La Chronique matières premières agricoles au 24 septembre 2021

 La Chronique matières premières agricoles au 24 septembre 2021
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Les marchés financiers soufflent… Le risque de contagion mondiale si le géant chinois de l’immobilier Evergrande devait s’effondrer est, somme toute, limité. La patronne de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, l’a affirmé cette semaine s’agissant des marchés européens et les Américains semblent plus intéressés par la déclaration, mercredi, de la Réserve fédérale, selon laquelle elle pourrait réduire ses achats d’obligations dès novembre et relever les taux d’intérêt dès 2022. Reuters rappelle que la Norges Bank, la banque centrale de Norvège, a relevé son taux directeur, une première pour un pays du G10 depuis le début de la crise du coronavirus, et la Banque d’Angleterre envisage un resserrement de sa politique, principalement avec l’accélération de l’inflation.

Ainsi, les investisseurs ont continué à privilégier la prise de risque, laissant de côté des indicateurs économiques mitigés et les incertitudes liées à Evergrande et ce d’autant plus que le géant chinois a évité hier un défaut sur les intérêts dus sur son emprunt obligataire. L’action a donc terminé la séance boursière à Hong Kong sur un gain de 17,62%. Mais d’autres échéances financières devront encore être honorées…

Ceci dit, des indicateurs économiques mitigés sont bel et bien là. En Europe, les premiers résultats des enquêtes d’IHS Markit auprès des directeurs d’achats (PMI) montrent un ralentissement général de la croissance de l’activité dans le secteur privé en septembre. La tendance est similaire aux Etats-Unis, où l’Indice des directeurs des achats (PMI de son sigle anglais) reflète une croissance de l’activité du privé au plus bas depuis 12 mois ; les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont augmenté la semaine dernière à 351 000.

Côté monnaies, le dollar continue de souffrir du regain d’appétit pour le risque et a cédé hier 0,42% face à un panier de référence, l’euro remontant ainsi à $ 1,1737. Mais la grande gagnante du jour sur le marché des devises est la livre sterling, dopée par les annonces de la Banque d’Angleterre : elle s’est appréciée hier de plus de 0,8% face au billet vert et de plus de 0,4% face à l’euro.

Le pétrole profite de la hausse continue de la demande de carburants et de la diminution plus prononcée qu’anticipé des stocks aux Etats-Unis. Le Brent a clôturé à $ 77,23 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 73,48 dollars.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZ  – SUCRE 

 

CACAO

Le marché du cacao reprend sa respiration. Hier soir, la tonne de fèves sur le marché à terme de Londres a clôturé à £ 1 813 contre £ 1 824 vendredi dernier. New York a fait de même, terminant la période sous revue à $ 2 612 contre $ 2 665 en fin de semaine dernière.

Pourtant, hier, le patron du Conseil du café cacao (CCC) de Côte d’Ivoire, Yves Brahima Kone, annonçait qu’il fallait s’attendre à une chute de 11% de la production durant la campagne 2021/22 qui s’ouvrira le 1er octobre et qui serait ainsi ramené à 2,2 millions de tonnes (Mt) (lire : En Côte d’Ivoire, le CCC anticipe une baisse de 11% de la production de cacao en 2021/22). « La production de cacao est attendue en baisse durant la prochaine campagne. Je pense que nous aurons environ 250 000 t en moins », a-t-il indiqué. Or, il a indiqué estimer la production pour la campagne 2020/21 qui s’achève à 2,225 Mt contre 2,2 Mt en 2019/20. Une météo qui a été défavorable et le repos végétatif des cacaoyers après trois campagnes successives de très forte production expliqueraient la baisse cette campagne à venir.  La récolte est aussi attendue en baisse au Ghana après, là aussi, le niveau record atteint en 2020/21 (lire nos informations). Rappelons que les deux pays cumulés représentent 650% de l’offre mondiale de fèves.

Yves Brahima Kone a également souligné que les ventes des contrats d’exportation 2021/22 progressaient bien mais que les cours internationaux étaient plus bas et ne permettraient pas à la Côte d’Ivoire de fixer un prix minimum garanti élevé pour la prochaine campagne par rapport au Ghana. Mais il a de suite affirmé que des mesures très strictes seront prises afin d’éviter toute fraude de fèves entre les deux pays mais aussi aux frontières avec le Liberia et la Guinée. Notons que début septembre, le CCC avait laissé savoir, sans que les sources ne soient citées, que le prix bord champ serait entre FCFA 825-850 contre FCFA 1 000 cette campagne qui s’achève. Une baisse tout de même de 15 à 17%. Le prix garanti bord champ pour la campagne 2021/22 sera annoncé à l’ouverture officielle de cette dernière, le 1er octobre.

