La Chronique Matières Premières Agricoles au 24 mai 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 24 mai 2018
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Les marchés ont mal accueilli hier soir la nouvelle de l’annulation par Donald Trump de sa réunion prévue le 12 juin à Singapour avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, bien que la Corée du Nord ait tenu sa promesse de mettre hors service son site d’essais nucléaires. La nouvelle a déclenché un mouvement de repli sur le marché obligataire américain tandis que l’or, valeur refuge, gagnait près de 1% à la clôture des marchés hier soir, repassant les $ 1 300 l’once.

Le dollar termine en baisse face à un panier de devises de référence, l’euro remontant à $ 1,1725 porté, entre autres, par les déclarations du Premier ministre chinois sur l’importance de la monnaie européenne dans les réserves de change de Pékin. Ceci dit, l’euro a reculé de près de 0,5% depuis le début de la semaine. L’économie de la zone euro continue de croître mais un ralentissement plus prononcé ne peut être exclu et l’incertitude politique dans des pays comme l’Italie pourrait saper la confiance.

Quant au marché pétrolier, il a glissé, pénalisé à la fois par la hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis et par les craintes d’une augmentation de la production de l’Opep en réaction aux sanctions américaines contre l’Iran et le Venezuela. Le Brent terminait hier soir aux alentours des $ 80.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTON HUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Les prix de la fève ont baissé cette semaine. Sur le marché à terme de Londres, la tonne de cacao a terminé à £ 1 865, partie de £ 1 882 vendredi dernier tandis qu’à New York, elle clôturait à $ 2 603 contre $ 2 678 en fin de semaine dernière.

Un marché du cacao sur lequel se sont concentrés cette semaine des signaux contradictoires. Tout d’abord, la campagne intermédiaire bat son plein en Côte d’Ivoire. Sur la semaine du 14 au 20 mars, 34 000 t ont été livrés aux ports d’Abidjan et de San Pedro contre 24 000t sur la même semaine en 2017. Ceci dit, les industriels estiment que les arrivages totalisent 1,635 Mt entre le 1er octobre et le 20 mai, soit 4% de moins que les 1,698 Mt enregistrés sur la même période la campagne dernière.

Face à cela, la demande mondiale demeure soutenue, ce qui stimule les prix. Notons qu’au 1er mai, ils ont atteint un plus haut en un an et demi, ayant regagné 50% de leur valeur depuis début janvier. Pourtant, l’approvisionnement mondial en cacao est plus que suffisant.

Dans ce contexte, les fonds spéculatifs tirent à hue et à dia. Ils ont réduit leurs positions longues face aux bonnes conditions météorologiques en Côte d’Ivoire, ce qui laisse augurer d’une bonne récolte intermédiaire 2017/18 chez le n°1 mondial de la fève, mais ils gardent en ligne de mire cette demande mondiale qui demeure forte. Un marché, de surcroit, qui a été perturbé cette semaine par la publication erronée des volumes en stock de l’Intercontinental Exchange (ICE) sur la période du 17 au 23 mai.

Bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire, les broyages sont en hausse de 2% sur les 7 premiers mois de la campagne 2017/18 qui a démarré début octobre et par rapport à la même période sur la campagne précédente, selon les chiffres publiés par l’association des exportateurs Gepex. Une annonce qui s’est greffée cette semaine à celle du géant suisse Barry Callebaut qui entend faire passer ses capacités de broyage en Côte d’Ivoire de l’actuel 170 000 t à 230 000 t d’ici 2022 (lire nos informations).  

Côté entreprise, la filiale de l’italien Illy, le chocolatier fin Domori, a lancé sa tablette de chocolat Costa d’Avorio à partir du cacao bio et fin de la coopérative ivoirienne Scay Coops (lire nos informations). 

CAFÉ

L’Arabica a terminé hier soir en hausse sur la période sous revue, à $ 1,2055 la livre (lb) contre $ 1,18 vendredi dernier, alors que le Robusta glissait à $ 1 755 la tonne parti de $ 1 762 en fin de semaine dernière.

Un marché perturbé par la grève des camionneurs au Brésil qui fait craindre des retards dans les chargements de navires -certaines lignes maritimes soulignant qu’elles pourraient ne pas s’arrêter au port de Santo, le plus important d’Amérique latine, si les grèves se poursuivaient. Un marché mondial d’autre part impacté, toujours au Brésil, par les conditions météorologiques très sèches ; de légères gelées ont été enregistrées dans certaines régions du pays.

