Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 23 novembre 2022

 Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 23 novembre 2022
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Assez naturellement, notre chronique hebdomadaire sur les énergies renouvelables nous conduit à revenir sur la Conférence de Charm el-Cheikh sur les changements climatiques (COP27) qui s’est achevée dimanche matin. Pour ce faire, nous nous appuyons sur l’analyse originale de Zainab Usman, directeur Afrique du Programme Afrique du think-tank américain Carnegie Endowment, qui vient en complément de notre article publié lundi.

Le Sénégal a également fait l’actualité avec plusieurs accords et investissements.

COP27

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés Celsius, les estimations indiquent que les investissements annuels dans les énergies propres doivent tripler d’ici 2030, dépassant $ 4 000 milliards, tandis que l’adaptation dans les pays en développement coûtera jusqu’à $ 340 milliards par an, rappelle Zainab Usman, directeur Afrique du Programme Afrique du think-tank américain Carnegie Endowment.

Pourtant, les pays de l’Annexe II de l’accord de Paris de 2015 sur le climat, des pays ainsi légalement tenus d’accorder des financements climatiques en vertu de la convention des Nations Unies sur le climat, n’ont pas versé les contributions permettant d’atteindre l’objectif internationalement convenu de $ 100 milliards par an. « En 2020, les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni ont payé bien en deçà de leurs objectifs convenus au niveau international que leurs parts d’émissions historiques, tandis que l’Allemagne, la France, le Japon et les Pays-Bas ont chacun donné des milliards de dollars de plus que leurs obligations. »

Des engagements mais en-deçà des besoins

Les déclarations d’engagements ont afflué à la COP27 mais reste bien en deçà de ce qui est attendu. Côté Etats-Unis, le président Joe Biden a annoncé que les États-Unis viseraient à fournir $ 11 milliards par an d’ici 2024 et 150 millions de dollars pour soutenir les initiatives d’adaptation, y compris en Afrique. Ce dernier englobera probablement le plan d’urgence du président pour l’adaptation et la résilience en Afrique, composé de systèmes d’alerte précoce et comprend 24 millions de dollars pour aider les agriculteurs à accéder à l’assurance, 10 millions de dollars pour soutenir le lancement du Centre d’apprentissage et d’excellence du Caire en matière d’adaptation et de résilience, et 25 millions de dollars pour l’Initiative africaine d’adaptation de l’Union africaine, entre autres.

Côté Europe, l’Allemagne est à la tête d’une initiative du G7 qui soutiendra la gestion des risques de catastrophe dans les pays vulnérables. Les contributions à ce fonds comprennent à ce jour € 170 millions de l’Allemagne, € 20 millions de la France, € 10 millions de l’Irlande et € 7 millions du Canada.

Mais il semblerait que ce soit les accords conclus en marge de la COP qui deviennent les plus importants, souligne encore la nigériane Zainab Usman, citant l’annonce au G20 et non à la COP27 par l’Indonésie de son plan de transition énergétique (Just Energy Transition Plan -JETP) de $ 20 milliards ou encore de celui de l’Afrique du Sud de $ 8,5 milliards annoncé à Glasgow en 2021 et le Vietnam devrait annoncer le sien lors du sommet ASEAN-UE en décembre. L’Égypte négocier $ 500 millions avec les États-Unis, l’Allemagne et l’UE pour financer sa transition vers une énergie propre, et Joe Biden a annoncé mobiliser $ 2 milliards d’investissements privés pour développer l’énergie solaire en Angola.

« Ces accords parallèles sont porteurs d’une certaine promesse d’appropriation par le pays : ils sont basés sur des objectifs clairs, co-conçus avec le pays en question, basés sur les plans et les dotations en ressources du pays, sont limités dans le temps, sont potentiellement plus faciles à suivre que l’argent de l’aide, et pourrait donner au pays plus d’agence que la dynamique de pouvoir donateur-bénéficiaire de l’argent de l’aide », souligne Zainab Usman. « Pourtant, si de tels accords devaient remplacer les cadres multilatéraux dans la fourniture de financements climatiques, cela pourrait être un revers dévastateur pour l’action climatique mondiale, notamment parce que les pays plus petits, plus pauvres et plus vulnérables n’auront pas la puissance géopolitique pour négocier leurs propres JETP », prévient-elle.