Quant à l’activité actuelle en cette fin de campagne ivoirienne, les exportateurs estiment que les arrivages de fèves aux ports ont totalisé 2,179 Mt entre le 1er octobre et le 9 septembre, en hausse de 5,4% par rapport à la même période la campagne dernière.

Ceci dit, on note toujours le bel optimisme côté planteurs. Ceux interrogés par Reuters se déclarent très satisfaits de la situation actuelle et s’attendent à de bons rendements et à une récolte qui démarrerait tôt, dès le démarrage de la nouvelle campagne début octobre. « Les cacaoyers ont reçu une bonne pluviométrie. La qualité des fèves sera bonne jusqu’à la fin janvier au moins », a indiqué un planteur près de Daloa. La pluviométrie dans cette région a été de 33,1 mm la semaine dernière, soit 2,5 mm au-dessus de la moyenne. Rappelons que la cacaoculture requiert de fortes pluies alternées avec des périodes sèches afin que les fèves sèchent. A y bien regarder, le temps sec est nécessaire pour bien sécher les fèves déjà cueillies. Une question agronomique ou d’infrastructure post-récolte ?

Le Ghana, pour sa part, a signé mercredi un prêt syndiqué de $ 1,5 milliard destiné à préfinancer sa campagne cacaoyère 2021/22 (lire : Le Ghana lève $ 1,5 milliard pour sa campagne cacao 2021/22). Le prêt est d’un montant plus élevé que l’année dernière ($ 1,3 milliard) mais avec le même nombre d’établissements bancaires internationaux et locaux, soit 28, dont Standard Chartered, Mitsubishi UFJ Financial Group, Industrial and Commercial Bank of China, a indiqué selon Reuters le patron du Board, Joseph Boahen Aidoo. Côté offre, le directeur général adjoint du Cocobod, Ray Ankrah, s’attendait à des achats de l’ordre de 950 000 tonnes sur 2021/22 contre 1,045 Mt en 2020/21.

CAFÉ

Le café Robusta n’a pas bu la tasse cette semaine car ses prix demeurent très élevés, mais il ont enregistré un retrait. De $ 2 151 vendredi dernier à Londres, la tonne de Robusta a clôturé hier soir à $ 2 146. En revanche, l’Arabica à New York a encore bien progressé, franchissant son niveau de résistance de $ 1,90 pour clôturer à $ 1,906 hier soir contre $ 1,864 en fin de semaine dernière. C’est son plus haut niveau depuis deux semaines.

Pourquoi ce coup de menton de l’Arabica ? Car les perspectives d’offre physique du produit demeurent étroites alors qu’on est toujours dans un schéma de déficit hydrique chez le n°1 mondial, le Brésil. Un trader basé à New York et interrogé par Reuters voit la livre d’Arabica grimper à $ 2,75…

Et pour cause… Au Brésil, n°1 mondial du café toutes variétés confondues, l’agence Conab a révisé à la baisse de 2 millions de sacs de 60 kg (Ms) ses précédentes estimations de production pour cette année qui ne devrait atteindre « que » 46,9 Ms. Ceci représenterait une chute de 25,7% par rapport à la récolte record de 63 Ms l’année dernière. La plus grande coopérative brésilienne, Coxupe, confirme que les gelées en juillet ont significativement endommagé la récolte 2022, a souligné son responsable Eder Ribeiro dos Santos, sans toutefois donner de chiffres.

Quant au Robusta, on note la forte prime sur les échéances rapprochées par rapport aux éloignées sur le marché à terme, signe de cette forte demande actuelle des torréfacteurs qui augmentent dans leurs mélanges la part des Robusta par rapport aux Arabica devenus hors de prix. Or, l’offre du Vietnam est actuellement faible puisque le pays ne démarrera sa prochaine campagne 2021/22 que début octobre et celle-ci s’annonce de toute façon en baisse.

