par rapport à ce que vous aviez appris en Côte d’Ivoire ?

J’ai été ravi de compléter ma formation en Israël. Les cours de base en agriculture que j’ai eus en Côte d‘Ivoire ont été très bien complétés avec ce que nous avons étudié en Israël.

Comment ?

Cela a été l’occasion pour moi d’apprendre de nouvelles notions et de pouvoir manipuler du matériel agricole de pointe comme des tracteurs, la fertigation, l’irrigation sprinkler, le « drip system », le tensiomètre, etc.

Par exemple, lors de notre formation en Israël, nous avons eu des enseignements approfondis sur les principes de l’irrigation moderne dispensés par des enseignants de spécialité de Netafirm qui est le leader mondial des systèmes d’irrigation. Ensuite, nous avons eu des cours sur l’agriculture et les normes internationales, l’agroéconomie et l’entreprise, la préparation de projets, la pré-récolte de fruits et légumes, les cultures de légumes sous serres et pépinières, comment identifier des dégâts causés aux plantes et leurs solutions dans la lutte intégrée etc.

En Côte d’Ivoire, la pratique et le matériel de pointe font défaut. Certaines méthodes restent encore à vulgariser. A AgroStudies, l’accent est beaucoup mis sur la pratique, avec un jour de cours théoriques et cinq jours de cours pratiques.

Quant à la culture sous serre, nous en avions entendu parler en Côte d’Ivoire bien sûr, mais nous ne l’avions jamais pratiquée. A AgroStudies, nous l’avons pratiqué.

Je dirai qu’Israël est une expérience irremplaçable car cela m’a beaucoup apporté dans le domaine agricole. La culture sous serre m’a fasciné et a augmenté mon envie d’entreprendre.

Comment se déroulaient vos cours ?

En première année, nous étions dans une classe francophone avec des Camerounais, des Togolais, des Béninois, des Ivoiriens. L’autres classe était anglophone avec des Philippins, des Vietnamiens, des Cambodgiens, des Ougandais, des Tanzaniens, des Rwandais etc.  Les cours à AgroStudies sont dispensés en français et en anglais

A la fin de la première année, nous avons été évalués et notés et nous avons reçu nos diplômes accompagnés des bulletins de notes des examens final et des certificats. Certains ne l’ont pas obtenu à cause de leur indiscipline. Pour ma part, j’ai eu 85,62 sur 100 donc je faisais partie des meilleurs étudiants d’AgroStudies.

Ils proposaient uniquement aux meilleurs étudiants de faire une deuxième année à AgroStudies. J’en faisais partie. Mais pour être retenu, il fallait encore une dernière sélection à travers plusieurs critères comme être parmi les meilleurs étudiants, être capable d’inculquer ton savoir-faire aux nouveaux étudiants de l’année suivante, être capable de bien s’exprimer en anglais et en français. Sur ce test, j’ai encore été le meilleur étudiant ce qui m’a permis d’être à la ferme de démonstration du campus. 

Qu’avez-vous fait durant cette seconde année ?

AgroStudies détient deux fermes de démonstration : la ferme de démonstration de Rupin Academic Center et celle de Kfar Silver. Comme j’étais premier, on m’a envoyé à la ferme Ozer à Ashkelon et à Atsav pour faire une formation spécialisée sur la tomate, le concombre, la betterave, etc.

L’objectif est de revenir de la formation et de pouvoir inculquer son savoir aux étudiants qui vont venir à leur tour à AgroStudies en première année. Sur cette parcelle de démonstration, j’ai pu rencontrer des personnalités du monde entier, des ambassadeurs, des directeurs généraux d’écoles, etc. qui viennent pour voir en quoi consiste la formation. Comme j’étais le responsable, c’était à moi de leur expliquer ce qui était enseigné aux étudiant.

Et qu’enseigne-t-on ?

Chaque étudiant vient avait un thème qu’il soumet et on décide de travailler ensemble. C’est dans ce cadre que j’étais sur la ferme de démonstration où nous effectuons ensemble des pratiques agricoles comme les cultures sous serre, hors serre, comment on doit lutter contre les pestes, l’irrigation, la fertilisation, le compostage. Je donnais aussi des cours en classe. Il faut pouvoir parler anglais car il faut pouvoir enseigner dans les classes anglophones où se trouvent des étudiants des Philippines, du Vietnam, d’Ouganda, de Zambie, etc.

En tout, je suis resté deux ans à AgroStudies. La première année, on vit chez les fermiers, dans les moshav et kibboutz. En deuxième année, j’étais sur le campus.

Que retenez-vous principalement de votre séjour à AgroStudies en Israël ?

La question est difficile car j’ai beaucoup appris et cela m’a beaucoup aidé. Car ce n’était pas seulement les cours théoriques et la pratique agricole ; j’ai aussi appris des choses qui vont au-delà comme la façon de manager une équipe, l’esprit d’entreprenariat, être autonome pour mieux vivre.

Depuis 2019, que faites-vous ?

Je suis revenu en Côte d’Ivoire en novembre 2019 et deux mois après l’épidémie de coronavirus a commencé dans le monde entier. J’étais bloqué à Abidjan. Mais l’entreprise Green Control m’a appelé pour être son responsable de la production végétale. Je suis parti le 12 juillet 2020 à Yamoussoukro chez Green Control où je suis resté jusqu’au 13 novembre 2020. J’ai quitté l’entreprise car j’avais acquis suffisamment d’expérience en la matière et je voulais poursuivre mon objectif.

J’ai ensuite postulé à Anader, l’Agence nationale d’appui au développement rural qui est le leader agricole en Côte d‘Ivoire. L’Anader m’a embauché et m’a affecté à Man, à la Direction Régionale de l’ouest de la Côte d‘Ivoire. Puis, on m’a envoyé dans la zone de Duekoue où je me trouve actuellement : je suis agent de développement rural. Je suis tout le temps en contact avec les producteurs de café, de cacao, de maraîchage, de riz aussi. Chaque fois, je fais un programme et je vais enseigner les différentes techniques agricoles aux planteurs.

Avec toute cette expertise, vous avez préféré entrer dans une entreprise publique, comme Anader, plutôt que continuer dans le privé ?

Oui, car on acquiert une expérience très riche à Anader et on est toujours au contact des producteurs pour démontrer nos talents. C’est une fierté pour moi.

Mais j’ai comme projet de créer ma propre plantation, de devenir agropreneur. Je suis en train de faire mon business plan puis je chercherai le financement pour m’installer à mon propre compte pour faire du maraichage irrigué. Ma famille a de la terre au nord de la Côte d’Ivoire mais j’aimerais plutôt m’implanter au centre du pays pour pouvoir évacuer facilement mes produits sur Abidjan et Bouaké.

Vous étiez rémunéré lors de vos deux années à AgroStudies ?

Oui, la bourse moyenne était de 3 000 shekels par mois (environ € 780) et varie selon les fermes. Ceci m’a permis de mettre de l’argent de côté pour mon projet de serre. De nos jours, le cout des serres reste exorbitant en Afrique et à la fin de mes deux ans de stage, mon épargne restait en dessous du coût d’une serre standard (500m2 = FCFA 30 millions ou € 45 675). A cela s’ajoute la crise de la Covid-19 avec ses corollaires de conséquences.  

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