Toujours dans les pays producteurs, le Honduras a annoncé accroître la qualité de ses cafés de spécialité grâce à une aide de $ 5,6 millions accordés par l’Union européenne. Producteur d’Arabica Doux, le Honduras est le premier exportateur d’Amérique centrale et le quatrième exportateur mondial, tous cafés confondus, derrière le Brésil, la Colombie et le Vietnam.

Au Kenya, les prix maximum ont baissé cette semaine aux ventes aux enchères hebdomadaires sur le Nairobi Coffee Exchange. Le Grade AA s’est vendu entre $ 23 et $ 339 le sac de 50 kg contre $ 37 à $ 352 il y a une semaine, et le Grade AB s’est situé dans une fourchette allant de $ 23 à $ 271 contre $ 22 et $ 298.

Côté Robusta, sur les marchés en Asie, la prime affichée en Indonésie par rapport au marché à terme de Londres s’est contractée cette semaine, à $20-30 la tonne contre $ 40-50 la semaine dernière, sur l’échéance juillet. Au Vietnam, le prix payé au producteur a grimpé cette semaine à 35 500-37 000 dongs ($ 1,56-$ 1,65) contre 35 400- 36 800 dongs la semaine dernière, mais demeure en-dessous des 37 000 dongs, seuil auquel les producteurs sont plus enclins à vendre. Par conséquent, les volumes vendus demeurent faibles. Ceci dit, la décote du Vietnam Grade 2, 5% grains noirs et brisures par rapport à Londres, s’est réduite à $ 80 la tonne cette semaine contre $ 110 la semaine dernière.

A noter aussi cette semaine la prise de livraison par la maison de trading suisse Sucafina de 62 670 t de Robusta stocké, soit 78% des stocks certifiés dans les entrepôts d’ICE. La décision d’un des plus grands traders de café au monde a surpris les acteurs sur le marché puisque le changement de réglementation d’ICE renchérit la détention de stocks à terme. Louis Dreyfus, par exemple, a plutôt opté dernièrement pour une politique de réduction de ses stocks.

Côté entreprises, Keurig Green Moutain envisage de construire une nouvelle unité de torréfaction et d’emballage de café à Spartanburg en Caroline du Sud, aux Etats-Unis. Un investissement de $ 350 millions. Quant au groupe alimentaire israélien Strauss Group, le n°2 de l’alimentaire dans le pays, ses bénéfices nets ont progressé de 27% sur son premier trimestre de son exercice, boosté notamment par la croissance (+2,5%) de ses ventes de café. Strauss est un des leaders sur les marchés du café torréfié et moulu en Europe de l’Est et au Brésil. Enfin, au Pérou, la Coopérative San Ingnacio, qui cultive un des cafés les plus fins du pays, a expédié cette semaine son premier micro lot de 460 kg d’Arabica haut de gamme vers la Russie.

CAOUTCHOUC

Sur la période sous revue, les cours du caoutchouc n’ont guère bougé, ils ont clôturé jeudi sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) à 193,8 yens ($1,77) le kilo contre 193,9 yens vendredi dernier. Sur le marché de Shanghai, ils affichent une légère hausse à 11 855 yuans ($1856) la tonne contre 11 765 yuans. Toutefois, le caoutchouc a atteint sur la semaine écoulée un sommet de quatre mois dépassant les 200 yens le kilo.

Un marché qui a évolué au gré des négociations commerciales américano-chinoises. La dernière annonce de Donald Trump a eu un effet baissier. Après l’acier, Donald Trump a annoncé mercredi soir avoir demandé à son secrétaire au Commerce d’ouvrir une enquête sur les importations de voitures, de camions et de pièces détachées aux Etats-Unis, une initiative susceptible de déboucher sur l’imposition de droits de douane. L’enquête devra déterminer si les importations automobiles ont un impact sur la sécurité nationale des Etats-Unis. Le même cadre avait été utilisé pour imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium.

Donald Trump, selon un responsable de son administration et de trois représentants du secteur automobile informés de ce projet, pourrait imposer des droits de douane de l’ordre de 20 ou 25% sur les voitures importées.