Au Vietnam, n°1 mondial du Robusta, on patiente… Au coeur de la ceinture caféière, dans les Central Highlands, les planteurs attendent pour vendre que les prix de la nouvelle campagne 2021/22 soient annoncés, ce qui devrait être le cas sans doute en fin de semaine prochaine. Les planteurs ont vendu quelques lots à 39 900-41 400 dongs ($ 1,75-1,82) le kilo, en légère hausse par rapport aux 39 500-41 000 dongs de la semaine dernière. A l’export, les traders ont vendu le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 280 sur Londres, contre $ 270 à $ 280 la semaine dernière.

En Indonésie, la décote pour le café de Sumatra était cette semaine de $ 280 à $ 300 par rapport aux contrats novembre, décembre et janvier. A Lampung, la récolte se termine.

CAOUTCHOUC

Forte glissade des cours du caoutchouc cette semaine qui a été raccourcie par une journée de fermeture des marchés en Chine (21/09) et au Japon (23/09). Partis de 204 yens le kilo sur l’Osaka Exchange vendredi dernier, les cours ont plongé à 196,7 yens mercredi.  Sur le marché de Shanghai, ils ont clôturé à 13 300 yuans ($2057,8) la tonne contre 13 828 yuans. Aux mauvaises données économiques de la Chine publiées la semaine dernière s’ajoute les craintes d’un défaut du géant chinois de l’immobilier Evergrande plombé par une dette colossale et au bord de la faillite, qui fait craindre un effet domino.  Seule éclaircie au tableau, mais fragile, la reprise de l’économie japonaise.

Les pertes sur le marché automobile mondial devraient être conséquentes cette année. Selon le cabinet de conseil Alixparteners basé à Détroit aux Etats-Unis, les constructeurs automobiles accuseraient en 2021 des pertes de  $210 milliards en raison des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et des prix élevés des matières premières. En terme de nombre de véhicule, les pertes  seraient de 7,7 millions. 

L‘Association of Natural Rubber Producing Countries (ANRPC) a revu à la hausse la demande en caoutchouc naturel en 2021 pour la porter à 14,1 millions de tonnes (Mt), en hausse de 9,3% par rapport à 2020. « Les perspectives révisées sont attribuées à un une demande mieux anticipée de la Chine, de l’Inde, de la Thaïlande et du Viet Nam au cours de l’année » observe l’ANPRPC. Du côté de la production, elle a été revue à 13, 860 Mt, en augmentation de 2% par rapport à 2020.

L’ANRPC observe que sur les marchés physiques du caoutchouc naturel, les prix ont été orientés à la baisse au mois d’août mais toutefois le prix FOB moyen s’est amélioré. Ainsi, le prix FOB moyen du STR-20 a augmenté de $0,11 à $1,72 le kilo tandis que le prix SMR-20 s’est amélioré de $0,09 à $1,73/kg. De même pour les feuilles de caoutchouc mais l’écart de prix entre le RSS-3 à Bangkok et le RSS-4 à Kottayam s’est encore élargi d’environ $0,60 /kg en août 2021, contre $0,50/kg en juillet.

COTON

Les cours du coton finissent quasi inchangés à 92,46 cents la livre hier (92,33 cents vendredi dernier) mais la semaine n’a pas été un long fleuve tranquille, les cours chutant lundi en dessous de 90 cents la livre, entrainés dans la tourmente des marchés financiers suite à la quasi-faillite du promoteur immobilier chinois Evergrande. Une baisse qui a incité les usines à  fixer leurs engagements, réduisant les ventes non fixées.  Après trois séances de baisse, le marché a rebondi sous l’effet d’un dollar plus faible et du rapport hebdomadaire de l’USDA sur les ventes à l’exportation de coton américain montrant une hausse de 21% alimentée principalement par la Chine.

Le Bénin a fixé pour la campagne 2021/22  à FCFA 265 le kilo le prix au producteur de coton conventionnel, soit le même niveau que les deux campagnes précédentes,   et FCFA 318 le kilo pour le coton biologique (Lire : Au Bénin, les conditions de la campagne de commercialisation du coton fixées).

HUILE DE PALME

Rebond sur le marché de l’huile de palme dont les cours ont affiché trois séances consécutives de hausse pour clôturer hier à 4 452 ringgits ($1 065,07) la tonne contre 4255 ringgits vendredi dernier. Des cours soutenus par une reprise des huiles concurrentes, en particulier l’huile de soja sur les bourses de Chicago et de Dalian, et le resserrement des perspectives de production en septembre. S’ajoute des cours du pétrole qui se maintiennent à un haut niveau.