La Chine avance ses pions

Ce qui conduit la chercheuse nigériane de la très américaine Carnegie Endowment, à mettre en garde : « De nombreux PRITI exclus de ces accords parallèles pourraient être entraînés encore plus loin dans l’orbite de la Chine. »

« Après tout, la Chine – qui évite généralement les annonces bruyantes lors des sommets de la COP – est toujours le plus grand bailleur de fonds de projets énergétiques en Afrique. Les banques chinoises ont fourni près de $ 50 milliards d’investissements énergétiques au continent entre 2000 et 2020. Bon nombre de ces projets sont négociés et convenus bilatéralement, avec les pays individuels ou par le biais du Forum triennal sur la coopération sino-africaine. »

La Chine n’a d’ailleurs pas caché sa main tendue à l’Afrique lors de la COP27, mais, là encore, souvent lors de manifestations en marge du sommet, écrivait lundi Vanguard.  Et notre confrère nigérian de rappeler que « La Chine abrite 90 % de la technologie mondiale des énergies renouvelables, l’énergie solaire produisant à elle seule 361 GW à la fin de 2021. Selon Asia Europe Clean Energy (Solar) Advisory (AECEA), la production annuelle totale de cellules et de modules solaires en Chine la capacité pourrait passer à 600 GW fin 2022 ».

Selon Xie Zhenhua, l’envoyé spécial de la Chine sur le climat à la COP27 qui s’est clôturé dimanche matin en Egypte, « L’Afrique possède la plus riche dotation en énergies renouvelables au monde et détient le meilleur avenir en matière d’énergies renouvelables. Au cours des 20 dernières années, la réduction des coûts de l’énergie solaire a diminué d’environ 90 % », cite Vanguard.

« La Chine partagera ses expériences avec les pays en développement dans le développement des énergies renouvelables », a promis Xie Zhenhua lors d’un événement en marge de la COP27 en Égypte.

La Chine s’est engagée à investir jusqu’à $ 1,2 milliard dans la coopération Sud-Sud pour réaliser 40 programmes d’atténuation dans plus de 30 pays en développement. Des travaux sont déjà en cours en Éthiopie et en Égypte. En 2021, la coopération sino-africaine a accepté le pacte 2035 pour l’investissement dans un nouveau modèle de développement vert.

Sur quelque 12 millions de personnes employées dans le secteur mondial des énergies renouvelables, moins de 3 % (323 000) se trouvent en Afrique, un continent qui compte 600 millions de personnes en situation de pauvreté énergétique, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), rappelle Vangard. Seulement trois pays africains se démarquent en matière d’investissement dans les énergies renouvelables : le Kenya, le Ghana et le Rwanda.

 

SENEGAL

  • Le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), Saïd Mouline, et le directeur général de l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (AEME), Saer Diop, ont signé en début de semaine une convention de partenariat portant sur la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, rapporte fr.le360.ma.
  • Lekela Power BV, le plus grand producteur indépendant d’énergie renouvelable du continent africain, prévoit de construire une centrale de batteries de 160 mégawattheures au Sénégal, a déclaré Chris Antonopoulos, directeur général de Lekela, rapporte Bloomberg. Elle sera sur le site de sa centrale éolienne de Taiba N’Diaye. Ce devrait être la plus grande installation de stockage de batteries de l’Afrique de l’ouest, selon Lekela Power. La centrale facilitera le transfert de charge des énergies renouvelables aux heures de pointe et permettra à Lekela de se développer dans la fourniture d’électricité pour des projets d’hydrogène vert.
  • En partenariat avec le Centre de formation, d’application et d’incubation aux métiers des énergies renouvelables PROMESS, Lagazel, fabricant français et « 1er fabricant de lampes et kits solaires de qualité en Afrique » de lampes et stations solaires résidentielles, annonce l’ouverture d’une unité de production à Thiès au Sénégal qui permettra de fabriquer 5 000 produits par mois, rapporte pv-magazine.fr. Rappelons que, créé en 2015, Lagazel est présent depuis 2016 au Burkina Faso et a installé son deuxième atelier de production à Porto-Novo au Bénin le 7 octobre 2021.

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