Outre la tension commerciale entre les deux pays, un yen plus fort et une baisse des contrats à terme sur le caoutchouc à Shanghai ont également pesé sur le marché. “Les faibles fondamentaux du marché du caoutchouc n’ont pas changé, mais si les prix du pétrole continuent à augmenter et que le yen s’affaiblit, le Tocom pourrait se renforcer à nouveau“, a déclaré Hiroyuki Kikukawa, directeur général de la recherche chez Nissan Securities.

L’Association of Natural Rubber Producing Countries (ANPRC) affiche, dans son dernier bulletin sur les tendances et statistiques sur le mois d’avril, un certain optimisme sur l’évolution du marché avec une estimation revue à la hausse de la consommation en Chine et en Inde en 2018, les deux premiers consommateurs mondiaux, représentant environ 48% de la consommation mondiale. L’ANPRC estime que la consommation en Chine devrait progresser de 6,2% à 5,7 millions de tonnes (Mt) contre une baisse de 0,6% attendue il y a un mois. Quant à l’Inde, les perspectives révisées suggèrent que la consommation augmentera de 10,9% pour atteindre 1,2 Mt en 2018, contre une croissance de 6,8% attendue il y a un mois. Ainsi une quantité supplémentaire de 790 000 tonnes sera consommée dans les deux pays par rapport au scénario prévu il y a un mois.

En outre, sur les quatre premiers mois de 2018 la consommation mondiale a augmenté de 5,5% par rapport à janvier-avril 2017 à 4,6 Mt. tandis que la production mondiale n’a augmenté que de 2,6% à 4 Mt sur la même période. Sur l’ensemble de l’année, l’ANPRC table sur un quasi-équilibre entre l’offre et la demande, à respectivement 14,2 Mt e 14,3 Mt.

« Les évolutions favorables des fondamentaux de l’offre et de la demande ont aidé le marché à enregistrer une reprise marginale en dépit de conditions défavorables provoquées par les tensions commerciales américano-chinoises, le niveau élevé des stocks dans les entrepôts désignés de la Bourse de Shanghai et la volatilité des taux de change » analyse l’ANPRC.

COTON

Alors que les pluies, tant attendues, sont tombées sur le Texas, allégeant un peu la pression haussière sur les cours, le marché chinois s’est emballé suite aux conditions météorologiques de la première région productrice de coton en Chine, le Xinjiang,  et s’est répercuté sur New-York. De 86,55 cents la livre vendredi dernier les cours ont grimpé à 87,46 cents la livre à la clôture jeudi. Mardi, les cours ont atteint un sommet de 4 ans à 89,88 cents la livre.

Les fonds spéculatifs chinois, absents depuis plusieurs années, se sont engouffrés sur le Zhengzhou Commodity Exchange (ZCE) où près de 5,5 millions de contrats ont été négociés vendredi et lundi. « La Chine sera de retour sur le marché des importations avec l’épuisement de ses réserves et les inquiétudes sur la récolte du Xinjiang qui sera remplacée par les importations … Fondamentalement, vous commencez juste à reconnecter la Chine au marché mondial », indique Ed Jernigan de Jernigan Global. Toute cette semaine la Chine a vendu aux enchères toutes les quantités de coton offertes de sa réserve à un prix supérieur à 15 000 yuans la tonne.

En Inde, la hausse des prix mondiaux élevés et la faiblesse de la roupie pourraient conduire à un bond de 30% des exportations de coton en 2017/18 pour atteindre 7,5 millions de balles, a estimé le président de la Cotton Association of India (CAI), Atul Ganatra. Jusqu’à présent, le pays a exporté 6,3 millions de balles pour la campagne de commercialisation qui a démarré le 1er octobre. Le Pakistan, le Bangladesh, la Chine et le Vietnam sont les principaux acheteurs de fibres indiennes. Quant aux importations de coton en Inde, elles pourraient chuter à 1,2 million de balles contre 3 millions en 2016/17, selon Atul Ganatra. Avec une consommation en hausse de 5,3% à 32 ,4 millions de balles, le pays pourrait terminer la campagne avec des stocks au plus bas depuis des décennies à moins de 2 millions de balles.