En Malaisie, l’Association malaisienne de l’huile de palme a estimé que la production d’huile de palme sur la période du 1er au 20 septembre avait chuté de 0,55% par rapport à la même semaine au mois d’aout.

L’Inde pourrait voir ses importations d’huile de palme chuter de 9%  à 7,6 millions de tonnes (Mt) au cours de la nouvelle campagne de commercialisation en 2021/22, qui démarrera le 1er novembre, a déclaré à Reuters Govindbhai Patel, directeur général de la société de négoce G.G. Patel & Nikhil Research Company. Une baisse consécutive à la hausse des approvisionnements intérieurs, les agriculteurs augmentant les superficies plantées en oléagineux en réponse aux prix record. Il estime que les approvisionnements en huile comestible progresseront de près de 6% à 8,5 Mt à mesure que la production nationale de soja et de colza augmente.

Du côté de la consommation d’huile comestible, elle pourrait augmenter de 2%  à 21,8 Mt l’année prochaine après la chute causée par les restrictions mises en place pour lutter contre la Covid-19. Le spécialiste estime que les importations d’huile de tournesol, après avoir chuté de 22% cette année, pourraient rebondir de 28% à 2,5 Mt  tandis que celles de soja se maintiendraient au même niveau (3,3 Mt).

L’Allemagne mettra fin à l’utilisation de l’huile de palme comme matière première pour produire des biocarburants à partir de 2023, a annoncé le ministère de l’Environnement du pays. Toutefois, l’huile de palme ne joue qu’un rôle mineur dans la production allemande de biodiesel. Selon les chiffres de l’association allemande des producteurs de biocarburants (VDB),  sur environ 3,4 millions de tonnes de biodiesel produites en Allemagne en 2020, l’huile de colza représentait environ 60% des matières premières, les huiles alimentaires usagées collectées auprès des transformateurs et des restaurants environ 25%, l’huile de palme 3,9% et le reste était principalement de l’huile de soja.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Thaïlande ont atteint leur plus bas niveau en 18 mois cette semaine en raison d’un baht plus faible, tandis qu’une hausse de la demande en Afrique a maintenu les prix indiens près d’un sommet de deux mois.

En Thaïlande, les prix du Thaï  5% ont baissé à $380- $386 la tonne, soit leur plus bas niveau depuis mars 2019,  contre $380- $393 la semaine dernière. Une baisse surtout imputable à la dépréciation du baht, qui s’est affaibli d’environ 3% depuis la fin  du mois août. Des prix volatils mais qui pourraient baisser davantage avec l’arrivée des nouvelles récoltes sur les mois d’octobre et novembre.

En Inde, les prix riz étuvé brisé 5% sont restés inchangés à  $360- $-365 la tonne.  Si la demande des acheteurs africains s’est un peu améliorée, celle en provenance d’Asie reste modérée constate un exportateur.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  sont en légère hausse à $415- $420  la tonne contre $410-$420 la  semaine dernière. Mais l’activité commerciale est  calme, les frais d’expéditions élevés et la lenteur des livraisons demeurent un frein.  Toutefois, le Vietnam assouplit progressivement ses restrictions de mouvement. Un négociant  estime que les prix du riz vietnamien pourraient être plafonnés face à une offre tant en Inde qu’en Thaïlande moins chère.

SUCRE

Il grimpe, il grimpe le sucre !! Le roux, côté à New York, a caracolé durant les trois dernières séances, clôturant hier soir à 19,49 cents la livre (lb) contre 19,18 cents en fin de semaine dernière. Le blanc n’a pas été en reste, l’édulcorant coté à New York se hissanthier soir à $ 513,40 la tonne contre $ 504,80 vendredi dernier.

Et pourquoi grimpe-t-il tant ? On ne sait pas vraiment… Il ne faut pas regarder vraiment du côté des fondamentaux mais plutôt les grands mouvements sur les marchés financiers. Selon des négociants interrogés par Reuters, le sucre devrait poursuivre sa hausse à court terme mais sa tendance à terme serait baissière en raison d’une faible demande alors que les perspectives de production en Inde et en Thaïlande s’améliorent.

Côté industrie, la maison de négoce très implantée dans la filière sucre, Louis Dreyfus Company (LDC) a annoncé une hausse de 167 % de son bénéfice net au premier semestre, à $ 336 millions contre $ 126 millions un an plus tôt (lire : Louis Dreyfus annonce une hausse de 167% de son bénéfice).

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