L’ Afrique : un marché d’avenir pour l’huile de palme de la Malaisie ?

Avec une population qui va presque doubler d’ici à 2050, l’Afrique aura des besoins croissants en huile végétale. Avec une production locale encore limitée et dont la progression est faible, le déficit en huile végétale sera encore largement comblé à court et moyen terme par les importations. La Malaisie, deuxième producteur mondial d’huile de palme, peut-elle bénéficier de ces opportunités ? L’Afrique peut-elle être un relais de croissance alors que la méfiance envers l’huile de palme grandit chez le deuxième importateur mondial, l’Europe ? Retour sur le webinar organisé par le Malaysian Palm Oil Council (MPOC) sur le thème Sub-Saharan Africa : The Next Frontier for Malaysian Palm Oil ?
Des besoins croissants
L’Afrique devra faire face dans les années à venir à des importations croissantes d’huile végétale en raison de l’accroissement de la population, de la croissance économique et d’un faible taux de consommation d’huile par habitant, de l’ordre de 12 à 13 kilos en moyenne mais dans certains pays ce taux n’est que de 5 kilos. Et la Malaisie doit saisir cette opportunité estiment les participants au webinar.

Les exportations malaisiennes d’huile de palme vers l’Afrique sub-saharienne représentent déjà environ 15% des exportations totales du pays en 2020 contre 9,8% en 2019 indique Nor Iskahar Nordin. En 2019, elles se sont élevées à 2,015 Mt avec comme principales destinations le Nigeria (14 %), la Tanzanie et l’Afrique du Sud (chacune 10,7%) , le Kenya et le Mozambique ( 9,5% chacun), le Ghana (7,5%). Sur les six premiers mois de 2020, les exportations vers l’Afrique sub-saharienne ont grimpé de 36,92% à 1,696 Mt et pourraient atteindre 2,4 à 2,5 Mt sur l’ensemble de l’année estime le MPOC. Globalement, la Malaisie détient déjà une part de de marché de 37% en Afrique sub-saharienne.
Au delà des exportations
Les exportateurs d’huile de palme malaisiens ne doivent pas se contenter d’exporter vers le continent mais aussi d’y investir estime Fatima Alimohamed, PDG d’African Brand Warrior. «Ce n’est pas sorcier pour nous… après tout, la récolte vient d’Afrique, alors elle est maintenant de retour à sa place», a-t-elle déclaré. Des investissement sur toute la chaîne de valeur, de la plantation au raffinage en passant le packaging et le branding, mais aussi dans la formation et la mécanisation. Si un bureau régional du MPOC a été ouvert au Ghana en 2017 (Lire : La Malaisie, partenaire du Ghana pour l’industrie de l’huile de palme), la prochaine étape serait, selon Famita Alimohamed, de créer un institut du MPOC en Afrique.
Des chalenges
Si les perspectives de marché sont favorables pour la Malaisie en Afrique sub-saharienne, des défis doivent être relevés estime Nor Iskahar Nordin. Parmi ceux-ci, la multiplication des politiques protectionnistes, accompagnées de taxes élevées sur les importations mises œuvre par les pays Africains pour protéger leur marché et promouvoir une production locale. Un bon exemple est celui du Nigeria, qui est premier importateur d’huile de palme en Afrique avec 1,35 million de tonnes (Mt) en 2019 mais aussi le premier producteur africain (1,220 Mt en 2019). En outre, remarque Nor Ishahar Nordin, aux politiques protectionnistes s’ajoute des politiques incohérentes en matière de tarification sur les importations d’huile de palme brute et raffinées. Plus généralement, l’Afrique fait face à un pouvoir d’achat limité, à un manque de devises, à une dépendance aux facilités de crédit et à l’aide mais aussi, en particulier pour les pays enclavés, à des limites logistiques.