Les Etats-Unis ont interdit le coton importé du Turkménistan en raison du travail forcé orchestré par l’Etat. La US Customs and Border Protection (CBP) rejettera toute expédition de coton provenant de la nation d’Asie centrale. “L’interdiction du CBP signifie que les détaillants et les marques doivent agir rapidement pour identifier et éliminer le coton turkmène de leurs chaînes d’approvisionnement“, a déclaré Patricia Jurewicz, co-fondatrice de Cotton Campaign, une coalition mondiale visant à mettre fin au travail des enfants. Elle a appelé les entreprises à suivre l’exemple de la société de distribution suédoise H & M Group qui a mis fin à l’utilisation du coton du Turkménistan en 2015 et du coton de l’Ouzbékistan en 2013, selon son site Internet.

Au Burkina Faso, les producteurs pourront bénéficier lors de la prochaine campagne de l’assurance récolte sur l’ensemble de la zone cotonnière de la Sofitex (cf. nos informations).

Au Bénin, le prix du coton au producteur a été relevé de FCFA 5 à FCFA 265 le kilo pour le 1er choix pour la campagne 2018/19 (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

La hausse de l’huile de soja, le maintien de prix du pétrole élevés et un ringgit faible face au dollar ont contribué à maintenir les cours de l’huile de palme sous la période sous revue. De 2 450 ringgits la tonne vendredi dernier, les cours ont clôturé jeudi à 2 492 ($626,29) la tonne. Mais, la demande est toujours faible avec des exportations de Malaisie en baisse de 20,9% sur la période du 1er au 20 mai par rapport à la même période en avril, selon AmSpec Agri Malaysia et de 18% selon SGS.

L’Indonésie exigera que le biodiesel ait un contenu biologique d’au moins 25% à partir de 2019, a déclaré jeudi la directrice des énergies nouvelles et renouvelables, Rida Mulyana. Le premier producteur mondial pousse fortement à augmenter la consommation locale d’huile de palme via l’utilisation de biodiesel pour réduire les importations de pétrole mais aussi absorber l’excès d’approvisionnement en huile de palme. Le gouvernement compte également d’élargir l’utilisation obligatoire de biodiesel pour les trains et le secteur minier.

En France, la bio-raffinerie de la Mède de Total continue de faire débat et de susciter de vives réactions. Depuis le 16 mai dernier, le gouvernement a autorisé La Mède à utiliser jusqu’à 450 000 tonnes d’huile végétale brute dans le cadre de son approvisionnement, dont 300 000 tonnes d’huile de palme. Alors même qu’en janvier 2018, le Parlement européen a voté pour l’interdiction de l’huile de palme dans les carburants d’ici 2021.

Au Gabon, Olam Palm a procédé, le 15 mai 2018, au chargement de la première cargaison de 3 000 tonnes d’huile de palme, au départ du Terminal à conteneurs du New Owendo International Port. A terme, la production d’huile de palme devrait atteindre près de 140 000 tonnes par an.

RIZ

Pour la troisième semaine, les prix en Inde se sont abaissés tandis qu’ils sont maintenus en Thaïlande et au Vietnam. 

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont chuté de $10 à $394- $398 la tonne atteignant leur plus bas niveau en un an avec une roupie à son plus bas niveau depuis 16 mois. ” Le riz indien est très compétitif par rapport aux approvisionnements de Thaïlande et du Vietnam, les commandes à l’exportation se sont améliorées car les prix indiens ont baissé en dollars“, a déclaré un exportateur basé à Pune, dans l’Etat du Maharashtra.

En Thaïlande, le Thaï 5 % s’est légèrement diminué cette semaine à $435-$438 la tonne, franco contre $435-$440 la semaine dernière. Le marché est relativement calme en dehors de la vente de 200 0000 tonnes dans le cadre d’un appel d’offres international des Philippines.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont demeurés inchangés par rapport à la fourchette de $460 -$465 la tonne de la semaine dernière. Ils se maintiennent donc à leur plus haut niveau depuis août 2014. Des prix élevés qui se justifient par une amélioration de la qualité. En effet, le département des douanes a indiqué que les prix du riz vietnamien ont considérablement augmenté ces derniers temps, grâce aux efforts du pays pour passer à des variétés de riz de qualité supérieure. En outre, le ministère vietnamien de l’Agriculture et du développement rural a déclaré cette semaine que le pays a étendu sa zone de culture de riz parfumé et de souches de riz gluant, qui sont de meilleure qualité et vendues à des prix plus élevés. Le Vietnam cherche aussi à développer de nouveaux marchés, en particulier vers les pays avec lesquels il a signé des accords de libre-échange, comme la Corée du Sud et l’Australie, a indiqué jeudi le département des Douanes.

