L’agriculture l’emportera-t-elle sur la finance à la présidence de la BAD ?

 L’agriculture l’emportera-t-elle sur la finance à la présidence de la BAD ?
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L'assemblée annuelle de la Banque africaine de développement s'ouvre aujourd'hui à son siège à Abidjan et durera deux jours. L'agenda s'annonce chargé car l'institution fête ses 50 ans d'existence et élira son nouveau président qui remplacera Donald Kaberuka, ancien ministre des Finances du Rwanda, et qui achève son deuxième mandat à la tête de l'institution panafricaine.

L'issue du scrutin ne laisse pas indifférent tous ceux qui s'intéressent aux questions agricoles car en lice se trouve le ministre de l'Agriculture de la première économie d'Afrique le Nigérian Akinwumi A. Adesina, qui sera taclé par les ministres des  Finances éthiopien Sufian Ahmed, tunisien Jaloul Ayed, tchadien Kordjé Bedoumra, cap-verdienne Cristina Duarte, ainsi que par le ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone Samura M. W. Kamara, le Zimbabwéen et ancien vice-président de la BAD Thomas Z. Sakala, et le Malien Birama Boubacar Idibé, vice-président de la Banque islamique de développement et ancien haut cadre de la BAD.

" En 2014-2015, l’Afrique a connu une croissance continue, mais les défis qu’elle doit affronter se sont maintenus. Avec un taux de 3,9 %, la croissance de son PIB a dépassé la moyenne mondiale de 3,5 %. L’Afrique de l’Est a mené la charge avec un taux de 7,1%, tandis que l’Afrique de l’Ouest, défiant le virus Ebola, a enregistré une croissance de 6 %",  a déclaré Joël Kibazo, directeur de la Communication et des relations extérieures de la BAD.

Le défi qui nous sollicite le plus", souligne-t-il, " tient au manque persistant d’infrastructures sur le continent. A observer les faits, nous sommes embarrassés : seul un quart des Africains a accès à l’électricité, les deux tiers n’ont aucun accès à l’assainissement et un tiers d’entre eux ne dispose pas d’une source d’eau potable améliorée. Si on y ajoute la propagation du terrorisme et le fait que la crise actuelle des migrations vers l’Union européenne via la Méditerranée a mis en lumière l’instabilité de pays africains dont les citoyens tentent de s’échapper, nous sommes très conscients des obstacles qui se dressent sur notre chemin vers le progrès."

L'agriculture, parent pauvre

Quel est le bilan de la BAD en matière agricole ? C'est, de 1968 à 2014, $ 14,78 milliards investis dans 876 opérations, selon Chiji Ojukwu, directeur du département Agriculture et agro-industrie à la Banque. Ceci représente environ 19% du nombre de projets totaux de la Banque sur cette période, tous secteurs confondus, et 12% de la valeur totale des projets. Rappelons que l'agriculture est la principale source de revenus de 90% des populations rurales en Afrique (64% de la population africaine est rurale) et fournit du travail à environ 57% de la main-d'œuvre continentale, selon des chiffres de la BAD. Grosso modo, l'implication de la Banque dans le secteur agricole est, à ce jour, en phase avec ce que représente l'agriculture dans l'économie continentale, soit environ 13% du PIB africain.

Si on se réfère à la Stratégie sectorielle agricole 2010-2014, la BAD a atteint 75% de ses objectifs, souligne le directeur Agriculture, avec deux piliers principaux : le développement des infrastructures agricoles et la renforcement des capacités de résistance aux aléas et chocs, ainsi qu'une meilleure gestion des ressources naturelles. Des axes qui devraient être poursuivis dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole 2015-2019 de la BAD en cours d'élaboration, en parallèle avec  un appui renforcé à la formation, l'agri-business et l'innovation.

Mais beaucoup de travail reste à faire. "La productivité du secteur [agricole, Ndlr] est environ 36% de son potentiel réel", rappelle le responsable qui rappelle que les fonds nécessaires pour développer pleinement le secteur sont "énormes". D'où l'importance de développer des partenariats, notamment des partenariats bilatéraux stratégiques, notamment la Chine, le Brésil et l'Inde, pour inciter le secteur privé à développer les chaînes de valeur.

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