Roger Adou, FrieslandCampina West Africa, “nous sommes en partenariat avec le gouvernement ivoirien pour former un écosystème de fermiers laitiers “

 Roger Adou, FrieslandCampina West Africa, “nous sommes en partenariat avec le gouvernement ivoirien pour former un écosystème de fermiers laitiers “
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Aujourd’hui, la coopérative laitière néerlandaise FrieslandCampina, 5ème groupe laitier mondial avec un chiffre d’affaires de €12 milliards, ouvre officiellement son bureau régional à Abidjan en Côte d’Ivoire avec l’ambition de doubler sa présence en Afrique de l’Ouest et du Centre d’ici à 2030.  En avant première pour CommodAfrica, Roger Philippe Adou, directeur FrieslandCampina West Africa,  annonce la conclusion avec le gouvernement ivoirien d’un partenariat pour structurer la filière locale en Côte d’Ivoire et in fine développer la production locale de lait.

Vous inaugurez aujourd’hui votre nouveau bureau régional à Abidjan. Quels sont les objectifs poursuivis avec ce siège régional ?

Avec ce siège régional, FrieslandCampina poursuit deux objectifs. Le premier est  d’avoir un rayonnement commercial à partir de la Côte d’Ivoire. Le bureau régional va couvrir 18 pays en Afrique de l’Ouest et du Centre. Le deuxième est  de développer, à partir de notre ancrage certain en Côte d’Ivoire où nous avons investi (Lire : Olam se désengage du secteur laitier en Côte d’Ivoire), une gamme de produits beaucoup plus large que celle que nous avons actuellement  (ndlr : les marques de lait Bonnet Rouge et Pearl) afin de pouvoir renforcer nos lignes de production avec des investissements prévus dans les années à venir.

Que représente actuellement l’Afrique dans le chiffre d’affaires du groupe ?

L’Afrique représente aujourd’hui environ 10% du chiffre d’affaires de FrieslandCampina et notre objectif est de doubler cette part d’ici la fin de la décennie.

Votre groupe, comme Nestlé ou Lactalis,  a une présence ancienne en Afrique de l’Ouest, en particulier au Nigeria.  Depuis une dizaine d’années, on voit de plus en plus de grands groupes européens se placer sur le marché africain en pleine expansion. Comment faites-vous face à cette concurrence ?

Nous sommes déjà présents en Afrique. Demain, avec l’inauguration du siège régional, nous célébrons aussi les 100 ans de la marque Bonnet Rouge en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest. Donc l’intérêt de FrieslandCampina pour l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui.

Effectivement, avec une population qui est jeune, qui s’urbanise et l’accroissement de la classe moyenne en Afrique, il est normal que cela attire de nouveaux acteurs. Face à cela nous sommes prêts et nous investissons. La cérémonie de demain est encore un témoignage de cette foi qu’à FrieslandCampina dans l’avenir. Nous continuerons d’investir car la demande est la et sera de plus en plus importante. Fort de cette expertise que nous avons développée depuis plus de 150 ans, nous sommes surs que nous arriverons à garder une proportion très significative du marché en Côte d’Ivoire et aussi dans d’autres pays africains.

 

Les consommateurs  sont de plus en plus sensibles au consommé local considéré comme plus responsable. L’Afrique n’échappe pas à cette tendance mondiale et le lait non plus, avec par exemple la campagne « Mon lait est local » lancée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.  Comment répondez-vous à ces attentes ?

Demain, nous allons annoncer que nous sommes en partenariat avec le gouvernement ivoirien pour former un écosystème de fermiers laitiers en Côte d’Ivoire. 

Le lait n’échappe pas à ce mouvement international de consommation de produits locaux. Et c’est la raison pour laquelle nous avons commencé à nous implanter pour transformer localement. Mais, nous allons plus loin. Demain, nous allons annoncer que nous sommes en partenariat avec le gouvernement ivoirien pour former un écosystème de fermiers laitiers en Côte d’Ivoire. Nous sommes forts de l’expertise de notre coopérative qui existe depuis 150 ans en Hollande, qui marche très bien et qui a eu le temps d’apprendre, de faire des erreurs, d’avoir des gains de recherche et de développement. Nous allons aider le gouvernement ivoirien à structurer la filière laitière locale en tant que conseil et en garantissant à terme qu’il y ait des débouchés pour ces producteurs laitiers. 