Au Bangladesh, la production estivale de riz atteindra probablement 19,7 millions de tonnes (Mt), dépassant l’objectif de 19 Mt, les agriculteurs ayant augmenté leur superficie pour bénéficier de prix plus élevés, a annoncé jeudi un responsable gouvernemental. Rappelons que le Bangladesh est devenu un important importateur en 2017 après que les inondations aient endommagé ses récoltes, ce qui a fait grimper les prix du riz à des niveaux record.

SUCRE

Une fois n’est pas coutume, le sucre est en hausse ! Le roux termine la période sous revue au plus haut depuis le 26 mars, à 12,38 cents la livre (lb) sur l’échéance juillet contre 11,66 cents vendredi dernier. Le blanc n’est pas en reste, terminant à $ 351,40 la tonne contre $ 330,20 en fin de semaine dernière.

Ceci dit, les fondamentaux n’ont guère changé. Nous sommes toujours en forte surabondance de sucre par rapport à la demande, le groupe industriel brésilien Unica ayant même publié des statistiques montrant que les volumes de cannes broyés au Brésil sur la première moitié du mois de mai étaient plus élevés qu’attendus. Même le mouvement de grève des camionneurs au Brésil cette semaine n’a pas fait trembler le marché, même si cela a effectivement perturbé l’acheminement de la canne vers les unités de broyage par manque de carburant ; les camionneurs protestent contre les taxes sur les carburants.

Mais ce n’est pas tant le Brésil que l‘Inde qui a tiré le marché cette semaine. En effet, New Delhi a annoncé mardi vouloir constituer des stock régulateurs de 3 millions de tonnes (Mt) afin de limiter les exportations, du moins sur le court terme. L’objectif est de faire remonter les prix sur le marché local et aider les raffineries en graves difficultés financières à payer des millions de producteurs de canne ; leurs arriérés à l’égard des producteurs de canne atteindraient $ 3,8 milliards en 2017/18, soit 250 milliards de roupies contre 20 milliards la campagne dernière. En effet, en mai, les raffineries se sont vues obligées d’accepter de payer la canne 11% de plus sur cette campagne 2017/18 qui a démarré le 1er octobre. Or, face à cela, les grands consommateurs indiens, comme les brasseries et confiseurs, ont peu acheté, anticipant une baisse encore plus importante des cours mondiaux.

Le gouvernement de New Delhi a déjà eu recours par le passé à cette politique de constitution de stocks. Concrètement, ce serait les raffineries qui entreposeraient le sucre dans leurs entrepôts et le gouvernement paierait les coûts, ce qui représenterait un budget de près de $ 178,5 millions).

Outre la constitution de stocks, le gouvernement envisage d’octroyer des prêts à faible coût aux raffineries afin qu’elles puissent accroitre leur capacité à produire de l’éthanol à partir de la canne.

Rappelons que l’Inde, deuxième producteur mondial de sucre derrière le Brésil, s’apprête à engranger une production de 30,3 Mt de sucre sur la campagne actuelle 2017/18 contre 20,3 Mt la précédente ; le pays consomme environ 25 Mt de sucre. Un bond de la production quasi insoutenable ! Car même si l’Inde stocke, le sucre est toujours là.

New Delhi qui cherche à tâtons des solutions depuis des mois maintenant. En mars, le gouvernement avait accepté d’éliminer une taxe à l’export de 20% afin que les raffineries exportent davantage et en avril, il les avait carrément obligé à exporter 2 Mt de sucre afin d’alléger les stocks nationaux. Mais les raffineries n’avaient pas trouvé preneur sur les marchés mondiaux car le prix du sucre indien était plus élevé que le cours mondial. Un casse-tête pour le gouvernement qui ne veut pas se mettre à dos les quelque 50 millions de producteurs de canne alors que les élections nationales se tiendront en mai 2019.

Mais hormis l’Inde, ce qui a fait grimper le marché ces derniers jours est purement technique, les fonds spéculatifs ayant opté pour des positions courtes.

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