Quel est aujourd’hui le pourcentage de lait local dans vos unités ?

En Côte d’Ivoire seulement 18% des besoins laitiers sont couverts par la production locale, essentiellement artisanale. Elle ne peut pas faire fonctionner notre usine qui est sur de grands volumes de façon continue. Ce sont plus de 25 000 tonnes  de lait par an. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à restructurer les fermiers pour avoir la qualité et la quantité nécessaire pour faire fonctionner l’usine.

En Côte d’Ivoire, vous n’utilisez pas le lait produit localement, mais au Nigeria où vous avez engagé depuis plusieurs années un programme de développement laitier, quelle est la part ?

Aujourd’hui, l’usine au Nigeria, FrieslandCampina WAMCO,  fonctionne à partir du lait local.  Nous souhaitons nous engager dans cette voie en Côte d’Ivoire.

En combien de temps êtes-vous parvenu à développer la production locale au Nigeria ?

Cela a été rapide, le programme a été développé en moins de trois ans et nous sommes parvenus à faire fonctionner notre usine à partir du lait local. Pour la Côte d’Ivoire, il nous faut d’abord signer la convention,  ce que nous espérons faire d’ici  la fin de l’année, et puis démarrer avec déjà un centre avec des partages d’expériences puis aller ensuite aux étapes qui suivent.

On dénonce fréquemment les multinationales européennes qui envahissent le marché ouest-africain avec du lait fabriqué à partir de la poudre de lait importée qui fait une concurrence déloyale à la production locale, le lait en poudre n’étant taxé qu’à  5% dans la Cedeao. En outre, la pandémie de la Covid-19 avec des stocks européens importants, et dont le stockage a été subventionné par l’UE,  fait craindre un afflux encore plus important. Quelle est votre position par rapport à cette problématique ?

Il y a un amalgame qui est fait entre le lait en poudre et la compétitivité  du lait local, qui n’ont rien à voir. Le lait en poudre et ses caractéristiques, comme une longue durée de conservation,  est utilisée partout dans le monde. En Afrique, vous avez certains pays qui le font, comme la Tanzanie où une partie de la production est transformée quand il y a un excédent. Comme vous ne pouvez pas conserver le liquide vous le mettez en poudre pour pouvoir le conserver et le commercialiser.

On ne peut pas blâmer les multinationales par rapport à la  mauvaise structuration des filières laitière locales.

Deuxième point, par rapport à la compétitivité des producteurs locaux, et je suis Africain, si vous prenez par exemple de la France qui a plus de 100 ans d’expertise laitière et des filières bien structurées, bien évidemment il se pose un problème de compétitivité avec les producteurs locaux, qui ne sont pas structurés et qui produisent  de manière artisanale. On ne peut pas blâmer les multinationales par rapport à la  mauvaise structuration des filières laitière locales. C’est justement pour cela que les gouvernements, comme celui de la Côte d’Ivoire, s’orientent vers la structuration de leur filière. Nous, en tant que multinationale, nous apportons le soutien pour que justement cette structuration soit faite car nous savons que c’est important, que cela créé une économie circulaire et surtout que cela permet au pays d’être autosuffisant. FrieslandCampina dispose de l’expérience dans le développement de programmes laitiers, on le fait au Nigeria mais aussi au Pakistan, en Chine … Nous sommes volontaires pour le faire mais il faut que les Etats le demande. Il faut que cela se fasse sous forme de partenariat en partageant l’expertise.

Enfin en ce qui concerne les stocks importants de lait en Europe, je ne peux pas me prononcer car je l’ignore. Mais ce que je constate qu’au  niveau mondial, les cours du lait sont plutôt haussiers.

 

 

 

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